jeudi 19 juin 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 19 juin 2008

Jeudi 19 Juin 2008

Le sommet européen de Bruxelles, hors sujet



Précarité de tout, des sentiments en tout cas aussi passagers que des nuages, aucune attache durable ne peut se faire ainsi, la racine de notre identité et de notre communion avec autrui, avec ceux qui nous sont confiés, est autre, l’amour est autre, mais je ne saurais dire ce qu’ils sont. Ma ferveur n’est qu’un signe de leur place en moi et de ma place en eux. Notre petite fille chérie, notre trésor, sa vie à elle, comment vit-elle, que ressent-elle chaque jour et chaque semaine ? ainsi aujourd’hui, « grande sortie » avec valisette pique-nique préparée depuis hier soir, ses pleurs quotidien pour ne pas aller à l’école, mais une fois sur place ou même dès les premiers tours de roue de la voiture, elle a oublié, ou elle s’est fait une raison. Subir et entrer dans le bonheur sans l’avoir voulu a priori, mais de confiance tout de même, quoique cette confiance n’ait pas d’alternative ? Notre commune sollicitude, les enfants dans la vie quotdienne et les perspectives de vie des époux… bien plus qu’un souci ou qu’un bien commun. Mystère de cette responsabilité partagée, de cette personnalité qui émerge, les traits moraux et physiques, un peu des nôtres, de chacun, et pourtant mélange et circonstances faisant le tout autre, la proximité de l’autre par le sang pas plus forte que celle par le consentement, et les deux font la suite des six jours de la première Création…

Prier…[1] la prière du cœur, qualitative, que me dit hier soir mon frère spirituel, la liturgie de ce matin y vient. Quant aux mots, rien à inventer, Jésus nous les a donnés. Pas de prière de demande, a priori : votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé. Pourtant le Notre Père est tout entier de demandes, demandes à Dieu selon Dieu. Et Jésus n’explicite que la dernière de celles qu’il nous recommande d’adresser à ce Père céleste lequel est tout son enseignement. Le pardon… qui n’est ni tolérance ni oubli, qui est relation, générosité, ouverture et humilité puisque pécheurs, nous le sommes tous. Le personnage d’Elie, celui d’Elisée rempli de son esprit comme il l’avait demandé ultimement au prophète. Un esprit de courage et de capacités extraordinaires. Car nous aussi nous possèderons la vraie vie.

Le sommet de Bruxelles n’est novateur que par son environnement. Pour la première fois, des manifestations professionnelles entourent son déroulement et son site. Le gazole, mais peeut-être les pêcheurs de thon rouge en Méditerranée. Le patronat « européen » à la tête duquel s’est placé le fondateur du MEDEF, Antoine Seillères de Laborde, bénéficiaire s’il en est des politiques publiques en faveur de la sidérurgie, s’insurge contre toute évocation d’une quelconque tentative de corriger les mécanismes du marché pétrolier. Aucun de ces groupes de pression ne prend, en revanche, parti sur le sort à réserver à un traité européen que les gouvernants sont seuls à vouloir faire ratifier. Comme prévisible, l’Allemagne et la France rivalisent d’ »efficacité » pour « sauver » le traité. Il n’y a donc aucune analyse ni des professions ni des dirigeants des raisons pour lesquelles la mécanique européenne telle qu’elle fonctionne et le traité de Lisbonne qu’elle a concoctée, rebute désormais les peuples européens. On n’avancera donc qu’au mieux juridiquement et avec beaucoup de retard sur les prévisions simplistes de l’automne dernier.

Seul, du moins en France, Valéry Giscard d’Estaing prend en compte le vote irlandais – pour demander qu’un second vote renie le premier, ou un troisième les deux preliers et ainsi de suite. Le droit de répondre non mais l’obliation morale de dire oui, puisque les Irlandais ne sont que 0,7% de la population européenne : ils ne peuvent à eux seuls bloquer. Soit ! mais un referendum dans chacun des Etats-membres ne serait probablement positif que dans une minorité d’entre eux, l’Allemagne, l’Espagne encore que celle-ci soit en crise économique. La France, l’Italie, la Grèce, la Pologne, la Tchéquie voteraient non. Reste que l’autorité dont Valéry Giscard d’Estaing jouit en Europe, pas tant par sa présidence nationale, maintenant très ancienne (il y a trente ans, lui et Raymond Barre gagnaient les législatives contre beaucoup d’attentes et évitaient donc une première cohabitation à laquelle le président régnant s’était d’avance résigné pour mieux convaincre les Français de sa nocivité…) que par son animation remarquable de la Convention pour l’avenir de l’Europe, le placerait pour la présidence du Conseil européen l’an prochain, si le traité de Lisbonne était ratifié. Campagne pour ce poste que comptait animer – dominer – Nicolas Sarkozy pendant la présidence française de l’Union. Tout est décalé, sinon manqué.

Quant à la prétention du Président français de relancer, en six mois, l’édification de la défense européenne pour la décennie à venir, elle vaut la promesse d’avant-hier d’investir 377 milliards d’euros dans le militaire national d’ici 2020. Ce serait supposer – en Europe et dans les cercles atlantiques – des changements qui ne se sont pas produits en cinquante ans, et – en France – que Nicolas Sarkozy soit réélu en 2012 et en 2017, alors même que le projet de révision constitutionnelle limite – à son insistante initiative – à deux mandats consécutifs l’exercice des fonctions présidentielles.


[1] - Ben Sirac le Sage XLVIII 1 à 14 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Matthieu VI 7 à 15

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