vendredi 13 juin 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 13 juin 2008



Vendredi 13 Juin 2008





face-book

Ségolène Royal et les institutions : refuser selon les lacunes du texte

Histoire et avenir : outil de discernement

le traité de Lisbonne






Hier soir

Pas les éléments pour le pronostic médical, aucune intuition sur la suite de vie ou la mort de cet homme étrange à force d’être limpide, affectueux, de merveilleuse volonté, de grande lucidité sur lui-même, très concret sur sa communauté, et au total délicieusement ami.

Ce matin


La grâce de la succession des jours, nous vivons dans le temps, l’illusion mais le secours psychologique des nouveaux commencements, la vérité de nos racines, le temps nous façonne autant que les lieux, mais la prière, l’Ecriture peuvent – dans une vie, dans la mienne – être à la fois, le temps, les lieux, les racines qui m’ont émancipé du temps, des lieux et même des erreurs ou des illusions si durables de ma vie, prière et écriture m’amènent au rivage où le Christ, à l’aurore qu’est la mort m’attend, moi et tous, les poissons qui grillent alors que j’en ai tant cherché et n’en trouvais pas. – Nuit tranquille, aveuglée de tant de pensées et d’affections. – Prier.. Que fais-tu là, Elie ? J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur. Et Yahvé Dieu confie tout le temporel et toutes les institutions à son prophète, le roi de Syrie et le roi d’Israël, consacrés par lui – que dirait-on aujourd’hui, où l’on se scandalise que le potentat de Syrie par hérédité soit invité à Paris juste après notre visite présidentielle au Liban – et surtout le prophète Elisée son successeur. Dieu maître de l’histoire et des sociétés, des royaumes et des éléments … et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Elie, spirituel, y reconnaît Dieu. Celui-ci s’est annoncé mais ne s’identifie pas. Son prophète le sait, sans qu’il y ait besoin que ce soit explicite, mais les missions, nos missions nécessitent cet ordre exprès. Dieu, parfois, le détaille vivement. Ses commandements, pour nous tous, sont une vocation universelle. Nous sommes le premier terreau à évangéliser, nous sommes à nous-mêmes notre missionnaire. C’est ton intérêt de perdre un de tes membres, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté à la géhenne. Et c’est nous-mêmes qui rejetons, coupons nos addictions et nos entrainements au péché : la vraie mutilation est le péché, non ce que nous retranchons de nous-mêmes, le renoncement est une libération, une lucidité, un rebond. Nous y sommes aidés. Singulière coincidence entre ce texte et ce que va subir notre frère spirituel : une intervention chrirgicale, précisément… rigueur. Mon cœur m’a redit ta parole : ‘Cherche ma face’ – C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. N’écarte pas ton serviteur avec colère, tu restes mon secours.
[1].

Ma chère femme à son écritoire … « J’ai cent noms sur mon face-book, mais je mange tout seul à la cantine ». Il paraît que Kerviel n’avait que 7 noms sur son « face-book », mais les gens se sont retirés… ne sont restés que 2 qui avaient dû oublier… Il est marrant le gars, cela a l’air d’être un comique. C’est sa conclusion. Informatique contemporaine in vivo.

Ségolène Royal me répond sur les institutions. Elle a décidé, il y a un an, de donner l’exemple du non-cumul, et choisi la région de son attache. Nous correspondons.

J’ai bien reçu votre courrier et vous prie d’excuser cette réponse tardive qui s’explique par le flux important de correspondances que je reçois.
Dans votre lettre, vous appelez mon attention sur la réforme des institutions envisagée par Nicolas Sarkozy, et je vous en remercie. Je vous sais gré de m’avoir fait parvenir vos observations sur le sujet et puis vous assurer qu’elles ne manqueront pas de nourrir mes réflexions.
Aujourd’hui, la réforme des institutions de notre pays est sur le point d’être votée. Pour ma part, je considère qu’on ne peut pas donner quitus, par un vote positif au gouvernement, parce que les institutions ne fonctionnent pas bien. On voit des conflits entre l’Elysée et Matignon, entre ministres, entre l’Elysée et le groupe UMP à l’Assemblée ou encore un Parlement auquel on impose la loi sur les OGM avec des méthodes un peu autocratiques. Cela ne saurait me convenir.
Ce qui manque cruellement dans la réforme des institutions, c’est la démocratie sociale. Il faut être beaucoup plus ambitieux sur la réforme des institutions et y intégrer à la fois la démocratie parlementaire, la démocratie sociale, mais encore la démocratie participative, bien timide dans ce texte.
Je tiens enfin à ce que la réforme des institutions échaappe au clivage partisan, je souhaite un pays qui soit en harmonie avec ses institutions où chacun joue son rôle sans empiètement du pouvoir des uns sur les autres et enfin où les choses soient claires.

Présentation que je ne néglige pas : pas d’initiale de rédacteur et de dactylographe, ni de numéro d’émission.

Match chez le podologue de notre fille (30 Avril au 6 Mai 2008 n° 3076) : couverture, le « ménage » Borloo. « Béatrice Schönberg . Jean-Louis Borloo – L’amour durable – La sérénité de la journaliuste, l’énergie du ministre, c’est le mariage parfait ». Après avoir fait l’an dernier la couverture sur une famille (enfin moderne) à l’Elysée et avoir titré qu’elle est recomposée, l’hebdomadaire, censé naguère refléter l’opinion, et voulant sans doute la « faire » aujourd’hui, rectifie un peu : l’amour durable. En pages intérieures, un parallèle de Gaulle/Sarkozy, composé – spontanément – par l’académicien, Jean-Marie Rouart. Le « feuilletoniste » du Figaro m’est a priori sympathique : faisant – vraiment spontanément et à l’insu de l’impétrant – campagne pour une élection de Michel Jobert à l’Académie française, l’écrivain magnifique d’Un certain regard ou de La rivière aux grenades, j’avais recueilli aussitôt son appui enthousiaste. Il y eut ensuite, et beaucoup trop tôt, la mort d’une étonnante énergie française. Je vais répondre cependant à sa composition : les sous-titres qu’elle inspire à la rédaction : « Sarkozy, un Raymond Barre en jean ou un abbé Pierre en ray-ban » pourraient faire négliger la fin du morceau : « personne ne lui demande de ressembler à de Gaulle. C’est un homme d’aujourd’hui qui a les qualités et les défauts de notre époque. Mais on exige de lui, comme de tout chef d’Etat, non qu’il s’implique dans tous les détails de l’action gouvernementale mais qu’il en dégage mieux les grands principes et les priorités ».

Le président de la République a sans doute lu cet essai : ce matin, s’affichant en sous-secrétaire à la Santé, dans le Cher ? il annonce trois centaines de millions en plusieurs années pour les soins palliatifs, une des deux grandes priorités du candidat, avec le traitement de la maladie d’Altzheimer. La gauche avec François Mitterrand affichait en 1981 : 101 priorités, ce qui est assez visuel, sur le papier. Nous avons mieux : une priorité par jour = 365 en ne défalquant pas les jours fériés.

On n’est trahi que par inadvertance. Pour illustrer le papier de Jean-Marie Rouart, la rédaction de Match donne une photographie du président, jumelle de celle – connue – du Général à sa table de travail. Le même « salon doré », la même table et la même lampe. Mais de Gaulle – stylo à la main – est penché, au travail (31 Octobre 1959), notre président tient lui aussi un stylo. mais ne l’a pas décapuchonné et, surtout, il regarde le photographe (6 Juillet 2007).

Dans ce parallèle, il y a aussi l’idée courante aujourd’hui, et fort peu pédagogique que l’Histoire est une science pour chercheurs (les documents en ignorance générale de la psychologie de ceux qui les ont produits ou de ceux qu’ils évoquent) et un objet de méditation, deux manières d’assurer qu’elle n’est pas opérationnelle. Lionel Jospin, à propos de l’abolition de l’esclavage, se fit « ramasser » par René Rémond, un de ses maîtres, mais suivait-il le cours, même obligatoire ? et Nicolas Sarkozy fait mieux, les enfants auront pour « pense-bête » des morts de leur âge, les sujets de rentrée – lecture solennelle en 2007, programme obligé en 2008 – sont décrétés par le président de la République, nonobstant le ministre et naturellement le corps enseignant ; or, l’Histoire – je le crois, et je le pratique – vaut autant pour chaque événement de chaque instant contemporain que comme un outil d’analyse des situations présentés, elle est une sensibilité, en fait une discipline situant les responsabilités à un niveau de sanction du même genre que celui du suffrage universel. Les générations qui ont fait gagner la France, qui l’ont servie en étaient imprégnées. Sensibilité que donnent lecture et écoute, enquête. Si de Gaulle privilégia Franco pour ce qui a été son dernier voyage à l’étranger – ne pas être en France, le 18 Juin… depuis qu’il s’était retiré du pouvoir, c’est qu’il voulait de celui-ci savoir comment il avait refusé à Hitler le passage vers Gibraltar et le Maroc. L’Histoire est aussi une façon aigüe de pressentir la suite de ce que nous vivons. Début de « réponse » à Jean-Marie Rouart qui dit : «

Ce qui me fait écrire cela, c’est d’ouvrir au hasard, à la recherche d’émotions que me donna le premier livre de cet auteur, chéri de ma mère, et dont – chez le bouquiniste à l’angle gauche du pont Saint-Michel quand on arrive du Quartier Latin aux quais – je viens d’acheter un des romans de son posthumat.

Aujourd’hui, on peut avoir oublié tout cela, et de plus gigantesque combats, à l’horizon, ont justement relégué ces heures de petit contenu dans un passé d’où je ne cherchait pas à les réveiller. Mais elles ont été, je n’y puis rien, elles ont eu leur couleur bleue et jaune, dans la fumée des cigarettes anglaises, le parfum de jeunesse, le bruit du champagne, le sot et charmant optimisme, la mousseuse illusion que la guerre se gagne ainsi. J’y pense aujourd’hui avec stupéfaction. [2]

Une proche, mariée à un Italien. Tous deux opinent sur ma circulaire aux députés en faveur de Marina Petrella – que je considère d’ailleurs davantage comme un combat pour le respect d’une parole française donnée, que comme le seul soutien à une personne précise, quoique toute misère mérite aide et compassion efficaces et aucune société n’est grande en pratiquant le tallion. Circulaire donnant aussi le dossier « grand public » préparé par les avocats. Que je connais bien et avait notamment épaulé l’Abbé Pierre dans beaucoup des démarches qui ont rendu celui-ci proverbialement célèbre.

Elle, première opinante :
Tout ce que j'ai à dire c'est ceci:
"Les opérations des Brigades rouges ont fait au total 415 morts au cours de quelque 15.000 attentats dans les années 1969-1988"
alors il suffirait de réussir à échapper à la justice durant 20 ans ou plus pour etre absout ?? un crime est un crime et on ne doit pas échapper à la Justice, si non c'est un modèle d'injustice, et la porte ouverte aux abus.
Cette femme s'est construit une vie sur un mensonge, elle savait qu'elle serait rattrappée un jour, mais n'a pas hésité à fonder une famille qui aurait à en patir un jour, une sorte de "bouclier humain" qui lui permettrait d'attendrir la justice. Un peu comme les afghans qui cachent leurs armes sous des maisons civiles pour échapper aux raffles et bombardement...
C'est comme à l'époque le procès papon, on disait que c'était terrible de le garder en prison alors qu'il était vieux et malade. C'est très "bien-pensant" de tout laisser tomber et de vouloir la protéger, mais ce n'est pas la Justice.
Et si on retrouvait Ben Laden dans 40 ans, avec une famille toute neuve, de gentils enfants scolarisés, un petit commerce bien tranquille au fond du vaucluse, une vie sans histoire ?
Tu vas me parler de Justice Divine, que nous devons savoir pardonner, etc... mais alors avec ce raisonnement je ne vois pas à quoi servent les prisons, tout le monde devrait faire ce qu'il veut, tuer, voler, et se repentir ensuite, et attendre que ce soit Dieu qui le punisse, éventuellement...
Ce n'est pas un modèle que je souhaite pour mes enfants. Je souhaite leur enseigner qu'il est important de ne pas se tromper de cause, surtout si des vies humaines sont en jeu. Qu'on ne peut pas échapper à la justice après avoir de près ou de loin participé à tuer des etres humains. Quand on choisit de défendre une cause et surtout de se battre pour elle, c'est "en connaissance de cause" et donc on en assume toutes les répercussions, bonne ou mauvaise. Je souhaite qu'ils sachent qu'un criminel est poursuivi, même si ça doit durer des années, et jugé, et puni pour ses actes, si non comment mon enfant pourra-t-il se sentir en sécurité ??
Voilà ce que j'ai à dire, je sais que cela ne te plait pas au vu des idées que tu défends, mais nous savons tous les deux que de toute façon notre vision du monde n'est pas la même, c'est ce qui fait la richesse de notre relation, non?
affectueusement

Lui, de naissance italienne :
Je viens de lire tout cela.
Les brigades rouges sont des terroristes qui ont massacré des parents devant leurs enfants, qui ont mis des bombes en tuant vieillards et enfants, qui ont tout fait pour terroriser l’Italie…
Leur idéologie était très proche de celle de Pol Pot. Toute personne classée comme bourgeoise ou collaboratrice « des bourgeois » devait être abattue.
Selon leurs propres mots ils étaient en guerre contre l’Italie. Très bien, qu’on les prenne au sérieux et on utilise notre code pénal militaire. C’est la peine de mort qu’ils méritent pour ce qu’ils ont fait.
Ils devraient s’estimer heureux d’échapper à cela…
Et je trouve scandaleux qu’un pays censé être ami comme la France hésite ne serait-ce qu’une seconde à la rendre a la justice italienne. Pire encore je lis que ces terroristes seraient des réfugiés politiques ? Ca n’a pas suffi à la France d’avoir hébergé des monstres comme Khomeini et la moitié des dictateurs déchus d’Afrique ? Quelle honte… Continuez comme ca et vous pouvez donner le passeport français a Bin Laden, Kim Il Sung, Ahminedjad (de préférence après qu’il aura balancé un missile nucléaire sur Israel) et pourquoi pas Mugabe – mais faites vite, il risque de mourir avant de vieillesse après avoir détruit un pays qui était le plus riche d’Afrique il y a 30 ans.
Ceci dit, sarcasme à part, tout cela est encore le merveilleux résultat de la désinformation d’une bonne partie de la presse française qui idéalise des terroristes communistes et ensuite fait tout pour démolir l’image du centre-droit démocratiquement élu.

Je lui réponds :
Merci, cher …, de la franchise. Cela m'apprend beaucoup. Je vais en tenir compte : toute la question d'un gouvernement ou d'une quelconque autorité spirituelle ou temporelle est de pouvoir comprendre les pluralités de points de vue, et cependant de décider. Et éventuellement d'avoir à en répondre, parfois même physiquement dans la personne de ceux qui sont revêtus de cette autorité.

Elle, qui revient :
Je viens de repenser à qque chose d'assez ironique : "elle a été arrêtée par hasard alors qu'elle venait porter plainte au commissariat"... vous ne voyez pas l'ironie de la situation? alors qu'elle même refuse depuis 20 ans de répondre de ses actes barbares, elle demande que justice soit faite pour un vol de vélo ou de sac à main ou je ne sais quoi... c'est quand même la reine des hypocrites, et la preuve qu'elle n'a jamais assumé ses actes !

Je réponds :
Je reconnais que c'est assez ironique.
Reste la question de fond : crime de sang ou soupçonnée de crime de sang .
Dans un cas, le sort de Nathalie Menigon (assassinat de Georges Besse, que je connaissais, PDG de Renault + 1986) mais pour laquelle je suis intervenue l'an dernier (réactions très diverses et instructives de Badinter à Dumas ou Kiejman, et autres anciens gardes des Sceaux, et avocats), dans l'autre : présomption d'innocence et question des garanties de procès équitable.

L’Irlande vote non au traité de Lisbonne à 53,40%. La présidence française en sera obscurcie, elle aura un problème – vrai – à faire traiter aux Etats-membres. Les commentateurs crient au camouflet ! une des raisons qui fut majeure, de voter non en France en 2005, était la sensation pour beaucoup de Français que leur main était forcée, qu’il allait de soi et qu’il était de salut public et de bon sens de voter oui – pour ma part, j’ai voté oui parce que la Constitution était meilleure que le traité pertinent, toujours en application d’ailleurs, et ce n’est pas fini : le traité de Nice, et surtout parce que pour la première fois dans les traités européens, elle aurait pu se réformer d’elle-même, sans que les Etats – à huis clos – aient le rôle principal. Donc, les Irlandais ont voté librement et représentent sans doute l’opinion générale en Europe. Consultés par referendum, les Français auraient sans doute répondu non. François Bayrou : le traité de Lisbonne est illisible, Olivier Besancenot : l’Europe et le traité sont coupés des citoyens, les gouvernants ne représentent pas les peuples, même s’ils en procèdent. Solution pour celui-ci : une assemblée constituante, ce que le prochain Parlement voudra sans doute décider d’être, que le traité, d’ici un an, ait été ou non ratifié et mis en vigueur. Pour ma part, je répète depuis des années qu’il faut s’en sortir en s’appuyant sur une opinion européenne qui ne demande qu’à se constituer en tant que telle, nonobstant les clivages nationaux. Le président du Conseil européen, élu au suffrage universel direct de tous les citoyens de l’Union. Ce président pouvant les saisir par referendum sur l’exercice de toute compétence et dans toute matière, transférées à l’Union selon les traités.








[1] - 1er Rois XIX 9 à 16 passim ; psaume XXVII ; évangile selon saint Matthieu V 27 à 32


[2] - Robert Brasillach, Six heures à perdre (Plon . 1953 . 252 pages) écrit 12 février – 2 mai 1944



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