Mardi
13 Mai 2014
Hier soir,
remarque de Daniel G.
me faisant lire un discours que j’avais de confiance diffusé [1].
J’ai dit ma lecture mais j’ai surtout éprouvé la difficulté d’être adéquat
aujourd’hui. En revanche, un communiqué des intégristes, tendance Mgr.
LEFEBVRE, m’apprend ce qui est pu répandu, l’extrême modestie, l’humilité et en
même temps un certain génie relationnel, ceux du pape actuel. François prend
ses repas en commun, au réfectoire de cette « maison
Sainte-Marthe »….
Prier… [2] le
relationnel, c’est aussi le génie du Christ, qui a ses quartiers au Temple et
qui s’il n’enseigne pas les foules selon les grands chemins et des itinéraires
qui n’ont de sens semble-t-il que par respect d’une heure qui n’est pas encore
arrivée – il évite alors tel lieu ou telle province – ou au contraire pour
« monter à Jérusalem », est à la disposition de tous. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple,
sous la colonnade de Salomon. Les Juifs se groupaient autour de lui… Jésus fait intensément et constamment
question. Il a cent façons de répondre toujours la même « chose ». Mes
brebis écoutent ma voix… je leur donnerai la vie éternelle … Le Père et moi,
nous sommes UN. Pétition de divinité, révélation trinitaire, affirmation du salut… Dans
mon cafard de tout hier après-midi et du soir dont ma/notre fille me tirait
cependant, j rattrapais l’ennui du matin que j’avais éprouvé, pour la première
fois sinon de ma vie, du moins de la mémoire que j’en ai, à lire un énième
épisode de la parabole du bon pasteur. Et progressivement, je suis tombé dans
cette vérité apaisante d’avoir à simplement supplié Dieu de nous en sortir… et
ce matin, je m’y retrouve. Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les
connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elle
ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père qui me les a
données… nous sommes l’objet du don
mutuel entre le Père et le Fils, du Fils au Père, du Père au Fils. L’enjeu de la création, de toute la création,
de toute la vie, est cet échange trinitaire. Nous le sommes. Voyant les
effets de la grâce de Dieu, il fut dans la joie. Notre
manière contemporaine, celle de toutes les générations de l’Eglise depuis la
Pentecôte… il les exhortait tous à rester d’un cœur ferme attachés au
Seigneur. Hors la dépression que je
traverse, plus que je n’y suis « tombé », mon souci et ma prière sont
bien le salut universel. Une seule personne, une seule créature manquerait à
l’appel du salut, à la résurrection, à la vie éternelle que la rédemption
aurait été manquée. Or, elle est totale, inscrite même dès qu’a été commis le
premier manque humain au dessein et à l’amour divins.
matin
Je
vais tenir une réunion publique dans mon village à propos des élections au
Parlement européen : savoir comment mes concitoyens voient cela. Marguerite,
neuf ans et demi, notre fille : c’est pour élire le président européen ?
elle a compris et posé la vraie question.
Jean-Marc
Ayrault, de retour chez lui, meeting socialiste à Nantes pour l’élection
européenne. Une participante dit son regret qu’il ait été renvoyé, et met
Sarkozy et Valls dans la même opprobre. Il y a du Mauroy chez Ayrault :
tout simplement une certaine sincérité de gauche… même si…
Sent: Monday, May 12, 2014 10:56 PM
Subject: un amalgame très regrettable Re:
Communiqué : ALLOCUTION DE J.MYARD 8 MAI 2014
Cher député-maire,
j'ai de confiance diffusé, auprès de mes destinataires du matin,
votre allocution pour le 8 Mai 1945... n'ayant lu que les premières phrases et
citations et les invocations de la fin.
La lisant maintenant après qu'un de mes camarades d'enfance jésuite
m'ait fait observer votre amalgame entre les passés totalitaires et le
djihadisme, je veux vous faire part de mon désaccord.
Le
jihadisme nourrit en notre sein même, agit et répand son nihilisme destructeur
et sectaire, au moment où nos troupes sont engagées en Afrique, au
Proche-Orient, au moment où elles protègent les civils, soignent et construisent
, au moment où elles oeuvrent sans relâche pour notre sécurité face à l’hydre
du fanatisme,
est-il raisonnable de baisser notre garde, de réduire nos forces au nom d’une vision comptable suicidaire ?
Gardons-nous de croire que nous pouvons raisonner ce nouvel ennemi,
Nous sommes de génération en génération guettés par des manichéismes qui sont en réalité très datés : ainsi pour rester chez nous, l'anticommunisme obsessionnel des années 50 au début des années 80, ou aujourd'hui les caricatures d'une gauche dont le jugement peut se faire plus objectivement ... ailleurs, mais dans notre voisinage comme chez nous, les ambiances extrêmistes : Allemagne, Italie, et Action directe chez nous dans les années 1980. Il me semble qu'il faut radicalement distinguer les totalitarismes d'Etat des tentations terroristes d'individus ou de groupes. A mélanger les deux menaces, l'une avec des moyens d'Etat, l'autre avec des dialectiques psychologiques, on risque de mal lire les remuements stratégiques. Mais surtout si on lit le présent comme une transposition du passé, d'une part on ne comprend plus le présent et d'autre part on dénature le passé. La lutte contre le nazisme, la lutte contre l'impérialisme japonais sont des luttes d'Etat à Etat contre la perversion du patriotisme, de la nation et de l'instrument du bien commun qu'est l'Etat. La lutte contre le djihadisme, surtout quand il s'agit des recrutements tels que nous les avons repérés et les refrénons chez nous, met en cause quelques centaines de jeunes gens. Ce n'est ni un danger physique mortel pour notre pays, nos pays, ni une idéologie irréductible. Les autorités de l'Islam en France et dans l'ensemble du bassin méditerranéen, en tout cas certainement en France et dans les pays africains que je connais, ont des analyses et des médications plus fines et posées qu'une déclaration de guerre à... on ne sait. Ce sont des parcours individuels, généralement très explicables, comme ceux de nos compatriotes femmes - de "souche" - qui se convertissent à l'Islam et en rajoutent sur le voile par rapport même à leurs nouvelles coreligionnaires.
est-il raisonnable de baisser notre garde, de réduire nos forces au nom d’une vision comptable suicidaire ?
Gardons-nous de croire que nous pouvons raisonner ce nouvel ennemi,
Nous sommes de génération en génération guettés par des manichéismes qui sont en réalité très datés : ainsi pour rester chez nous, l'anticommunisme obsessionnel des années 50 au début des années 80, ou aujourd'hui les caricatures d'une gauche dont le jugement peut se faire plus objectivement ... ailleurs, mais dans notre voisinage comme chez nous, les ambiances extrêmistes : Allemagne, Italie, et Action directe chez nous dans les années 1980. Il me semble qu'il faut radicalement distinguer les totalitarismes d'Etat des tentations terroristes d'individus ou de groupes. A mélanger les deux menaces, l'une avec des moyens d'Etat, l'autre avec des dialectiques psychologiques, on risque de mal lire les remuements stratégiques. Mais surtout si on lit le présent comme une transposition du passé, d'une part on ne comprend plus le présent et d'autre part on dénature le passé. La lutte contre le nazisme, la lutte contre l'impérialisme japonais sont des luttes d'Etat à Etat contre la perversion du patriotisme, de la nation et de l'instrument du bien commun qu'est l'Etat. La lutte contre le djihadisme, surtout quand il s'agit des recrutements tels que nous les avons repérés et les refrénons chez nous, met en cause quelques centaines de jeunes gens. Ce n'est ni un danger physique mortel pour notre pays, nos pays, ni une idéologie irréductible. Les autorités de l'Islam en France et dans l'ensemble du bassin méditerranéen, en tout cas certainement en France et dans les pays africains que je connais, ont des analyses et des médications plus fines et posées qu'une déclaration de guerre à... on ne sait. Ce sont des parcours individuels, généralement très explicables, comme ceux de nos compatriotes femmes - de "souche" - qui se convertissent à l'Islam et en rajoutent sur le voile par rapport même à leurs nouvelles coreligionnaires.
Il aurait été préférable qu'une fois rappelé le choc des
totalitarismes et des démocraties, vous continuiiez par une condamnation
de toutes les haines dans nos sociétés d'aujourd'hui, haines caractérisées par
une erreur sur l'adversaire qu'elles se donnent : homophobie, islamophobie et
finalement démophobie. Et que vous vous donniez ainsi l'occasion de dire que -
précisément - le djihadisme se nourrit de ces terreaux de haine et y trouve
matière à s'y opposer de haine à haine.
Ces sytèmes de guerre sainte, au demeurant - l' " axe du mal
" cher à Bush junior - aboutissent à des erreurs complètes :
l'ensemble de ce qui a été mené en Afghanistan et en Irak. Si en
Syrie les démocrates avaient été très vite aidés, ils ne se seraient pas fait
déborder. L'ensemble des printemps arabes, s'ils ont avorté, marque une fois de
plus notre cécité en Europe et en Amérique, alors que ces révoltes étaient
inspirées par des passions qui nous ont fondés : droits de l'homme et
démocratie.
Votre ton et votre texte sur le djihadisme et la croisade à
entreprendre contre lui, m'ont fait - à ma tardive lecture - penser à la haine
dont Clemenceau et Poincaré ont fait preuve vis-à-vis de Caillaux. Alors qu'on
doit tant à ce dernier : l'IRPP, la nomination de Joffre et surtout la
tentative d'éviter l'hécatombe, grosse de la guerre mondiale suivante.
Le djihadisme et les quelques-uns - de nos compatriotes - qui y
trouvent soudainement ou pour un temps le sens de leur vie, est au contraire un
encouragement de plus à nous construire de façon plus cohérente, plus
consensuelle, plus solidaire, une France plus enracinée dans ce que nous
sentons qu'elle doit être, pour elle-même et pour tous. Je sais que c'est une politique
difficile, je sais aussi que c'est un discours pour lequel concepts et mots ne
sont pas tout faits, que le défi est même d'un libellé très différent de celui
de beaucoup des défis dont nous avons dû triompher. Ce n'est ni d'une croisade
contre une autre croisade supposée ni de la menace d'un nouvel ennemi public n°
1, qu'il s'agit. La réalité est que nous vivons dans une des époques les moins
informées et les moins fines de ces derniers siècles, que nous nous mouvons
mentalement dans des simplismes nous désignant de plus en plus des ennemis
en coalition contre nous qui ne savons plus même qui nous sommes. Nous ne
tenons plus - pour ce qui est du discours public et de beaucoup de médias - que
par les ennemis dont nous avons besoin pour éviter d'avoir à traiter des
questions aussi urgentes qu'explicatives de l'ensemble de ce que nous vivons.
Une politique sécuritaire et idéologique, au lieu d'une politique éconmique et
sociale digne de ces noms et digne de tant de nos expériences pas si
lointaines.
Nos troupes et les combats que nous menons ou subissons au Mali et
en Centrafrique... malheureusement nous font prendre pour alliés ce que nous
trouvons, c'est-à-dire des dictatures, Déby, Abdel Aziz, M'Bya... et la
faiblesse de ces Etats, sous dictature ou agressés, tient à des décennies de corruption financière - vous le
savez très bien puisque c'est là-dessus que nous nous sommes rencontrés - que
nous avons tolérés quoique les connaissant en tous leurs tenants et
aboutissants, et à des décennies de corruption morale, ces soi-disant
légitimations électorales des putschistes. Combats tellement ambigus, sauf -
hélas - pour ceux qui tombent, que nos partenaires européens se gardent d'être
impliqués.
Voilà. Soyons attentifs plus à nous-mêmes, à ce que nous proférons
ou répandons, qu'à ce que nous croyons notre ennemi unique ou principal.
[2] - Actes des Apôtres XU 19 à 26 ; psaume LXXXVII ; évangile selon saint Jean X 22 à 30
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