Europe, échec français
Crise des « subprimes », crise systémique,
printemps arabes, guerre de Libye, crise grecque, crise des dettes souveraines,
crise de l’euro. … Qu’est-ce qu’une crise, qu’est-ce que cette appellation pour
ces diverses occurrences ? le terme donne la sensation, ressassée par le
commentaire des dirigeants et des médias d’un événement inattendu mais soluble
dans un ensemble qui se grippe mais qu’il n’y a pas lieu de quitter mentalement
ni de changer juridiquement ou politiquement. Les réponses données sont
palliatives, elles ne sont pas substitutions ni des évaluations. La crise est
même donnée comme la confirmation d’un attachement général à ce qui reste la
réalité sans alternative, une réalité peu déplorée alors même que son dysfonctionnement
fait souffrir des gens, détruit des entreprises, vicie des procédures.
La caractéristique de cet ensemble de crises depuis
l’automne de 2008 est la diversité et l’imprévision des événements, en sorte
que le commentaire médiatique et la direction politique opèrent un mouvement
brownien, appelé par l’urgence : l’image des multiples départs de feu
convient notamment à la réunion du G 20 – informellement commencée dès le soir
du mercredi 2 et dénouée sans décision ni annonce d’ensemble en milieu d’après-midi
du vendredi 4 Novembre 2011. On est passé d’heures en heures à des sujets et
des préoccupations apparemment discontinus : la Grèce et sa soumission au
plan de sauvetage, troisième du genre, tel qu’adopté par les Européens la
semaine précédent, le risque politique d’un referendum double parce qu’à
l’issue probablement négative et parce qu’à date trop lointaine pour que les
marchés attendent sans sanctionner le « fauteur de troubles… l’Italie
« en première ligne »… le financement par des cotisants autres que
les Europées du Fonds de stabilisation et de soutien… la taxe sur les
transactions financières… en oubliant chaque fois le défi de l’heure
précédente. Naturellement, dans ces jeux de scènes, il a été commode de
désigner le tricheur, la Grèce,
et de formidables vainqueurs à titre personnel, Barack Obama et Nicolas
Sarkozy.
La réalité est qu’aucun dirigeant politique –
actuellement au pouvoir – n’avait prévu l’ensemble de ces crises et n’en a
analysé les éléments quand elles se sont installées et alors même qu’elles
perdurent. L’Europe, élément de stabilité par sa discipline monétaire et
commerciale plus vis-à-vis des tiers qu’en son propre sein, était il y a trois
ans en situation de demander aux Etats-Unis une purge et un effort pour que
leur crise bancaire et financière ne soit pas dommageable au reste du monde,
quoiqu’elle n’en soit pas censément victime « systémique » (en
réalité, rien que l’escroquerie Madoff a coûté à bien des investisseurs
européens). Elle pouvait, par sa monnaie, constituer progressivement une
alternative à la circulation exclusive du dollar et introduire un pluralisme
disparu depuis plus de soixante ans. Elle était encore au printemps de 2011 une
référence pour ce qui parut une mûe du monde arabe et de la rive sud de la Méditerranée, et pour
les dissidents chinois. Elle est
aujourd’hui « l’homme malade » du monde, incapable de se sauver
elle-même et perturbant par ses dysfonctionnements politiques et économiques la
planète financière et les institutions internationales, les Nations Unies dans
l’affaire libyenne, le Fonds monétaire dans la crise de la dette de la plupart
des Etats membres de la zone euro.
L’entreprise européenne de 1950 avait une double
fonction : régler une urgence (le réarmement allemand) et offrir une
perspective à un ensemble de peuples humiliés, soumis à deux protecteurs et
évincés de la direction mondiale qu’ils avaient, à quelques-uns, monopolisée
pendant cinq siècles, des « grandes découvertes » à la seconde guerre
mondiale. Elle s’était donné un moyen : le marché commun, supposant par
définition une protection vis-à-vis des tiers et une homogénéité des économies
et des sociétés participantes à l’unification économique. Sécurité par
solidarité, croissance par densification des échanges, émergence d’une personnalité.
Utopistes ou fondateurs, les principaux dirigeants de l’époque promettaient à
terme – en accord spirituel total avec les peuples – que le Vieux Monde
égalerait les Etats-Unis et l’Union soviétique, moraliserait les relations
internationales et préparerait donc un monde qui ne serait plus belligène. Les
difficiles décolonisations – principalement la française – auraient un
aboutissement associatif avec un partenaire englobant mais dépassant l’ancienne
métropole.
Le schéma fut en voie de se concrétiser. L’idée,
originellement, était allemande : les propositions du chancelier Adenauer
au début d’Avril 1950, mais il les fallait portées par autre que l’ex-Reich. La déclaration Schuman,
inspirée par le commissaire au Plan, Jean Monnet, aurait pu être la déclaration Bidault,
le 9 Mai 1950, si le directeur du cabinet du président du Conseil d’alors
(Falaize) n’avait pas dédaigné la proposition qu’au contraire le ministre des
Affaires étrangères prit aussitôt à son compte. Les Six, à l’initiative de la France (Maurice Couve de
Murville), surent refuser la proposition de « grande zone de libre
échange » articulée par Maudling, pour la Grande-Bretagne au
sein de l’OECE juste au moment où devait entrer en vigueur le traité de Rome,
choix stratégique opéré par le général de Gaulle « revenu aux
affaires ». Davantage, les Six (sommet de Bonn en Juillet 1961)
s’accordèrent pour une organisation politique de leur ensemble, ce à quoi ils
n’avaient pu parvenir au début de leur entreprise (dix ans auparavant, propositions
de CED, communauté européenne de défense, et plan Pleven de communauté
politique).
rédaction inachevée
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire