lundi 9 juillet 2012

Inquiétude & Certitudes - lundi 9 juillet 2012

Lundi 9 Juillet 2012 
Prier… communion universelle, préparation du Ramadan chez nos amis musulmans et particulièrement mes amis mauritaniens, le 21 en principe, la messe hier à Arzal, une tombée de lumière très Cîteaux pour un Christ roman, sans doute d’un calvaire de plein air, dans une petite abside, une paroisse qui semble aimer la liturgie et qui pratique la connaissance mutuelle, quelques jeunes couples, quatre cinq enfants en très bas âge. Denis M. excellent pour analyser Nazareth, la probable succession de séjours, montrer le peu de cas que fait Marc de la géographie palestinienne puis montant au plus spirituel, loin de ses notes, la parole de Dieu qui nous met en présence, qui bouleverse. Nous avons déjeuné ensuite ensemble, mon vœu pour remercier de la grâce d’avoir obtenu un enfant de mon sang et comment l’accomplir, sa propre vie et la dernière après-midi avec sa mère, toute consciente mais aussi se sachant à quelques heures du passage, sa viocation sans doute éveillée par les questions au confessionnal : et toi ? recrutement par le recteur du moment ? ou cristallisation ? ses habituels cris et récris sur une Eglise à réentreprendre de fond en comble puisque les décisions et intuitions de Vatican II n’ont pas été appliquées et qu’il est probable que Jean Paul Ier fut expédié parce qu’il voulait cette application. Son souci d’une liturgie sans ajouts ni fioritures, le célébrant vraiment présidant ce que nous vivons. Enfin en soirée, l’âge de glace 4 et le dialogue mère-fille (mammouths) qui bouleversa et auquel s’assimila, en complète détresse, Marguerite mardi dernier : je le comprends, c’était à s’y méprendre. Puissance des amitiés, de l’amour et de la recherche de nos lieux et compagnons de vie. Je suis rentré sous un ciel sans nuages, au-dessus du four à pain, brandie comme un sceptre, l’éventail de la queue du Scorpion et Antarès bien nettement orange-rouge. Mes aaimées sans doute endormies sur le matelas à terre dans notre « squatt » francilien, notre vieille dame et l’admirable et fraternelle qui veille sur elle et nous accueille.
 Prier… le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête… et inclinant la tête, il rendit l’Esprit.La manière de Dieu est d’amour humain, qui copie l’autre, qui inspire l’autre, l’homme ou son Créateur ? la ressemblance, l’image… Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. Et là, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai de la vallée du malheur la porte de l’espérance. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse. … Tu m’appelleras : « mon époux » et non plus « mon maître ». tu seras ma fiancée et ce sera pour toujours, et je t’apporterai la justice et le droit, l’amour et la tendresse ; tu seras ma fiancée, et je t’apporterai la fidélité pour toujours, et tu connaîtras le Seigneur.  [1] Comme pour compléter l’image nuptiale, tout en restant avec le partenaire féminin, l’évangile met en scène la toute jeune fille : « elle dort », mais on se moquait de lui. Quand il eut mis la foule dehors, il entra et saisit la main de la jeune fill, qui se leva… et la femme malade, âgée peut-être (hémorragies depuis douze ans) : Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée – Confiance, ma fille ! Ta foi t’a sauvée. L’intimité, la relation au Dieu fait homme. IL saisit la main de la jeune fille… Jésus se retourna, la vit et lui dit. La jeune fille se lève sans qu’il y ait eu ordre ni dialogue. La femme, dans cette version-ci de l’épisode de l’hémorroïsse, a-t-elle touché la frange de son manteau. Comme pour Thomas, invité selon son souhait, à toucher les plaies du Christ, nous ne savons s’il y a eu ce contact physique, mais il était possible et permis. Dieu se prête à nous. Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. [2]

matin

La très bonne nouvelle : le résultat des élections libyennes. La nouvelle qui n’étonne pas : Boeing doublera à Farnborough Airbus, en ayant obtenu d’ici là presque le double de commandes. Airbus était devant depuis 2007. Il serait intéressant de voir si Boeing  donne autant à fabriquer chez eux à ses acheteurs, que ne le fait Airbus. Test selon les commentateurs pour Hollande : l’ouverture aujourd’hui de la « grande conférence sociale ». Il y avait eu, pour Sarkozy, le « Grenelle de l’environnement », succès médiatique et politique certain à l’époque. Les suites… Non, le véritable test, c’est PSA à Aulnay, le volailler Doux et boîte par boîte, les 75.000 emplois en plans sociaux, listés par la C.G.T.


après-midi

Un des enjeux du quinquennat est l’éradication de la « françafrique ». Je milite depuis le putsch mauritanien du 6 Août 2008 à propos duquel je publie incessamment des analyses au jour le jour, des témoignages aussi : sans doute, chez l’Harmattan, mais François Hollande – par le point 58 de ses 60 propositions, et par une phrase heureuse de son discours de Tulle, le soir du 6 Mai, s’est engagé. Hier, la police sénégalaise a obtenu la confession du fils, Karim, de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade : l’argent du putschiste mauritanien a coulé à flot pour obtenir l’entrée de l’Elysée à l’époque. Corruption à un tel niveau de l’Etat français qui n’a aucun précédent.

Je reçois cette lettre d’un de mes plus éminents amis mauritaniens :

citation –  J’éprouve une impression voisine de la déception et peut-être inspirée par une sorte de « dépit amoureux » par rapport à la France historique et je vais essayer de m’en expliquer brièvement :

            La référence à l’engagement de MOAA dans la guerre contre Aqmi reste inspirée uniquement par ce que je relevais déjà  dans un précédent envoi à vous destiné : l’égoïsme et le cynisme (ici j’évite d’employer un qualificatif plus infamant) qui ont amené le régime français précédent à installer au pouvoir en Mauritanie MOAA avec l’aide de Kaddafi et d’Abdoulaye Wade.

            J’aurais tant souhaité que le nouveau pouvoir, au lieu d’enfourcher par pur mimétisme les bottes du précédent, remette à plat la question mauritanienne et envisage la lutte contre le terrorisme au Sahel non à travers la « mercenarisation » des pouvoirs en place et donc l’exposition de leurs peuples à des dangers sans rapport avec leurs moyens et sans relation avec la volonté consensuelle de leurs peuples.

            J’aurais tant souhaité que cette mise à plat se fût opérée à la lumière des grands principes fondateurs de la démocratie pluraliste, de l’état de droit et des grandes idées qui ont été la marque du génie et de l’histoire du peuple français.

            J’aurais tant aimé que le « bénéfice » attendu de cette « mercenarisation » du pouvoir mauritanien de MOAA, ne continue pas à cacher aux yeux de la France amie, la « gestion » catastrophique et, à terme, mortelle de la chose publique mauritanienne par un quasi analphabète, de surcroît notoirement corrompu.

            J’aurais tant aimé, enfin, que le nouveau pouvoir de France, prête quelque attention aux caractéristiques culturelles et intellectuelles du peuple mauritanien – peuple, dit-on, au million de poètes – et aide à ce que, à un peuple civilisé, on applique «  une politique de civilisation », pour reprendre l’expression de l’un des grands sociologues français.

            Bien entendu, il faut combattre le terrorisme au Sahel, encore faut-il le combattre à raison des responsabilités et des intérêts de chacun, à raison des moyens et des possibilités des uns et des autres et, pour les pays du Sahel, à l’intérieur des frontières des Etats.

            Pour le reste, pourquoi ne pas envisager, au grand jour, la mise en place d’une force supranationale dotée de moyens adéquats, habilitée internationalement à agir dans l’ensemble des confins sahariens ?

Telles sont les raisons de ma déception et telles sont les causes de mon « dépit amoureux ».

Je le sais, les problèmes posés aujourd’hui au gouvernement français, sont de taille, mais ne relève-t-il pas du domaine de la facilité coupable, surtout pour le nouveau pouvoir socialiste, surtout après les déclarations novatrices et encourageantes du Président  Hollande à Tulle aussitôt après son élection,  de ne pas prêter plus d’attention que cela à l’Afrique en général et aux pays du Sahel en particulier ?

Ne sommes nous pas, en Afrique francophone, en droit d’attendre du nouveau pouvoir, plus que la suppression de la « Coopération » et de la « France-Afrique », la redéfinition, sur des bases nouvelles, de la philosophie même des relations avec nos pays et la mise en pratique de ces relations sous l’empire de cette philosophie et des principes qui en découlent ?

J’en viens maintenant aux deux questions qui vous ont été posées et sur lesquelles vous souhaitez, semble-t-il, entendre le point de vue de vos amis.

1/          Relativement à l’éventualité d’un putsch :

 Pour ma part, je partage complètement votre analyse sur la question.

            Ce dont je suis convaincu, c’est que, au vu de l’évolution de la situation, les choses ne pourront pas continuer ainsi.

            Le mieux dans ce cas et pour éviter une explosion dont les conséquences risquent de s’avérer néfastes,  (n’est-ce pas Roosevelt qui a dit : «  la chute de n’importe quelle dictature coûte au monde plus cher que la chute de n’importe quelle démocratie ») il importe que les pays amis et en premier lieu la France ( dont nous n’attendons pas qu’elle opère elle-même à notre place, de quelque manière que ce soit, le changement souhaité), cessent de faire confiance et d’apporter leur soutien à un régime inapte à diriger le pays et devenu, de surcroît illégitime par la volonté de la grande majorité des mauritaniens et suite à ses atteintes répétées à l’ordre institutionnel et aux lois du pays.

2/         Le péril islamique :

            Sur ce point, il est temps que l’Occident se débarrasse de la vieille billevesée faisant de l’Islam un repoussoir.

            En Mauritanie, comme vous le dites vous-même si bien, l’Islam n’a jamais et ne sera jamais extrémiste, salafiste ou jihadiste et ce ne sont pas les quelques jeunes mauritaniens, qui, par désoeuvrement ou désespérance au regard de la situation de leur pays, ont rejoint le salafisme qui y changeront quoi que ce soit.


Le Parti Tawassoul, membre aujourd’hui à part entière de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), n’a rien à envier aux autres partis membres de cette Organisation, en matière de modération, d’attachement à la démocratie pluraliste et de rejet de l’extrémisme et du terrorisme ; rien à envier non plus, à cet égard, aux partis islamistes du Maghreb et du Proche Orient.

Il convient d’ailleurs  ici de rappeler que la Mauritanie, dès l’indépendance, s’est donné le nom de «  République Islamique », que sa Constitution consacre l’Islam comme religion du peuple et de l’Etat et que la Charia est la source principale de la législation du pays.

Il n’y a donc pas lieu de craindre aujourd’hui plus qu’hier que les Partis politiques mauritaniens (dont les programmes se réfèrent tous sans exception à l’Islam) et en particulier le Parti Tawassoul de Mohamed Jamil Ould Mansour, puissent, une  fois arrivés au pouvoir ou y participant, se confondre avec la nébuleuse fondamentaliste. – fin  de citation



[1] - Osée II 16 à 22 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Matthieu IX 18 à 26

[2] - Le psaume 145 commence à téhila lédavid et se termine à chem qodho le’olam vaéed. Il est introduit par le dernier verset du psaume 144 et le vesert 5 du psaume 84 parce qu’ils cimportent trois fois le mot achré = « heureux ». Le vesret 18 du psaume 115 est récité en guise de conclusion parce qu’il finit par halélouya en harmonie avec les psaumes suivants. Nos sages ont ainsi constitué une entité liturgique à la manière d’un orfèvre qui enchâsse un joyau. Comme tous les psaumes alphabétiques, celui-ci est d’inspiration sacrée. Le poète a intentionnellement omis la lettre noun car elle est l’initiale du verbe nafal = « tomber » (bérakhot 4b). Elle seretrouve tout de même au milieu du verset 16 lékhol hanofemim = « pour tous ceux qui tombent », afin que l’alphabet ne soit pas amputé d’une lettre et en même temps pour signifier que la chute fait partie de la vie, mais qu’elle n’est jamais définitive (la traduction grecque a ajouté un verset commençant par noun, probablement a posteriori). Une très forte coloration universalitse imprègne ce poème de louanges à la gloire de Dieu. Même dans sa structure on perçoit une amplification progressive qui invite l’univers entier et toutes les générations successives de l’hgumanité à exalter le créateur. Il s’ouvre en effet sur le désir du psalmiste de magnifier le Dieu roi, désigné à la première personne ; ces louanges sont reprises de génération en génération sans que l’individu soit totalement noyé dans l’espèce (c’est pourquoi on retrouve la première personne dans les versets 5 à 6). Dieu est ici présenté comme le roi justicier qui manifeste une attention particulière à l’égard de toutes ses créatures ; « sa grande bonté », « sa compassion », « sa patience », « sa bonté pour tous », « il soutient ceux qui chancellent », « redresse ceux qui sont courbés », … Celui qui récite trois fois ce texte (deux fois à la prière du matin, une fois à minh’a) est assuré du monde futur (bérakhot 4b). Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit. Le génie spirituel, religieux du judaïsme est là, manifeste. L’explication de textes, à fond, très littérale et sans lyrisme, précision de mes maîtres à Saint-Louis-de-Gonzague  mais qui peut lasser. Le commentaire tranquille, avec l’expérience de la personne : la chute fait partie de la vie, mais elle n’est jamais définitive. J’attends des autorités religieuses juives une révolte messianique contre la politique de l’Israël érigé en Etat belligène et immature dans une région qui a tant besoin d’équilibre et d’un certain exemple de développement économique et social apaisé et démocratique : ce pourrait être « le peuple juif ». déjà médité le mercredi 21 Mars 2012

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