mardi 29 juillet 2008

lettre au président de la République pour Marina Petrella


Matin du mardi 29 juillet 2008

Jean-Jacques de Félice, époux d'Irène Terrel et défenseur comme elle, de Marina Petrella, est décédé d'une leucémie dans la nuit du samedi au dimanche précédents.

Raison de plus d'être compatissant : in memoriam.

D'autre part, le successeur d'Emmanuelle Mignon à la direction du cabinet du président de la République m'est connu, Christian Frémont - je l'ai accueilli, avec d'autres, quand il dirigeait en adjoint puis en chef les stages de l'Ecole nationale d'administration, il y a trente et vingt ans (j'étais en ambassade à Lisbonne puis à Brasilia), avant de faire beaucoup de chemin dont la préfecture de la région Aquitaine - à Bordeaux, sous l'égide d'Alain Juppé dont il fut le principal collaborateur pendant le mois de celui-ci à l'Environnement.

Deux prétextes pour "relancer".

je confie cette lettre au nouveau directeur de votre cabinet, dont je me réjouis qu’il soit encore plus proche de vous. J’avais éprouvé naguère son efficacité et son sens de l’Etat.

Permettez-moi d’appeler votre attention – que je sais certaine – sur Marina Petrella. Formellement, la décision d’accorder l’extradition, a été celle du Premier ministre par décret. J’ai d’ailleurs attaqué ce décret en Conseil d’Etat à la fois en faveur de cette malheureuse mais aussi pour introduire dans notre jurisprudence l’action populaire, qui concrètement pour une avancée libérale des droits fondamentaux et libertés publiques, fera plus encore que notre nouvelle exception d’inconstitutionnalité. Au surplus, soutenir dans les attendus du décret que la motivation de Marina Petrella à l’époque n’était pas politique, est une évidente contre-vérité.

Mais dans le fond la décision continue de vous appartenir. Vous le reconnaissiez dans vos déclarations au Japon, vous revenez – ce qui est votre responsabilité et votre jugement personnels – sur les engagements solennels d’un de vos prédécesseurs – et le droit de grâce vous appartient.

Il me semble que la loi Kouchner et la clause humanitaire de la convention européenne d’extradition (1957) vous donnent tous les motifs juridiques d’intervenir. Il s’agit maintenant de grâce humanitaire. Cette femme est mourante, l’un de ses deux avocats M° Jean-Jacques de Félice, époux de M° Irène Terrel, vient de décéder dans ce dernier chagrin. L’opinion italienne ne fera pas grâce, le président Napolitano n’a pas de raison de vous soulager d’une décision d’extradition qui n’aura été que la responsabilité française. Cela vous le savez parfaitement.

Marina Petrella a été exemplaire depuis son établissement en France. Nos banlieues et nos populations exogènes sont inquiétantes, difficiles en tout cas, elle s’y est dévouée avec efficacité et excellemment. Votre décision de compassion – cet argument dont vous usez pour l’Afghanistan et pour tant de drames dans le monde, auxquels nous ne pouvons pas grand-chose, hélas ! – a, chez nous, sa pleine efficacité. Vous en verrez le rayonnement.

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