samedi 26 juillet 2008

lettre au Premier ministre pour Marina Petrella

Cher Monsieur le Premier ministre,

je vous en prie, ne soyez pas inexorable. Vous êtes tenu au courant de l’évolution de santé de Marina Petrella. Faites grâce. Le décret d’extradition est signé de vous. Vous avez tous les prétextes humanitaires.

Résolu à vous récrire depuis hier, je me suis éveillé avec la sensation du néant, c’est-à-dire de l’horreur du monde parce que ce sont les hommes qui l’infligent à leurs semblables et réciproquement. Vous avez cette maison ou cette demeure à Solesmes. Votre destin politique doit tout à cet enracinement que vous a donné Joël Le Theule. Le hasard des rencontres me fait remonter dans le temps. Adolescent, je sortais de l’E.N.A. quand de Gaulle s’en allait et j’en ai contracté ce qui certainement pour les professionnels de la politique dont vous êtes – une naïveté qui m’a séparé de l’ascension et de la participation aux décisions et orientations pour notre pays. Vous, vous avez su, ce n'est pas un reproche, au contraire. Mais, j'ai souffert...Trente-cinq ans de bataille pour nos institutions telles que de Gaulle les avait fondées et pratiquées, envolés lundi soir.

Il reste votre conscience, votre naturel profond, ce que vous avez en vous, je fais appel… là.

Il ne reste que les hommes, que vous… ne sachant comment vous écrire, vous atteindre – vous m’écriviez l’an dernier à pareille époque que vous alliez me recevoir – je lis dans la liturgie du jour : il y a des gens dont le souvenir s’est perdu : il n’en est pas ainsi des hommes de miséricorde, leurs œuvres de justice n’ont pas été oubliées. Vous me direz que les bourreaux non plus ne sont pas oubliés. L’actualité vient de le rappeler. Mais vous…

Georges Pompidou obtint la grâce du général Jouhaud, de de Gaulle. Celui-ci assumait les exécutions et donna donc ainsi du prix à la grâce. Le Premier ministre fut décisif et se mit dans la balance. Vous l’avez su certainement. Le président de la République en se défaussant sur son homologue italien, est différent. Redressez cela, redressez donc notre pays.

Accessoirement, vous me direz – après votre geste dont vous verrez l’écho immédiat puis historique – ce qu’a été la genèse de votre décision du 3 juin et que vous ayez pu accepter un attendu selon lequel Marina Petrella agissait sans mobile politique… mais l’urgence et la miséricorde, la grandeur ne sont pas là.

Pardonnez-moi de ne pas savoir m’y prendre.

Là encore, Georges Pompidou à propos de Buffet et de Bontems, et ce qu’il a livré de sa propre conscience alors. Vous tenez une vie. Et vous avez aussi notre honneur national, le vôtre donc.

Je vous attends et j’espère.

J'espère


à Monsieur François FILLON, Premier Ministre
aux bons soins du chef de son cabinet, Monsieur Franck ROBINE, préfet

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