Jeudi 31 Juillet 2008
La communication gouvernementale, l'explicite, la latente : la première échoue, la seconde est efficace
L'autorité morale : la papauté, vg. l'analyse du Vatican sur l'échec à l'O.M.C.
Le noeud de toutes mes positions depuis quarante ans
Le congrès de Versailles, début de la réflexion
La conquête de l'espace
Le procès Karadzic
L'Afrique du sud
Tout Premier ministre israëlien qui disparaît, allait justement fonder la paix avec les Palestiniens ?
Il y a deux communications gouvernementales en France.
Celle organisée, voulue, apparente, dirigée – et payée depuis qu’un Thierry Saussez a été recruté pour l’Etat, après l’avoir été pour le candidat. L’essai a été atterrant : la campagne télévisée pour le pouvoir d’achat. Thème d’ailleurs maudit pour le pouvoir en place, qui d’abord se l’est fait, à l’improviste, imposé par les syndicats en « effet boomerang » des négociations et manifestations sur l’éradication des régimes spéciaux de retraite. L’entretien radiotélévisé du président, concluant quelques semaines agitées mais qui n’avaient nui ni à lui, ni au gouvernement, ouvre une plaie que des fatras législatifs en urgence, à la saint-Sylvestre puis pompeusement présenté en début d’étét (loi demodernisation de l’écnomie) ne traitent évidemment pas : augmenter le pouvoir d’achat en faisant des économies, école de Janvier, augmenter le pouvoir d’achat en faisant les prix en grandes surfaces par la multiplication de celles-ci. Je ne reviens pas sur la constatation absolue que le dogme d’une concurrence produisant baisse des prix et amélioration de la qualité, est controuvé : la concurrence, c’est la concentration, les prix d’appel et la captation d’une clientèle devenue dépendant et privée de choix, de la jungle à la taule.
Je reste dans mon sujet, la communication. Toute celle qui est « encadrée » et « étiquetée » en tant que telle, n’a pas de prise sur ceux qu’elle veut diriger et concilier aux gouvernants. Les discours présidentiels, tantôt trop nombreux, tantôt trop rares (en ce moment), sont sans charisme et ouvrent des chantiers mais surtout des querelles, donc autant de défis et de difficultés suppélemntaires à surmonter pour les gouvernants en serre-file. La communication ministérielle a connu ce semestre des fiascos à répétition, généralement des annonces impopulaires et surprenantes, notamment à propos des dépenses sociales. Quant aux différentes « cartes », généralement non concertées et péchant donc contre toute philosophie et politique d’aménagement du territoire, elles sont le contraire d’une communication, elles ne sont pas participatives, c’est la pratique de l’assomoir.
En revanche – même si je ne l’aime pas – il y a une communication latente, qui est l’esprit des gouvernants et du président que nous avons depuis quinze mois. Un esprit latent sous le prédécesseur de Nicolas Sarkozy mais qui n’avait pas la cohérence d’aujourd’hui et l’unité manifeste d’inspiration : le sarkozysme, c’est cela. D’abord, un axiome, l’élection présidentielle a valeur référendaire pour un programme, c’est un mandat impératif figeant tous les fonctionnements, et notamment la machine législative plus prolixe que jamais, pour cinq ans, sans contrôle et sans échéances à mi-route selon le fondement que la volonté populaire est en l’espèce divine et que rien ne doit en faire écarter la satisfaction. Je reconnais que cela se tient, mais c’est rigide. Le changement de contexte, comment l’assumer ? pétrole cher, produits agro-alimentaires chers, inflation, tendance à la récession, ce contexte n’est pas national mais mondial, nos gouvernants n’y peuvent rien mais leur action est à côté, quand elle est palliative, elle est peu réfléchie et produit des communications propices à d’immédiats démentis en logique puis en résultats. Le sarkozysme, respect intangible d’une volonté populaire – Luc Châtel justifiant la session exceptionnelle du Parlement dans le courant de Septembre : répondre à l’impatience des Français, sous-entendu leur impatience du changement, que le gouvernement entend comme un plébiscite continu des réformes, celles opérées, celles concoctées. Conséquences, délégitimation de toute opposition, inutilité d’un débat dont la conclusion est obligée. Conséquences aussi, un contexte politique de contrainte : le président, inspirateur des dogmes et surtout d’une mise à mal de toutes habitudes et tabous, péjorativement évaluées, n’a été populaire que six mois et les élus ne suivent qu’à contre-cœur, votent contre leur opinion, leur propre évaluation des situations et aussi des vœux de leurs électeurs, votent contre leur conscience, du moins ceux qui réfléchissent en perspective et non selon leur carrière. Cette communication implicite, la réforme, la déstructuration mentale, la déréglementation par la loi se supprimant elle-même, est efficace. Elle est probablement honnie d’une majorité des Français, précisément parce qu’ils l’ont comprise. Elle périme le débat politique et les clivages entre partis, entre majorité et opposition. Elle n’a qu’un avantage – énorme – elle pousse le pays à affronter la modernité et le monde tel qu’il est. Paradoxalement, le président aboutit à la passivité de ses concitoyens et du pays, puisqu’il s’agit de s’adapter à un environnement, y compris à la contrainte que lui-même imprime sur tant de sujets (les « cartes » militaire, judiciaire, bientôt le département à supprimer, le budget, les relations extérieures a-européennes et pro-américaines). Le volontarisme ne conduit pas à imaginer comment changer les paramètres mondiaux, alors même qu’on a les meilleures raisons de le tenter, puisque plus rien ne fonctionne, sauf l’enrichissement de quelques-uns… Le président en tête, la France pouvant inspirer beaucoup en Europe et dans le monde, et c’est gaspillé. Sans doute par mépris des usages, des traditions, surtout des acquis de l’expérience, l’expérience des relations internationales, l’expérience nationale : inculture ou forfanterie, immaturité ? je ne décide pas. Je propose… en tout cas, le proverbe hassaniya se vérifie, "el khatra men aand rass-ha", c’est-à-dire que la caravane suit son devant.
Communication latente aussi, notre politique extérieure. La rentrée dans l’obédience américaine est argumentée sur le ton pleurnichard, les femmes lapidées par les talibans, donc les droits de l’homme. Et sur le ton réaliste, si nous voulons un rang, nous devons être en Afghanistan. Les droits de l’homme là-bas. Même argumentation qui il est vrai date du prédécesseur mais celui-ci ne s’en expliquait pas, pour la Côte d’Ivoire, avec en sus l’affirmation qu’étant les meilleurs connaisseurs, c’est en nous qu’il revient d’être le plus nombreux sur le terrain. Connaisseurs ? ayant si mal répondu de la succession de Félix Houphouët-Boigny ? Ces deux arguments de l’expertise et de la compassion ont fondé l’actuel développement de l’hégémonie américaine. La lutte anti-terroriste fondée sur la compassion pour les victimes du 11-Septembre. De même que le terrorisme – et aussi dans tant de milieux, y compris parmi les Français musulmans – se nourrit de la fierté du lèse-majesté au 11-Septembre.
La meilleure analyse de l’échec des négociations à l’Organisation mondiale du commerce, et surtout de ses conséquences, est celle du Vatican. Ce n’est pas la première fois que l’analyse – à la fois libre politiquement et économiquement, mais très référencée – triomphe de toutes les autres en bilan et en propositions. Jean Paul II fut le premier à dénoncer l’emprise américaine sur les Etats du Golfe à partir de traités secrets passés en Mars 1991 par Bush senior, à l’insu de ses partenaires européens. L’analyse – malheureusement pas assez continuée – par l’archevêque émérite de Cracovie que communisme et capitalisme commettent le même péché contre l’homme et contre le vivant : ils sont, à égalité d’intensité et de contrainte, matérialistes. Résultat, une autorité morale quelle que soit la personnalité du successeur de Pierre. [2] Et actuellement, il n’y en a pas d’autre. Seul, le secrétaire général des Nations unies pourrait en acquérir une semblable : le destin ne se prononce pas encore, malgré quelques frémissements, pour Ban Ki Moon. Dag Hammarksjoeld manifestement, de Gaulle après les accords d’Evian, ont eu cette autorité – politiquement, parce qu’ils étaient à la fois moraux et visionnaires, c’est-à-dire sévères mais optimistes à leur manière : ils proposaient une alternative crédible aux engrenages du présent.
Le cœur ou le nœud de presque toutes mes positions depuis quarante ans… en politique. Et peut-être aussi en morale ou en amour. La société doit être plus grande et plus intelligente que l’individu. Répondre au criminel, au coupable, à l’auteur d’un méfait, par la loi du talion, c’est se rapetisser à son échelle. Donc, pas de peine de mort, et évidemment toutes ces psychotéhrapies sur le deuil des proches et parents des victimes par je ne sais quelle mise en scènedes procès, sont ridicules et à côté de leur objet. Deuxièmement, le fort doit être magnanime et entrer dans le point de vue et la situation du faible, même si celui-ci est ingrat, verbeux. Cela vaut pour les décolonisations, pour tout pays demandeur à l’autre qui est nanti. Il est donc inconcevable que ceux qui prétendent donner des leçons de démocratie et de droits de l’homme à d’autres qui – il est vrai – n’en ont pas la moindre idée ni le plus petit début de pratique, parce que tout simplement ils sont différents de nous par histoire, par tréfonds spirituel et mental, par environnement géographique et climatique, par conditions matérielles, que les donneurs de leçons commettent la moindre infraction à ce qu’ils prêchent. L’enclave de Guantanamo à Cuba est en soi illégitime, les juridictions d’exception ou l’absence de toute juridiction là-bas jusqu’au revirement de la Cour suprême des Etats, sont inadmissibles. Cela vaut pour nous la France, courbés devant qui est fort, et impitoyables souvent avec les faibles, en relations d’Etat à Etat, ou bien dans nos gestions domestiques : nous et les droits de l’homme, nous et la démocratie quand nous étiquetons une réforme « République exemplaire, démocratie irréprochable » et que la monocratie n’a jamais été telle que nous tolérons en ce moment. Troisièmement, rien ne peut se faire – surtout ce qui est appelé « le bien » – sans consentement, l’explication pour la montre ne suffit pas. L’art de la politique, c’est de convaincre et on ne le peut qu’en répondant aux attentes, donc en écoutant. Les réformes en cours ne sont pas celels attendues. Il y a volonté et passion, en France, pour le changement, mais les problèmes à traiter ne sont pas ceux traités. Malentendu profond. Plus rien ne peut s’mposer, dans la durée, rébellion des âmes et des faits. Quatrièmement, le tous contre un et avec en sus une attitude tartarinesque des commandements et des chefs d’Etat me font vomir. Cela a commencé contre Belgrade, qui – il est vrai – y allait fort au Kosovo, et surtout bien maladroitement : tous contre un, avec cette inauguration des bombardements bivalents, l’armée tuant et incendiant, mais parachutant aussi les médicaments, pansements et pilules pour rendre potable l’eau courante. La guerre zéro mort pour soi et Croix-Rouge pour celui qui écope, cerné de toutes parts.
Le second souffle du pouvoir en place. C’est ce qu’il me semble. Le vote d’une telle justesse au congrès de Versailles a fait réfléchir aussi bien les soutiens du pouvoir, que le pouvoir lui-même. Moins les opposants qui se déchirent sur la tactique, rétrospectivement. Nos gouvernants cherchent donc le contact et peut-être sont capables d’ouverture intellectuelle. Posture nouvelle, car l’ouverture politique, c’est-à-dire le débauchage n’apporte rien en matière de consensus ni en apport d’imagination. L’écoûte mutuelle peut faire découvrir le sujet auquel on peut atteler tout le monde. Il n’est pas évident.
La conquête spatiale, l’histoire et l’avenir du cosmos sont mes passions d’enfance. C’est manifestement le sujet planétaire, mondial, l’objet de toutes les coopérations et unifications concevable, souhaitables et praticables, c’est surtout la clé de tout, de la pollution à nos consommations d’énergie. Donc, de l’eau sur Mars, et de l’eau sur Titan. La lune, intéressante, comme laboratoire, enjeu stratégique des années 1950 à 1970, mais pas plus captivante qu’autre chose. De là, une philosophie qui ne opartirait pas de nos maladies et inconstantes d’âme, mais de ce que le cosmos nous apprend sur lui et par analogie sur nous. D’abord, le respect tant l’échelle nous l’impose… L’adoration est l’antidote du vertige. Le vertige est une folie consentie.
Le procès Karadjic me passionne. D’abord parce que j’analyse la débâcle yougoslave certes comme une erreur dramatique et un autisme complet de la Serbie, alors qu’elle avait été la matrice de tous les nationalismes et de toutes les élites de la région, mais parce que – selon moi – la responsabilité est franco-allemande. Le « couple » s’est désuni, mentalement : la peur, mère de toutes les catastrophes et cause de toutes les cécités, quand il y a eu l’Anschluss de la République démocratique de Pankow par la République fédérale de Bonn. Nous n’avons pas su regarder ensemble les indépendantismes slovène et surtout croate. Tout en a découlé. Sur le fond, les génocides, les massacres, le siège dramatique de Sarajevo, la descente aux enfers pathologiques d’une Serbie messianique et coupée du monde, physiquement et mentalement. Belgrade bâtie comme Paris, la population appelant pathétiquement la compréhension française comme en 14, sinon en 41… mais l’évidence qu’à Zagreb et à Llubjiana on avait supporté au-delà du supportable quand on décida le cavalier seul et la sécession, à tous risques. L’homme qui comparaît, me paraît beaucoup plus solide et conséquent que Milosevic. Son univers n’est pas celui de la dictature et du pouvoir personnel, mais bien le patriotisme. Il est probable que des garanties américaines – malgré les démentis du négociateur – ont été données à ce chef d’une minorité « agissante ». D’autre part, atrocités ou passivités, on passe sous silence les tentatives devant des tribunaux néerlandais de mettre en cause les troupes des Nations unies. Les nôtres semblent n’avoir non plus été très conséquentes, leur commandant, général Bourguignon, donnant dans l’humanitaire, semble en avoir très marqué. Quand on est dans un système des nationalités à la manière du XIXème siècle ou des années 1930, il n’y a pas de « bons » et de « méchants », il n’y a que des drames et des victimes, des morts pour rien ?
L’Afrique du sud. La corruption des dirigeants partout ? les droits de l’homme partout ? La femme de Nelson Mandela pas irréprochable. Thabo Mbeki sur lequel je n’ai pas d’opinion sinon qu’il passe – lui et son pays – pour une autorité morale sur le continent. Ce qu’aurait pu être durablement l’Algérie du fait de sa guerre contre nous, en tant que colonialistes. Un cran au-dessous ? Robert Mugabe, héros de la décolonisation devant tout à la lutte de Ian Smith contre la métropole britannique, recours ou arbitre ambiguë ? Les pogroms contre les travailleurs immigrés, et voici Jacob Zuma, conquérant la direction du parti mais collectionnant, à la manière d’Olmert, les procès douteux. Les pourparlers pour la paix civile au Zimbabwe avancent mais la la stabilité à Pretoria et à Johannesbourg ?
La dialectique au Proche Orient. Chaque fois qu’un Premier ministre israëlien disparaît, il semble qu’il était sur le point d’établir la paix par accord avec les Palestiniens. A lire les dépêches sur les diagnostics d’Ehoud Olmert, à la veille de programmer son retrait du pouvoir, les principaux problèmes étaient en voie de solution. Mahmoud Abbas se trouve orphelin comme le parut Khrouchtchev à l’assassinat de Kennedy – auquel il ne survêcut au pouvoir qu’un an seulement. Du coup, à défaut de paix israëlo-arabe, il se pourrait que Fatah et Hamas désarlment l’uin vis-à-vis de l’autre, ce qui est un préalable. J’apprends là une dialectique : l’entente entre les factions palestiniennes et aussi entre les deux territoires du futur Etat qui à force d’être physiquement séparés, doivent mentalement évoluer chacun de son côté, est fonction aussi de la relation entre Ramalla et Jérusalem.
[2] - Les journalistes « espionnent » sans succès les vacances de Benoît XVI - selon le vaticaniste de « Il Corriere della Sera », Luigi Accatoli - ROME, Jeudi 31 juillet 2008 (ZENIT.org) –
Benoît XVI poursuit ses vacances au séminaire de Bressanone entre la prière, la lecture et le repos, tandis que 260 journalistes et techniciens attendent à l'extérieur du séminaire, attentifs au moindre mouvement du pape. Comme tous les après-midi, souligne L'Osservatore Romano, le pape a fait aujourd'hui une promenade dans le jardin du séminaire en compagnie de son frère, Mgr Georg Ratzinger, et son secrétaire particulier, Mgr Georg Gänswein. Depuis son arrivée à Bressanone, le 28 juillet, le pape n'a pas encore fait d'excursion et les nouvelles se font rares pour les journalistes. Dans son blog, le vaticaniste du quotidien italien « Il Corriere della Sera », Luigi Accatoli, se demande si cela valait la peine de venir à Bressanone. « La réponse à cette question dit toute l'importance de la figure du pape aujourd'hui dans le monde : comment peut-on ne pas être présent partout où il se trouve ? S'il lui arrivait quelque chose, ou s'il faisait quelque chose d'imprévu ? » s'interroge-t-il. « La présence des journalistes au cours de ces deux semaines dans la paisible Bressanone est une nouvelle preuve de l'attente qui existe pour ce que le pape dit ou fait. Une attente qui ne cesse pas même quand la situation la décourage », ajoute-t-il. « Il n'y a pas grand-chose à espionner au-delà de la barrière des toiles noires qui ont été installées pour protéger les promenades bénédictines dans le jardin du séminaire, mais nous ici, nous sommes équipés pour la besogne », poursuit-il. Le premier rendez-vous public avec Benoît XVI sera celui de la prière de l'Angélus, dimanche 3 août, à midi. Six trains spéciaux, financés par la province autonome de Bolzano, seront mis à la disposition des fidèles pour l'Angélus du 3 août ainsi que pour celui du 10 août, précise L'Osservatore Romano. Les trains spéciaux viendront s'ajouter aux 31 trains ordinaires, permettant ainsi à 16 000 fidèles de s'unir à Benoît XVI pour la prière dominicale. Jesús Colina