Mercredi 23 Juillet 2008
L'humiliation du votant
L'humiliation du votant
Mithridatisation de la vie politique française
Le silence de Chirac et de Villepin sur la réintégration de l'OTAN et sur la révision constitutionnelle
Les éléments de l'échec
La honte
Prier [1] dans le tohu-bohu intérieur, les multiples habitations par ceux/celles qu’hier et aujourd’hui nous font rencontrer, que votre vie a placés en nous pour toujours, souvenirs d’amour, de peine voire de déboires, communion humaine, revenir humblement au pied de l’autel intérieur. En parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : ‘Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère ma sœur, ma mère’. Définition vêcue par le Christ de la communion des saints et de notre destinée à nous tous, vivants et morts, microscopiques organismes ou étoiles extraordinaires, tout le vivant, tout l’inanimé, tout le créé porté en Dieu. Beaucoup de gens étaient assis autour de lui. … Rien ne manque à ceux qui le craignent. Des riches ont tout perdu, ils ont faim : qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien. Or, justement… ta mère et tes frères sont là dehors qui te cherchent. Nous n’avons aucun droit acquis sur Dieu, même notre parenté avec Lui, notre création à Sa ressemblance, à Son image, ne nous donnent aucun droit. L’adoption est un couronnement. Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. … Ma vie aujourd’hui, dans la condition humaine,je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi. Jean, sans doute, le mystique puisque le « préféré » humainement de Jésus, mais Paul, tout autant, cette formulation si complète, si « moderne ». Le leit-motiv de l’Apôtre des gentils’, l’émancipation de la règle, de la loi, du texte, de la prescription, de la peur et du scrupule, pour entrer en toute logique et confiance dans l’intimité du salut : je cherche le Seigneur, il me répond ; de toutes mes frayeurs, il me délivre.
Confirmation d’achats de voix au Congrès. Je n’avais pas pensé au chantage à la découpe des circonscriptions. Il m’apparaît certain qu’un bon nombre d’U.M.P., qui détestent Sarkozy et ne peuvent souffrir son genre de vie et son genre de présidence auraient voulu voter non, et qu’un bon nombre ayant lu les textes à voter n’étaient pas convaincus de la nécessité de les voter. Je pense même qu’une bonne moitié des effectifs étaient contre cette révision – en fait et en contenu. Quant à la gauche, hors les communistes qui savent n’avoir plus rien à gagner dans quelque cas de figure que ce soit, ils étaient évidemment contre, mais pas les socialistes, viscéralement anti-Cinquième depuis que le parti a été reconsttiué à Epinay. François Mitterrand a pratiqué les institutions, mais en somme assez mollement, il n’a pas osé en 1984 jouer de la jurisprudence du Général et amender l’article 11 par la procédure directe de l’article 11, ce qui le mettait à la merci de la majorité sénatoriale, et je reste médusé par son testament constitutionnel, le projet de loi déposé à la fin de son second quinquennat législatif, en Mars 1993… resté quasiment inconnu évidemment puisque la révision s’est bornée, sous le gouvernement Balladur à une réorganisation – avant d’autres – du Conseil supérieur de la magistrature. Somme toute, en contenu, ils étaient probablement sur la ligne de Jack Lang, mais ils ont compris que ce vote était la seule échéance avant 2012 et même qu’il pouvait présager 2012 si Sarkozy l’emporter, et anticiper l’élection présidentielle si au contraire celui-ci échouait. Les deux camps ont donc voté par discipline, assurément à gauche, et moyennant beaucoup de rappels personnels et de promesses à l’U.M.P.
Conclusion toute simple. La mithridatisation de la vie et de la société politique française, quarante ans depuis de Gaulle. La sele novation concerne les services de la présidence de la République, à l’organigramme officiel tellement fourni relativement à ce que nous vivions sous de Gaulle et Pompidou : ils fonctionnent comme un « lobby » et les emplois de conseillers techniques sont totalement dévoyés. Pour le reste, au Parlement et dans les médias (ce ressassement sur « la première dame »), plus personne ne sait lire les institutions, ni celles ayant valu dans leur lettre jusqu’à lundi soir, ni les nouvelles puisque des naifs pensent à une initiative populaire pour un referendum sur la durée léagle du travail (un millier de manifestants devant le Sénat cet après-midi) : ils n’ont pas lu que l’on ne peut mettre en cause une législation qui vient d’être adoptée, d’une part, et que d’autre part même si la pétition est reçue le referendum est évitée par un vote parlementaire sur le sujet dans l’année de la collecte des signatures. Le métier d’élu en est un définitivement avec l’honorariat ministériel point d’orgue de carrière, la circonscription se transmet, on ne la perd plus en entrant au gouvernement et on ne la risque plus en quittant le gouvernement. Sarkozy parle de vivier parlementaire pour le gouvernement, vivier de domestiques. En réalité, tout est dans la discipline de vote, imposée par les partis grâce au mode de scrutin. La clé d’un véritable rééquilibrage des institutions est dans l’invention d’un nouveau mode d’élection pour les députés : Jean-Marcel Jeanneney évoque les propositions de son père en… 1913, distinguer les départements à forte population de ceux moins habités pour l’appication de la représentation proportionnelle, mais les actualisé très ingénieusement sans qu’il m’appartienne de le publier. Et bien entendu, si le pouvoir était aussi courageux et conséquent qu’il le fait dire, par une transformation radicale, non des fonctions, mais du mode de désignation des sénateurs. – A ce prix seulement, le Parlement retrouvera le vote de conscience, le vote personnel et une réelle fonction délibérative. Car le cynisme d’aujourd’hui où la parole n’est plus donnée au peuple qu’au moment de l’élection présidentielle, tout s’en déduisant ensuite pour cinq ans, y compris les élections législatives, est que l’invocation de la représentation nationale en substitut n’a pas de réalité. Le Parlement n’est pas représentatif, et les élus ne sont pas maîtres de leur vote.
Les ennemis de Sarkozy sont forcément au silence et par leur faute dont la principale est de ne pas s’être débarrassés du candidat qu’ils ne voulaient pas : Jacques Chirac et sa gestion de l’hôtel-de-ville de Paris, Dominique de Villepin et « l’affaire Clearstream ». Ni l’un ni l’autre n’ont levé la langue au projet de réintégrer l’O.T.A.N., ni l’un ni l’autre n’ont critiqué le projet de révision constitutionnelle. Et se débarrasser de Nicolas Sarkozy avant l’élection de 2007 était simplissime, le montrer aux Français déjà au pouvoir, en le nommant à Matignon. Ce n’était pas tortueux, mais c’était édifiant.
Cet échec des opposants de tous poils avant-hier après-midi est donc honorable, compte tenu de tout ce qui entrave depuis des décennies une claire intellgence et une expression libre des nécessités françaises. Un peu comme la défaite de Ségolène Royal, il y a quatorze mois était très honorable, compte tenu qu’elle avait contre elle, la hiérarchie socialiste, les machistes de tous bord ne voulant pas d’une femme encore jeune et jolie, personnelle, à l’Elysée, et tous les gogos se sentant valorisés par la « revalorisation du travail » et, par procuration du futur président de la République, par l’amitié avec les riches qui se voient. La collection des éditoriaux de la presse « people » en Mai 2007 est une anthologie : enfin ne pas avoir peur de se montrer riche et en telle compagnie et en tel endroit. Cela continue : les Chirac chez les Pinault à Saint-Tropez et logeant à Paris chez les Hariri. La veille du Congrès, le président de la République et son épouse à Marrakech. Le directeur général du Fonds monétaire international aussi.
La victoire du pouvoir n’a de conséquence que sur le texte amoché. Des articles initialement de cinq lignes ont désormais trois pages. Jacques Chirac avait d’ailleurs commencé. On va continuer à l’automne avec les élucubrations de la « commission Veil ». Pierre Mazeaud et Simone Veil, présentés comme des autorités morales – je le croyais aussi jusqu’à cet automne – et justifiant sans cesse le système en place, s’exécutant pour toute mission. C’est avoir peu regardé l’histoire contemporaine de notre pays – deux siècles – pour oublier que ces régimes paraissant inexpugnables sont alors à la veille de tomber. La Monarchie de Juillet et le Second Empire… régimes achetant leurs adversaires, Louis Philippe les bonapartistes, et Louis Napoléon les royalistes, le faubourg Saint-Germain au moins. J’aime assez Napoléon III – peut-être parce qu’il a perdu et bêtement – mais plus positivement parce que je crois que le Second Empire a été, dans son ultime mouture institutionnelle, le début d’une matrice pour notre vie politique, que nous quittons maintenant avec l’irresponsabilité présidentielle accrue, la forme parlementaire du régime en déclin, le referendum obsolète parce qu’il est acquis depuis 2005, sinon 1992 où Maastricht ne passa que d’extrême justesse, que son résultat serait négatif quel que soit le sujet, sauf le rétablissement de la peine de mort…
La réalité est que la situation économique se dégrade à un tel point qu’il n’y a de précédent qu’à quinze ou vingt ans de date, et surtout que la réponse gouvernementale – la déréglementation accélérée sur tous les sujets économiques et sociaux – est tellement « à côté » et inefficace, que les Français ne pourront plus supporter. Le cynisme a ses limites, l’augmentation des tarifs du gaz pour enrichir encore plus le milliardaire belge Frère, premier actionnaire de Suez quelles que soient ses fusions-acquisitions, et de Total… indépendance de la France et service public. Et accessoirement, l’affaire d’Auto-Plus et le projet de loi assurant le secret des sources. Le système de forfaitisation au jour et non plus à l’heure pour les heures supplémentaires qui – à ce que je comprends – aboutit à supprimer celles-ci tout en faisant travailler davantage. Donc, ce n’est pas travailler plus pour gagner plus, mais travailler plus sans gagner plus. Et bien entendu – les cas surabondent, avec les suicides qui augmentent en nombre et aussi en précision de leur motivation – le chantage à l’emploi, à la délocalisation, pressions sur l’individu et pressions sur la collectivité. Good Year et le congrès de Versailles ont fonctionné de même. Les nouveaux textes sur les droits et devoirs des chômeurs. Le truquage des indices de l’emploi, à commencer par la modification de l’indice lui-même, empêchant désormais les comparaisons sur longue durée, à moindre d’être spécialiste. Et bien entendu la rareté de leur publication, de même que le bulletin de santé du président de la République – à périodicité non plus mensuelle mais annuelle – n’a pas encore, à ma connaissance, été publié. L’argument de Claude Guéant en Janvier dernier était superbe : pourquoi des examens de santé puisqu’il se porte bien ? Seul angle de vulnérabilité – il est pour moi décisif depuis 2004-2005 – le psychisme : Le Point en publiant des opinions de psychiâtres et psychologues a fait mouche. Le rapport à la famille, à la filiation et au couple n’est pas – quand on est président de la République – une affaire privée « comme si de rien n’était » (13.000 exemplaires la première semaine, un record et la tête des ventes, de même que 600.000 exemplaires vendus par L’Express pour un entretien). Chiffres significatifs ? comme ceux des sondages autour des 8-10 Juillet maintenant le président régnant à un taux d’insatisfaction des sondés sans précédent sous l’ex-Cinquième République, sans précédent pour le taux (38%) et surtout pour la pérennisation de cette impopularité… septième mois consécutif.
De révolte – mezzo voce – que dans l’armée divisée entre les thuriféraires de nos engagements en Afghanistan et ailleurs, et ceux qui nous savent de moins en moins aptes et suffisants pour nous-mêmes, que dans notre diplomatie, que dans nos administrations financières et sociales, sachant les truquages et les passe-droits – pas pour les immigrés, comme tente de le démontrer un montage vidéo. que j’ai reçu hier : un bigame bien organisé, sans travailler qu’à faire produire des enfants à son épouse légale et à sa compagne isolée, percevrait plus de 8.000 euros par mois… passe-droits pour les déjà nantis.
Et la révolte des faits.
Mais pour moi – et je crois, pour beaucoup – la honte que nous nous gouvernions si mal et que nous soyons représentés ainsi : une telle pratique soi-disant démocratique et ces taches à l’honneur : la politique d’immigration, les tests ADN, le traitement réservé à Marina Petrella. J’ai honte comme certaines élites sous certaines dictatures ailleurs ou naguère, l’avilissement. Car la manière dont « le pouvoir » s’est cnduit vis-à-vis de certains élus pour obtenir leur vote au Congrès est fondée sur « le mépris du genre humain ».
[1] - Paul aux Galates II 19 à 20 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Marc III 31 à 35
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