jeudi 24 juillet 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 25 juillet 2008






Vendredi 25 Juillet 2008

Obama n'est pas bon

McCain gagnera chez lui et fera la paix au Proche-Orient
Atavisme millénaire de l'Iran

Sarkozy n'a pas la culture d'un homme d'Etat
Notre discours stratégique est "la voix de son maître", jusqu'au ton
Les suppressions d'emploi diminuant à propos le salaire des dirigeants ?
Un parlementaire bien organisé vaut, à lui seul, des débats parlementaires figés, cf. Bayrou
Prier…[1] nous ressemblons à des gens qui portent un trésor dans des poteries sans valeur. Le jugement constant que nous subissons et que nous avons, nous aussi, sur autrui : l’apparence. De la force ou de la faiblesse, la beauté ou l’argent sont des apparences, nous ne sommes pas notre création. La méditation ne peut cependant continuer ainsi, car la puissance extraordinaire que nous avons ne vient pas de nous, mais de Dieu. Or, cette puissance fut celle de Paul, elle est celle des saints, elle est – sans référence première à une religion quelconque et a fortiori au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob – celle de ceux qui savent s’oublier eux-mêmes pour se dévouer à autrui ou à des tâches grandioses pour le bien commun. L’égotisme est non seulement philosophiquement risible et donne des portraits caricaturaux – la politique française en donne, à mon avis, de bons exemples en ce moment – mais il est inefficace. Nous ne sommes réalistes et féconds que dans le plan de Dieu, et sans doute en étant dépossédés. Remarque extraordinaire de l’Apôtre : la mort fait son œuvre en nous et la vie en vous… et tout ce qui nous arrive, c’est pour vous. Jésus, comme Paul, en sus de sa mission, ou au cœur de celle-ci, possédé par l’amour humain et spirituel des siens. Mais même cette mission ou cette fonction – ce n’est pas un « rôle » – ne se revendiquent pas. Tout est reçu. Foi cependant de la mère de deux des disciples du Christ, présomption apparente de ceux-ci auxquels donne raison Jésus, mais leur futur martyre ne détermine rien, aucune place. Décidément, apparences, labeur, foi sont accessoires. Ce qui compte est notre salut avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous.

Je ne suis pas sous le charme de Barak Obama (contrairement au titre de mon journal : Le Monde). Celui-ci ne se distingue pas des discours que tient maintenant Bush junior : priorité à l’Afghanistan, Irak censément réglé. Il ne s’est pas montré courageux ni protocolaire en ne réservant pas sa première entrée dans l’Union europénene à sa présidence tournante. Il est dit que ses conseillers (qui ? en avons-nous déjà listes et portraits antécédents ?) lui ont recommandé d’être le moins voyant en France, tant nous restons aux Etats-Unis crédibles dans le vieux réflexe indépendantiste qu’avait repris de Gaulle mais qui n’a pas daté de lui : je le date de la question des dettes de guerre au début des années 1920, et évidemment du plan Marshall, relayé par une propagande efficace et amusante (les dessins d’Effel) du Parti communiste dans le début des années 1950. Le « grand discours » a été donné à Berlin, l’ombre de John Fitzgerald Kennedy, révéré par tous les politiques américains, alors qu’au pouvoir il a été détesté par une bonne part de l’ « establishment ». Lacune évidente, il ne rencontre pas Wladimir Poutine.


A ma surprise, les sondages sont actuellement favorables à Obama. Pourtant, il me semble qu’il aura contre lui plusieurs réflexes : anti-Noir, anti-métis (l’électorat noir peut lui reprocher le métissage et son évident effort pour être le plus authentiquement américain possible), anti-jeune, anti-argent (il semble qu’il a disposé d’emblée de bien plus de ressources qu’Hillary Clinton et que McCain). Et pour moi – surtout – il n’a pas la compétence et la structure intellectuelle, la culture voulues pour les grands sujets. Je vais écrire à McCain mon pronostic, et aussi, qu’à la manière de Nixon c’est lui qui désengagera l’Amérique du Proche-Orient, sauf vis-à-vis d’Israël. Mais Israël peut changer : Shimon Pérès en début de semaine fait flotter sur ses bureaux de chef de l’Etat le drapeau palestinien, et la « challenger » d’Olmert, l’actuelle ministre des Affaires étrangères – pour le peu que j’en sache – me paraît avisée. La solution n’est pas un marchandage au petit point mais une telle « générosité » d’Israël qu’il y ait une rupture crédible avec toute la politique suivie depuis 1948, à commencer par la question des colonies juives et du retour des déplacés. Bien entendu, de telles concessions préparent un Etat unique mais multiracial, au lieu de la coexistence, forcément belligène, de deux Etats ethniquement homogènes ou presque (je n’oublie pas le million d’Arabes israëliens).


L’Iran, suprêmement habile, la négociation mais aussi la représentation qu’en cas d’attaque-surprise (Israël bombardant les sites nucléaires), le détroit d’Ormuz sera bloqué. Partout, dans mon ancienne carrière, j’ai constaté l’extrême qualité des diplomates iraniens. Il est vrai que la conjoncture est favorable : l’opinion publique dans les grands pays n’approuverait pas un coup de main américano-israëlien, la Chine et la Russie réagiraient vivement, il y a les J.O. que tout le monde veut calmes (sauf ceux qui souhaitent faire éclater la vérité et qui n’ont que cette « fenêtre de tir »), surtout les Etats-Unis hésitent stratégiquement : Irak, Afghanistan, Iran ? quoi d’abord ou principalement ? le temps n’est plus où les Etats-Unis croyaient pouvoir traiter en même temps les trois foyers de rébellion, à leur installation dans la région. En face, l’Iran ne doute pas et il s’est organisé avec la Russie. Téhéran est en continuité avec elle-même. Quand on a quatre mille ans d’histoire, à peu près sur le même site géographique, on a forcément de l’ambition et de la suite dans les idées, en tout cas pas de complexe. Le shah n’en avait pas et n’était moins nationaliste que les actuels tenants du pouvoir. Il avait d’ailleurs su faire évacuer le nord de son territoire par Staline sans rien demander aux Américains.


Sarkozy continue de démontrer son peu d’usage et sa faible culture – en tant qu’homme d’Etat. D’abord, il n’a pas su négocier quelque chose de plus flatteur pour nous à l’accueil de Barak Obama. Certes, McCain n’avait pas eu davantage, mais on était à dix-onze mois de l’élection. On est aujourd’hui à trois mois et demi. La démagogie comme toujours : Bush est mon ami, Obama est mon copain, quelle était la formule pour le candidat républicain ? Son hôte pas en reste : « les Américains aiment beaucoup les Français » ou « en raffolent ». C’est vrai mais seulement dans certains milieux cultivés comme ceux de la côte Est ou parmi les universitaires juifs (…). « Je ne parlerai pas à M. Mugabe », qui le lui demande ? si c’est Thabo Mbeki qu’il reçoit à Bordeaux aux côtés du président de la Commission européenne pour le sommet Union européenne- République sud.africaine, il est maladroit de le dire, car l’Africain a beaucoup fait et la question est en voie de solution. A l’africaine, contrairement aux rodomontades de Bernard Kouchner. Celui-ci a la maladresse de qualifier péjorativement la relation avec l’Afrique du sud… c’est d’ailleurs pendant ces deux moments importants – pour le portefeuille qu’il détient – qu’il publie sa provocation vis-à-vis du Parti socialiste dont la réforme est l’événement le plus attendu des Français. Peut-être populaire, mais jamais au point de gagner une circonscription.


Un veto français à un accord au sein de l’Organisation mondiale du commerce ? Mandelson a beau jeu de répliquer qu’il ne fait qu’exercer un mandat voté par les 27. La France, toute présidente en exercice qu’elle soit, n’a plus voix au chapitre qu’à la ratification de l’accord, si juridiquement cette ratification est nécessaire ce que je ne crois pas. Concessions tarifaires, mais pas traité. Jean-Pierre Jouyet a disparu depuis le début de notre présidence.


Rien ne bouge pour un progrès net sur la défense européenne, entre 27 : c’est pourtant le préalable affiché à notre retour dans l’O.T.A.N. Sarkozy a pris jusqu’au vocabulaire américain, version 2001 et depuis : nous ne pouvons pas perdre en Afghanistan. Pour rallier l’opinion française à ce qui deviendra vite « la sale guerre », redite de l’argumentation de François Fillon en début d’année quand le gouvernement fut contraint au débat parlementaire : on ne peut laisser les talibans revenir lapider les adultères et empêcher les filles d’aller à l’école. Sans doute, mais à ce compte, nous interviendrions – pour la dignité humaine – dans tant d’endroits, et d’abord en Chine populaire. Nous n’avons plus aucune vue stratégique, notre analyse du monde si elle est celle véhiculée par les Etats-Unis pèche de deux manières : elle est passéiste et elle ne peut avoir la légitimité qu’elle a pour l’Amérique, qui est de faire passer le maintien d’une hégémonie. Notre analyse soutient cette hégémonie.


Renault supprime 5.000 emplois, Saint-Gobain autant quoique pas en France, General Motors au bord de la faillite depuis un mois fera certainement dix fois plus et Siemens a annoncé deux fois plus. Cherté de toute matière première, montée de l’inflation, montée du chômage quand les statistiques – comme aux Etats-Unis – ne sont pas mensongères et restent en séries, comment s’étonner que les « ménages » ne puissent plus investir. Les banques ne font plus de crédit immobilier, c’est-à-dire – puisqu’elles ne financent plus, et depuis une dizaine d’années, l’industrie – qu’elles gagnent de l’argent sur les « marchés ». La Société générale et Kerviel en système. C’est la récession, nous le voyons dans notre Bretagne à traditionnelle chalandise touristique : arrivée plus tardive et moins nombreuse sur les plages, pas de bouchon sur nos routes, les « caddies » ne débordent pas dans les « super-marchés ». Depuis des années, je suggère que les émoluments d’une direction d’entreprise soient diminués à proportion des emplois supprimés. C’est le contraire qui est observé.


Un parlementaire bien organisé vaut tous les débats d’hémicyle. François Bayrou va s’en faire une spécialité. L’affaire Tapie est excellente, la remarque que ce qu’il lui est adjugé correspond à peu près au déficit des hôpitaux publics est assassine. Ce qui caractérise une politique économique, réduite à la seule comptabilité, c’est que les grâcieusetés ou les dépenses inconsidérées (« bouclier fiscal », Tapie, troupes supplémentaires en Afghanistan) surpassent les économies par suppressions de sites ou d’emplois qui mettent le pays, et certains de ses territoires, au martyre. Gribouille est également tortionnaire.

[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IV 7 à 15 ; psaume CXXV ; évangile selon saint Matthieu XX 20 à 28

1 commentaire:

Eloge du nom-sens a dit…

Tant d'érudition me fascine; simple quidam passant par hasard...je reviendrai.Merci