lundi 4 août 2008

au Comité Valmy - la haine pour les Etats-Unis ne changera pas le monde

A la suite d’un très bon article présentant la Russie selon Poutine – signé de Jean Géronimo – j’ai reçu du Comité Valmy un second papier – intéressant et factuel, mais donnant aussi une inclination stratégique

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article73

J’en remercie en ces termes :


Le papier que vous donnez sur l'organisation de coopération dite de Shangaï est stimulant et très intéressant. Je n'avais que des notions là-dessus à partir de ce que j'ai vêcu au Kazakhstan. Merci

Reste le point fondamental - au moins selon moi.

Il ne doit pas y avoir en relations internationales de haine pour quelque adversaire ou partenaire que ce soit. A peine de s'aveugler et donc de perdre les parties que précisément on veut mener.

La haine des Etats-Unis n'est pas un stimulant ni de l'imagination d'une alternative ni un quelconque ciment pour un consensus à quelque échelle que ce soit.

Il y a une politique américaine dangereuse depuis le début des années 1980. Il y a des lacunes et des continuités américaines depuis la fin de la guerre de Sécession qui ne produisent pas du bon pour les relations internationales ou les relations euro-américaines. Cela peut changer, rien n'est à diaboliser et la meilleure antidote aux politiques américaines, ce sont les Américains eux-mêmes, des élites, des parlementaires, des groupes de pression. La guerre du Vietnam a fini par la pression interne des Américains sur leurs gouvernants. Il faut donc soutenir et argumenter ces critiques internes, au moins les faire connaître hors des Etats-Unis et faire sentir aux dirigeants que nous connaissons ces critiques, et par conséquent que nous ne limitons pas notre représentation de l'Amérique aux seuls discours et à la seule politique de ses dirigeants. Et il y a des points précis à ne jamais lâcher : Guantanamo, le fait d'une enclave territoriale illégitime à Cuba autant que la prison hors droit - l'Irak - l'Afghanistan...

Deuxième point. Pas d'alliance contre les Etats-Unis, pas de coalition mondiale contre qui ce soit - Union soviétique naguère, Chine aujourd'hui et plus encore demain ou Etats-Unis de ces vingt-cinq ans. Donc, aucune collusion avec cette organisation de Shangaï, et évidemment pas d'alliance sino-européenne contre l'OTAN. Tout simplement parce que la Chine n'a pas nos valeurs, qu'elle est actuellement dirigée par des gens qui veulent s'imposer à nous pour tenir leur opinion intérieure, et parce qu'elle a en réalité le goût de l'alliance américaine pour encore longtemps. Je reste partisan du boycott des Jeux olympiques, et j'ai honte de nos excuses à répétition devant Pékin depuis que le peuple parisien a exprimé la vieille pensée française de toutes les époques.

Ce que je veux c'est l'indépendance de l'Europe à tous égards, et je crois que c'est la principale tâche de la France - quand elle reprendra conscience - que de donner aux Européens le goût de l'indépendance, au besoin par-dessus leurs dirigeants (referendum européen, élection du président au suffrage direct en circonscription unique par tous les citoyens européens).

Alors, il y aura une alternative à l'hégémonie américaine : un monde pluraliste. L'Europe quand elle ne vote pas la directive anti-immigrés, peut avoir une autorité morale qu'aucun autre groupe de peuples n'aura, avant longtemps, dans le monde.

Bien entendu, je considère la Russie comme européenne (ainsi que la Turquie). L'Union en tant que telle a sans doute à revoir complètement ses institutions. Dans l'état actuel de celles-ci, une adhésion de la Russie n'aurait pas de sens. En revanche, la "maison commune" de Gorbatchev est à travailler et à construire. La page est encore vierge.

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