lundi 26 septembre 2016

élection américaine : le débat Clinton-Trump s’annonce à haut risque --- Le Monde.fr



Le premier face-à-face entre les candidats démocrate et républicain a lieu lundi soir. Il pourrait être périlleux pour Mme Clinton face à l’imprévisible magnat.
LE MONDE | 24.09.2016 à 09h59 • Mis à jour le 26.09.2016 à 10h09 | Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Lundi 26 septembre, la chaîne américaine NBC devrait battre des records d’audience à l’occasion du premier des trois débats opposant les deux principaux candidats à l’élection présidentielle du 8 novembre.
Cette forte probabilité tient à la présence, face à la candidate démocrate Hillary Clinton, de Donald Trump qui représente le Parti républicain. En août 2015, le premier débat mettant aux prises les dix principaux candidats à l’investiture républicaine, diffusé sur la chaîne conservatrice Fox News, avait déjà enregistré une audience historique avec 24 millions de téléspectateurs, principalement du fait de la notoriété et du style éruptif du milliardaire. Plusieurs facteurs pourraient peser sur le débat de lundi soir, faisant de celui-ci un rendez-vous à haut risque.

L’imprévisibilité de M. Trump

Lors du débat d’août 2015 contre ses rivaux du « Grand Old Party » (GOP), M. Trump avait brisé les codes dès la première minute en refusant de s’engager à soutenir le candidat républicain qui triompherait lors des primaires s’il devait être un autre que lui-même, puis en s’en prenant à la journaliste Megyn Kelly, qui modérait les échanges en compagnie de deux autres confrères.
Une stratégie de rupture qui a été sa marque depuis son entrée en campagne, en juin 2015, et qui lui a valu l’attention constante des médias (822 minutes dans les journaux du soir du 1er janvier au 5 septembre de cette année, selon l’observatoire The Tyndall Report, contre 386 minutes pour Mme Clinton).
Cette imprévisibilité constitue un handicap pour la démocrate. « Je ne sais pas quel Donald Trump va se présenter, a avoué Hillary Clinton lors d’une collecte de fonds près de New York. Peut-être qu’il va essayer d’apparaître présidentiel et de véhiculer une gravité dont il n’a pas fait preuve jusqu’à présent. Ou bien il va s’en tenir aux insultes et tenter de marquer des points. » « Je serai très respectueux, et si elle très respectueuse également, tout se passera bien », a assuré jeudi l’intéressé.
Arrivé sur le tard en politique et fonctionnant principalement à l’instinct, ce qui le conduit parfois à se contredire en l’espace de quelques jours, voire au cours de la même journée, M. Trump n’a jamais donné l’impression, pendant les débats républicains, de se préparer autrement qu’en rodant ses thèmes et ses slogans lors des meetings qu’il multiplie de manière industrielle.

Le rôle du modérateur

Il y a encore moins d’un an, en décembre 2015, il ignorait ainsi que le terme de « triade » renvoyait aux vecteurs de lancement de l’arme nucléaire dont il aurait la responsabilité ultime s’il était élu à la Maison Blanche.
Rodé aux règles de la télévision par sa participation aux saisons successives de l’émission de télé-réalité dont il était la vedette (« The Apprentice »), M. Trump a abordé l’échéance du 26 septembre à sa manière : en entretenant tout d’abord le doute sur sa présence, puis en instaurant un rapport de force avec son modérateur, Lester Holt.
Après avoir tout d’abord suggéré un débat sans arbitre, il a ensuite assuré que « le système est bidon » au motif que le journaliste de NBC serait démocrate, alors qu’il est enregistré sur les listes électorales, qui sont publiques, comme républicain. Il a ensuite invité ce dernier à ne pas tenter de rectifier les propos des deux candidats.
Lors d’un grand oral organisé également sur NBC, le 30 août, le journaliste Matt Lauer n’avait pas relevé l’affirmation maintes fois répétée par M. Trump, au mépris de la vérité, selon laquelle il avait toujours été hostile à l’invasion de l’Irak en mars 2003.
Vendredi, l’équipe de campagne de Mme Clinton a tenté préventivement d’attirer l’attention sur le rapport particulièrement distendu que le magnat de l’immobilier entretient avec les faits en pointant sept affirmations erronées qu’il avance régulièrement.

Le face-à-face, exercice rare jusqu’à présent pour M. Trump

M. Trump n’a jamais débattu jusqu’à présent avec un seul interlocuteur en face-à-face. Le dernier des douze débats républicains, en Floride, début mars, comptait encore quatre candidats.
A l’opposé, Mme Clinton a été opposée cinq fois au seul sénateur indépendant Bernie Sanders lors de la course à l’investiture démocrate. En 2008, elle avait participé à six face-à-face avec le futur président, Barack Obama.

La messagrie privée et la santé de Mme Clinton

Pugnace, M. Sanders a cependant toujours refusé d’évoquer, dans ses échanges avec l’ancienne secrétaire d’Etat, la controverse sur la messagerie privée qu’elle avait utilisée lorsqu’elle dirigeait la diplomatie américaine et qui a largement contribué à la dégradation de son image dans l’opinion publique. Au contraire, M. Trump, comme il l’a prouvé face à ses adversaires républicains, n’a jamais reculé devant le moindre argument pour s’imposer.
Il désigne rarement Mme Clinton sans lui accoler un sobriquet diffamatoire et assure tout aussi régulièrement qu’elle n’a pas « l’endurance » pour exercer la présidence. Alors qu’elle s’est limitée à deux déplacements cette semaine pour préparer le débat, M. Trump a publié, mardi, un nouveau message désobligeant à l’endroit de son adversaire, qui a été affaiblie par une pneumonie : « Hillary Clinton prend un nouveau congé. Elle a besoin de repos. Dors bien Hillary, on se verra au débat ! » Il a poursuivi pour sa part les meetings, courus par des fans à sa totale dévotion.
A l’opposé de la préparation méthodique de Mme Clinton, encadrée par des experts de ce type de confrontation, M. Trump s’est limité à des échanges, au cours des week-ends précédents, dans le golf qu’il possède près de New York, avec une équipe réduite de conseillers, parmi lesquels Roger Ailes, l’ancien responsable de la chaîne Fox News, débarqué précipitamment à la suite de plaintes pour harcèlement sexuel. Ce dernier a une longue expérience des débats depuis celui pour lequel il avait conseillé Richard Nixon, en 1968.

Le précédent Carly Fiorina

M. Trump, qui affiche sa confiance, doit cependant se souvenir qu’une femme a été capable de le mettre en difficulté lors des débats républicains. A l’occasion du deuxième, il y a un an, l’unique candidate, Carly Fiorina, l’avait contraint à un rétropédalage laborieux lorsqu’elle avait été invitée à commenter des attaques sur son physique formulées par le magnat de l’immobilier dans le magazine Rolling Stone.
Mme Clinton sait de son côté que la connaissance des dossiers sur laquelle elle s’appuie, ainsi que sa prudence, peut rapidement la faire apparaître comme une technocrate, comme l’ont souligné certains échanges avec M. Sanders lors des primaires démocrates.

Un impact difficile à évaluer

Ce rite de la campagne présidentielle a pris une signification particulière depuis que les sondages ont fait apparaître, début septembre, un net resserrement de l’écart qui sépare les deux candidats en termes d’intentions de vote. Ce resserrement est vérifié au niveau national, comme dans la dizaine d’Etats clés dans lesquels se jouera en réalité l’élection du 8 novembre.
Alors que les opérations de vote anticipé ont débuté désormais dans une dizaine d’Etats, un nombre appelé à grossir au cours du mois d’octobre, l’impact du débat est cependant difficile à évaluer.
Alors que la course était tout aussi serrée en 2012, le président sortant, Barack Obama, pourtant réputé bon débatteur, avait nettement perdu le premier échange qui l’opposait au républicain Mitt Romney. M. Obama s’était rattrapé lors des deux débats suivants et il avait été réélu.
Impitoyable vis-à-vis de M. Trump, il a dévoilé, vendredi, ses conseils à son ancienne secrétaire d’Etat : « Sois toi-même et explique ce qui te motive. »
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Vos réactions (35) Réagir
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Basil 26/09/2016 - 09h37
Il vous faut une explication! Élémentaire Mr Watson: L'U.E est à la botte des US qui nous entraine dans SES guerres qui ne nous concerne pas
 
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JEAN-CLAUDE LAFONT 26/09/2016 - 09h01
Vivement que Trump soit président.
 
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Toto Le Moko 26/09/2016 - 08h34
Rappelons que le parti républicain à, depuis Nixon, eu les candidats les plus incompétents que l'on puisse imaginer. Ça n'a pas empêché leur élection. Le très populaire Donald Reagan n'avait aucune connaissance des dossiers. Lire les passages le concernant dans les Verbatims d'Attali. Alors c'est cette élection qui est à risque pour nous et même pour les américains!
 
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Il y a un hic 26/09/2016 - 09h13
Qui est Donald Reagan ?
 
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CLAUDE PELLETIER 26/09/2016 - 04h08
Même si elle se fait pas promener, la situation signe la fin d'une certaine idée de la démocratie (aussi bien aux USA que dans des pays européens). Les primaires à l'époque des TIC réduisent le rôle des formations politiques et transforment les électeurs en spectateurs de match de catch qui n'apprennent rien sur la compétence et la future efficacité des candidats. C'est l'époque des bêtes de scène populistes. Les partis —écuries à candidats— ne produisent plus de projet et de programme.
 
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Elodie Grappon 26/09/2016 - 02h30
Débat perdu d’avance pour Clinton, car on ne peut opposer rationalité et, je cite Stephen Metcalf de Slate, «un homme qui pense que la seule chose qui manque à n’importe quelle situation, quelle qu’en soit la complexité, est son habileté inégalée à exécuter une démonstration de domination de primate» (‘to execute a primate dominance display’). C’est la simplification à outrance de nos sociétés qui est en marche… Pauvres nous.
 
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jnj 26/09/2016 - 04h16
Il ne s'agit pas de "nos sociétés", mais de la société américaine. Je refuse de considérer les élections américaines comme étant "nos" élections. Un peu de fierté, que diable !

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