jeudi 11 septembre 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 11 septembre 2008

Jeudi 11 Septembre 2008

Les forces de l'ordre dangereuses quand elles sont armées ou en mission ?
Nos chemins de fer ne sont plus entretenus, plus d'investissements au sol
Maintenir un gouvernement qui n'est pas collégial et dont les membres ne sont pas solidaires ?
Marine Le Pen, une vraie politique par comparaison aux carriéristes de l'opposition ou de la majorité
Une résolution des Nations unies, inspirée par les Russes : l'inadmissibilité des interventions d'Etat dans les affaires d'un Etat - mlais cela date d'avant la Tchécoslovaquie de 1968... alors la Géorgie...
Benazir Bhutto, l'oubliée
Prier. Anniversaire de frères spiriuels, moines bénédictins. Anniversaire d’une date tournante dans l’histoire de ce siècle et l’ayant probablement inaugurée, mais anniversaire aussi du putsch chilien il y a trente cinq ans. [1] Paul reprend l’adage de Socrate (le sait-il ? probbalement). Celui qui croit connaître quelque chose ne connaît pas encore comme il faudrait ; mais celui qui aime Dieu, celui-là est vraiment connu de Dieu. L’amour, pierre de touche. Non pas connaîutre, mais être connu. Et nos acquis intellectuels ou nos compréhensions . Cette connaissance nous gonfle d’orgueil, tandis que l’amour fait œuvre constuctive. Le texte qui est sans doute très pastoral, l’attitude vis-à-vis de celui qui croit encore aux idoles et qui a la conscience faible, semblent nous incliner d’abord au respect d’autrui et donc plus à une humilité devant Dieu et une charité devant l’autre, plutôt qu’à une prétention à la connaissance. L’amour, critère. Si une question d’aliments doit faire tomber mon frère, je ne mangerai plus jamais de viande, pour ne pas faire tomber mon frère. Etre connu de Dieu, ce que détaille ce psaume par lequel, d’ordinaire, JL ouvrait le cycle des « Trente jours » : tous mes chemins te sont familiers… éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur. Dialogue d’amour, et l’expérience conjugale humaine montre bien que celui qui nous aime, précisément nous connaît. Pas de contre sens en amour, en amitié. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent… Ne jugez pas… l’argument, puisque nous sommes si faibles, nativement, est celui de la réciprocité à venir et du regard de Dieu sur nous : donnez et vous recevrez… car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous, dialectique proche de celle des Béatitudes, l’au-delà et la manière d’y être évalué. Mais le Christ avance aussi un autre argument, et il est presque aussi fréquent dans l’évangile que le premier, la « récompense » sans doute, la compensation, mais surtout la participation au divin à laquelle nous sommes appelés dès cet instant : Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Mais moi, qu’importe ma miséricorde ou mon amour, seul Dieu est efficace et faoit le bonheur de qui j’aime, assure le salut de ceux dont je me soucie nommément, mène l’histoire de ce monde pour lequel je m’inquiète que tant d’occasions d’embellissement, de justice et d’amélioration lui soient enlevées par ces hommes à qui tout a été confié à la Genèse. Prier.

Le motard ivre… mardi soir. Une femme âgée renversée sur un « passage clouté ». Motard qui était un policier en mission. Beaucoup d’incidents comme si ces gens armés pour maintenir l’ordre et faire la sécurité étaient mal formés, mal contrôlés, mal employés. Les « bavures », les tirs mortels pour seulement faire s’arrêter un suspect, la rixe suicide d’il y a trois jours, l’officier tué par le subalterne qui met « fin à ses jours » aussitôt. Ce devient fréquent, ou bien l’on rapporte ce qui était auparavant celé ?

La distinction entre Réseau ferré de France et la S.N.C.F. : qui entretient les voies et ce qui va avec, caténaires et passages à niveau. L’évidence est qu’il n’y a plus d’investissement, on vit sur une réputation qui se dégrade à vue d’œil, on est dans le ridicule. Les journées de retard sur le Paris-Marseille qui bat sur le papier – et quand il roule – tous les records de vitesse. Naguère, le Mistral époustouflait… la ligne C du R.E.R., vitale pour l’activité des banlieusards chroniquement dérangée. Je prends souvent le TVG vers lma Bretagne. De Paris au Mans, les contrôleurs dansent dans les voitures comme s’ils étaient sur des plaques chauffantes, et même assis, on tient à peine en place, tant les rails sont usés. Oui, vieux pays, qui se déglingue matériellement.

Des confirmations, des probabilités : la solidarité gouvernementale, la collégialité dans l’exercice du pouvoir... Bernard Kouchner n’était, semble-t-il, pas à Moscou lundi ni non plus à Tbilissi. Lui aussi « cadavre politique » pour les Russes puisqu’il a évoqué des sanctions et s’est fait désavouer par l’Elysée, puisqu’il a insinué qu’il y a « nettoyage ethnique » en Ossétie du sud. Michèle Alliot-Marie « couvre » le président vidant, sans réflexion, ni consultation, ni véritable examen, le responsable du maintien de l’ordre en Corse sur la plainte d’un ami, maintenant instruite avec convocation du maximum de nationalistes – du grand art pour faire avancer la pacification des esprits, sinon des choses dans l’ïle de Beauté – mais Nicolas Sarkozy abandonne la ministre de l’Intérieur à propos du fichier EDVIGE. Or, il apparaît que l’Elysée, Matignon et Beauvau péchaient ensemble et souhaitaient même que le décret ne soit pas publié. Deux portefeuilles à pourvoir. L’Elysée – selon Le Monde – ricane : M A M date et fait partie de l’autre génération, celle-ci ne l’envoie pas dire, le chef de tout, c’est Nicolas Sarkozy mais les militants ne le voient jamais, fait-elle circuler sur le « campus » de l’U.M.P. Un tel exercice du pouvoir ne peut cesser que par la rue ou que par la conspiration, presque tous les ministres ont envie d’une autre façon d’exercer le pouvoir, et ils y ont chacun intérêt. Nicolas Sarkozy a ses plus vifs ennemis parmi ses ministres, à commencer le Premier. Il connaît… puisque l’alliance – utile – de François Fillon avec lui pour aller à l’Elysée s’est faite par haine, plus encore par mépris pour Jacques Chirac. Le maintien en place d’un tel ensemble de ministres est cynique.

Le Pen père et fille. Jean-Marie Le Pen, sans doute le doyen de la politique française puisqu’il a commencé sa carrière depuis plus de cinquante ans, le paradoxe aussi puisqu’une personnalité recueillant de 5 à 18% des voix aux élections présidentielles ne peut entrer au Parlement qu’avec la représentation proportionnelle, soit à la fin de la Quatrième République, soit à l’occasion de la première cohabitation, trente ans plus tard. L’excellent orateur enfin… mais apparemment battu et privé de tout son impact sur les gouvernements de droite par Nicolas Sarkozy dont toute la candidature présidentielle s’est bâtie sur l’addition au premier tour des voix chiraquiennes et des voix lepénistes : stratégie victorieuse. Les voix du Front national venaient-elles des protestataires qui avaient la fortune de Pierre Poujade en 1956 ou une partie des voix communistes ? des Français allant d’un extrême à l’autre ? Hitler-Staline, mêmes dictateurs. Ces analyses, rapprochements et amalgames blessaient vraiment les communistes sincères, les petits plus encore que les grands, particulièrement mon ami René Andrieu, rédacteur en chef de l’Humanité et brillant stendhalien, séducteur romantique aussi, sinon surtout : « Un espoir fou », « Du bonheur et rien d’autre », ses derniers livres. Jean-Marie Le Pen prend donc aujourd’hui sa retraite. Succession ouverte : Bruno Gollnisch, Marine Le Pen. Cette dernière, ce matin à France-Infos., excellente, pas le bégaiement de la plupart des communicants politiques, pas la comparaison attendue pour répliquer à la question d’un droit familial en politique dont Jean Sarkozy a montré qu’il existe, elle est claire, structurée, structurante. Même l’actuel mode de scrutin peut lui donner un siège de député. Au Parti socialiste et à l’U.M.P., tant de femmes – ambitieuses plus encore que les hommes – se font valoir d’une manière ambiguë et jouent de l’égalité et de la parité moins que de l’habituel jeu de la séduction sexuée. Marine Le Pen a un maintien sarkozien : elle entend imposer des idées, une critique, une façon de voir, elle joue la force et elle l’a.

Puisque faute qu’entre Européens, depuis la chute du mur de Berlin, nous ayons su accorder l’Union européenne et la Fédération de Russie, celle-ci redevient l’héritière de l’ancien empire soviétique, il est intéressant de rappeler la position de l’U.R.S.S. quant à l’intervention d’un Etat dans les affaires d’un autre. La Géorgie a d’ailleurs le précédent tchécoslovaque à invoquer, même si l’évolution d’un régime économique et social n’est pas de même nature que la reconnaissance ou pas, à l’intérieur d’un Etat, des menées séparatistes de deux de ses provinces. Voici…
Le 12 Décembre 1966, la première commission de l’Assemblée générale des Nations unies adoptait le projet de résolution soviétique condamnant l’intervention dans les affaires intérieures des Etats (n° A/C.I./4 367). Le point avait été inscrit sur demande soviétique du 23 Septembre : « Application de la déclaration sur l’inadmissibilité de l’intervention dans les affaires intérieures des Etats et la protection de leur indépendance ». Cette déclaration était la résolution n° 2 131 (XX) du 21 Décembre 1965. Le texte adopté à la fin de 1966 affirme que « l’Assemblée générale … considère qu’il est de sa responsabilité directe :
a . de demander instamment la cessation immédiate de toute intervention sous quelque forme que ce soit dans les affaires intérieures ou extérieures des Etats ;
b . de condamner toutes les formes d’intervention dans les affaires intérieures ou extérieures des Etats, qui sont la principale source de danger pour la paix dans le monde entier ;
c . d’inviter tous les Etats à s’acquitter strictement des obligations qui leur incombent en vertu de la charte des Nations unies et de la déclaration sur l’inadmissibilité de l’intervention dans les affaires intérieures des Etats et la protection de leur indépendance et de leur souveraineté, et de les prier instamment de s’abstenir d’intervenir par les armes ou en favorisant ou organisant des activités subversives, le terrorisme ou d’autres formes d’intervention indirecte visant à changer par la violence le régime d’un autre Etat ou à intervenir dans les luttes intestines d’un autre Etat
».

Symptomatiquement, personne n’a exhumé le texte, personne n’a cherché à sortir de l’impasse où se trouvaient les Nations unies au Conseil de sécurité, en allant à l’Assemblée générale elle-même : jurisprudence Dean Acheson pour que les Etats-Unis obtiennent un mandat des Nations unies, précisément, dans la guerre de Corée qu’ils allaient perdre, fin de 1950… c’est bien que personne ne voulait entreprendre quelque chose de sérieux et de fondé : le droit international garanti par le droit international.

Pakistan, l’oubliée : Benazir Bhutto. Dernières lignes de son livre, paru posthume : "En 2007, à l’heure où je m’apprête à rentrer au Pakistan où m’attend un avenir incertain, je sais très bien que les enjeux ne concernent pas uniquement ma personne et mon pays, mais le monde entier (…) je risque de me faire abattre d’une balle sur le tarmac de l’aéroport à ma descente d’avion. Après tout, les séïdes d’Al-Qaïda ont déjà essayé de m’assasssiner plusieurs fois (…) Un Pakistan démocratique, débarrassé du joug de la dictature militaire, cesserait d’être le terreau du terrorisme inernationale. C’est donc pour mener une nouvelle campagne que je rentre d’exil. Je prie pour que le monde démocratique contraigne le général Musharraf à assurer les conditions d’un scrutin libre et équitable (…) Certaines personnes ne comprendront peut-être pas ce qui me pousse à m’engager dans cette voie, incertaine et potentiellement dangereuse. Trop de gens ont trop sacrifié, trop de gens sont morts et trop de gens me considèrent comme leur dernier espoir de liberté pour que j’arrête de me battre maintenant. " .[2]


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens VIII 1 à 13 ; psaume CXXXIX ; évangile selon saint Luc VI 27 à 38

[2] - Benazir BHUTTO – Fille de l’Orient . 1953-2007 . Une vie pour la démocratie
(éd. Héloïse d’Ormesson . Janvier 2008 . 596 pages)

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