PAPE
FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place
Saint-Pierre
Mercredi 28 mai 2014
Mercredi 28 mai 2014
Speaker
:
Frères
et sœurs, je souhaite rendre grâce à Dieu pour mon récent voyage en Terre
Sainte. Le but principal en était le 50ème anniversaire de la rencontre
prophétique entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras. Avec Sa
Sainteté Bartholomée nous avons prié ensemble au Saint Sépulcre et nous avons
exprimé le désir de persévérer sur le chemin vers la pleine communion. J’ai
également voulu, au cours de ce pèlerinage, encourager le chemin vers la paix
dans cette région du Moyen Orient, en particulier en Syrie. J’ai remercié les
Autorités et le peuple jordanien pour leur accueil généreux des réfugiés. J’ai
aussi invité les présidents d’Israël et de la Palestine à venir au Vatican afin
de prier pour la paix.
Enfin, mon pèlerinage avait aussi pour but de confirmer dans
la foi les communautés chrétiennes de cette région et leur dire la
reconnaissance de toute l’Eglise pour leur présence et leur courageux
témoignage.
Santo
Padre :
Saluto
cordialmente i pellegrini di lingua francese, particolarmente il gruppo della
pastorale delle persone disabili della Diocesi di Bordeaux. Vi invito a pregare
per la pace in Terra Santa e in tutto il Medio Oriente. Che la preghiera di
tutti sostenga anche il cammino verso la piena unità della Chiesa. Che Dio vi
benedica!
Speaker
:
Je
salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier le groupe de la
pastorale des personnes handicapées du diocèse de Bordeaux.
Je
vous invite à prier pour la paix en Terre Sainte et dans tout le Moyen Orient.
Que la prière de tous soutienne aussi le chemin vers la pleine unité de
l’Eglise.
Que
Dieu vous bénisse !
PÈLERINAGE
EN TERRE SAINTE À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE
DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS
(24-26 MAI 2014)
DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS
(24-26 MAI 2014)
CONFÉRENCE DE PRESSE DU PAPE FRANÇOIS
AU COURS DU VOL DE RETOUR DE LA TERRE SAINTE
AU COURS DU VOL DE RETOUR DE LA TERRE SAINTE
Vol
papal
Lundi 26 mai 2014
Lundi 26 mai 2014
(Père
Lombardi)
Maintenant,
nous remercions beaucoup le Pape d’être ici : après un voyage aussi exténuant,
il est à disposition pour nous rencontrer. Donc, nous lui en sommes très
reconnaissants.
Alors,
nous nous sommes organisés – les agents de l’information se sont organisés
entre eux – par principaux groupes linguistiques, pour qu’ils présentent des
personnes qui feront les demandes. Je n’ai pas donné de limites car je sais que
vous voulez travailler sans restriction, à moins que vous vouliez dire d’abord
quelque chose en introduction…Répondons aux questions.
Alors,
la première question est posée par le groupe italien :
Q.
Saint-Père, ces jours-ci vous avez accompli des gestes qui se sont propagés
dans le monde entier : la main sur le mur de Bethléem, le signe de la croix, le
baiser aux survivants, aujourd’hui à Yad Vashem, mais aussi le baiser au Saint
Sépulcre, hier à Jérusalem, avec Bartholomée, et tant d’autres. Nous voulions
vous demander si tous ces gestes vous y aviez pensé, voulus ; pourquoi y
avez-vous pensé et ensuite quelles seront, selon vous, les retombées que
pourront avoir ces gestes, en particulier – naturellement – celui, très grand,
d’avoir invité Peres et Abu Mazen au Vatican…
R.
(Le Saint-Père)
Les gestes, ceux qui sont les plus authentiques, sont ceux
auxquels on ne pense pas, ceux qui viennent comme ça, non ? J’ai pensé : on
pourrait faire quelque chose… , mais le geste concret, aucun de ceux-ci n’a été
pensé ainsi. Certaines choses, par exemple l’invitation aux deux Présidents à
la prière, on avait pensé un peu à le faire, mais il y avait tellement de
problèmes logistiques, tellement ; parce qu’ils doivent aussi tenir compte du
territoire, où on le fait, et ce n’est pas facile. Cela, on y avait pensé un
peu, à une réunion, mais à la fin est sortie cette invitation ; et j’espère que
ce sera bien. Mais ils n’ont pas été réfléchis et… je ne sais pas, il me vient
à l’idée de faire quelque chose, mais c’est spontané, c’est ainsi. Au moins,
pour dire la vérité, quelqu’un avait dit… ‘on pourrait faire quelque chose’
mais concrètement cela ne me vient pas.Par exemple, à Yad Vashem, rien ; et
ensuite c’est venu. C’est ainsi.
(Père
Lombardi)
Bien,
Alors, une seconde question, de la part du groupe de langue anglaise :
Q.
Vous avez parlé avec des paroles très dures contre les abus sexuels des mineurs
de la part des clercs, des prêtres. Vous avez créé une commission spéciale pour
mieux affronter ce problème au niveau de l’Église universelle. Pratiquement,
nous savons désormais que, dans toutes les Églises locales, il y a des normes
qui imposent l’obligation morale, et souvent légale, de collaborer d’une
manière ou d’une autre avec les autorités civiles locales. Que ferez vous si un
Evêque, clairement, n’a pas observé ces obligations ?
R.
(Le Saint-Père)
En
Argentine, nous disons aux privilégiés : « c’est un fils à papa ». Dans ce
problème, il n’y aura pas de fils à papa. En ce moment, trois Evêques sont sous
enquête : sous enquête, trois ; et un a déjà été condamné, et on est en train
d’évaluer la peine à infliger. Il n’y a pas de privilèges. Cet abus des mineurs
est un crime tellement laid, tellement…nous savons que c’est un problème grave
partout, mais c’est l’Eglise qui m’intéresse. Un prêtre qui fait ça trahit le
Corps du Seigneur, parce que ce prêtre doit porter cet enfant, ce jeune homme
cette jeune fille, à la
sainteté. Et ce jeune, cet enfant fait confiance ; et lui, au
lieu de les conduire à la sainteté, abuse d’eux. Et c’est très grave ! C’est
vraiment comme…je ferai seulement une comparaison : c’est comme faire une Messe
noire, par exemple. Tu dois le conduire à la sainteté et tu le conduis à un
problème qui durera toute la vie… Prochainement il y aura, à Sainte Marthe, une
Messe avec quelques personnes qui ont subi des abus, et ensuite une réunion
avec eux : moi et eux, avec le Cardinal O’Malley qui est de la commission. Là-dessus
on doit aller de l’avant : tolérance zéro.
(Père
Lombardi)
Merci
beaucoup, Sainteté. Alors, maintenant le groupe de langue espagnole :
Q.
Dès le premier jour de votre pontificat, vous avez lancé ce message fort d’une
Église pauvre et pour les pauvres, pauvre en simplicité, en austérité. Que
voulez-vous faire pour qu’il n’y ait pas de contradictions à ce message
d’austérité ? (La question a fait référence à des situations dont on a parlé
ces derniers temps, dont une opération à l’IOR, de 15 millions d’euros)
R.
(Le Saint-Père)
Le
Seigneur Jésus a dit une fois à ses disciples – c’est dans l’Évangile – « il
est inévitable qu’il y ait des scandales ». Nous sommes humains, tous pécheurs.
Et il y en aura. Il y en aura. Le problème est d’éviter qu’il y en ait
davantage ! Dans l’administration économique, honnêteté et transparence. Les
deux commissions, celle qui a étudié l’IOR et la commission qui a étudié tout
le Vatican, ont donné leurs conclusions et ont proposé des plans ; et
maintenant, avec le ministère, disons ainsi, avec le Secrétariat pour
l’Economie que dirige le Cardinal Pell, nous ferons aller de l’avant les
réformes que ces commissions ont conseillées. Mais il y aura des
inconséquences, il y en aura toujours, parce que nous sommes humains, et la
réforme doit être continuelle. Les Pères de l’Église disaient : « Ecclesia
semper reformanda ». Nous devons être attentifs à réformer chaque jour
l’Eglise, parce que nous sommes pécheurs, nous sommes faibles et il y aura des
problèmes. L’administration que ce Secrétariat de l’économie porte en avant
aidera beaucoup à éviter les scandales, les problèmes…Par exemple, à l’IOR, je
crois que, jusqu’à présent, ont été fermés plus ou moins 1.600 comptes de
personnes qui n’avaient pas le droit d’avoir un compte à l’IOR. L’IOR est faite
pour aider l’Église ; y ont droit les Evêques des diocèses, les employés du
Vatican, leurs veuves ou leurs veufs, pour toucher la retraite…C’est ainsi.
Mais n’y ont pas droit d’autres personnes privées… Les ambassades, tant que
dure l’ambassade, et rien de plus. Ce n’est pas une chose ouverte. Et ça c’est
un bon travail : fermer les comptes qui n’ont pas le droit. Je voudrais dire
une chose : la demande que vous avez faite ; vous avez mentionné cette affaire
des 15 millions. C’est une chose qui est à l’étude ; ce n’est pas clair.
Peut-être est-ce vrai, mais pour le moment ce n’est pas définitif, cette
question est à l’étude pour être juste. Merci.
(Père
Lombardi)
Alors,
maintenant donnons la parole au groupe de langue française :
Q.
Saint-Père, après le Moyen Orient, retournons maintenant en Europe. Etes-vous
préoccupé par la montée du populisme en Europe, qui s’est manifesté encore hier
dans les élections européennes ?
R.
(Le Saint-Père)
Ces
jours-ci j’ai eu juste le temps de prier le Notre Père…, mais je n’ai pas de
nouvelles des élections, vraiment. Je n’ai pas les informations ; qui a gagné,
qui n’a pas gagné. Je n’ai pas reçu d’informations. Mais le populisme, en quel
sens me le dites vous ?
Q.
Dans le sens qu’aujourd’hui beaucoup d’Européens ont peur, pensent qu’il n’y a
pas d’avenir en Europe. Il y a beaucoup de chômage et le parti anti-européen a
beaucoup monté dans ces dernières élections…
R.
C’est un sujet dont j’ai entendu parler. L’Europe, la confiance ou la méfiance
dans l’Europe. Egalement l’Euro, certains veulent retourner en arrière…Je ne
comprend pas bien toutes ces choses. Mais vous avez dit un mot clé : le
chômage. Cela est grave. C’est grave parce que je l’interprète ainsi, en
simplifiant. Nous sommes dans un système économique mondial où le centre c’est
l’argent, ce n’est pas la personne humaine. Dans un vrai système économique, au
centre doivent être l’homme et la femme, la personne humaine. Et aujourd’hui,
au centre, il y a l’argent. Pour se maintenir, pour s’équilibrer, ce système
doit avancer avec des mesures de « rejet ». Et on rejette les enfants – le
niveau de naissance en Europe n’est pas très haut. Je crois que l’Italie a 1,2
%, la France, vous avez 2, un peu plus, l’Espagne moins que l’Italie : je ne
sais pas si elle arrive à 1…On rejette les enfants. On rejette les personnes
âgées : ils ne servent pas, les vieux. En ce moment, passagèrement, on va les
trouver parce qu’ils sont retraités, et on en a besoin, mais c’est passager. On
rejette les anciens également avec les situations d’euthanasie cachée, dans
beaucoup de pays. Ainsi, on donne les médicaments jusqu’à un certain point, et
ainsi… Et actuellement on rejette les jeunes, et c’est très grave : c’est très
grave. En Italie, je crois que le chômage des jeunes est de presque à 40% , je
ne suis pas sûr ; en Espagne, je suis sûr : il est de 50 %. Et en Andalousie,
dans le Sud de l’Espagne, il est de 60 % ! Cela signifie qu’il y a toute une
génération de « ni-ni » : ils n’étudient pas et ils ne travaillent pas,
et cela est très grave ! On rejette une génération de jeunes. Pour moi, cette
culture du rejet est très grave. Mais ce n’est pas seulement en Europe : c’est
un peu partout, mais en Europe cela se sent très fort. Si on fait la
comparaison, il y a 10 ans, avec la culture du bien être. Et cela est tragique.
C’est un moment difficile. C’est un système économique inhumain. Je n’ai pas eu
peur d’écrire dans l’exhortation « Evangelii gaudium » : ce système
économique tue. Et je le répète. Je ne sais pas si j’ai rejoint un peu vos
préoccupations… Merci.
(Padre
Lombardi)
Alors,
maintenant, il y a le groupe de langue portugaise :
Q.
Je voudrais vous demander, Sainteté, comment résoudre la « question de
Jérusalem » pour obtenir une paix stable, comme vous l’avez dit, et durable ?
Merci.
R.
(Le Saint-Père)
Il
y a beaucoup de propositions sur la question de Jérusalem. L’Église catholique,
le Vatican disons, a sa position du point de vue religieux : ce sera la ville
de la paix des trois religions. Ceci du point de vue religieux. Les mesures
concrètes pour la paix doivent sortir des négociations. On doit négocier. Je
serai d’accord pour que des négociations vienne peut-être : cette partie sera
capitale d’un État, de l’autre….mais ce sont des hypothèses. Je ne dis pas ‘‘ce
doit être ainsi’’ : non, ce sont des hypothèses qu’ils doivent négocier.
Vraiment, je ne me sens pas compétent pour dire ‘‘qu’on fasse ceci ou ceci ou
cela’’, parce que ce serait une folie, de ma part. Mais je crois qu’on doit
emprunter le chemin des négociations avec honnêteté, fraternité et confiance
mutuelle. Et là, tout se négocie : tout le territoire, et aussi les relations.
Il faut du courage pour faire cela, et moi je prie beaucoup le Seigneur afin
que ces deux leaders, ces deux gouvernements aient le courage d’avancer.
C’est cela l’unique chemin pour la
paix. Je dis seulement ce que l’Église doit dire et a
toujours dit : que Jérusalem soit protégée comme capitale des trois religions,
comme référence, comme une ville de la paix – il me venait même le mot sacrée,
mais ce n’est pas juste – mais de paix et religieuse.
(Père
Lombardi)
Merci,
Sainteté. Maintenant demandons de venir au représentant de langue allemande.
Q.
– Merci, Sainteté. Durant votre pèlerinage, vous avez beaucoup parlé avec le
Patriarche Bartholomée et vous l’avez rencontré plusieurs fois. Nous nous
demandons si vous avez parlé aussi des pas concrets de rapprochement, et si
l’occasion s’est offerte aussi pour en parler. Je me demande aussi si peut-être
l’Église catholique pourra apprendre quelque chose des Églises orthodoxes – je
me réfère aux prêtres mariés, une question qui tient à cœur à beaucoup de
catholiques en Allemagne. Merci.
R.
– (Saint-Père)
Mais,
l’Église catholique a des prêtres mariés, non ? les grecs catholiques, les
coptes catholiques…non ? Il y en a, dans le rite oriental, il y a des prêtres
mariés. Parce que le célibat n’est pas un dogme de foi, c’est une règle de vie
que moi j’apprécie beaucoup et je crois que c’est un don pour l’Église. N’étant
pas un dogme de foi, la porte reste toujours ouverte : en ce moment, nous
n’avons pas parlé de cela, comme programme, au moins cette fois-ci. Nous avons
des choses plus fortes à entreprendre. Avec Bartholomée, ce thème n’a pas été
abordé, parce que c’est secondaire, vraiment, dans les relations avec les
orthodoxes. Nous avons parlé de l’unité : mais l’unité se fait au long de la
route, l’unité est un chemin. Nous ne pouvons pas réaliser l’unité dans un
congrès de théologie. Et lui, il m’a dit que c’est vrai ce que je savais, à
savoir qu’Athénagoras avait dit à Paul VI : ‘‘Nous, allons ensemble,
tranquilles et tous les théologiens, enfermons-les sur une île, qu’ils
discutent entre eux, et nous, avançons dans la vie !’’ C’est vrai : je pensais
que c’était… Non, non, c’est vrai ! Bartholomée me l’a dit ces jours-ci. Marcher
ensemble, prier ensemble, travailler ensemble, sur tant de choses que nous
pouvons faire ensemble, nous entraider. Par exemple, avec les églises. À Rome,
et dans de nombreuses villes, beaucoup d’orthodoxes utilisent des églises
catholiques selon tel horaire ou tel autre, comme une aide pour cette marche
commune. Une autre chose dont nous avons parlé, qui peut-être sera prise en
considération dans le Concile pan-orthodoxe, c’est la date de Pâques, parce que
c’est un peu ridicule : Dis-moi, ton Christ quand ressuscite-t-il ? – La
semaine prochaine. – Eh, le mien est ressuscité la semaine dernière… Oui, la
date de Pâques est un signe d’unité. Et avec Bartholomée, nous parlons comme
des frères. Nous nous apprécions bien, nous nous racontons des difficultés de
notre gouvernement. Et, une chose dont, oui, nous avons beaucoup parlé, c’est
le problème de l’écologie : lui, il est très préoccupé, et moi aussi, nous
avons beaucoup parlé de réaliser ensemble un travail conjoint sur ce problème.
Merci.
(Père
Lombardi)
Alors,
maintenant, étant donné que nous ne sommes pas uniquement européens ou
américains ou ainsi de suite, mais également asiatiques, ici, demandons au
représentant du groupe asiatique de poser une question, puisque vous vous
préparez à faire aussi des voyages en Asie…
Q.
– Votre prochain voyage sera en Corée du Sud et donc je voudrais vous poser une
question sur les régions asiatiques. Dans des pays proches de la Corée du Sud
il n’y a pas de liberté de religion ni de liberté d’expression. Que pensez-vous
faire en faveur des personnes qui souffrent de ces situations ?
R.
- (Saint-Père)
En
ce qui concerne l’Asie, il y a au programme deux voyages : celui en Corée du
Sud, pour la rencontre des jeunes asiatiques, et puis en janvier prochain, un
voyage de deux jours au Sri Lanka et ensuite aux Philippines, dans la région
qui a subi le typhon. Le problème du manque de liberté pour pratiquer la
religion n’est pas seulement dans quelques pays asiatiques : dans quelques uns,
oui, mais aussi en d’autres pays du monde. La liberté religieuse est une chose
que tous les pays n’ont pas. Certains ont un contrôle plus ou moins léger,
tranquille, d’autres adoptent des mesures qui débouchent sur une vraie
persécution des croyants. Il y a des martyrs. Il y a des martyrs, aujourd’hui,
des martyrs chrétiens. Catholiques et non catholiques, mais martyrs. Et à
certains endroits, on ne peut pas porter le Crucifix et tu ne peux avoir une
Bible. Tu ne peux pas enseigner le catéchisme aux enfants : aujourd’hui ! Et
moi je crois - mais je crois ne pas me tromper - qu’à notre époque il y a plus
de martyrs qu’aux premiers temps de l’Église. Nous devons nous approcher, à
certains endroits avec prudence, pour aller les aider ; nous devons prier
beaucoup pour ces Églises qui souffrent : elles souffrent beaucoup. Et puis les
Évêques, et aussi le Saint-Siège travaillent avec discrétion pour aider ces
pays, les chrétiens de ces pays. Mais ce n’est pas une chose facile. Par
exemple, je te dis une chose. Dans un pays, il est interdit de prier ensemble :
c’est interdit. Mais les chrétiens qui sont là veulent célébrer l’Eucharistie !
Et c’est un tel, qui travaille comme ouvrier, qui est prêtre. Et il va là, à
table, ils feignent de prendre le thé, et célèbrent l’Eucharistie. Si les
policiers arrivent, ils cachent immédiatement les livres et ils sont en train
de prendre le thé. Ceci arrive aujourd’hui. Ce n’est pas facile.
(Père
Lombardi)
Alors,
continuons avec la série du groupe de langue italienne :
Q.
- Sainteté, dans votre pontificat, vous faites face à un grand nombre
d’engagements et vous le faites même de manière très soutenue, comme nous
l’avons vu ces jours-ci. Si demain, disons un jour lointain, vous deviez sentir
que vous n’avez plus la force pour accomplir votre ministère, pensez-vous que vous
feriez le même choix que votre prédécesseur, c’est-à-dire, que vous
abandonneriez le pontificat ?
R.
– (Saint-Père)
Je
ferai ce que le Seigneur me dira de faire : prier, chercher la volonté de Dieu.
Mais je crois que Benoît XVI n’est pas un cas unique. Il est arrivé qu’il
n’avait plus les forces et honnêtement, - c’est un homme de foi, très humble -
il a pris cette décision. Moi, je crois qu’il est une institution : il y a 70
ans, les Évêques émérites n’existaient presque pas. Et maintenant, il y en a de
nombreux. Que se passera-t-il avec les Papes émérites ? Je crois que nous
devons le regarder comme une institution. Il a ouvert une porte, la porte des
Papes émérites. Y en aura-t-il d’autres, ou non ? Dieu le sait. Mais cette
porte est ouverte : moi je crois qu’un Évêque de Rome, un Pape qui sent ses
forces diminuer – parce que maintenant on vit longtemps - doit se poser les
mêmes questions que le Pape Benoît.
(Père
Lombardi)
A
présent, revenons aux groupes de langue anglaise :
Q.
– Saint-Père, aujourd’hui même vous avez rencontré un groupe de survivants de
l’Holocauste. Évidemment, vous savez bien qu’une figure qui suscite encore de
la perplexité pour son rôle durant l’Holocauste, est votre prédécesseur, le
Pape Pie XII. Avant votre pontificat vous avez écrit ou dit que vous estimiez
Pie XII mais que vous auriez voulu voir les archives ouvertes avant d’arriver à
une conclusion définitive. Donc, nous voudrions savoir si vous avez l’intention
de poursuivre la cause de Pie XII, ou d’attendre un autre retournement dans la
procédure avant de prendre une décision. Merci.
R.
– (Saint-Père)
Merci
à vous. La cause de Pie XII est
ouverte. Je me suis informé : il n’y a encore aucun miracle, et s’il n’y a pas
de miracles, on ne peut pas avancer. Elle est arrêtée là. Nous devons attendre
la réalité, comment évolue la réalité de cette cause, et puis penser à prendre
des décisions. Mais voici la vérité : il n’y a aucun miracle et au moins un est
nécessaire pour la
béatification. Voilà où en est aujourd’hui la cause de Pie
XII. Et moi, je ne peux pas penser : ‘‘Je béatifie ou non’’, parce que le
processus est lent. Merci.
(Père
Lombardi)
Alors
maintenant nous allons en Argentine, une autre question du groupe de langue
espagnole.
Q.
Vous êtes devenu un leader spirituel, même un leader politique, et vous êtes en
train d’ouvrir beaucoup d’attentes aussi bien à l’intérieur de l’Église que
dans la communauté internationale. Dans l’Église par exemple, qu’arrivera-t-il
avec la communion aux divorcés remariés, et dans la communauté internationale,
cette médiation avec laquelle vous avez surpris le monde, pour laquelle il y
aura cette rencontre au Vatican… La question est : ne craignez-vous pas un
échec, en soulevant beaucoup d’attentes : ne craignez-vous pas qu’il puisse y
avoir quelque échec ? Merci.
R.
(Saint-Père)
D’abord,
je ferai un éclaircissement sur cette rencontre au Vatican : ce sera une
rencontre de prière, ce ne sera pas pour faire une médiation ou chercher des
solutions : non. Nous nous réunirons pour prier, seulement. Et puis, chacun
retourne chez soi. Mais je crois que la prière est importante et prier
ensemble, sans faire de discussions d’un autre type, cela aide. Peut-être que
je ne me suis pas bien expliqué, au début, comment cela pourrait être. Ce sera
une rencontre de prière : il y aura un rabbin, il y aura un musulman et il y
aura moi. J’ai demandé au Custode de Terre Sainte d’organiser un peu les choses
pratiques.
Deuxièmement,
et merci pour la question sur les divorcés. Le Synode sera sur la famille, sur
le problème de la famille, sur les richesses de la famille, sur la situation
actuelle de la famille. L’exposé
préliminaire qu’a fait le cardinal Kasper avait cinq chapitres : quatre sur la
famille, les belles choses de la famille, le fondement théologique, certaines
problématiques familiales ; et le cinquième chapitre, le problème pastoral des
séparations, des nullités matrimoniales, les divorcés… Dans ce problème rentre
celui de la communion.
Et il ne m’a pas plu que beaucoup de personnes – même dans
l’Église, des prêtres – aient dit : « Ah, le Synode pour donner la communion
aux divorcés », et il sont allés vraiment jusque là, à ce point. J’ai
senti comme si tout se réduisait à une casuistique. Non, la chose est bien plus
vaste. Aujourd’hui, tous nous le savons, la famille est en crise : elle est en
crise mondiale. Les jeunes ne veulent plus se marier, ou ils ne se marient plus
ou ils vivent ensemble ; le mariage est en crise, et aussi la famille. Et je ne
voudrais pas que nous tombions dans cette casuistique : on pourra, on ne pourra
pas ?... Pour cela je remercie beaucoup pour cette question, parce qu’elle me
donne l’opportunité de clarifier cela. Le problème pastoral de la famille est
très, très vaste, très vaste. Et on doit l’étudier cas par cas. Une chose que
le Pape Benoît a dite par trois fois sur les divorcés m’aide beaucoup. Une
fois, dans le Val d’Aoste, une autre fois à Milan, et la troisième lors du
Consistoire, le dernier Consistoire public qu’il a fait pour la création des
Cardinaux : étudier les procédures de nullité matrimoniale, étudier la foi avec
laquelle une personne va se marier et clarifier le fait que les divorcés ne
sont pas excommuniés, alors que bien des fois ils sont traités comme des
excommuniés. Et c’est une chose sérieuse. Voilà sur la casuistique de ce
problème. Le Synode sera sur la famille : les richesses, les problèmes
de la famille.
Solutions, nullité, tout cela. Et il y aura aussi ce
problème, mais dans l’ensemble. Maintenant je voudrais vous dire pourquoi un
Synode sur la famille : cela a été une expérience spirituelle très forte pour
moi. Au second mois du pontificat, Monseigneur Eterovic, alors secrétaire du
Synode, est venu chez moi avec trois thèmes que le Conseil post-synodal
proposait pour le prochain Synode. Le premier était très fort, bon : l’apport
de Jésus Christ à l’homme d’aujourd’hui. C’était le titre. Et dans la
continuité du Synode sur l’évangélisation. J’ai dit oui, nous avons parlé un
peu sur la réforme de la méthodologie et à la fin, j’ai dit : « Mettons quelque
chose de plus : l’apport de Jésus Christ à l’homme d’aujourd’hui et à la
famille ». Cela allait bien. Puis, je suis allé à la première réunion du
Conseil post-synodal, et j’ai vu qu’on disait le titre tout entier,
complètement mais lentement on disait : « Oui, oui, l’apport à la famille », «
Qu’apporte Jésus Christ à la famille »…, et sans s’en apercevoir, la commission
post-synodale a fini en parlant de la famille. Je suis sûr que cela a été l’Esprit du
Seigneur qui nous a guidés jusqu’au choix de ce titre : j’en suis sûr, parce
qu’aujourd’hui, vraiment la famille a besoin de beaucoup d’aides pastorales.
Merci.
(Père
Lombardi)
Alors
maintenant nous avons encore le groupe français :
Q.
Pouvez-vous nous dire, Sainteté, quels sont les obstacles à votre réforme de la
Curie romaine, et à quel point nous en sommes aujourd’hui ?
R.
(Saint-Père)
Mais
le premier obstacle c’est moi… [il rit]. Non… nous sommes à un bon point, parce
que je crois que… je ne me rappelle pas la date, mais trois mois… ou un peu
moins après l’élection a été nommé le Conseil des huit cardinaux…
(Père
Lombardi)
…
un mois après l’élection…
R.
(Saint-Père)
…
un mois après l’élection. Puis, les premiers jours de juillet nous nous sommes
réunis pour la première fois et depuis ce moment, on travaille. Que fait le
Conseil ? Le Conseil étudie toute la constitution « Pastor Bonus » et la
Curie romaine. Il a fait des consultations avec tout le monde, avec toute la
Curie et il commence à étudier certaines choses. « Ceci peut se faire de cette
façon, cela d’une autre façon… ». Regrouper certains dicastères, par exemple,
pour alléger un peu l’organisation… Un des points clé a été l’économique, et ce
dicastère de l’économie aidera beaucoup. Il doit travailler avec la
Secrétairerie d’État, parce que les choses sont liées, tout se fait ensemble…
Maintenant nous avons, en
juillet, quatre jours de travail avec cette commission, et
puis en septembre, je crois, quatre autres. Mais on travaille, on travaille
beaucoup. Et les résultats ne se voient pas encore tous, mais la partie
économique est celle qui est apparue d’abord parce qu’il y avait certains
problèmes dont la presse a beaucoup parlé, et nous devons les voir. Les
obstacles sont les obstacles normaux de tout le processus. Étudier la route… La
persuasion est très importante. Un travail de persuasion, d’aide. Il y a
quelques personnes qui n’y voient pas clair, mais toute réforme comporte ces
choses. Mais je suis content : vraiment, je suis content. On a beaucoup
travaillé et cette commission nous aide beaucoup. Merci.
(Père
Lombardi)
Sainteté,
merci pour votre disponibilité, excusez-moi si j’interromps votre conversation
: vous avez été très généreux d’autant plus après un voyage extraordinaire qui
nous a tous émus, je ne dis pas comme vous, mais presque. Nous avons suivi
intensément les moments d’émotion spirituelle que vous avez vécus dans les
Lieux Saints et nous l’avons ressentie, et cela nous a touchés. Nous vous
souhaitons de bien poursuivre ce voyage et l’infinité d’autres choses que vous
mettez continuellement en route, en particulier cette rencontre de prière, qui
est la continuation naturelle et le complément de ce voyage : qu’elle puisse
porter les fruits que vous en désirez et que tous nous désirons, je crois, pour
la paix dans le monde. Merci de tout cœur, Sainteté !
(Saint-Père)
Je
vous remercie beaucoup pour la compagnie, pour la bienveillance… et s’il vous
plaît, je vous demande de prier pour moi. J’en ai besoin, beaucoup ! Merci.
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