Edgard Pisani [2] : « ainsi sont venus les temps de l‘homme contre la nature, en moins d’un siècle le nombre des bouches à nourrir a été multiplié par deux tandis que les appétits individuels ne cessaient – ne cessent – d’augmenter », et l’ancien ministre du Général et de François Mitterrand appelle « une éthique de l’avenir » : depuis vingt ans, l’éthique sollicitée partout, propagandée par les anciens puissants de ce monde (les retraités tous au « vert » ou à l’équivalent : Grbatchev, Al Gore, Chirac), mais jamais mise en œuvre par ceux qui en politique et entreprise, en auraient le début de décision. Il est vrai que cdes retraités mirent le premuer fin à la guerre froide, le second dût œuvrer pour qu’au moins les Etats-Unis signent le protocole de Kyoto, et le troisième, le nôtre, a inscrit l’environnement dans notre Constitution… devenus demandeurs et sans pouvoir, ils sont devenus humbles. François Mauriac à son fils Claude sur le monde qui meurt de soif, écrit sur la foi. « Tout m’est plus facile parce que je suis un être d’intuition… je cède à des évidences de poète…Quand je viens de communier, comme ce matin où je ne pensais qu’à mon article sur de Gaulle et à une coquille irritante (main au lieu de nain), d’où vient cette paix, ce silence en moi, cette chaleur d’une présence, cette envie de tomber à genoux et de pleurer ? … je n’ai jamais cru qu’on convertit les gens » [3] . Tel qui souffre et meurt d’âme tandis que son épouse meurt du même mal mais aussi du cancer, a à son chevet le parcours parlé et écrit de son père, et n’y vient pas. Prier… « si tu donnais une première réponse gratuite – mais peut-être l’as-tu déjà donnée : la prière. » La prière entre hommes, entre celui qui demande et implore, et celui qui peut, dont on croit qu’il peur – combien j’ai connu cette situation ! La politique, l’économie, ne donne rien ou que peu, ou d’une façon si inattendue et surprenante qu’elle n’est qu’apparemment une réponse humaine, l’homme n’a pas en lui le ressort de l’amour ni de la compassion. Comme la foi, l’espérance,celui est donné. – Cette revue faisant appel expressément à des collaborateurs d’occasion, selon ce qu’ils ont à dire : « vous aimez écrire… vous avez envie de transmettre »… et je n’ai strictement aucune idée de ce que je pourrais lui proposer, alors que depuis vingt-cinq ans je cherche une tribune, simplement parce qu’auparavant j’en avais eu une. Trop à dire pour dire quoi que ce soit, alors vivre et prier, aimer... On ne cherche que ce que l’on a(vait) trouvé : nostalgie inutile, je n’ai jamais rien trouvé, j’avais déjà, mais cela m’a été révélé. La vraie révélation, c’est l’autre et que l’autre soit accessible, puis – en nous – acceptable, alors que nous doutions plus encore que de le trouver, de pouvoir pactiser avec lui et l’aimer à jamais.
Le discours de l’enfant de chœur vendredi à Villacoublay, et aussitôt la reprise de thèmes de campagne devant l’U.M.P. à se croire au début d’une campagne électorale, abordée depuis la droite la plus simpliste. Dire que la France change parce que les grèves n’y ont plus d’impact, ce n’est pas seulement « narguer » les syndicats comme tous les commentateurs l’ont relevé, c’est ne pas comprendre les usagers. Si la France change, c’est bien parce que la solidarité des salariés est la cible méthodique des gouvernants s’avouant de droite – depuis une dizaine d’années, ce qu’ils se gardaient de faire encore dans les années 1980 – et des entrepreneurs, quand ils sont d’implantation récente dans le capital des grands groupes français.Mais le conflit chez Good Year à Amiens – dans le silence de Gilles de Robien dont je n’ai pas retenu s’il a été ou non réélu maire – montre que le système du chantage à la délocalisation peut avoir ses limites. D’un referendum l’autre. Le refus des salariés l’an dernier de passer aux 4x8 heures, un nouveau avec plus de 50% de boycott devient affirmatif. Les oppositions à l’abandon par l’Assemblée de la compétence du législateur en matière de durée du travail, et pourquoi pas des conditions-mêmes du travail, gagnent ici un argument de poids : laisser aux négociations d’entreprise la fixation de la durée et des conditions du travail, installera soit l’abus total soit le désordre permanent, soit les deux. Dans l’immédiat, l’usine de Good Year bloquée par des CGTistes. Ce n’est pas la CGT… « c’est nous d’abord qui « soyons » au-dessus de la signature, les syndicats sont là pour nous aider. Nous nous irons jusqu’au bout, jusqu’au bout, il faut qu’à l’étranger ils sachent qu’on ne rigole pas en France ». Mais à l’Assemblée, où l’on vient de débattre du démantèlement des « 35 heures ».
La rencontre, avant 2012 : où ? comment ?
70% des Français hostiles à « la nomination du président de la télévision publique par l’Elysée », 71% jugent que ce serait une domination du politique sur la télévision.
Question : le cynisme de Nicolas Sarkozy est-il de la cécité ? puisqu’il coincide avec les débats parlementaires sur la durée légale du travail et sur la représentativité des syndicats, et ne peut que gêner toutes les parties en négociation d’une nouvelle législation ? est-il de l’inconscience ou le signe d’un profond désintéressement quant à son propre avenir politique, une sorte de dialectique du suicide. Jouir de tout, éhontément pendant quelques années, en parvenu et en nouveau riche, jouer du pouvoir politique, le profaner, puis accepter le vide sans parachute à pas soixante ans, ne pas se représenter en 2012, souhaiter quoi ? l’argent ne se mange pas ? finir assassiné ? A mesure que l’élu du 6-Mai s’exhibe et nous défie, il m’est de plus en plus mystérieux. Il ne court même pas, il n’a pas de but pour lui-même, comment peut-il en avoir un pour une collectivité, il n’a pas le sens de l’histoire, il n’a pas de domaine propre qu’il connaisse vraiment. Notre tolérance et le consentement de beaucoup le convainquent que les hommes, les femmes – en économie, en politique – s’achètent surtout quand ils ont quelque pouvoir, quelque influence, quelque talent déjà à monnayer. Il ne croit pas à l’honneur. Mais il se trompe complètement sur les conditions de l’efficacité à long terme, il se trompe aussi sur la gestion des relations internationales.
Tous les signes de la crise durable, profonde, probablement comparable dans sa généralité avec celle de 1929 – sauf, espérons-le, la dramatique dialectique qui s’ensuivit dans les relations internationales jusqu’à produire la Seconde guerre mondiale – sont là. L’O.C.D.E. prévoit une reprise du chômage cette année et en 2009 ; la consommation est exsangue du fait de l’inflation et celle-ci semble inexorable car aucun des groupes énergétiques ou alimentaires n’amortit en partie les hausses des matières premières par des réductions de marge.
Déjeunant samedi tête-à-tête (je crois), Ingrid Bétancourt et Dominique de Villepin s’en sont plus dits que la même à Nicolas Sarkozy. Elle a même dû donner quelques munitions à son ancien maitre de conférences à Sciences-Po. Paris face au vainqueur du moment. Puis Saint-Sulpice, pour elle. Puis Lourdes, elle encore.
Un président de la République que comprenaient – ce qui est mieux que révérer – André Malraux et François Mauriac… ou plutôt un homme d’Etat, français, chrétien, libre, structuré. Mais aujourd’hui n’avons-nous pas l’ « extraordinaire » ? effusion d’aéroport et de retour à l’air libre.
[1] - Zacharie IX 9.10 ; psaume CXLV ; Paul aux Ephésiens VIII 9 à 13 ; évangile selon saint Matthieu XI 25 à 30
[2] - tribune en première page de La revue pour l’intelligence du monde, n° 15 – faisant appel expressément à des collaborateurs d’occasion, selon ce qu’ils ont à dire : « vous aimez écrire… vous avez envie de transmettre »…
[3] - François Mauriac 8 Juillet 1955 in Nouvelles lettres d’une vie (Grasset . Mars 1989 . 414 pages) p. 283
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