Samedi 28 Juillet 2012
Hier soir… ma femme et notre fille devant la télévision, ce qui n’est pas inhabituel, mais nous sommes demeurés tous trois jusqu’à près d’une heure du matin. J’avais hésité et suis venu pour elles. Commentaires que je n’avais pas suivis, sinon à la radio. le dire de notre épéiste, porte-drapeau, au ton déjà de ministre de la Jeunesse ou des Droits de l’homme dans pas dix ans. La série de fragments d’entretien, le réfectoire du « village » olympique, immense parce que pas de plafonds, les tours pour les chambres. L’immensité du stade, Olympie était sans gradins, ou alors ceux-ci étaient en bois et ont donc disparu, la forme de nos stades aujourd’hui est celle des cirques romains. Spectacle d’ouverture… je ne peux y entrer vraiment, les tutoiements et les fiches des commentateurs, le marché obtenu par TF1 en 2004 (ce que je ne lis que maintenant) dans la perspective que Paris « aurait » les Jeux. Alep et ses deux quartiers insurgés, la neutralité des Kurdes de Syrie, l’assaut imminent, l’enjeu stratégique des aéroports et peut-être des dépôts de ces fameuses armes chimiques, le visage reptilien du faisant fonction de dictateur (physique du conseiller de Jean sans terre, dans le dessin animé de Robin des bois)… le suspense oublié apparemment des attentats… mais Londres est sans tache tandis que la festivité de Pékin et l’abaissement de « l’Occident » selon une peur ressemblant à celle de notre génération de 1938-1939, Munich… Hésité quelque temps « devant » le spectacle, les évocations historiques paraissant tellement hors sujet et hors contexte. Ma femme me souffle que depuis notre réussite et DECOUFLE à Albertville (orthographe ?) on rivalise de grandeur et d’innovation dans le spectacle d’ouverture, soit ! Il y a aussi l’horreur possible depuis Munich et 1972, les tentes très Proche-Orient et le sang. Progressivement, je suis entré dans le jeu… qui n’est pas les Jeux, mais qui signifie saluairement que l’Europe, en l’espèce représentée et fort bien par la Grande-Bretagne , par l’Angleterre tout particulièrement, existe encore. Il était temps que cela soit signifié face aux hégémonies de diverses natures, y compris celles des anonymats bancaires ou boursiers existe encore. La réussite suprême étant dans le symbole, incarné ce soir, non sans humour et vraie gentillesse, par la reine Elisabeth II qui s’est prêtée au montage pour son arrivée depuis Buckingham, d’une séquence à la James Bond. La vieillesse émeut alors plus que l’extrême grâce de la jeunesse, la cérémonie de Westminster en 1952, l’accueil par CHURCHILL à la coupée de l’avion puisqu’elle rentrait précipitamment d’Australie. La majesté est un immense acquis pour un pays quand il a su la préserver. Nous payons de plus en plus le prix de n’avoir su la maintenir ou la retrouver (ces commentaires et couvertures de magazine sur la stature présidentielle et les « a-t-il changé ? »)… se reconnaître collectivement en quelqu’un et en recevoir une émotion et une fierté, un supplément d’identité personnelle…, alors que jusqu’à de Gaulle et au comte de Paris l’histoire nous a tant offert de retravailler notre séquence de 1789-1793 sans que rien d’essentiel et de signifiant en soit renié.
Les moments d’une émotion en divers appels au recueillement, le chant magnifiquement et longuement donné par une Emily SUNDAY (orthographe ?), paraphrase de la supplique des disciples d’Emmaüs, le God save the Queen, évidemment, les chœurs d’enfants sourds, les sketches de Mister Bean et la mélodie de VANGELIS, les images de plage (les chariots de feu), les humains courant sur laisse de mer comme des mouettes avant un envol, gros plans e pointillisme juste avant l’horizon, du blanc, du clair, du diaphane…les voix, les lointains, tout cela plus que les grands ensembles. Mais comment progressivement ne pas accepter, en profondeur, que cette fête soit la tentative universalisante et servante d’un pays qui a pour fonctions quelques semaines d’accueillir, mettre en valeur et soutenir le milleur possible de nous tous, représentés par une certaine élite : les sportifs. Justement, pour moi, hier, le vrai et le plus émouvant, aura été le défilé. J’ai été pris par la plupart de ces regards, les uns avaient de la forfanterie, les autres de la gaîté la plus simple et la plus camarade, mais tous avaient la complicité avec leur nation d’origine, costumes et drapeau y contribuant bien moins que les visages rayonnants d’un message de communion et de fierté d’avoir à signifier et pérenniser la communion nationale. Le public, la conscience d’un regard mondial selon la communication des images maintenant apportent autant à ceux qui nous apportent, en défilant avec joie. Et comme l’analogie de ces sourires, de ces regards, des salutations rendues à la tribune par les chefs d’Etat, les familles royales – notre Premier ministre parfait de présence et de prestance, enfin quelqu’un pouvant « passer » en image et dans un texte sobre, sans bredouillements ni mots de liaison datant lamentablement les tics de chaque moment français – comme ces analogies frappent encore plus que les diversités, l’univers, les multiplicités de situations, les points et les surfaces sur la mappemonde nous rappelant « où çà se trouve », l’unisson est devenu évident, physique, les moyens de diffusion étaient tout à fait seconds, la grandeur des évocations historiques précédentes, un peu longues et ourdes sauf la course du fleuve Tamise jusqu’aux « embankments » s’oubliaient ou devenaient simple support. Alors, je suis revenu à moi-même avec la rencontre des beautés de visage féminin, l’Autriche, Bruneï, Bahrein. Comment ne pas aller à la joie et à l’étonnement heureux quand la délégation algérienne paraît totalement de « souche » française, quand tant de délégations arabes ont notre physique, quand l’alacrité de notre délégation nationale, avec les excellents entretiens recueillis et diffusés auparavant, tient manifestement à notre pluralisme ethnique, sans doute l’un des pkus développés à ces jeux, nous donnant là un championnat certain. Nos ressemblances et notre pluralité m’ont saisi. Les voiles mettant en valeur pour les délégations le faisant porter, mais le Maroc comme l’Algérie, chevelures libres des femmes. Complicité de possibles subjugations amoureuses rien que par le regard, le front, la lumière d’un front, la racine d’une chevelure pour faire drapeau, don dans le vent… lignées millénaires d’histoires nationales à lire dans l’allure de certains hommes, fierté, joie, noblesse, élan de toutes et tous sans exception, évidence du rôle féminin dans chaque pays. Tempéraments, marche et démarche, groupes et personnes, complicités et gravités. Cette championne olympique de tir, qui va concourir enceinte de huit mois…Il y a eu les dieux du stade, et la sortie hors jeu d’HITLER ; autrefois, époque de l’individualisme. Hier, c’était l’équipe, hier c’était l’unisson d’un univers ayant trouvé sa version. Le monde d’un seul tenant, l’humain pour la compétition sans classement et pour la joie de l’effort, le monde se possédant par l’humain, acmée possible. Et ce qui se retient des commentaires d’athlètes, de la leçon que tire de leur vie passée les anciens champions, notre Marie-José, la sagesse, le patriotisme, l’éthique m’a mis dans un vrai bonheur, celui de l’optimisme pour l’espèce humaine. Il en faut tandis que règnent non loin physiquement et tout de suite ces jours-ci, dans nos actualités, les massacres et l’anti-écologie, les licenciements dits sociaux, mais en fait, n’obéissant qu’aux mécanismes de banques et de marchés, et à la libido d’exercice souverain du pouvoir dont dégouline la plupart des dirigeants convaincus de passer en force puisqu’il n’y a plus d’Etat, qu’il n’y a plus d’élan populaire. Les J.O. de maintenant me semblent la réponse. Puissions-nous trouver comment en faire la loi du monde, au moins pour notre époque… La leçon, c’est ce passage de l’individualisme au fruit de l’effort quand il est mis en commun dans toute la chaîne nationale, dans toute la ressource humaine. Hier nous étions à égalité, et spectateurs, téléspectateurs, athlètes défilant, nous étions tous participants, intensément. La vieille reine, les yeux à peine discernable mais le visage d’une grande bonté (alors que ce n’est pas son caractère)… quand le pouvoir signfiie et symbolise… et ces jeunes et beaux sportifs avec leurs apparuels numériques pour que les images à garder soient les leurs. Souvenir ? non, je crois que nous avons été hors du temps, en plein monde et ce coup de beauté collective a été un moment de grandeur et d’escathologie… l’épelé des pays… l’allant de chacun faisant celui de tous. Je veux l’avoir exprimé ce matin, si rares sont les victoires sans amertume, souvenir de nuit ni vaincus.
Prier d’actions de grâces, prier de demande et d’intercession : heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore ! Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’uvrent dans leur cœur. Comment mieux et plus dire et prier ce qui s’est symbolisé hier soir et va se jouer ces semaines-ci ! [1]Leçon pour notre propre mode d’emploi, le discernement, l’épuration ? non ! Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi… Veux-tu que nous allions l’enlever ? – Non, de peur qu’en enlevant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. L’attente confiante et les choix seulement à un moment de maturité. Suivez une bonne route, conduisez-vous bien, et je vous laisserai demeurer en ce lieu. Eloge implicite de la stabilité, bien suprême. Evocation possible et analogie avec l’éternité ? Si vous pratiquez la justice entre vous, si vous n’opprimez pas l’immigré, l’orphelin ni la veuve, si, en ce lieu, vous ne condamnez pas à mort l’innocent, et si vous ne suivez pas des dieux étrangers, en provoquant votre perte, alors je vous laisserai demeurer dans ce lieu, sur la terre que j’ai donnée à vos pères depuis toujours et pour toujours. Comment des chrétiens ont-ils pu supporter, notamment dans notre été de 2010 avec le discours de Grenoble, ce qui se pratiqua en notre nom alors qu’en toute lettre, Dieu interroge, selon Jérémie : si vous n’opprimez pas l’immigré, et comment Israël, en version d’Etat, qui n’est pas forcément l’accomplissement du judaïsme, n’est-il pas interpellé lui aussi : si vous vous conduisez bien… si vous n’opprimez pas l’immigré… à plus forte raison, l’occupant des lieux à votre retour ? conditionnalité forte du don de Dieu : et vous pourriez continuer toutes ces abominations ! Cette maison qui porte mon nom est-elle donc pour vousune caverne de brigands ? Jésus est les marchands du Temple, mais – en profondeur – notre planète, l’univers, ce que nous saccageons et profanons pour l’avoir simplement et nativement reçu, n’est-ce pas la maison de Dieu ? et notre cœur, notre chair humaine, nos âmes que ma sensualité, ma cupidité, ma dépressivité, mon égocentrisme blessent, égratignent, ensanglantente, défigurent, ne sont-elles pas la demeure de Dieu ?
fin de matinée
Laurent Fabius en tournée dans le Sahel, sous des prétextes de date de part et d’autre, abrège son voyage et ne va pas à Nouakchott. Où il aurait évidemment été le faire-valoir du putschiste. Est-ce à dire surtout que les conversations le mois dernier avec le chef d’état-major mauritanien ont-elles suffi et qu’il serait en sus dangereux de trop marquer une éventuelle intervention militaire dans l’Azawad ces jours-ci ? ou au contraire que l’on n’y a renoncé, en France faute d’Afrique ? ou en Afrique faute de France ?
à développer
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