Cher ami, Monsieur le Secrétaire
général,
comme vous, comme beaucoup, comme
tous... je lis le Canard.
Chroniques pas nouvelles des propos
tenus devant des troupes ou en conseil des ministres ou à tel
visiteur... vingt ou trente ans que c'est ainsi. Les fuites
avec le général de Gaulle n'avaient qu'une origine jusques tard
dans son "règne" : lui-même. Je ne peux comprendre que des
gens qui doivent tout au Président, ou plutôt à leur
nomination par lui, ce qui les a mis en selle pour la
politique, lui crachent ainsi au visage : Moscovici, le nul,
tant anciennement comme ministre des questions européennes
(vous avez dû en avoir des traces), que comme ministre à Bercy
et maintenant à la Commission. Qu'est-il ? qu'a-t-il fait ?
pour une telle carrière. Et en plus, il donne des conseils au
Président. Macron, qui ne serait qu'inspecteur des Finances et
banquier s'il n'avait été à Bercy : qu'a-t-il fait ? quel
talent ? quelle synthèse ? beaucoup de poses et beaucoup de
gaffes. J'ai parfois lu que vous le souteniez antan... vous
avez plus de réponses, donc, que moi à l'énigme.
S'en sortir, je veux dire comment servir
le pays et en étant un bon candidat à sa propre réélection.
Evidemment, la conversion. J'avais écrit, inachevé et pas
édité, c'était au printemps 2014 avant les municipales, une
fiction fondée sur cette conversion et la racontant : le
dénouement du Dictateur de Chaplin, un autre
Hitler apparaît qui parle de paix et des béatitudes. Fiction
en pj.
Que de fois, je vous en ai donné les
thèmes, je n'y reviens pas. Tous ces thèmes tranchent et
frappent. Aucun des candidats déclarés ne les a, personne ne
touche aux dettes souveraines, aux nationalisations comme
dissuasion et prévention mais dont le cadre serait déjà
existant en conditionnalité et procédures, l'emprunt non sur
les marchés mais aux citoyens nationaux ou européens (donc entre
nous et entre épris du bien commun), évidemment la pratique
référendaire. Ce que j'entre-lis dans les rayonnages de
libraires ou grandes surfaces est atterrant. Il n'y a que des
ambitions : moi ! là ! président (Iznogoud), tout change et
tout gagne !
Evidemment, la cause principale de
l'état actuel du Président dans les sondages, est sa
communication. En campagne de 2012, il l'avait laissée prévoir
tout autre : rare, sobre, conférence de presse à la de Gaulle
deux fois par an, à peine davantage. On a des communiqués, des
apparitions parfois quotidiennes. Contenu banal. Application à
des événements ou à des décisions que des secrétaires d'Etat
pourraient s'approprier. Et évidemment les prédictions qui ne
sont pas des annonces : le chômage. Ce n'est qu'un marqueur,
ce n'est pas un but ni une tare, aucun candidat n'a de projet
là-dessus que l'incantation, le volontarisme, archi-usés
depuis vingt ans. C'est l'élan et le rajeunissement du pays
qui fait la croissance. Nous avons la démographie, nous avons
quantité d'ingéniosités, mais l'essentiel de nos ressources
humaines est en jachère, sans perspectives, ce qui est pire
que d'être sans emploi.
L'urgence, la nécessité européenne et
donc nationale, le lieu du consensus sont l'Europe. Le
Président doit prendre la cause et le sujet, et pas banalement
ni mollement. La réforme des institutions : je vous l'ai dite
comme d'ailleurs à NS dès 2007 (le SPD avait voté en ce sens à
son congrès de Leipzig en 2006), le président de l'Union élu
au suffrage universel direct. Et donc un tout nouveau traité
ou une nouvelle loi fondamentale, cela plaira comme intitulé aux
Allemands. Mais l'immédiat et pour lequel nous sommes si bien
placés, et qui nous permet aussi de rester en lien étroit avec
la Grande-Bretagne - le Brexit ne comptera plus, si nous révisons
et refondons tous ensemble les institutions et la Communauté
européenne, nom que je préfère de beaucoup à l'Union, qui fait
vague sinon "libre" - c'est la défense. En esprit, en
matériel, en organisation. Evidemment service militaire et
civique réinventé et dans chacun des Etats-membres, nous-même
donnant l'exemple.
La dernière chronique de Claude Angeli -
le Canard... - est claire. Les Etats-Unis ne peuvent plus
tout faire, Hillary sera timide (cf. ses mémoires de
secrétaire d'Etat) mais entourée comme rarement un président
américain depuis Kennedy, et elle peut se révéler, mais...
rien n'est sûr et cela ne rendra pas les finances américaines
plus florissantes, et il y a Trump... Les Etats-Unis ont
conscience des vrais fronts, qui sont classiques : la Chine et
la Russie, mais ne peuvent plus tenir les deux en même temps.
Partageons-nous les tâches, au moins
pour la défense et l'armement classique : les Etats-Unis sur
le front Pacifique et Chine, très épaulés par le Japon (qui ne
demande que cela et qui est resté démocratique) et nous les
Européens, le front qui nous concerne au premier chef,
l'Europe, la Russie. C'est d'ailleurs ce front qui fait point
commun avec les Etats-membres nouvellement venus (les anciens
satellites de l'URSS). Donc, un réarmement conventionnel
considérable et porteur d'emplois. Des porte-avions européens
(on aurait déjà dû commencer cela en mutualisant les Mistral
non livrés à Poutine), une industrie d'armement proprement
européenne ce qui peut donner du souffle à Airbus qui
en a besoin et même à Alstom à reconvertir, etc... le
chantier passionnant et enthousiasmant. La dissuasion
nucléaire à discuter à quelques-uns, plus franco-britannique
que nationale, et évidemment confortée et accentuée par
l'Alliance atlantique (à certainement ré-écrire)et l'Amérique.
Poutine comme Staline (le bloc de Berlin en 1947-48 ou la
Corée) sait les rapports de force. Il nous a observés pendant
dix ans avant de prendre la Crimée et de faire peur aux
Baltes. Bismarck ambassadeur aux Tuileries avait jaugé
Napoléon III, admirable mais pas en diplomatie.
En jeu, la défense évidemment. Lien avec
la réforme des institutions et la démocratisation (le
président de l'Union, ou de la Communauté). Mais la vraie
perspective, c'est de mettre fin aux dictatures : les grandes,
Poutine et le système chinois, les façades soi-disant
démocratiques encore plus oppressives que les dictatures nues.
Et au passage, cette croisade pour la démocratie nettoiera une
Afrique dont les élites désespèrent que l'idéal et l'honnêteté
parviennent à la tête de leurs Etats respectifs.
Vous voyez que tout peut se dire à
partir de ce thème, dont l'urgence et l'universalité crèvent
les yeux.
Et le dire avant l'élection américaine, c'est rendre
service à Hillary, et c'est mettre l'Europe en position
avancée mentalement, puis très vite en réarmement et
réorganisation industrielle. Une fois tout cela en route et
les institutions révisées au pas de charge : le Parlement
européen constituant, on peut tenter de jouer cartes sur table
avec la Chine et avec la Russie : vous ne nous aurez pas, vous
êtes maintenant dans le jeu économique et commercial mondial,
ne trichez plus en politique, c'est vous qui perdrez. Et avec
les Etats-Unis, l'urgence n'est pas d'accentuer le libéralisme
et la jungle en économie (un Calais mondial et des peuples qui
finiront par vomir tout le système), mais bien de faire face
politiquement et stratégiquement. Au lieu de laisser filer les
événements, les évolutions (Daech est un épiphénomène de nos
lenteurs et cécités) depuis une décennie avec des baise-mains
aux Chinois, des JO chez les dictateurs, et l'absence de
moyens de répondre à Poutine. Les réponses en Chine et en Russie
sont latentes, il y a des démocrates et il y aussi des
minorités fortes (l'ouest chinois).
Réflexions et encouragements du matin,
cher ami. Pensées chaleureuses.
jeudi 29 septembre 2016
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