dimanche 11 mai 2014

Jacques Myard - pour le 8-Mai




ALLOCUTION DE JACQUES MYARD
DEPUTE-MAIRE DE MAISONS-LAFFITTE
du 8 MAI 2014


« Une guerre plus que civile,
l’apparence du droit donnée au crime lui-même,
le crime se revêtant du droit,
toutes les forces mélangées du monde s’affrontant dans un commun désastre ».
Ainsi s’exprimait Lucain dans la Pharsale sur la guerre entre Romains.

20 siècles plus tard, en ce 8 Mai, ces paroles sonnent toujours avec force sur notre destin.

L’Allemagne nazie a voulu la guerre totale, le 18 février 1943 au Palais des Sports de Berlin, Joseph Goebbels martèle :


« La guerre totale est à présent une nécessité...
La guerre totale est l’affaire du peuple allemand,
Tempête déchaîne toi ».


Le 13 Mai 1940, à la Chambre des Communes, Winston Churchill avait pressenti la guerre totale :


« Je peux dire à cette assemblée, ce que j’ai déjà dit à ceux qui ont rejoint mon gouvernement :
je n’ai à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur.
Nous avons devant nous l’une des plus épouvantables épreuves que l’on puisse imaginer.
Nous avons devant nous de longs, de très longs mois de combat de souffrance.
Ma politique faire la guerre...
avec toute la puissance, la force que Dieu peut nous donner...
... contre une monstrueuse tyrannie, sans égale dans
des sombres et désolantes annales du crime ».

Quelques semaines plus tard, le 18 juin 1940, dans son appel aux Français, le Général de Gaulle le dit avec force :

« Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France.
Cette guerre est une guerre mondiale...
Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique,
nous pourrons vaincre dans l’avenir par une
force mécanique supérieure.
Le destin du monde est là. »
Les noms des batailles de la deuxième guerre mondiale surgissent dans notre mémoire et taraudent notre cœur telle une litanie de souffrances, d’héroïsmes et de sacrifices qui recouvrent les continents.

Les images, les dates se bousculent dans notre esprit allant et venant sans cesse comme une danse d’événements macabres qui insulte la raison et défie toujours le genre humain.

Elles nous rappellent les paroles de Méphisto dans Faust de Goethe :

« Je suis l’esprit qui toujours nie, car ce n’est que justice ;
tout ce qui existe est digne d’être détruit,
il eût mieux valu que rien n’existât ».
C’est Varsovie la martyre prise dans l’étau de la trahison,
c’est Narvik, la vaine victoire du Général Béthouart,
c’est la percée des Ardennes contre toute attente,
Dunkerque et l’opération Dynamo,
la bataille d’Angleterre et l’héroïsme d’une poignée de pilotes
de la RAF et alliés qui résistent et étonnent le monde.
C’est la destruction de Coventry dans l’opération « Clair de Lune » de la
Luftwaffe qui préfigure le calvaire de Dresde en février 1945,
C’est le serment de Koufra, du Colonel Philippe Leclerc de Hautecloquequi le 2 mars 1941 fait jurer à ses hommes dans le soleil exaltant d’Afrique,

« de ne déposer les armes que lorsque nos belles couleurs
flotteront sur la Cathédrale de Strasbourg ».
C’est le chaudron de Stalingrad qui ensevelit 700 000 hommes,
le Pacifique ne porte plus son nom où chaque île fait l’objet d’une
bataille formidable, les hommes du « vent divin » se sacrifient au
cri de « longue vie à l’Empereur »

A la bataille d’Okinawa, plus de 110 000 japonais périrent, 8000 seulement furent fait prisonniers.
Mais il a fallu attendre les 200 000 morts d’Hiroshima et de Nagasaki pour que l’empereur lui-même impose aux généraux nippons la capitulation.

Après la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai, Mac Arthur reçut la reddition des Japonais le 2 septembre 1945 sur le cuirassé Missouri en baie de Tokio.
La deuxième guerre mondiale est enfin finie.


La deuxième guerre mondiale que d’aucun appelle par exorcisme, la seconde guerre mondiale, a mobilisé cent millions de combattants de 61 pays,
62 millions de soldats et de civils périrent dans ce conflit,
27 millions pour la seule Russie, 6 millions pour la Pologne.

Ces chiffres sont froids comme des statistiques sans âme, sans cœur, sans visage ;
Donnons leur un visage, un seul,

Celui de Robert Boulanger, un jeune québécois.
Robert Boulanger appartenait au 1er bataillon du régiment « Les Fusiliers du Mont Royal »,
Le 12 Août 1942, il est tué sur la plage de Dieppe, il avait à peine 18 ans.
Il repose dans le cimetière canadien d’Hautot-Sur-Mer.
Il était d’une famille de dix enfants.
Il est dans la péniche d’assaut et écrit à ses parents.

« On nous avertit que nous sommes très près de la côte française...
Nous entendons la Canonnade...
le sifflement des obus passant au-dessus de nos têtes.
Je réalise enfin que nous ne sommes plus à l’exercice.
Une péniche à côté de nous vient d’être atteinte. Elle s’est désintégrée...
En l’espace d’une ou deux minutes, il n’y avait plus rien.
Ô mon Dieu, protégez nous d’un tel sort.
Tant de camarades et amis qui étaient là, voilà deux minutes sont disparues
pour toujours.
Je vous aime bien, et dites à mes frères et sœurs que je les aime bien
aussi du cœur »

Robert.

Sommes-nous ici devant ce monument seulement pour rendre hommage à nos glorieux pères qui nous ont rendu la liberté ?

Sommes-nous ici pour déplorer le fanatisme idéologique, telles des pleureuses antiques ?

Ou sommes-nous ici au nom de la conscience de nos responsabilités présentes et à venir ?

Le monde a-t-il vraiment changé depuis ces événements tragiques ?

Certains, bercés d’illusions, n’ont-ils pas trop rapidement parlé des dividendes de la Paix, de la fin de l’Histoire, saisissant le répit fugace des tensions et prenant pour acquis la Paix éternelle.

Tout cela n’est que rêve, chimère et utopie.

Les idéologies de la haine demeurent plus que jamais,

Le jihadisme nourrit en notre sein même, agit et répand son nihilisme destructeur et sectaire, au moment où nos troupes sont engagées en Afrique, au Proche-Orient, au moment où elles protègent les civils, soignent et construisent , au moment où elles oeuvrent sans relâche pour notre sécurité face à l’hydre du fanatisme,

est-il raisonnable de baisser notre garde, de réduire nos forces au nom d’une vision comptable suicidaire ?

Gardons-nous de croire que nous pouvons raisonner ce nouvel ennemi,

« Rien n’égale la puissance de surdité volontaire des fanatismes »

Victor Hugo.
Nous sommes désormais face aux réalités, celles d’un monde toujours impitoyable pour les naïfs, pour les lâches et les hédonistes qui refusent l’effort.

Mais nous sommes surtout face à nos responsabilités pour nous-mêmes, nos enfants et la liberté de notre Peuple, de la Nation.

Trop de souffrances, trop de sacrifices, trop de sang emplissent notre mémoire, jalonnent et marquent notre Histoire pour que nous puissions rester aveugles à la montée des périls.

Rappelons-nous de Gaulle, il nous montre le chemin,

« Soyons fermes, purs et fidèles ;
au bout de nos peines il y a toujours la plus grande gloire du monde,
celles des hommes qui ne cèdent pas ».



Vive les Nations d’Europe réconciliées,
Vive nos Alliés
Vive la République
Vive la France

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