vendredi 5 septembre 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 5 septembre 2008

Vendredi 5 Septembre 2008

Rachida Dati et l'ancien chef du gouvernement espagnol

Pour Sarkozy, qui est à détruire ? fait du prince et séduction exercée sur les sujets

L'anti-américanisme et l'électorat de Sarkozy

Saint-Nazaire

La tournée de Dick Cheney plombant les prochaines victimes de la revanche russe

Le Brésil, de Luila à Vargas

Mauritanie : la France à l'appui des putschistes devant le Parlement européen ?

Comment fonctionne l'information en France ?

La notation des ministres



Prier… [1] il faut que l’on nous regarde seulement comme les serviteurs du Christ et les intendants des mystères de Dieu. Et ce que l’on demande aux intendants, c’est en somme de mériter confiance. La vie consacrée aujourd’hui, au sens de l’Eglise et dans l’Eglise, est de plus en plus difficile sans doute pour beaucoup de raisons pratiques et sociales, quoiqu’être à l’abri du chômage et en bonne partie des soucis d’argent même si c’est pour vivre petitement et être soumis à des hiérarchies et à des obéissances pas toujours éclairées, et souvent archaïques, est une sécurité qui devient rare… difficile, elle doit l’être – je n’en sais que les apparences extérieures et de loin en loin quelques confidences du mauvais temps ou de la houle – mais surtout pour des raisons psychologiques. L’esprit du temps atteint tout le monde, il est destructeur et tentateur, peu constructif, j’en ai vêcu à plein et le sais. Mais l’évangile redouble la difficulté, il est un permanent appel à l’autocritique des clercs : pharisiens, scribes et chefs des prêtres… Paul en rajoute aujourd’hui pour cependant dégager une attitude d’âme, toute logique avec l’attachement au Christ : pour ma part, je me soucie fort peu de votre jugement sur moi… je ne me juge même pas moi-même… celui qui me juge, c’est le Seigneur. La conclusion n’est pas une défausse, mais une attente. Attente du vin nouveau, le mélange est impossible pour le contenant et pour le contenu L’attachement au Christ fonde toute logique, celle de la fête, celle de l’attente, celle de la retenue : ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du Seigneur.

People… qui a commencé ? Couramment, les medias sont accusés. Vendre du papier par des photos volées. Mais quand nous en sommes au point où un ancien chef du gouvernement espagnol doit faire démentir qu’il peut être le père de l’enfant que porte, en ce moment, très visiblement et avec dépêches de preesse à l’appui, la garde française des Sceaux, il faut bien admettre que les acteurs ont cherché leur public. L’affichage en campagne présidentielle puis en tenue de la chandelle, l’été de 2007, pendant les vacances américaines du premier couple Sarkozy (premier pour la période présidentielle, puisqu’il y en avait eu un aux origines de carrière, et qu’il y a eu la passade Laurence Ferrari) avait été tel que l’on avait pu se demander avec qui « était » réellement le nouvel arrivé à l’Elysée. Et nous sommes tenus au courant du désir d’enfant qu’éprouverait Carla Bruni-Sarkozy – quelle source ? et dans quelle perspective ?

Le fait du prince. Le mot de François Bayrou a fait balle. A l’université d’été du MODEM, la position est nette : faire du mouvement qui n’a guère d’élus notamment au Parlement mais qui a démontré que le clivage droite-gauche et l’alternance sétrile au pouvoir était rejeté potentiellement par un cinquième au moins des électeurs, faire de ce mouvement la force de refus opposée à Nicolas sarkozy. Dans le passé, un président de la République, son Premier ministre auraient pu empêcher la « résistible ascension » [2]…La chronique Laurent Joffrin . Sylvie Pierre-Brossolette sur les ondes de France Infos. place encore Dominique de Villepin en embuscade, copinage affiché : le déjeuner ou le petit déjeuner au Bristol en Mai, selon Le Canard enchainé, avec la proposition de rêve faite par le président à l’ancien ministre des Affaires étrangères de le redevenir… ce me paraît impossible. Dominique de Villepin n’a pensé qu’à l’Elysée, en 2002 c’est Beauvau qu’il voulait et qu’il n’eût qu’ensuite. A Matignon, il n’a pas du tout valorisé l’image du Conseil de sécurité harangué par un « gardien du temple ». Un essai de sa biographie – très complaisant [3] car la pétition de principe est qu’avec un tel physique face à un adversaire aussi disgrâcié au moins de taille, l’électeur ou plutôt le téléspectateur serait immanquablement enveloppé – raconte la relation de couple et surtout le rôle de réconciliateur joué par le secrétaire général de l’Elysée à partir de 1997 entre le président de la République, trahi par « l’ami de trente ans » et donc ses lieutenants, et le chef de la campagne d’Edouard Balladur. Mais il expose surtout les éphémérides de la haine. Pour les deux journalistes, il y a pourtant – là – un avenir, tandis que François Bayrou est l’homme à abattre. De fait, l’empêcher d’être élu maire de Pau est inoubliable de part et d’autre. Mais les Français … peut-être si le Parti socialiste persévère à être si loin de l’opposition frontale au cours actuel. Les manifestations sectorielles puis généralistes qui se programment le verront-elles en tpete des cortèges comme François Mitterrand, Pierre Mendès France et Waldeck Rochet savaient l’être en Mai 1967… ?

Le fait du prince : en continuant de polémiquer depuis Damas, le président de la République confirme qu’il a bien décidé – et lui seul – d’accéder aux demandes de son ami Clavier. Version alarmiste des faits, selon celui-ci. Démonstration d’une très bonne gestion, selon les professionnels et les amicales ou associations de hauts fonctionnaires de nos polices.

Un vieux bloc idéologique : l’anti-américanisme en France. Les annexions à droite de Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007 et dans les urnes n’ont porté que sur la politique intérieure, et encore. Turquie et immigration, car cette extrême-droite est autant anti-sémite qu’anti-arabe, en quoi d’ailleurs elle se distingue radicalement de Vichy : qui mieux que l’ancien secrétaire d’Etat aux relations franco-allemandes (Jacques Benoist-Méchin) a su introduire en France au point d’être noirement lu par le général de Gaulle et par Raymond Barre, une compréhension de la nation arabe dans ses dialectiques contemporaines ? Mais il y a la politique extérieure. Jean-Marie Le Pen fustige l’alignement sur les Etats-Unis et Philippe de Villiers condamne à juste titre notree politique vis-à-vis de la Russie.

Saint-Nazaire, le président de la République y confirme ses dires de l’automne, la prise de participation publique, le couplage des sièges français au conseil d’administration pour y détenir la minorité de blocage, le maintien dans l’ « hexagone » du savoir-faire et des emplois allant censément avec. Décisif Témoignage, le livre de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy : deux de ses hauts-faits quand il est à Bercy, le repêchage d’Alsthom et la baisse des prix en grande surface par chantage à un débat télévisé sur le sujet avec les patrons de chaînes commerciales. Dans cette continuité d’attitude, je vois surtout que Nicolas Sarkozy ne sait pas apprendre ni se renouveler. L’outil, Alsthom (je persiste à écrire avec un h – car je n’ai pas encore compris pourquoi ce changement de nom, suffisant déjà pour compliquer la recherche informatique, ce qui était peut-être le but, d’autres ont fait Vivendi, LCL et Suez a tous les noms plus le sien) qui est aussi un gisement de places secondaires pour des protégés à recaser et que l’Elysée a tenté d’imposer à l’Areva d’Anne Lauvergeon, reste le même. Prospérité aidée sinon subventionnée aujourd’hui, fragilité que je crois persistante et qui fragilise les montages pas assez diversifiés. La manière reste la même, toujours s’exposer au public, répondre soi-même de soi-même au lieu de mettre en valeur les ministres ou secrétaires d’Etat, déléguer, inspirer et orienter plutôt que décider. C’est faire oublier que rien n’a été fait finalement pour la sidérurgie de Gandrenge abandonnée par Mittal : cela devait être résolu en Avril dernier… et pour gratifier la Lorraine, il y a eu la carte militaire, rien n’a été publié de la rencontre à l’Elysée des élus locaux, dont la plupart sont U.M.P. C’est faire oublier que les éventuelles garanties à l’emploi français dépendront du bon vouloir ou de la bonne attitude des actionnaires français… on a vu Pinault précisément dans l’absorption d’Arcelor par Mittal, on voit l’Etat, sous la férule de Nicolas Sarkozy, privatiser les services publics, alors dans cinq ans, si les idéologies se maintiennent et si la démagogie est moins vitale pour le pouvoir en place… il n’y aurait plus que des aides à la personne mise au chômage. La participation publique n’est plus une garantie de l’emploi.

La tournée de Dick Cheney est aussi maladroite – en réponse aux annexions russes dans le Caucase – que l’aveu de division et d’impuissance des Etats membres de l’Union européenne. Commencer par l’Azerbaïdjan et y discourir sur « la région » est doublement dangereux.. d’une part, c’est avouer – encore un aveu – que le point en Géorgie ce sont les gazoducs et oléoducs partant des gisements de Bakou (déjà convoités par Hitler au prix de Stalingrad), et d’autre part c’est reconnaître que les Etats-Unis malgré leurs bases en Ouzbékistan et à Douchambé, leur influence en Kirghizie, ne parviennent pas à vraiment peser en Asie centrale et au Kazakhstan en particulier. Qu’ils le tentent et le casus belli avec Moscou est encore plus dangereux que celui de Tbilissi, qu’ils restent timides, malgré beaucoup d’avancées depuis 1992 – j’en ai été témoin comme premier ambassadeur de France là-bas – et ils admettent l’ancien empire soviétique. Un voyage de trop. Plus encore en Ukraine au moment où le conflit entre Timochenko et Youchtchenko est au plus vif, et le discours est pis : appeler à l’union de tous contre les Russes. Comme si ceux-ci n’étaient à quasi-égalité ethniquement et électoralement dans ce qui fut la seconde des Républiques soviétiques en poids politique et économique. Staline le géorgien mais Khrouchtchev l’ukrainien. – Le drame européen se joue sans que l’Union ait la moindre capacité de jouer elle-même. S’enchaînant chaque semestre davantage aux Etats-Unis dans l’Alliance atlantique, payant avec usure son consentement au bouclier anti-missile qui a été la cause de tout avec Moscou, elle paiera – par sa proximité géographique et sa dépendance énergétique – les erreurs américaines : les Etats-Unis sont loin, leurs approvisionnements énergétiques ne sont pas en Europe de l’Est ni en Asie centrale, et s’ils n’avaient l’obsession de réserves stratégiques dans leur sous-sol à ne pas entamer au cas d’une guerre seuls contre tous, ils sont auto-suffisants. C’est d’ailleurs un des débats de l’actuelle campagne présidentielle : la prospection et l’exploitation pétrolière non loin des côtes sur le Pacifique.

Brésil. Je prends au sérieux l’affaire d’écoûtes téléphoniques dont les dépêches d’AFP assurent qu’elles ébranlent et visent le sommet de l’Etat. Quand j’étais en poste là-bas (1984-1986) et que les militaires passaient la main après viongt ans de dictature et dans l’impunité, un autre précédent était présent dans les esprits, la liquidation de Getulio Vargas par les campagnes de preesse de Carlos Lacerda : l’ancien homme fort des années 1930, déchu par l’armée à la défaite de l’Allemagne – son admiration – en 1945 était revenu au pouvoir par les urnes et reste encore très populaire : le « gétulisme », l’indépendance économique vis-à-vis des Etats-Unis, déjà la question pétrolière et les bio-carburants : les années 1950 furent souvent précurseurs. Avec la Géorgie, nous pouvons les revivre et Guantanamo – vis-à-vis des droits de l’homme – fait très belle figure avec le mac-carthysme et le procès inique des époux Rosemberg.

Mauritanie – un ami, l’un des acteurs civils essentiels de la crise ouverte par le putsch du 6 Août , m’assure qu’au Parlement européen, la présidence française exerce de trés fortes pressions pour que la résolution en cours de discussion verse exactement dans les desideratas des militaires (Mohamed Ould Abdel Aziz, l’homme fort autoproclamé chef de l’Etat et Ely Ould Mohamed Vall qui aurait été sa doublure en 2005-2007 et pourrait le redevenir). Ainsi, au stade actuel, il a été enlevé du projet de texte le mot « électoral » (« neutralité électorale » : seul le mot « neutralité » a été maintenu), et surtout les mots "délai de la transition" et "un gouvernement de large coalition en concertation avec les principales forces politiques". Ainsi, les militaires peuvent se présenter, peuvent gérer seuls la transition et arrêter la durée de celle ci à leur guise, ce qui pourrait les conduire tranquillement à la fin du mandat de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, soit trois ans et huit mois. Cet engagement en premiére ligne de la présidence française auprés des militaires, laisse supposer – conclut moncorrespondant – que l'information que j’avais eu d’un montage combiné à l’Elysée en fin de l’autre semaine par un émissaire des militaires, n’est pas une information fausse …

Débats sur deux affaires : le ramadan faisant reporter toute instance à laquelle serait partie un musulman pratiquant en France (décision de la cour d’appel à Rennes) – le reportage et les photos. publiées par Paris Match à la suite de l’embuscade mortelle du 18 Août en Afghanistan. Ces débats ont un point commun, qui m’importe davantage que leur fond. Comment fonctionne l’information en France ? Pour la première affaire, on apprend successivement que la décision donne droit à une demande de la défense fondée sur l’état de santé précaire du prévenu, puis que cet élément de la demande n’est pas ce qui a fait décider un report de l’instance par la cour, enfin que cet élément apporté de la défense n’en est qu’un parmi d’autres aussi. Ainsi a-t-on rouvert pour la énième fois dans l’année le débat sur la laïcité, alors que la décision de la cour ne contrevenait nullement au principe. Incidemment à rappeler la lettre de la Constitution, l’ambiguité apparaît, la neutralité de l’Etat n’est-elle pas compliquée par le respect des croyances. Initialement, il s’agit bien de respecter les diversités et de les mettre sur un pied d’égalité, mais ces croyances entraînent des comportements publics … naguère les processions, aujourd’hui le particularisme vestimentaire sur la voie publique. Dans la seconde, c’est la protection des sources qui est en question une fois de plus, tandis que se concocte un projet de loi censée en « améliorer » (pour ne pas écrire : « moderniser ») la protection.

Le gouvernement, le conseil des ministres ne sont pas collégiaux mais hiérarchiques. Le Premier ministre, collaborateur du président de la République, reçoit les membres du gouvernement pour les noter ou leur indiquer leur note. Il avait même été question, à l’automne dernier, d’un recours à des sociétés d’audit ? Quant aux lettres de mission qui devraient servir de référence, elles ne sont pas évoquées : affiches du temps passé ? Et qui note le président de la République ? les sondages.

[1] - - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens IV 1 à 5 ; psaume XXXVII ; évangile selon saint Luc V 33 à 39

[2] - la pièce de Bertold Brecht, montée au palais de Chaillot par Jean Vilar et Georges Wilson à la fin des années 1950 : « la résistible ascension d’Arturo Ui »

[3] - Yves Derai & Aymeric Mantoux – L’homme qui s’aimait trop (l’Archipel . Octobre 2005 . 185 pages)

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