lundi 28 juillet 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 28 juillet 2008

Lundi 28 Juillet 2008

Quel rôle pour Carla Bruni, cf. Vanity fair, à paraître
Vacances gouvernementales sous de Gaulle et aujourd'hui
L'affaire d'Etat du moment, la gestion des créances publiques sur les amis du Président
L'innovation de politique pénitentiaire : le peuplement
Changement à la direction du cabinet présidentiel
Les Africains peuvent se venger : l'O.M.C.
La leçon d'Israël



Prier… [1] il ne leur disait rien sans employer de paraboles. Notre vie entière est une parabole pour la conduite de notre vie, et, les uns pour les autres, nous en sommes une aussi. Levée de la pâte, grain de moutarde (quoique je n’ai jamais vu un « moutardier » : ma chère femme aura peut-être une description, ce ne doit pas être tout de même un baobab). Le Royaume croît. Ni un endroit, ni un monument tout fait ou pérenne, mais un mouvement, peu visible dans l’instant, quoique manifeste à la longue, quelque chose d‘intérieur dont le principe n’est pas évident. Les deux paraboles disent cela. La ceinture de lin que le prophète doit aller cacher dans la fente d’un rocher le long de l’Euphrate, est une troisième parabole, plus complexe. Un choix de Dieu, un objet intime puis abandonné non de Dieu mais de soi-même. Défaut d’entretien, mise hors d’usage. Processus naturel enrayé.

« People », mais c’est à la tête de l’Etat et à la présidence de la République… Carla « comme si de rien n’était » distribue son disque aux membres du gouvernement. Entretien à paraître – dans Vanity fair aux Etats-Unis ? – elle préfère être Jackie Kennedy plutôt qu’Yvonne de Gaulle, c’est-à-dire être cocufiée par une actrice prestigieuse et plus belle qu’elle dont de Gaulle précisément avait, au premier regard, jugé et dit qu’elle était faite pour être à l’arrière d’un pétrolier, ce qui fut, puisqu’elle fut très prématurément veuve du président tué par balle. Elle (en France) avait déjà publié la comparaison « avantageuse » de Cécilia avec Yvonne de Gaulle et Bernadette Chirac. Concours de celle qui dit le plus n’importe quoi et – en réponse – de l’opinion la plus amnésique et inculte. Entre « people »… plus sérieusement, l’A.F.P. présentant les vacances des excellences présidentielle et gouvernementales, propose une dépêche-document sur Brégançon et une autre sur « le cap Negri, résidence des Bruni ». Quelle que soit la manière dont je m’y prends, cette dépêche-là n’est pas accessible, je suis automatiquement servi par Brégançon.

Vacances, donc. Sous de Gaulle, les ministres – les papiers personnels de Maurice Couve de Murville l’attestent dès 1959 – devaient donner (au secrétariat général du gouvernement) leur projet et adresses de vacances en Avril pour le mois d’Août. Quinze jours seulement, en gros du 6 au 20 Août. Sous Nicolas Sarkozy, c’est d’aujourd’hui au 21 Août, signe certain qu’il y a moins à faire. Naturellement, inimaginable d’aller à l’étranger autrement qu’en voyage gouvernemental.

L’affaire Tapie peut devenir l’affaire Sarkozy. Le quinquennat peut être écourté à tout moment à mon sens par un soudain écroulement de cette tolérance de la classe politique et des médias. On fait tous semblant de n’avoir qu’à évaluer une action gouvernementale et donc à balancer des arguments et des bilans, alors que nous avons affaire avec une bande d’enrichis, tous complices les uns des autres et qui, faute d’avoir eu leur ration avec Jacques Chirac l’immobile, se sont mariés avec un homme sans passé ni étiquette mais fou de parvenir, sans référence culturelle ni familiale, sans même un patron ou un modèle politique… formaté par l’argent et des exemples étrangers, ponctuels, hors contexte pour nous imposer des décalques sans prise sur notre tissu économique et notre esprit. Les rétrocessions forcées du Crédit Lyonnais, donc. François Bayrou s’illustre, Eva Joly, réfugiée en Norvège (serait-elle liquidée en France, physiquement ? plus rien ne me semble impossible), Pierre Moscovici sonnent chacun le branlebas. Bayrou pour le fond qui est la mauvaise gestion des créances de l’Etat, la juge sur les passe-droits pas nouveaux du pouvoir en place mais qui, sous Jacques Chirac, n’étaient que sans-gêne quoique sur très longue durée et dans toutes les positions publiques, enfin Moscovici va démontrer aux naïfs que la révision constitutionnelle ne renforce en rien le Parlement ni a fortiori l’opposition puisque la demande de commission d’enquête ne sera débattue qu’à l’automne et qu’elle sera forcément repoussée. Ce soir, il est indiqué que l’Etat ne fait pas appel de la décision du « tribunal arbitral ». Privatisation de la justice…

Projet pénitentiaire, manière – assez analogue à la loi sur le pouvoir d’achat – de traiter une urgence devenue prise de conscience de l’opinion publique : nos prisons « pleines » à 125% de leur capacité. Une politique répressive depuis quinze mois qui les peuple comme jamais, et la « République irréprochable » est probablement celle d’Europe, au moins occidentale, où le système carcéral est le moins propre à la dignité humaine.

Emanuelle Mignon se consacre à partir de demain aux « états-généraux de la presse » (« états-généraux » ! la Moselle perdant garnisons, sidérrugie et tribunaux a obtenu les siens… ces jours-ci). Jamais, sous la République, la presse n’a été autant menacée de main-mise économique et politique sur elle ; qu’écrivè-je ? menacée ? non ! elle est pour l’essentiel déjà aux mains d’intérêts économiques. Le Monde à peu près, Libération un peu, L’Humanité forcément échappent à cette main-mise et Ouest France reste familial, du moins en tenue éditoriale. Christian Frémont, longtemps préfet d’Aquitaine et depuis plus longtemps encore dans la mouvance d’Alain Juppé lui succède à la direction du cabinet du président de la république. Je le connais depuis qu’au Portugal, il était venu – frêle à tous égards – inspecter le stagiaire E.N.A. affecté à l’ambassade. Nous nous sommes revus au Brésil, il était, après diverses excursi, passé du poste d’adjoint à celui de patron des stages pour l’Ecole. – Cela ne peut mieux « tomber ». j’ai appris dans la matinée la mort – survenue dans la nuit de samedi à dimanche – de M° Jean-Jacques de Félice, le défenseur de Marina Petrella, si courageux et tenace avec sa femme M° Irène Terrel. Aussitôt, j’ai pris argument de cette perte, pour tous les affligés et massacrés par nos systèmes, en couriellant au cabinet du Premier ministre : compassion, pitié… François Fillon, me le confirme un jeune Bénédictin, a été scout, est familier de Solesmes à quelques kilomètres de sa capitale, Sablé. Je vais maintenant motiver, comme je le pourrais, l’homme qui est en bonne situation, non pas de fléchir Nicolas Sarkozy (notre personnage ne recule que devant la force et cela ne lui est arrivé que quelques fois quelques minutes devant la rage de Ségolène Royal, en face-à-face le 2 Mai – il y a déjà plus d’un an), mais qui faire masse ou nombre dans l’Elysée. Marina Petrella ne se traite pas à huis-clos même si c’est une prisonnière.

Après l’Inde dont l’avenir n’est pas déchiffrable, la Turquie qui au contraire – si les Européens du continent sont de bonne foi – a un futur évident. Les attentats séparatistes kurdes n’auraient plus de raison d’être si le pays était dans une ambiance judiciaire et culturelle européenne. La question israëlo-palestinienne sur laquelle pèsent Irak, Syrie et Iran se poserait différemment si l’Union européenne était frontalière. La force (américaine) a fait fiasco ; elle est même belligène, tout le contraire de la médication qu’elle est censée apporter. Au contraire, pluralistes et sans stratégie hégémoniste, mais directement concernés par ce voisinage, nous traiterons mieux les choses et connaîtrons mieux les réalités et les gens en étant partie prenante, notre implication est la solution.

A Genève – l’Organisation mondiale du commerce – l’accord est écrit mais il n’est pas signé. Sur un produit-symbole, la banane qui fut longtemps un différend Communautés européennes c/Etats-Unis, les quelques 80 pays A.C.P., nos plus anciens associés historiquement (nos anciennes colonies d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) quittent la table. Le vrai problème est que pour ces pays notamment, le seul système supportable reste des échanges et des régimes déséquilibrés en leur faveur. On peut convaincre l’Inde ou le Brésil, on ne peut appauvrir ou désarmer davantage les très pauvres : l’Afrique. Ce sont ces A.P.E., accords soi-disant de partenariat économique, qui sont en question depuis une révision en 2005 de l’accord-charte de Cotonou en 2000. Quant à la Chine, elle aura droit, comme nouvelle-venue, à des délais de grâce, mais le vent tourne pour elle : les Européens et Américains commencent à délocaliser pour des réimplantations plus compétitives dans notre ancienne Indochine, et maintenant dans les pays anciennement communistes de l’Union européenne, on va vers des retournements de tendance assez prévisibles si l’économie n’est plus qu’encouragement du « dumping »…

Israël ne parle pas nos langues de bois. Le procès fait au Premier ministre en exercice, qui l’imaginerait en France ? celle de maintenant, quand le soupçon pèse sur le président de la République, « aidant » ses amis. Clearstream avait fait interroger Dominique de Villepin, étant à Matignon. Un pays démocratique, le pouvoir peut être renversé en cours de mandat. Une politique extérieure – plus que critiquable, selon nous – mais affichée : ne pas courir de risque, car sur un territoire aussi exigu, encaisser un seul coup peut être mortel, cf. Téhéran. La franchise : après dix-huit mois de faux-semblants pour complaire aux Américains, c’est maintenant dit par Ehoud Olmert, il n’y aura pas d’accord avec les Palestiniens avant la fin de l’année, la question de Jérusalem-Est ne peut se résoudre.




[1] - Jérémie XIII 1 à 11 ; cantique Deutrénonome XXXII 6 à 21 ; évangile selon saint Matthieu XIII 31 à 35

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