jeudi 10 juillet 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 10 juillet 2008

Jeudi 10 Juillet 2008
Dominique de Villepin, banalisé par ses choix
Les J.O. à n'en pas finir ; la puissance de la Chine, nous la faisons, comme nous avons fait l'hégémonie américaine.
La logorrhée de l'égalité et du partenariat
Good Year et Marina Petrella : enrayer la machine

Prier… [1] Jésus enseigne l’activité principale qui doit être celle de notre vie : témoigner et soulager ; a gratuité du don que nous faisons puisque nous-mêmes ne recevons que gratuitement ; l’indépendance vis-à-vis des circonstances. Ce qui ressort de ses instructions aux disciples qu’il envoie, c’est le naturel. Le bon sens, aussi. Une société et des comportements de réciprocité. La dignité vaut mieux que l’argent. Le mouvement enfin, les disciples, la paix, la prédication, tout est mouvement, aller-retour. L’évangile montre ainsi le Fils de Dieu à l’œuvre dans sa génération. Le prophète, qui l’annonce, montre Dieu nous traitant comme le nourrisson chéri, et ma femme et moi avons reçu cette expérience bienheureuse : c’est moi qui lui apprendrais à marcher… je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ; je me penchais vers lui pour le faire manger. … Le rejeton qui te doit sa force, c’est nous dans ta pensée, dans ton ouvrage, dans ta sollicitude de chaque jour. Seigneur. Que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés.

Cumul de prébendes, l’argent corrupteur. Toujours. Banalité. Dominique de Villepin devient conseiller du président d’Alstom, en quelque chose pour l’international. Il l’était déjà pour Véolia, présidé par le compagnon de la garde des Sceaux. Alstom, cas de figure de la méthode Sarkozy pendant le passage du candidat rue de Bercy. Aval de l’Elysée pour ces acquisitions de prébendes, ce qui ajoute – si la révision constitutionnelle aboutit – à la liste des nominations à la discrétion du gouvernement données désprmais au contrôle parlementaire. L’ancien Premier ministre à son arrivée à Matignon ne doutait pas d’entrer ensuite à l’Elysée [2] - avait, à défaut, la succession de Jean-Louis Debré à Evreux, en 2007 après avoir eu celle de Xavier Deniau, en 2002 à Montargis… les circonscriptions et le siège au Parlement ne l’ont pas inspiré. Admis à prêter serment d’avocat sur titres, examinés avec un soin à présumer par la commission compétente du Barreau pour les inscriptions, il prive la démocratie française d’un élément de contestation possible du pouvoir qui s’est installé en France. Président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, ne l’aurait-on pas entendu, même à huis-clos, à propos de réengagement atlantique ? Il est vrai qu’il y a l’affaire Clearstream, ce genre de choses qu’on réussit en sorte qu’on n’en aura jamais parlé mais qu’il y aura en résultats une hitsoire de France tout autre que celle de maintenant… et que cela immobilise. Jacques Chirac est tenu, au même silence. Alain Juppé n’a plus de mandat national et il faudrait de singuliers événements au sein de l’UMP et une soudaine maladie coupant l’appétit du pouvoir dans toute la jeune génération pour qu’il retrouve le contrôle d’une machine qu’il contrôla quelque temps. Jean-Pierre Raffarin ne sera décisif qu’une fois président du Sénat, encore trois mois à parier… Jean-François Copé est méthodique au point d’avoir eu l’idée de transformer « sa » commission sur la télévision publique en comité de suivi de ce qu’il va se passer… Lui et Jean-Luc Warsmann tiennent la révision constitutionnelle, ce qui est un bon présage pour ceux qui sont attachés au legs institutionnel du général de Gaulle.

Les J.O. de Pékin, rien n’est joué. Les Chinois ont la maladresse – devant tant de tolérance des Européens et d’un président améericain en quête de ses dernères images – de monter chaque jour la barre un peu plus, quelqu’un va finir par trébucher. A l’époque où un chef d’Etat ne communiquait que lapidairement une fois ou deux par mois, les choses pouvaient se sceller, aujourd’hui où l’on parle en public bien plus qu’en entretien « au sommet », et tout le temps, tant de lapsi ou de questions à double sens peuvent survenir, que le gâchis pour un bord ou pour un autre est probable, sans compter l’imprévu pendant les cérémonies, on n’ooubliera jamais les jeux de Mexico.
Les « Occidentaux » ou les démocraties ont tort. D’abord, d’être entrés dans ces rituels d’aller à de telles cérémonies d’ouverture. Y était-on aux précédents jeux ? aujourd’hui, il s’agit de conforter le régime chinois aux yeux de son opinion, baillonnée ou inconsciente. D’Hitler en 1936, on savait encore peu. Du régime chinois, on en sait assez et c’est sans doute pire. Puisque c’est le seul pays au monde où l’immense majorité de la population subit la dictature politique et la dictature de l’argent. Il est vrai que la parabole peut faire penser à nous quand on fait la géographie du pouvoir économique : Pinault, Arnaud, Bolloré, Bouygues, Dassault pour s’en tenir à ceux qui donnent dans les medias à partir de leurs empires initiaux dans les services ou l’industrie et qu’on vit ce que nous vivons, c’est-à-dire la monocratie. Nous avons tout – en atavisme, en textes, en diversité de nos organes d’expression – pour être libres et imposer à nos gouvernants quelques égards envers les gouvernés, et nous nous laissons réduire au dogme de notre impuissance et d’incorrigibles défauts ; nous nous faisons traiter de cloches par ceux que nous hissons sur le pavois et sacralisons beaucoup trop vite et avec trop d’absolu.
Et ensuite – retour à la Chine – une autre organisation du commerce mondial, une autre Europe, protectionniste en économie et retrouvant matière à produire et à travailler, accueillant donc à nouveau sans peur et lucidement ses voisins méditerranéens et africains en terre commune, et voilà le marché aux esclaves contraint de trouver autre chose pour ses capitalistes, et donc autre chose pour son appareil politique. Tempêter contre Pascal Lamy et Mandelson à propos de commerce international et plier diplomatiquement à Pékin est contradictoire. La solution est une charte du commerce internationale où l’on ne vit plus en exploitant autrui (ou en le volant) : il est vrai qu’une telle novation n’a pas de précédent et que l’échelle mondiale est récente.


Ce sont les Américains qui – avec Bush senior – ont inventé vocabulaire et comportements d’aujourd’hui. Une logorrhée égalitaire – entre grands partenaires des relations internationales, entre Russie et Etats-Unis à propos du nucléaire, entre Etats membres de l’Union européenne – ne dissimule plus les positions de puissance exclusive. Avec quelle condescendance, Bush junior apprécie les résultats du G 8, comme s’il en était notateur et comme si les engagements pris ne tenaient pas, essentiellement, à leur respect par son pays. Avec quelle condescendance, l’U.M.P., ses chefs et sous-chefs donnent des leçons de démocratie et de civilité aux oppositions dont il est cyniquement question de voter le statut en Congrès à Versailles. Pour un peu, j’applaudirais Robert Mugabe criant au racisme international quand les « blancs » de toute confession lui enjoignent d’être autrement qu’il n’est, et que le subissent les malheureux Zimbabwéens, certainement mieux lotis sous Ian Smith. Quant à la confrontation avec la Russie, l’Europe qui pouvait être l’arbitre et qui devait à terme jouer le voisinage territorial et ethnique, épouse complètement le jeu américain, y compris ces jeux de mime : combien j’ai de considération pour vous, comme il est fondamental que nous soyons égaux ! Le pompon est la persévérance du président français, ralliant le président de la Commission européenne, à prétendre que la seule voie possible pour l’Union européenne – et même la voie idéale – est la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Nonobstant le refus irlandais, les évidents atermoiements tchèque et polonais, et le découragement de chacune des opinions nationales dont la plupart des sondages confir&ment qu’elles seraient hostiles si elles étaient consultées. Démocratie, où ? Communication ? même pas.

Qui dira que le roi est nu ? Daniel Cohn Bendit crânait devant les CRS et fit davantage la couverture que le général de Gaulle ou Georges Pompidou en Mai 68, mais il était blanc d’émotion pour apostropher Nicolas Sarkozy à propos des J.O.. Il a d’ailleurs choisi le mauvais angle d’attaque en se scandalisant de l’aval donné au système néo-communiste, au lieu d’aller à la dérision et aux croquis de la lâcheté et des atermoiements, que du parterre les opinions publiques ont déjà fait déjà leurs.

Good Year n’aura tenu que trois jours ? ceux qui ont participé au referendum de la contrainte se croient sauvés comme Chamberlain et Daladier rentrant de Munich dans leurs capitales respectives. Je ne donne pas un an pour que leur entreprise ait fermé. Plus on donne à celui qu vous écrase, plus encore il vous écrase, et vous y avez en sus perdu votre honneur et l’estiome de vous-mêmes. Ce qui a racheté – et au-delà – Pierre Laval, c’est d’une part qu’avant la guerre et avant le régime de Vichy, il avait proposé une politique alternative et c’est qu’il fut fusillé sans être entendu et sans être respecté : ranimé pour ne pas mourir de suicide mais sous les balles de ses compatriotes. Il y a l’histoire des grandeurs françaises, en l’occurrence d’autant plus rebutante que les donneurs de leçons à l’école primaire sur les régimes de contrainte autrefois sont ceux-mêmes qui vont livrer Marina Petrella, contre notre parole d’honneur. – Mon recours, au point, part demain au Conseil d’Etat. L’essentiel est la recevabilité. L’obtenir vaut une vie. Pas celle de la victime qui a déposé, par ses conseils, un recours au fond qui ne peut que se tenir si l’on considère que le décret la concernant, se fonde sur ce que ses actes et ses mobiles ne sont pas politiques, mais de droit commun ! une vie, peut-être la mienne : ouvrir la voie à des recours citoyens sur tout sujet à propos desquels nos gouvernants sapent les valeurs au respect desquels ils nous appellent avec tant de cynisme. Quelle fondation…


[1] - Osée XI 1 à 9 ; psaume LXXX ; évangile selon saint Matthieu X 7 à 15


[2] - Yves Derai & Aymeric Mantoux, L’homme qui s’aimait trop (éd. l’Archipel . Octobre 2005 . 185 pages) le montre assuré de l’emporter sur « le nabot » - « le déséquilibre purement physique serait tragique pour Sarkozy » selon le conseiller en communication du Premier ministre – Geneviève de Fontenay : « Villepin a un port, contrairement à Sarkozy. Le moment venu, cela jouera en sa faveur » - pp. 12.13 – le second des auteurs aurait dû s’y connaître, ayant commis en 2003 un Nicolas Sarkozy, l’instinct du pouvoir.

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