53% des Français constatent qu'il faut abandonner le traité de Lisbonne
Réponse de la présidence française de l'Union : du concret
Nicolas Sarkozy : les précédents de Gaulle et Pétain - analogies de forme, différences de fond = ni la mémoire, ni le sens de l'Histoire (notamment de France)
Prier… [1] Ecoutez cette parole… quand le Seigneur Dieu a parlé, qui refuserait d’être prophète. Textes de châtiments, textes d’une lecture de l’histoire en rendant l’homme responsable, tandis que l’immanence, l’évaluation et la sanction éventuelle sont de Dieu. Nous vivons mentalement et politiquement à l’envers, nous jugeant irresponsables de notre époque, des événements et des dégâts que nous causons à notre bien commun : le monde, le vivant et nos âmes. Nous ne nous battons sérieusement contre aucun de nos maux. Réponse de l’évangile, la tempête apaisée. A la parole de Dieu. Mais lui dormait. Le Christ, humain, a un calme humain, celui que Dieu donne aux cœurs purs, confiants, vrais. Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ? C’est la nuit, tout le monde est épuisé, Jésus le remier, pas de commentaire, il rétablit tout, y compris la foi et la confiance de ses disciples. Alors, debout Jésus interpeplla vivement les vents et la mer, et il se fit un grand calme. La chose se sait et se commente sur les rives et dans le pays, par les disciples ? sans doute, déjà prophètes. Quel est donc celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ? Ainsi soit-il dans nos vies agitées ou sommeilleuses, dans notre monde et notre époque si souffrants.
La Pologne dit « non », à son tour ; sans doute, est-ce moins net qu’en Irlande, puisqu’il s’agit d’un conflit entre le présdent de la République, déjà désavoué il y a huit mois lors des législatives ayant défait son frère jumeau, et le gouvernement actuel « pro-européen ». dans un autre contexte, la Pologne ou plutôt son officialité – car faute de referendum, on ne sait l’opinion publique – serait revenue vers le consensus des dirigeants européens. Aujourd’hui, au contraire, cela a valeur d’entrainement, la Tchéquie va imiter la Pologne, la Suède ne se fixe qu’à l’automne. La probabilité est maintenant l’abandon du traité et donc – au moins jusqu’aux prochaines élections européennes – le maintien du traité de Nice comme règle de fonctionnement ; le Parlement en assemblée constituante, c’est une voie. La parfaite serait que le travail de ce prochain Parlement soit ensuite soumis au referendum.
Alors que 53% des Français – selon un sondage BVA Orange effectué le 26 Juin – sont partisans d’abandonner le traité de Lisbonne [2], la réponse de Nicolas Sarkozy est de « transformer profondément l’Europe », selon sa manière : faire du concret. En réalité, traiter des thèmes démagogiques qu’ils soient ou non de la compétence de l’Union et que celle-ci en tant que telle ou selon ses Etats-membres en aient les moyens. C’est n‘avoir rien compris à la dynamique européenne qui a toujours été de susciter ou de recréer ou de réinventer l’espérance collective, de toujours dépasser le présent. Ce qui a perdu la politique en France et ses acteurs – élus ou gouvernants – c’est de confondre les gestions avec l’élan collectif. Les gestions divisent parce que chacun réclame son dû ou ce qu’il estime justice pour soi, et elles sont de plus en plus difficiles à assumer tant les interdépendances sont fortes et tant les Etats, donc les acteurs politiques, sont de plus en plus dépassés par d’autres organisations et forces, notamment économiques. Forces malheureusement de plus en plus concentrées entre des mains physiques et des personnalités et groupes se cooptant. Jean-Pierre Jouyet – capable d’indépendance, il fut l’ami proche du couple Hollande-Royal – s’est dit partagé au sujet de la nomination désormais du PDG de France-Télévisions par le gouvernement ; seul des ministres et secrétaires d’tat à le faire savoir. Rompu aux disciplines, et surtout aux conventions de fonctionnement et d’aboutissment de l’Union européenne, il précède cependant son maître : l’Europe doit faire du « social ». L’épouse de Nicolae Ceaucescu, celle qui le perdit, lui souffle à l’oreille au balcon du palais de Bucarest : promets-leur de baisser le prix du pain…
Commentaire d’un commerçant de ma ville de province : impressions et photocopies en tous genres, opinion plutôt proche du Front national, les feignants que ceux qui travaillent doivent engraisser, le discours public toujours le même… il a écouté l’entretien présidentiel hier soir. Il répète toujours la même chose, il na pas de chance, bien sûr, mais au lieu d’essayer ses idées ou de les concerter avec ses conseillers, tout de suite il faut qu’il les applique…
Le siège du président en exercice de l’Union européenne est commencé par la Chine : sa participation aux cérémonies d’ouverture des J.O. à Pékin. Cour inutile, Nicolas Sarkozy ira et usera le peu de sa crédibilité auprès des autres Etats-membres pour qu’il ne l’empêche pas. Vanité qui peut en ruiner une autre : pendant ce temps-là, sauf si le gouvernement jette l’éponge devant l’Assemblée nationale ces jours-ci, le Congrès à débattre du projet de révision constitutionnelle.
Je continue de saisir mon journal de 1968-1969 : les « événements de Mai » et le départ du général de Gaulle, un an plus tard. Littéralement, le vocabulaire, y compris celui de mes notes « intimes » désespérées quand l’homme du 18-juin était à l’instant de tomber, est réformiste à l’instar de ce que nous vivons maintenant. Mais cela recouvrait tout autre chose, d’abord un souci, une nécessité de recueillir l’adhésion la plus grande possible, et ensuite il s’agissait surtout d’un changement de comportement des gouvernants : rapprocher les décisions et les gestions des citoyens.
Le point commun est en revanche évident avec Vichy. Pendant quatre ans, tout acte important justiciable d’une publication au Journal officiel avait comme visa la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940. Un mandat initial, un vote de confiance fondateur dont il n’était pas envisagé que la suite l’ait périmé. Le régime actuel ressasse le mandat reçu par l’élu le 6 Mai 2007. Quelle erreur d’interprétation : on a choisi une personne qui paraissait capable de répondre aux nécessités. Quelle erreur politique aussi : la confiance se donne, se retitre, se vérifie.
Mais dfférence autant avec de Gaulle qu’avec Pétain, Nicolas Sarkozy ne manifeste aucun sens de l’histoire nationale, de la continuité française et donc de la spécificité du pays, du peuple qu’il est actuellement chargé de présider. Toutes ses raisons, quand il ordonne des changements de cap ou de législation radicaux : ainsi, sa démonstration hier pour la télévision publique sans publicité… se fondent sur des comparaisons avec l’étranger. Bout par bout, instaurer chez nous le mondialisme, importer les recettes « qui marchent » ailleurs, au lieu de considérer la cohérence où nous étions, ce que nous avions fait, acquis, conquis ensemble et partant de cette connaissance de nous-mêmes inventer ce qui ne s’est pas encore fait. Aucun pays n’est comme les autres, substantiellement et le nôtre, plus que d’autres, a été fait par son histoire. Au cours de celle-ci, la volonté de quelques-uns, le plus souvent du chef : le roi, l’empereur un temps bien plus bref que nos « trois races », a certes été décisive, mais elle était imprégnée des précédents et de l’expérience. Napoléon a fait aboutir autant la Révolution que l’Ancien Régime, et même davantage l’œuvre capétienne que les innovations ou récapitulations des constituants de 1789.
Si l’on doit reprendre les textes organisant le fonctionnement de l’Union européenne, il va falloir – non plus concilier les oppositions – mais mettre à plat de grandes questions comme un certain protectionnisme européen, moyen aussi de privbilégier certaines de nos relations extérieures au lieu de toutes comme aujourd’hui, et vider la querelle atlantique. Le paradoxe, ce’est qu’à l’heure où tout tourne, la France, version Nicolas Sarkozy que je crois de plus en plus : éphémère, abandonne une de ses spécificités les plus fortes, celle d’ailleurs que la Quatrième République – elle-même – avait souhaité avoir. Jean Charbonnel a rapporté en colloque sur le retour du Général en 1958, un hors sujet d’importance : le débat en Conseil des ministres quand nous nous sommes retirés de l’organisation intégrée de l’Atlantique nord.
Nous ne sommes plus que quelques-uns à pouvoir en témoigner : Pisani, Foyer (il oublie Jean-Marcel Jeanneney) – quelques-uns à qui de Gaulle en Conseil des ministres présente son plan de quiter les structrures intégrées de l’OTAN – Messmer, ministre des Armées expose d’abord, puis Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères, puis Goerges Pompidou qui fait la synthèse – et le Général conclut d’une manière souveraine – après avoir dit, si vous me suivez vous aurez légué la paix à vos enfants, ce qui montre le sens de ce qu’il faisait – bien entendu messieurs – cela, je ne l’ai entendu qu’une fois dans les quinze mois où j’étais à ce gouvernement– si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez donner votre démission immédiatement – une main se lève, Edgar Faure : monsieur le président de la République (il était le seul dont il fut toléré qu’il ne dise pas mon Général – Missoffe était à côté de moi : cà y est, il s’en va – non, il reste, lui faisè-je. Edgar Faure : Monsieur le président de la République (il était le seul au Conseil à appeler le Général, Monsieur le président), je vous remercie au nom de tous les présidents du conseil de la IVème République qui ont été humiliés et qui devaient aller faire leur fin de mois à Washington .
A la sortie du conseil, je l’approche pour confirmation et il me dit : celui d’entre nous qui a enduré le pire, c’est Félix Gaillard
Comme nos gouvernants actuels ne feront rien de cela et même l’empêcheront autant qu’il leur sera possible, nous allons perdre six mois, les Tchèques divisés nous en feront perdre autant. Les élections européennes de l’an prochain doivent être décisives. Si elles ne le sont pas, la régression s’accentuera. Pour le moment, elle n’affecte – ce qui est essentiel, il est vrai – que les opinions. Mais demain les traités eux-mêmes – dans leur lettre et leur esprit actuels, il y a quand même un esprit à ces traités « consolidés » depuis 1951 – seront en question. Ce qui se fait en France depuis un an, légiférer pour retirer du champ de compétence de la loi de plus en plus de domaine, à proportion que si peu dans l’hémicycle et dans la rue, résistent, va se faire en Europe.
[1] - Amos II 1 à 8 ; psaume V ; évangile selon saint Matthieu VIII 23 à 27
[2] - commentaire de Jérôme de Sainte Marie : Pour 33 % des Français, la construction européenne constitue une source de crainte, contre 30% qui la perçoivent plutôt comme un motif d'espoir. Statistiquement équilibrés, ces résultats sont politiquement dévastateurs pour un pays appelé à assumer la présidence de l'Union européenne. De plus, ils témoignent d'une relation émotionnelle très dégradée entre l'opinion française et la construction européenne, dans la mesure où il y a cinq ans 61% des Français disaient percevoir la construction européenne comme une source d'espoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire