jeudi 28 août 2008

Inquiétude & Certitudes - mercredi 20 août 2008

Mercredi 20Août 2008

Kaboul - texte américain de Sarkozy
Conseil de sécurité - rejet du texte négocié par Sarkozy
France en perspective historique : depuis Mai 68, la contre-révolution conservatrice, aujourd'hui son paroxysme et la ruine idéologique et politique de la gauche - de l'empêchement de la droite par Le Pen à l'empêchement de la gauche par Besancenot

Marguerite, hier, évoquait avec sa Maman la lionne, les trois graines dans son ventre et les bébés en Septembre. Voulant voir les photos de sa mère que j’ai installées – celles que je préfère, de jeunesse et d’amour – depuis que je me remets à cette table, tous les premiers plans de verdure avec dans le fond le Penerf… elle demande, pour celle de Tréboule si Maman a un maillot de bain. L’aisance que, je crois, nous lui donnons ainsi vis-à-vis de la nudité et du sexe. Que tout soit poème, lumière et simplicité dans sa vie, ô mon Dieu, notre Dieu. Le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. [1] Les évangiles, l’Ecriture entière, aux heures intermédiaires ou la nuit, le petit jour, le soir tombant, jamais le plein midi Embauches le petit matin, vers neuf heures… de nouveau vers midi, puis vers trois heures… vers cinq heuresn,il sortit encore… La suite est connue : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ? Ce qui vient à moi aujourd’hui, c’est d’abord le contrat d’embauche personnalisé, de personne à personne et à toute heure de la journée, de la vie. Une démarche du maître de la vigne, de Dieu, personnelle, Dieu vient à nous, le maître sort de chez lui, à tant de reprises. Nous, sur la place en attente, rien ne dépend de nous que finalement la manière dont nous allons vivre le dénouement. Au lieu de la relation à Dieu, convenue selon notre vocation, envier le destin des autres, ma pente avec cette idée que j’ai si souvent que leurs cartes à eux qui ont réussi, j’en aurai fait bien davantage, plus bellement et plus moralement, plus fécondement. Alors que la beauté et la fécondité de ce qu’il m’est donné à faire n’est qu’entre Dieu et moi, et non pas relativement à d’autres destinées que je n’ai pas à considérer parce que je n’en connais l’origine que par analogie avec la mienne : l’amour de Dieu. Respect pour les autres et leur mystère propre, responsabilité de nous-mêmes et de ce qu’il nous est donné de faire et de vivre… je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Oui, Seigneur, mon Dieu. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait reposer ; il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom…. Tu prépares la table pour moi, tu répands le parfum sur ma tête. Dieu de sollicitude et d’amour paternel-maternel-conjugal. Dieu qui intervient : mes brebis sont dispersées dans tout le pays, personne ne va les chercher, personne ne s’en occupe… mes bergers ne s’occupent pas de mon troupeau, parce qu’ils sont bergers pour eux-mêmes au lieu de l’être pour mon troupeau. J’interviens contre les bergers. Je leur reprendrai mon troupeau, je les empêcherai de le conduire. J’irai moi-même à la recherche de mes brebis et je veillerai sur elles. Ce paradoxe du Christ, charpentier de métier, non marié, sans enfant et dont les paraboles sont constamment d’éleveur ou d’agriculteur et tout l’enseignement tourné vers un Dieu-Père. Il est vrai qu’il meurt sur du bois et en présence de sa mère, de davantage de femmes que d’hommes pour ce qui est de ses disciples, ceux pour qui explicitement l’Ecriture dit qu’il donne sa vie, au contraire du berger mercenaire. Le Seigneur est mon berger. Le scandale ces mois-ci causé par les fondateurs des Béatitudes : les improvisations qui appâtent… Il se mit d’accord… une vie ne peut se bâtir que si l’accord est solide en contenu, mais plus encore en partenaire. Le sérieux d’un être, d’une personne. L’intensité de l’accord conjugal à renouveler tous les jours. Edith remarque Sous le regard de Dieu, un article à propos de Thomas Merton et commente son portrait-photo. L’homme y paraît bon et remarquable. Elle le compare à notre cher Amédée et nous place sous sa protection. Femme de foi, femme de convergence, femme de partage, qui désespère tant sous les coups de l’existence dont elle me doit la plupart, qu’il est évident qu’elle est surtout femme d’espérance et d’attente, maintenant d’impatience.

Texte de Sarkozy à Kaboul qui pourrait être celui de Bush à Bagdad, finir le travail, tenir ferme contre le terrorisme…aucun objectif ni délai. François Hollande ne se met malheureusement pas en position hostile, il demande seulement la clarification de ces délais et objectifs. La référence aux résolutions des Nations Unies débride la plaie, l’appellation des quelques 70.000 hommes désormais présents en Afghanistan : assistance aux forces de sécurité, indique d’elle-même les limites de la mission. Mais la critique de gauche n’est pas celle-là. Celle d’Ouest-France est plus corrosive : « le piège afghan », l’évaluation du nombre de Vannetais, envoyés là-bas… les tués entre dix-huit et vingt ans… six mois de formation seulement. France-Infos. donne en boucle un entretien avec un général de corps d’armée, ayant commandé de 2002 à 2004. Un territoire – nom de région que je ne retiens pas, sans doute celle qui nous était alors affectée – où il avait pu aller partout, sans escorte blindée, est aujourd’hui très dangereux. Aujourd’hui, les troupes sont entièrement sous protection blindée, leçons tirées de l’Irak… Une guerre désormais, des moyens insuffisants au point de vue aérien, les hélicoptères car l’aviation d’attaque est récusée par la population, tribut des civils beaucoup trop lourd, un repoussoir. Autre élément de l’analyse, la fameuse zone tribale, pourquoi n’y va-t-on pas ? combat ces jours-ci. Fuite des populations, peut-être quarante mille personnes, les talibans se chargent désormais de les sécuriser et de les indemniser bien plus vite et efficacement que le pouvoir central. Il n’y a pas besoin de beaucoup extrapoler pour comprendre que cette guerre, puisque c’est donc une guerre, ne sera pas gagnée et qu’il y aura tôt ou tard évacuation, comme en Irak où les Américains sont seuls.

Géorgie, sixième réunion vaine du Conseil de sécurité. La France – pourquoi ? – est passée de projets de résolution reproduisant l’accord d’il y a une semaine en six points dont le dernier était décisif pour Moscou, l’ouverture de négociations sur l’Ossétie et l’Abkhazie, à un projet demandant le retrait pur et simple des troupes russes, ce que Moscou ne peut accepter. La chambre haute devrait commencer, la semaine prochaine, d’y discuter la reconnaissance de l’indépendance des deux territoires contestés…

France en perspective historique. Neuf ans de moins que moi, militant de gauche. Le tour d’horizon, il est sans doute l’homme dont j’admire le plus l’intelligence, l’acuité d’abalyse, le don de synthèse, une originalité parce que ce qu’il dit est net, radical, simple au possible. Sans doute, y a-t-il eu cette formation (sur le tas ?) aux réunions, aux discussions des groupes communistes. Mais il y a sa capacité d’investugation qu’il a mise au point pendant sa période de New-York, à l’agence financière de notre ambassade. Revenir à une affectation formelle rue de Lille ? Seulement s’il y avait un gouvernement de gauche avec un ministre de l’Economie et des Finances qui serait vraiment à la recherche de structures intellectuelles et d’instruments innovants d’analyse et de propositions : c’est moi qui l’articule, et il l’admet. Cette fin de semaine, lancement de son mouvement, c’est une transfusion progressive d’ATTAC, puique ATTAC est partie en quenouille : les trotskystes ? qui sont manifestement une de ses bêtes noires. Je le lui ferai expliquer une prochaine fois. Un document-manifeste court pour acte de naissance dimanche. En cours de rédaction, une note à l’origine qui est devenue un livre probablement assez court, deux cent pages, sur l’O.M.C. et le fiasco à Genève. Il a eu comme patron de « stage court » à Bruxelles, Pascal Lamy, brillantissime, son livre ne fera pas cas des persnnes, mais exposera les questions. En repos depuis qu’il développe la négociation O.M.C., il y a ce livre sur l’Europe, l’explosion à provoquer, accompagnant sans doute les candidatures en liste pour les prochaines élections européennes. Nous évoquons la situation française puisque je lui demande sa relation avec Besancenot. Celui-ci – et son Nouveau Parti Anticapitaliste – deviennent pour la gauche ce que fut Le Pen pour la droite, l’empêchement de gagner une élection. C’est un ravaudage, trop petite organisation de la L.C.R. pour un électorat qui devient large. Même chose en pis pour Lutte ouvrière. Il a l’écoûte des médias, nous brodons sur la fortune naguère d’ATTAC que courtisait Lionel Jospin pour son élection présidentielle. ATTAC avait prise sur les militants et dirigeants syndicaux et aurait pu gêner les partis, il y a avait un travail d’analyse. C’est fini, d’où sa tentative maintenant. Mais pour que les médias rendent compte, il faudra autre chose. Il n’y a plus de réflexion ni d’analyse politiques en France, à gauche au moins. Je lui demande alors : est-ce la conséquence de Mai 68 ? On cessa, après la poésie, de vraiment penser la société et ses mécanismes, ses dialectiques, comme on le faisait depuis les années 1870 jusques vers 1950-1960, et l’on pensa élections, comment les gagner, François Mitterrand donc. Ou bien cet « arrêt » est-il plus récent ? Il prend – lui – les choses un peu autrement, mais je les sens encore mieux et elles me correspondent parfaitement. Mai 68, c’est l’occasion de la contre-révolution conservatrice. J’observe donc aussitôt : on commence par faire partir de Gaulle… Oui, c’est cela, et la « nouvelle société », on l’empêche et l’on fait partir Chaban. Il ne nomme pas Pompidou et va aussitôt à V.G.E., qui, pour lui, est le changement. Il ne dit pas par rapport à quoi : le modèle social français ? le tripartisme ? un certain type de relations sociales et de matrice des négociations ? Cette contre-révolution a su exploiter et mettre en valeur les groupuscules qui ont fait éclater et ont démobilisé toute pensée au Parti communiste et dans les militances syndicales – et des thèmes surtout, le féminisme, l’écologie. La situation actuelle en est le résultat. Je re-propose à mon ami l’écriture à deux sur l’Europe, s’il se sent en panne. « A bas l’Union europénene, vivent les Etats-Unis d’Europe » est un titre bien plat, on voit ce qu’il veut dire mais ce ne sera guère original ni affriolant. Quant à militer pour l’immédiat, à la simple explosion de l’existant, c’est forcément un peu cort. Je lui ai dit mon propre itinéraire : jusqu’à Michel Jobert, et au tournant de François Mitterrand en 1983, je crois à une France faisant seule et pour l’essentiel toutes ses politiques, avec naturellement avant leur lettre des coopérations renforcées. Ensuite, je suis « européiste » faute de Frrance. Nos gouvernants ne résistent pas à l’idéologie dominante, ni au penchant atlantiste des relations internationales. Le tenter au niveau européen, affaire de contagion qui a comme contradiction originelle que précisément la France n’est plus ce ferment, du moins peut-il y en avoir dans d’autres pays ou chez quelque personnalité étrangère… aujourd’hui, ma préoccupation redevient uniquement française, se débarrasser d’un fou que des gens de très longue vue ont préparé pendant vingt ans pour qu’à l’Elysée, il soit le démolisseur final et qu’il réoriente la France totalement hors d’une trajectoire séculaire. Mon scandale n’est pas Sarkozy en lui-même, mais sa banalisation par tous, parlementaires, élus et médias. On traite sa présidence et son exercice du pouvoir comme une énième version, analogue pour le gros à ce qu’ont été ses prédécesseurs. Or, c’est tout autre chose, cette exceptionnalité est de l’ordre des dictatures des années 30 en Europe, moins le charisme.

[1] - Ezéchiel XXXIV 1 à 11 ; psaumeXXIII ; évangile selon saint Matthieu XX 1 à 16

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