Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian,
se rend en Inde vendredi pour une possible signature de ce contrat de 7 à
8 milliards d’euros.
LE MONDE | 22.09.2016 à 04h53 • Mis à jour le 22.09.2016 à
08h46 | Par Julien
Bouissou (New Delhi, correspondance)
La vente d’avions de combat Rafale à l’Inde semble imminente. L’Elysée a annoncé le déplacement à New Delhi, vendredi 23 septembre, du ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, sans en préciser l’objet. Plusieurs agences de presse affirment toutefois qu’un comité de sécurité, présidé mercredi par le premier ministre indien, Narendra Modi, a approuvé l’achat de trente-six appareils.
Si la signature avec l’Inde, prévue vendredi, était confirmée, l’avionneur français Dassault enregistrerait, pour le Rafale, sa plus grosse commande à l’exportation. En 2015, le Qatar et l’Egypte avaient acquis chacun vingt-quatre appareils.
Ce sont neuf années de négociations qui touchent à leur fin. En 2007, l’Inde avait lancé un appel d’offres pour l’acquisition de 126 avions de combat, dont 108 appareils assemblés sur son sol en partenariat avec l’entreprise publique Hindustan Aeronautics Limited (HAL), et dix-huit autres prêts à voler. Le 31 janvier 2012, le Rafale remportait l’appel d’offres pour lequel le gouvernement indien entrait en négociations exclusives. Mais la victoire fut de courte durée.
En avril 2015, Narendra Modi, alors fraîchement élu, et en visite à Paris, enterre le « contrat du siècle » et annonce à la place l’acquisition de trente-six avions « sur les étagères », sortis des usines de Dassault. L’Inde a finalement renoncé à assembler sur son sol les avions Rafale pour éviter un surcoût de production lié à la formation des équipes ou encore à la création de nouvelles chaînes de production dans le pays.
Cet échec de la politique du « make in India », si chère à M. Modi, sera compensé en partie par la négociation d’« offset » dans le nouveau contrat, dont une partie de la valeur devra être transformée en investissements et en emplois en Inde.
Une flotte vieillissante
Cet accord, s’il reste modeste en comparaison du « contrat du siècle » formulé au départ, bénéficierait aussi à Thales, à Safran et à MBDA, dont le missile air-air de toute dernière génération Meteor pourrait équiper l’avion français livré à l’Inde. Les modalités financières de l’accord ne seront dévoilées qu’au moment de la signature. La presse indienne évoque un chiffre compris entre 7,6 et 8,1 milliards d’euros.L’achat de ces Rafale permettrait une modernisation de la flotte aérienne vieillissante, réclamée de longue date par l’armée de l’air indienne pour pouvoir rivaliser avec celle du voisin pakistanais et faire face à la montée en puissance de la Chine.
L’Inde ne disposait en 2015 que de trente-cinq escadrons de dix-huit appareils chacun, alors qu’elle évalue ses besoins à au moins quarante-deux escadrons pour protéger ses frontières ouest et nord avec le Pakistan et la Chine. Sa flotte aérienne est par ailleurs composée d’appareils hétéroclites comme les avions russes Mig 21, Soukhoï, ou Su-30 MKI, les Mirage français, ou encore un avion de fabrication locale, le Tejas.
Lire aussi : Rafale,
les coulisses de l’exploit
Fortes tensions entre l’Inde et le Pakistan
Parmi les spécialistes indiens, le Rafale ne fait toutefois pas l’unanimité. L’analyste Ajai Shukla estime par exemple que l’avion de Dassault va « tuer le futur de l’armée de l’air indienne » en accaparant les ressources financières nécessaires au programme de développement d’un avion de combat de cinquième génération, en partenariat avec les Russes.Si elle est confirmée, cette signature interviendra dans un contexte extrêmement tendu entre l’Inde et le Pakistan. Quatre assaillants armés de grenades et d’armes automatiques se sont infiltrés dimanche dans une base militaire indienne au Cachemire, tuant dix-huit soldats, soit la plus lourde attaque dans la région depuis près de quinze ans.
M. Modi, sous pression pour sanctionner le Pakistan après l’attaque de ce week-end, a multiplié les réunions avec les responsables de l’armée ces derniers jours. L’acquisition de trente-six Rafale enverrait un signal fort à Islamabad.
Dans un discours prononcé mercredi devant l’Assemblée générale des Nations unies, le premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, a de son côté montré du doigt la course à l’armement « sans précédent » de l’Inde, tout en déplorant que la communauté internationale « ignore la montée des tensions en Asie du Sud, à ses risques et périls ».
- Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)
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Vos réactions (15) Réagir
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Ph. C 22/09/2016 - 11h20
Vendre de l'armement à un pays pauvre qui pourrait affecter tous ces
milliards à l'éducation et à la santé par exemple, ce n'est pas très glorieux,
surtout pour un gouvernement prétendument de gauche.
citoyen AD 22/09/2016 - 09h03
Troisième pays des vendeurs d'armes dans le monde, la France va avoir du mal
à défendre sa réputation de "défenseur des droits de l'homme".
Faut-il se réjouir ?
Jean-Rigole 22/09/2016 - 09h56
Croyez-vous sincèrement qu'on puisse défendre les droits de l'homme et les
libertés à coup de sermons et avec des pistolets à amorces ?
Lecteur 22/09/2016 - 10h51
Croyez-vous sincèrement qu'on puisse défendre les droits de l'homme et les
libertés à coup de contrats de vente au Qatar et à l'Égypte ?
Peps72 22/09/2016 - 11h05
@Citoyen AD. Quelle phrase creuse et sans intérêt. Quand la France a
"créé" les Droits de l'Homme, c'était sans doute la plus grande
puissance sur Terre, imposant sa loi politique et militaire à des peuples qui
n'avaient aucun autre choix que d'obéir. Nan mais sérieux, merci de nous
indiquer comment un pays peut "défendre les droits de l'homme" s'il
n'est pas puissant économiquement et/ou militairement? N'hésitez pas à utiliser
vos 3 posts, ça m'intéresse grave...
Constant M 22/09/2016 - 09h03
Encore un pays qui doit composer avec des musulmans...
Pierce 22/09/2016 - 09h01
Sarkozy 0 rafale / Hollande 84 rafales... le ratio est à l'image de
l'intelligence des électeurs de Sarkozy... (et l'inverse confirme bien la
célèbre phrase d'Einstein....)
Kohl Sylvie 22/09/2016 - 08h51
Merci qui ? Merci monsieur Snowden... Je suis persuadé que ce sont les
américains qui ont fait capoter toutes les négociations antérieures concernant
les ventes de cet avion. (Qu'il qualifie eux-même de "redoutable").
Ceci en étant au courant grâce aux célèbres écoutes de la NSA. (Sarkozy).
Jean-Baptiste Clamence 22/09/2016 - 11h15
Bien probable
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