dimanche 25 mai 2014

question d'Europe - 4 Novembre 2011





Europe, échec français


Crise des « subprimes », crise systémique, printemps arabes, guerre de Libye, crise grecque, crise des dettes souveraines, crise de l’euro. … Qu’est-ce qu’une crise, qu’est-ce que cette appellation pour ces diverses occurrences ? le terme donne la sensation, ressassée par le commentaire des dirigeants et des médias d’un événement inattendu mais soluble dans un ensemble qui se grippe mais qu’il n’y a pas lieu de quitter mentalement ni de changer juridiquement ou politiquement. Les réponses données sont palliatives, elles ne sont pas substitutions ni des évaluations. La crise est même donnée comme la confirmation d’un attachement général à ce qui reste la réalité sans alternative, une réalité peu déplorée alors même que son dysfonctionnement fait souffrir des gens, détruit des entreprises, vicie des procédures.

La caractéristique de cet ensemble de crises depuis l’automne de 2008 est la diversité et l’imprévision des événements, en sorte que le commentaire médiatique et la direction politique opèrent un mouvement brownien, appelé par l’urgence : l’image des multiples départs de feu convient notamment à la réunion du G 20 – informellement commencée dès le soir du mercredi 2 et dénouée sans décision ni annonce d’ensemble en milieu d’après-midi du vendredi 4 Novembre 2011. On est passé d’heures en heures à des sujets et des préoccupations apparemment discontinus : la Grèce et sa soumission au plan de sauvetage, troisième du genre, tel qu’adopté par les Européens la semaine précédent, le risque politique d’un referendum double parce qu’à l’issue probablement négative et parce qu’à date trop lointaine pour que les marchés attendent sans sanctionner le « fauteur de troubles… l’Italie « en première ligne »… le financement par des cotisants autres que les Europées du Fonds de stabilisation et de soutien… la taxe sur les transactions financières… en oubliant chaque fois le défi de l’heure précédente. Naturellement, dans ces jeux de scènes, il a été commode de désigner le tricheur, la Grèce, et de formidables vainqueurs à titre personnel, Barack Obama et Nicolas Sarkozy.

La réalité est qu’aucun dirigeant politique – actuellement au pouvoir – n’avait prévu l’ensemble de ces crises et n’en a analysé les éléments quand elles se sont installées et alors même qu’elles perdurent. L’Europe, élément de stabilité par sa discipline monétaire et commerciale plus vis-à-vis des tiers qu’en son propre sein, était il y a trois ans en situation de demander aux Etats-Unis une purge et un effort pour que leur crise bancaire et financière ne soit pas dommageable au reste du monde, quoiqu’elle n’en soit pas censément victime « systémique » (en réalité, rien que l’escroquerie Madoff a coûté à bien des investisseurs européens). Elle pouvait, par sa monnaie, constituer progressivement une alternative à la circulation exclusive du dollar et introduire un pluralisme disparu depuis plus de soixante ans. Elle était encore au printemps de 2011 une référence pour ce qui parut une mûe du monde arabe et de la rive sud de la Méditerranée, et pour les dissidents  chinois. Elle est aujourd’hui « l’homme malade » du monde, incapable de se sauver elle-même et perturbant par ses dysfonctionnements politiques et économiques la planète financière et les institutions internationales, les Nations Unies dans l’affaire libyenne, le Fonds monétaire dans la crise de la dette de la plupart des Etats membres de la zone euro.

L’entreprise européenne de 1950 avait une double fonction : régler une urgence (le réarmement allemand) et offrir une perspective à un ensemble de peuples humiliés, soumis à deux protecteurs et évincés de la direction mondiale qu’ils avaient, à quelques-uns, monopolisée pendant cinq siècles, des « grandes découvertes » à la seconde guerre mondiale. Elle s’était donné un moyen : le marché commun, supposant par définition une protection vis-à-vis des tiers et une homogénéité des économies et des sociétés participantes à l’unification économique. Sécurité par solidarité, croissance par densification des échanges, émergence d’une personnalité. Utopistes ou fondateurs, les principaux dirigeants de l’époque promettaient à terme – en accord spirituel total avec les peuples – que le Vieux Monde égalerait les Etats-Unis et l’Union soviétique, moraliserait les relations internationales et préparerait donc un monde qui ne serait plus belligène. Les difficiles décolonisations – principalement la française – auraient un aboutissement associatif avec un partenaire englobant mais dépassant l’ancienne métropole.

Le schéma fut en voie de se concrétiser. L’idée, originellement, était allemande : les propositions du chancelier Adenauer au début d’Avril 1950, mais il les fallait portées par autre que l’ex-Reich. La déclaration Schuman, inspirée par le commissaire au Plan, Jean Monnet, aurait pu être la déclaration Bidault, le 9 Mai 1950, si le directeur du cabinet du président du Conseil d’alors (Falaize) n’avait pas dédaigné la proposition qu’au contraire le ministre des Affaires étrangères prit aussitôt à son compte. Les Six, à l’initiative de la France (Maurice Couve de Murville), surent refuser la proposition de « grande zone de libre échange » articulée par Maudling, pour la Grande-Bretagne au sein de l’OECE juste au moment où devait entrer en vigueur le traité de Rome, choix stratégique opéré par le général de Gaulle « revenu aux affaires ». Davantage, les Six (sommet de Bonn en Juillet 1961) s’accordèrent pour une organisation politique de leur ensemble, ce à quoi ils n’avaient pu parvenir au début de leur entreprise (dix ans auparavant, propositions de CED, communauté européenne de défense, et plan Pleven de communauté politique).

rédaction inachevée

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