pour le Télégramme de Brest
sondages pour clochers et servants
ou mandat impératif ? réflexion à partir de constats locaux
Le « grand Ouest », la Bretagne
et mon village se distinguent par une participation à l’élection du nouveau
Parlement européen, nettement supérieur à la moyenne nationale. Il y a un
civisme latent – méritoire pour une province qui a toujours refusé le point de
vue impératif de Paris, et une situation stratégique d’éclaireur en presque
tous les domaines, du militaire à l’économique, voire aux risques des
autonomismes ou des actions directes d’antan. De Gaulle ne s’y était pas trompé
qui voulut en 1940 « le réduit breton » et y prononça l’exposé des
motifs de la grande réforme régionale sur laquelle il tomba en 1969. La
Bretagne qui passa, presque tout entière, à gauche quand le gaullisme n’eût
plus d’expression authentique, donne presque moitié de voix à Marine Le Pen et
à son Front de famille que le Nord du pays. Mais mon village – lui – est dans
la moyenne nationale « frontiste » : quart des exprimés.
Tandis que nous dépouillons les votes, il
y a d’abord le constat des constantes de chaque quartier, quel que soit l’objet
du scrutin : la géographie, même très locale, même d’un groupe de maisons
à une campagne selon qu’elle est en bord de mer ou en bocage, détermine les
âmes, et c’est bien. Nous sommes tous incarnés. Les dirigeants politiques de
notre Vieux Monde oublient les paysages et les délocalisations industrielles,
cyniquement décidées par les dirigeants économiques et financiers, si peu
d’ « esprit maison » ne considèrent que les paysages sociaux et
fiscaux. Le vote – particulièrement celui d’hier, enregistrant de si grands
écarts dans la participation électorale d’un peuple à un autre dans l’Union
européenne – est au contraire fait de paysages mentaux et spirituels, d’une
autonomie de chaque nation pour analyser nos situations communes. Mon village n’y
a pas manqué. La langue de bois des politiciens vient tout simplement de ce
qu’ils ne soupçonnent pas l’intelligence citoyenne, prétendent faire de la
pédagogie alors que – dans le fiasco actuel – c’est bien le peuple qui instruit
ses mandants, non le contraire.
Une crainte, chez moi, chez nous… ce score
du Front national, anticipé par les partis installés mais lui réservant toute leur
réflexion, inquiète village par village, régions par régions, pays par pays,
quelles que soient les appellations. Cette inquiétude prélude-t-elle une prise
des commandes par les peuples puisque les dirigeants semblent ne rien pouvoir
ni comprendre aux dérives des esprits nationaux et des structures économiques
ou financières ? Une certitude… les maux et les erreurs ne sont pas de ces
jours-ci, mais aucun signe n’est donné que l’Union en tant que telle ni la
France, traditionnellement inpsiratrice des grands desseins européens, vont
changer le cap de nos politiques et de nos vies. Alors que le mandat pour ce
changement est impératif, plus encore de la part des abstentionnistes que des
ralliés au vote « frontiste ». Pour les participants, deux suffrages
s’opposent qui considèrent vraiment l’Europe, ceux qui sont pour :
centristes et écologistes de tous poils, y compris des chrétiens, et ceux qui
sont contre. Ils s’équilibrent à peu près en Bretagne et dans toute la France. Et il y a la
confiance maintenue pour les deux partis de gouvernement, mais dont plus rien
d’une conviction, d’une imagination européennes et de visions stratégiques pour
le redressement national, ne se distinguent plus.
Il ne faut pas oublier cette répartition
des votes ni ce cri des abstentionnistes, si sourd qu’il soit. Mon village
m’apprend l’Europe à laquelle il ressemble. Comment ne pas les vouloir heureux
et apaisés ?/.
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