samedi 7 juillet 2012

Inquiétude & Certitudes - samedi 7 juillet 2012

Samedi 7 Juillet 2012 

Il pleut ce qui donne une sensation très paciifiante d’un enveloppement protecteur. Je suis dans ma soixante-dixième année. De moins en moins, corps et âge me correspondent et pourtant la responsabilité que j’ai de moi-même pour avancer vers la figure que Dieu et celles et ceux qui m’aiment, veulent et savent de moi, m’est de plus en plus sensible. Je mesure ces grâces insignes que sont – leur absence me le fait ressentir comme jamais – l’amour de ma chère femme et de notre trésor de petite fille… mais aussi ces relationnements par internet avec quelques jeunes et moins jeunes, si différents les uns les autres de personnalité et de parcours… cet approfondissement chaque jour davantage d’un pays, d’une amitié collective faite de certaines si fortes, la Mauritanie dans ma vie… nos chiens, des sourires et des voix d’ici, des attentes d’ici… et ces communions qui n’ont pas à s’exprimer mais qui sont fortes : ce monastère affectionné, quelques très hauts fonctionnaires, ces évêques de foi, de commandement et d’humilité… je rame pour approcher du nouveau pouvoir non en quête d’une place en tant que telle mais pour je crois contribuer à faire sortir le meilleur d’eux-mêmes de nos gouvernants… je discerne notre politique nationale en termes de qualités humaines qu’ont certains quel que soit leur bord et j’en trouve… ainsi vais-je ce matin à l’autel de la prière. Enfant, j’ai aimé cette récitation tranquille de l’Introibo, puis la montée des marches… mort enfin, je voudrais qu’il soit su dans l’assistance éventuelle de la dernière messe que, grâce à Dieu, je reste, nous restons et cela pour aller tous en vie plus vraie, explicitement éternelle. Totale. Ensemble.
Prier [1] En ce jour-là, je relèverai la hutte de David qui s’écroule, je réparerai ses brèches, je relèverai ses ruines.  … Les montagnes laisseront couler le vin nouveau, toutes les collines en seront ruisselantes… Et le Christ enseigne le mode d’emploi de la grâce, de la félicité comme il nous a donné le sens des événements, des épreuves, des revers. Les invités de la noce pourraient-ils donc faire pénitence pendant le temps où l’Epoux erst avec eux ? … On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres éclatent, le vin se répand, et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le tout se conserve. Les deux miracles « collectifs » de Jésus : Cana et le vin, la multiplication des pains (et des poissons, figure ainsi que les pêches miraculeuses, de l’Eglise à naître), sont aussi les espèces de son corps et de son sang pour la multitude et pour la pérennité d’une présence sacramentelle. Passé le seuil de la foi, combien l’ensemble du corpus chrétien, si concret relativement aux autres religions et morales. Celles-ci, chacune, apporte rélévélation et intuition sur Dieu et donc sur la création, l’homme, mais leur concret ne porte que sur le comportement humain qu’elles appelleent en réponse, tandis que selon le Christ, le concret, le comportement sont d’abord le fait de Dieu, les évanescents, les « à côté de la plaque », ce sont nous, les hommes, probablement l’espèce la plus déviante de la création et donc celle par qui tout peut se sauver, se rattraper. Le Seigneur donnera ses bienfaits et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.

matin

Comparer vraiment les politiques, à bonne volonté égale et à moyens politiques égaux. L’outil a-t-il changé ? L’Etat et la politique sont-ils et ont-ils toujours été le facteur dominant pour l’ambiance : optimisme du consommateur et de l’investisseur. Il me semble que la réflexion, les comparaisons devraient porter là-dessus et non sur les triomphes électoraux successifs engendrant antangonismes, railleries mais pas la mise en commun de l’expérience acquise, alternance des équipes au pouvoir, autant en obstacles pas encore franchis qu’en remèdes qui marchent. La lecture simultanée des déclarations gouvernementales de Fillon et de Ayrault est un prologue. Je rêve depuis longtemps d’une association aussi intime que possible des anciens ministres au ministre en exercice, domaine par domaine. Quelle synergie pas tant pour transcender les clivages de partis au moment des votes parlementaires ou référendaires, que pour vraiment le bénéfice mutuel de l’expérience. D’autant que les services, les haut-fonctionnaires, les cadres budgétaires et juridiques changent peu d’une élection à l’autre, d’une défaite à une victoire et retour.

Les partis… manifestement, l’U.M.P. n’a qu’un seul sujet si l’on en croit les dépêches de l’A.F.P. rapportant phrases et comportements des hiérarques : la prochaine élection présidentielle qui se joue par le contrôle du parti, cf. Chirac puis Sarkozy. Les autres groupuscules ne sont pas en reste, les appels de Morin et d’Arthuis, les velléités et réflexions de Borloo dont je ne saisis toujours pas d’où il tient cette autorité et cette crédibilité. La tendance est claire, Copé a la machine, et encore (et quelques affaires aussi, Karachi en intermédiaire), mais les électeurs veulent Fillon (et sans doute l’auraient-ils préféré à Sarkozy) et les réfléchis voient Juppé, cooptation d’une génération plus d’exercice du pouvoir avec Chirac que vraiment d’âge. La discussion thématique qu’a tentée d’introduire Kosciuszko-Morizet reste en plan. Roselyne Bachelot tente, du dehors, d’imposer de vraies primaires en en demandant la légalisation par l’Etat. Le fonctionnement des partis me semble aussi important que pour l’époque où ils avaient la décision : ils gardent celle de l’élection. Mais sont-ils l’émergence du peuple, le lieu de la participation et de l’échange : peut-être mais pas dans l’idée des chefs. Sans doute malgré les chefs, car penser en section est attentatoire aux stratégies de ces derniers.

Des livres blancs, des explications tranquilles, claires, schématisées pour les grandes questions ou quand des alternatives se présentent : deux modèles, le britannique et le suisse, tout autre chose que des rapports publiés chez Odile Jacob. Clarté et brièveté à imiter, celle du Monde synthétisant pour l’accident de l’AF 442 les 250 pages du bureau d’enquête. C’est lumineux.

après-midi

Mali, réunion de chefs d’Etat chez Compaoré, mais les protagonistes maliens ne sont pas là, l’homme de la transition au Val de Grâce à Paris, le déchu : ATT, dissimulé à Dakar. Embarras général, pas de lecture vraie ni du terrain ni des protagonistes. Conséquences de l’aventurisme de Sarkozy ? spirale de ce qui pouvait se voir, s’exagérer et se dénoncer dans une Libye qu’on crut d’abord peu névralgique et n’entraînant pas de contagion ailleurs, au contraire c’est elle qui paraissait objet de contagion. Résultat : les élections impossibles puisque plus du quart des bureaux de vote ne peuvent fonctionner faute de sécurité. Résultat surtout, le « grand désert » déjà refuge de « terroristes » à côté d’une possible nation (les Sahraouis), est devenu champ d’exercice pour plusieurs strates de gens armés. La chasse aux images à Tombouctou rappelle évidemment l’Afghanistan d’avant le 11-Septembre.

Syrie, enfin… Kofi Annan veut mettre l’Iran dans le coup au lieu de l’exclure en permanence comme un Etat fou. Ce sont les « Occidentaux » qui créent les éléments faisant crise : Israël, le nucléaire iranien engendrés par nous et la prise est offerte à nos concurrents que le sujet n’intéresse que pour nous défier, nous affaiblir et nous pousser à terme hors d’un terrain qu’ils auront fini par conquérir sur nous.

Afghanistan, exemplaire de la manière américaine. Voici qu’Hillary Clinton promeut ce pays au rang de « notre allié le plus important hors OTAN ». C’est gonfler par avance la victoire inéluctable des talibans, ou bien jurer de ne jamais partir, tout le contraire des prodromes d’Obama pendant sa première campagne présidentielle. Lui qui sèche en ce moment Rio puis Vladivostock.


[1] - Amos IX 11 à 15 ; psaume XXXV ; évangile selon saint Matthieu IX 14 à 17

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