Mercredi 2 Juillet 2008
Stupide aventure ?
La manière de se conduire avec les autres, dans l'Union européenne
L'armée à l'attention présidentielle
L'audioivisuel public, définitions présidentielles
Ingrid Bétancourt libérée, sans Nicolas Sarkozy
Prier… recherchez le bien et non le mal. Dieu est autre, tout autre que nous. Que je n’entende pas la musique de vos harpes. Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice comme un torrent qui ne tarit jamais ! Et forcément nous repoussons Dieu. Lorsqu’ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur région. Jésus les avait pourtant débarrassés de deux possédés dangereux (dans d’autres évangiles, il n’y a qu’un possédé et qui cherche à suivre son thaumaturge). Un Dieu tout-puissant : si j’ai faim, irai-je te le dire ? le monde et sa richesse m’appartiennent, mais un Dieu qui parle : écoute, mon peuple, je parle, qui nous possède d’amour. Comme avec ceux qui lui demandent leur guérison, Jésus ne fait qu’acquiescer au vœu des démons. Nouvelle catastrophe. Dieu nous indique les fausses pistes, nos erreurs, nos péchés. Textes difficiles, comme tous ces temps-ci que je reçois comme une invitation à écoûter, attendre activement en me rendant disponible, entrer dans le vouloir de Dieu pour moi et pour ceux dont j’ai la charge, plus ou moins, mais selon la Providence. Et nettement mes deux aimées, mère et fille, qui – tout autant – ont charge de moi. Ecoute, mon peuple, je parle. [1]
« Une stupide aventure » – c’est ainsi que ce que nous vivons depuis quatorze mois est qualifié par un ancien ministre du général de Gaulle, ancien commissaire européen de surcroît. Nous sommes dans l’aventure. Quel que soit le sujet traité, Nicolas Sarkozy a les mots qui démontrent qu’il connaît ou mal le milieu auquel il s’adresse, peu ou mal les règles qui le regissent et pas du tout qu’il respecte les obligations expresses ou de bon sens de concerter, de consulter, d’examiner. S’estimant sans cesse sous la pression des Français auquel il a promis les réformes, assurant que c’est lui, personnellement et lui seul qui est et sera jugé, il se rend de plus en plus vulnérable et perd les concours indispensables au traitement des sujets qu’il aborde. – Par contraste, le Premier ministre n’est plus évoqué ni par le président de la République, ni par les médias, sauf pour faire taire Jean-Pierre Jouyet, un des rares irremplaçables techniquement de l’actuelle équipe. Dans la majorité – et peut-être dans le gouvernement - deux groupes : les silencieux, quelques critiques à leur tête, mais cycliquement et se rattrapant ensuite par un zèle affiché, sur lesquels le président régnant sait ne pouvoir compter personellement : Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Coppé, pour les élus, Michèle Alliot-Marie et Jean-Pierre Jouyet pour les ministres, et l’autre groupe sont des dévôts, une nouvelle génération récitant le maître, Christine Albanel, quelques députés devenant vite ministres, Châtel et Jégo ont ouvert la piste, Lefèvre est sur leurs traces.
Aventure parce que l’égotisme du président de la République et ses simplismes nous démantèlent et semblent ne rencontrer jusqu’à présent aucun obstacle ni dans l’esprit public ni selon nos institutions. Ce qui donne raison à cette affirmation de l’auteur du Coup d’Etat permanent, devenu président de la République, et plutôt respectueux de la construction du général de Gaulle (sauf diuscussion sur la légitimité de la cohabitation, mais la jurisprudence a été faite par l’acceptation des « gaullistes » emmenés en 1986 par Jacques Chirac, contre l’opinion de Pierre Messmer… un de ses derniers propos pendant notre dernier entretien, la veille de son hospitalisation). Evoquant les institutions de la Cinquième République, lors de la cérémonie des vœux de 1982, François Mitterrand, a dit qu’« elles étaient dangereuses avant moi. Elles le redeviendront après. » [2]
Stupide parce que nous perdons notre temps, notre énergie et que nous allons sortir de l’épreuve diminués profondément : notre crédibilité à l’étranger – ce sera le bilan en quelques semaines de notre présidence de l’Union pour six mois – et notre confiance en nous-mêmes.
Illustrations aujourd’hui.
La manière dont Nicolas Sarkozy conçoit l’exercice de la présidence si éphémère de l’Union : "Le président a indiqué qu'il souhaitait qu'entre la présidence de l'Union et les commissaires, on soit capable de se parler franchement, de se dire la vérité, de se poser les bonnes questions et d'avancer ensemble pour l'Europe", a rapporté M. Chatel. M. Sarkozy a également "indiqué qu'il y avait un différend avec un commissaire (M. Mandelson, NDLR) mais qu'il ne fallait pas le surinterpréter, que ça faisait partie des débats, des discussions qu'on devait avoir entre la présidence de l'Union et les différents commissaires", selon le porte-parole du gouvernement. [3]. Avec évidemment, l’avantage de faire des émules, s’il s’agit de poser les bonnes questions : Le président polonais a affirmé qu'il n'avait pas peur des pressions des autres pays de l'UE. "Même si je heurte de front les autres pays de l'UE, il faut répondre à la question de savoir, que doit être l'UE dans l'avenir ? Une Union dominée par les plus grands où les moins grands ne jouent qu'un rôle complémentaire ou bien une Union démocratique de 27 pays et davantage dans l'avenir", a-t-il dit. [4]
Le ministre des Affaires étrangères, déjà en porte-à-faux le soir du vote irlandais en querelle des responsabilités, ignore que la politique extérieure et de sécurité commune – de l’Union européenne – a ses règles, depuis Maastricht, de concertation et d’expression et que de celle-ci, le Haut représentant pour la PESC, Javier Solana est chargé. Résultat : Le président sud-africain Thabo Mbeki a rejeté mercredi la position de l'Union européenne exigeant que le gouvernement zimbabwéen soit dirigé par le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai. . . . Le département d'Etat américain s'est toutefois félicité de la résolution de les dirigeants de l'UA qui se sont "joints aux appels au régime Mugabe à participer aux efforts pour trouver une solution politique à cette crise." De leur côté, les Européens se concertent sur "une palette" de mesures, incluant un durcissement des sanctions de l'Union européenne (UE) en vigueur, a indiqué la présidence française de l'UE. En outre, l'UE "n'acceptera pas" un gouvernement au Zimbabwe qui ne soit pas dirigé par M. Tsvangirai, a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner: "le gouvernement est illégitime s'il n'est pas dirigé par le chef de l'opposition". Comment ne pas courieller aussitôt à François Hollande, voire à François Bayrou et naturellement à Ségolène Royal, la bonne nouvelle…[5]
Politique militaire déflationniste en budgets et en effectif, outil de défense toujours pas concerté avec nos partenaires européens (le porte-avion nucléaire qui manque à tout le monde), le président de la République et son très pâle ministre de la Défense rivalisent : La démission du général Cuche a été annoncée alors que le ministre de la Défense Hervé Morin lui avait demandé le matin même de prononcer à "titre conservatoire" des "sanctions immédiates" dans l'affaire de Carcassonne, "sans attendre les conclusions des enquêtes judiciaire et de commandement". [6] Le ministre traduisant aussitôt la réaction spontanée de Nicolas Sarkozy dont l’émotion, voire la colère sont justifiées, mais dont l’implication personnelle et l’exigence ne le sont pas : La hiérarchie du régiment devrait être entendue dans le cadre de l'enquête, au même titre que les victimes et les témoins de la fusillade, "de façon à ce qu'on arrive à cerner les responsabilités de chacun", a dit le procureur. "Il appartiendra au juge de définir les charges qui pèsent sur tel ou tel membre de l'institution", a souligné M. Robin. (Ibidem) L’élu du 6-Mai 2007 ne saurait s’en tenir là. Mener les hommes ne se partage pas, surtout vis-à-vis des militaires, qui attendent les applications du Livre blanc, déjà jugé sévèrement par « Surcouf » : L'annonce n'interviendra finalement "qu'après le 20 juillet", au coeur de l'été, des vacances scolaires et des "perm'" des militaires, une décision prise mercredi matin lors d'une nouvelle réunion interministérielle à l'Elysée. "La copie du ministère de la Défense sur les restructurations est prête, mais il faut encore approfondir les mesures d'accompagnement économiques et portant sur l'aménagement du territoire", a-t-on justifié de source proche du dossier. "Après cinq ou six reports, celui-ci est extrêmement mal vécu: il y a la lettre du président et ce sera interprété comme un manque supplémentaire de considération et un manquement à la parole donnée", assène à l'AFP un officier interrogé sous couvert d'anonymat. "Les gens sont assommés, tous les agendas chamboulés et, d'ailleurs plus personne ne croit aujourd'hui que les annonces interviendront encore en juillet", ajoute cet officier. [7] Et surtout : Selon des sources militaires, le président Sarkozy qui s'était rendu lundi au chevet des victimes du drame de Carcassonne, avait reproché en substance au général Cuche "l'amateurisme" des forces armées. (Ibidem)
Et maintenant, la télévision – depuis avant-hier soir, pusiqu’au lieu d’une simple harangue sur le programme de la présidence française pour l’Union européenne, Nicolas Sarkozy a voulu traiter de tout selon des interrogations de journalistes qui ont d’ailleurs tourné à l’aigre, personne ne se conduisant bien, y compris certains capteurs du son et de l’image hors antenne. Rançon des abus présidentiels. A entendre le président de la République, il a bientôt compétence pour juger des goûts et des couleurs, donc les imposer, contrairement à l’adage : "Je ne vous laisserai pas tomber, je vous donnerai les moyens de vous développer, mais je ne regarderai pas le service public comme une petite secte qui appartient à quelques micro-organisations, qui descendent de temps en temps dans la rue", a-t-il dit. "Le service public fonctionne avec l'argent du contribuable et le contribuable et téléspectateur est en droit de donner son avis", a ajouté le président de la République. "Sur ce sujet comme sur les autres, je serai jugé au résultat et je ne doute pas que les résultats seront là". Défendant son projet de suppression de la publicité sur les antennes publiques, il a indiqué qu'il fallait "un vrai débat sur les missions de service public". Ces dernières "ne sont pas faites simplement parce qu'on diffuse la messe le dimanche matin, un quart d'heure pour les bouddhistes, 20 minutes pour les musulmans et une émission pour les juifs de France", selon M. Sarkozy. "Moi quand j'étais enfant --c'est quand même pas le Moyen-Age--, il y avait deux puis trois chaînes. On voyait du théâtre toutes les semaines, on voyait des concerts toutes les semaines, on avait Apostrophe...", a déclaré le chef de l'Etat. [8]
Libération heureuse d’otages des FARC par l’armée colombienne dont Ingrid Bétancourt, qui n’est pas heureux pour celle-ci. Mais Nicolas Sarkozy qui devait la délivrer en personne, se voit démenti par avance par notre ambassadeur là-bas : Le 25 juin l'ambassadeur de France en Colombie, Jean-Michel Marlaud avait déclaré que Paris n'avait pas de nouveau contact avec les Farc qui détiennent en otage depuis plus de six ans la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt. "Concernant la question des nouveaux contacts, il n'y en a pas eu. Il n'y a eu qu'une mauvaise interprétation parce que nous n'avons pas de nouveaux contacts", avait affirmé le diplomate qui avait démenti des informations en provenance d'une source proche de l'Elysée à Paris selon lesquelles la France serait parvenue à renouer le dialogue. [9]
Pendant ce temps-là, la vie quotidienne continue : canicule en début de semaine à Paris, pannes inopinées du RER, nouvel accident de passage à niveau mais en zone industrielle on appelle cela autrement, la modernisation sociale est en débat à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire qu’il lui est demandé de se déclarer incompétente à l’avenir pour la durée maximale du travail. Les négociations à l’intérieur de l’entreprise fixeront celle-ci, et les évolutions pratiques depuis quelques mois montrent que les dirigeants – généralement les porte-paroles salariés de groupes étrangers – opèrent le chantage entre l’acquiescement des salariés et la délocalisation d’un outil de travail qui a souvent été toute leur vie adulte.
[1] - Amos V 14 à 24 ; psaume L ; évangile selon saint Matthieu VIII 28 à 34
[2] - Roland Dumas, Le peuple assemblé (Flammarion . Mars 1989 . 318 pages) dernières lignes - L’auteur rappelle ce propos en conclusion de sa démonstration historique : « L’Histoire nous enseigne aussi que les constitutions ne valent qu’un temps. Elles servent avant de produire leurs effets pervers ; L’actuelle Constitution a permis de réaliser sans heurt la double alternance politique de 1981 et de 1986, elle se renforce, elle se rôde, se patine avec les années. Le « peuple assemblé » est installé dans la plénitude de ses droits. Depuis 1962, il désigne son souverain et règne au travers de la majorité ; la réflexion historique se nourrit de la pratique politique. Le peuple, souverain dans ses comices, ne doit pas perdre de vue que l’ombre de Bonaparte est toujours là qui rôde… cela ne fait pas si longtemps que la République existe en France. »
[3] - PARIS (AFP) - 02/07/08 14:01 . La France prend la présidence de l'UE
Sarkozy estime qu'il "ne pas surinterprèter le différend" avec Mandelson
[4] - VARSOVIE (AFP) - 02/07/08 21:02 . Kaczynski ne ratifiera le traité que si l'Irlande change d'avis
[5] - CHARM EL-CHEIKH (AFP) - 02/07/08 08:15
Zimbabwe: Mbeki rejette les exigences de l'UE sur un gouvernement d'union nationale
[6] - MONTPELLIER (AFP) - 01/07/08 21:35
Drame de Carcassonne: mise en examen du tireur, démission du chef de l'armée de terre
[7] - PARIS (AFP) - 02/07/08 18:45
Trois jours après Carcassonne: nouvel avis de tempête sur la Défense
[8] - PARIS (AFP) - 30/06/08 21:54 . Sarkozy ne veut pas voir le service public comme une "secte"
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