avant la conférence et le traité d'Amsterdam . à la suite de la dissolution manquée par Jacques Chirac et de la formation du gouvernement de Lionel Jospin
QUESTION & INSTITUTIONS d'EUROPE
De
la question d'Europe, dépendent le bien- ou le mal-être français, la
réorganisation des Nations-Unies, la dissolution de l'Alliance atlantique
Du
mode de fonctionnement et de décision de l'Union Européenne, dépend sa
pérennité ou non - comme facteur d'avenir et d'espérance - dans les mentalités
quotidiennes des peuples la composant, son élargissement territorial, sa
contribution à l'indépendance politique et au pluralisme culturel du Vieux Continent.
L'esquisse, qui suit, ne porte que sur le fonctionnement à proposer pour les
institutions européennes - quel que soit l'état actuel de la rédaction engagée
sous les Gouvernements précédents.
De
la novation de ce fonctionnement, dépendent tous les autres points à l'ordre du
jour, ou devant - légitimement - y être portés. C'est le seul qui fait vraiment
question. C'est le seul dont la solution peut réconcilier les opinions avec la
nécessité européenne.
I - ETAT
DE LA QUESTION : LACUNES PERSISTANTES
Adapter
ou fonder des institutions suppose que la fin de celles-ci soit clairement
définie. Celle des institutions européennes est malaisée puisqu'elles doivent
administrer une subsidiarité et en même temps favoriser l'émergence d'une
identité unique.
La
question est davantage de politique intérieure de chacun des Etats car les
opinions publiques ne sont en phase ni avec l'engagement proclamé des
Gouvernements, ni avec bon nombre des décisions de l'"exécutif"
européen quand celui-ci est la Commission. Les exemples en sont tristement
quotidiens.
Il s'agit donc de rapprocher les
institutions des peuples,
et de donner aux peuples la
conscience de l'identité commune.
-
Le Parlement n'est toujours pas
représentatif puisqu'il additionne des listes nationales issues sur des
programmes de circonstances locales. Il n'existe pas de campagne proprement
pan-européenne et le double discours l'emporte : restrictif et corporatiste,
sinon nationaliste n campagne nationale, extensif en session parlementaire. Il
faut qu'il soit élu à la suite d'un débat de même thématique dans toute
l'Union, et que l'on se prononce sur les mêmes candidatures.
-
La symbolisation de l'Union par une présidence n'existe toujours pas. Le
Président de la Commission a tendance à l'usurper, les medias et des abus
diplomatiques s'y prêtent. La présidence tournante du Conseil de Ministres est
trop rapide pour une réelle personnification, et il est bon qu'elle reste
éphèmère, pour qu'aucune oeuvre ne soit vraiment accaparable par un seul Etat.
L'institution d'un secrétariat général ad hoc : identité de défense, ne saurait
en tenir lieu, trop limitée en champ de compétence ou trop appelée à des
gestions directes. La solution peut être élective pour un long mandat mais
posera la question des attributions d'une institution devenant ainsi nouvelle,
viagère s'il se trouvait une personnalité - déjà couronnée, ou de grand renom -
qui fasse une relative unanimité sur elle ;
-
La monnaie commune a plus de valeur encore par sa symbolique quotidienne :
les transactions courantes -, que par les disciplines et concertations
budgétaires et financières qu'elle implique. Le changement d'appellation de
l'ECU à l'euro a un avantage, il peut servir de préfixe, pour une
génération de transition, aux anciennes monaies désormais de même matérialité
et figuration. Elle ne fera l'intégration des économies que par ses
institutions de gestion et de surveillance de sa gestion, induisant rapidement
des politiques budgétaires analogues et des fiscalités pour l'essentiel
identiques. C'est sa parité avec le dollar qui fait question.
- Un esprit proprement
européen et un modèle de gestion sui generis fait encore manifestement défaut
dans les décisions et gestions de la Commission. Une Europe,
virant manifestement à gauche, doit - par des pratiques nationales très
concertées et évaluées informellement en commun - discerner à mesure ce qui
serait à terme la troisième voie économique et sociale, tant cherchée.
L'Europe, après avoir été porteuse de sévurité, d'identé et d'indépendance
deviendrait la patrice d'une société pluri-ethnique et pluri-culturelle,
réconciliée avec l'argent, la technique et l'avenir. Ainsi confiante à son plus
intime, elle est capable d'affronter victorieusement le processus de
"mondialisation".
II - QUELQUES
PROPOSITIONS TRANCHEES
-
la responsabilité et le contrôle de la Commission ne seraient plus de la seule
pratique de la relation de celle-ci avec le Conseil de Ministres, ou avec le
Parlement de Strasbourg ; les Parlements nationaux y auraient leur part
(devenant d'une certaine manière les multiples Chambres "hautes"
faisant pendant au Parlement européen) et pourraient convoquer la Commission. Les budgets, et certaines décisions ou nominations,
pourraient passer devant eux avant d'aller au Parlement de l'Union. On pourrait
aussi disposer que les Parlements nationaux forment avec le Parlement européen
actuel, et suivant une appellation à trouver, le Congrès de l'Union.
-
la composition élective du Parlement européen ne se ferait plus au scrutin de
liste national, mais suivant des listes trans-nationales identiques dans
chacun des Etats-membres, appelés à demeurer les circonscriptions électorales
de base de l'Union. Les dosages de nationalités se feront automatiquement
de manière à ce que chaque liste ait ses chances dans chacune des
circonscriptions. En même temps que l'émerge d'un débat électoral unique, sera
ainsi encouragée l'édition d'organes de presse écrite, paraisssant dans chacune
des langues de l'Union mais avec un contenu rédactionnel identique. De
l'expression politique et culturelle d'une conscience européenne, naitraient des
carrières européennes, que contiennent en germe les échanges et
équivalences universitaires de
plus en plus denses en troisième cycle.
-
le recrutement des membres de la Commission pourrait à terme être exclusivement
fait dans le Parlement européen, dans l'hypothèse où les prérogatives de la
Commission ne sont pas réduites. Ce qui règlerait par prétérition l'inflation
du nombre de ses membres à proportion des nouvelles adhésions à l'Union.
-
la présidence exécutive de l'Union - forcément tournante si elle demeure
l'apanage des Etats-membres, et forcément élective si on la veut moins éphémère
- pourrait être distincte de la représentation et de la symbolisation de
l'Union. Pour assurer ces dernières, avec assez de temps et assez de
lustre, une solution héréditaire ou
viagère présenterait de grands avantages politiques et affectifs dans une
communauté, qui n'a pas de précédents pour s'organiser, qui veut puiser ses
racines très loin dans les siècles et dans les âmes, et qui est en déficit
d'image actuellement.
-
les compétences de la Commission ne paraissent souvent exorbitantes que
faute d'un réelle inspiration européenne (et non pas de simple idéologie "libérale")
des décisions, faute de contrôle parlementaire, faute de vigilance des
Gouvernements, et surtout faute d'une opinion publique - clairement exprimée,
suffisamment informée et organisée et dont les groupes de prsesion ne sauraient
tenir lieu, sont de facto en voie de stabilisation, puisque l'Union économique
et monétaire donnera une part importante à la future Banque
centrale, pas seulement à raison de la monnaie unqiue, et que la constitution
d'une véritable armée européenne, autant que l'exercice à terme communautaire,
des représentations européennes au Conseil de Sécurité, l'écarteront
irréversiblement de toute compétence pour les vrais sujets de politique
extérieure. Si - de surcroît - la culture, la justice, la monnaie, l'emploi,
l'armée, la diplomatie donnent lieu à des instances, des juridictions et des
contrôles ad hoc pour chacun de ces sujets, l'identité européenne ne sera plus
du vouloir ou de la lacune de la seule Commission.
(BFF - 8.VI.97)
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