mardi 10 juin 2008

Inquiétude & Certitudes - mardi 10 juin 2008

Mardi 10 Juin 2008



Obama contre McCain, chacun se veut "out-sider" ; Hillary, candidate à vie
L'Italie, à se croire en France
La bataille gagnée contre les juges
L'honneur comme intérêt pour agir, au sens de la jurisprudence du Conseil d'Etat
Fiasco structurel ? du mouvement social sous le quinquennat en cours ?


Prier… diagnostic pour notre frère spirituel, la tumeur intestinale est cancéreuse, son chirurgien passe la main à quelqu’un d’autre à trouver, on va surtout couper dans l’intestin qui serait trop long. Il était hier soir, encore somonolent de son anesthésie … et il prie pour la femme de notre ami, atteinte d’un cancer au pancréas. Avant-hier au téléphone, il riait presque : je n’en suis pas là, tandis que de l’inconnue il assumait tout, autant qu’il est psychiquement possible… [1] le sel, la lumière du monde, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. Le raisonnement du Christ, implacable mais si simple, s’admet bien et nous charge de responsabilités, dans sa première partie, mais la conséquence, une bonne volonté de notre entourage et de notre génération surprend. La veuve de Sarepta. Comme pour les miracles évangéliques, ce que fait Elie surnaturellement, n’est qu’un faire faire ou plutôt un changement de niveau de puissance d’un être humain devenu – par sa foi – capable d’accomplir ce dont il a la nécessité. La veuve, tout simplement, fait ce qu’elle avait l’intention de faire, mais l’effet produit est sans commune mesure. Tout devient inépuisable, alors que les éléments de départ étaient atrocement limités, le dernier repas devient le premier et longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Diagnostiqué cancéreux à nouveau, notre frère spirituel, pour ma femme et pour moi, reçoit la nouvelle et la communique avec sérénité, alors qu’il est de tempérament aisé à se frapper et à s’inquiéter, de qui lui apporte la communion et lui « sert » deux aphorismes : pour Dieu, rien d’impossible – que nous connaissons de l’évangile – et accepter l’imprévu de Dieu – dont je ne sais pas la source, mais qui est immense et conduit à tout, c’est-à-dire au plus précis de ce que nous voulions ni ne projetions pas. Mais sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle, le Seigneur entend quand je crie vers lui. Prions… tant de souffrances, de fin du monde et de lumière possible. Beaucoup demandent : ‘Qui nous fera voir le bonheur ?’ Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

La campagne présidentielle aux Etats-Unis – seconde phase. Elle va être passionnante parce qu’il semble bien qu’elle traitera les sujets de fond, pas seulement la guerre d’Irak, mais le besoin que l’Amérique a des autres et l’entier de la politique économique.Obama n’a pas encore décidé pour la vice-présidence, Hillary le laisse « libre » et fait entendre qu’en 2012 et en 2016 (où elle aura quatre ans de moins que McCain maintenant) elle sera candidate encoreet toujours. Cette croyance en son destin présidentiel, depuis l’enfance, impressionne. McCain – en photo. – fait très vieux. Il a le sens de la formule, qui pourrait servir en France : "Le gouvernement doit être à vos côtés, non sur votre chemin", a-t-il promis aux petits entrepreneurs, selon l’A.F.P. Barak Obama, dont il faut que je lise le livre pour avoir une « idée » de lui…, passe pour inexpérimenté « en politique nationale ».Commençant ses « adieux » en Europe, Bush junior laisse attendre un accord sur le climat avant la fin de son mandat. Le chômage est record depuis quatre ans. Il se paye aussi le coup de cynisme en disant sa conviction qu’un dollar fort serait bienfaisant et utile pour l’Amérique. « Qui que soit celui qui me succède… », on ne saurait mieux insinuer que McCain n’est pas son candidat : héros de la guerre du Vietnam, lui.

Débat sur les écoutes téléphoniques. La gauche et la magistrature, l’instruction, y tiennent absolument : aucune action efficace contre la corruption n’est possible sans elles. Le garde des Sceaux est résolu à en finir, son patron fut inquiété de ce chef avant de revenir au pouvoir, et argument ultime, elles coûtent cher. Ce pourrait être chez nous, en France, c’est en Italie avec Berluscni, lâché là-dessus par ses alliés de la Ligue du nord. Di Pietro s’acharne.

Justement, Le Monde titre à la « une » : « Comment Sarkozy a gagné la bataille contre les juges ». Chronologie éprouvante. Toutes les réformes pénales qu’il avait vainement soutenues entre 2003 et 2007, sont engagées : les peines planchers pour les récidivistes, la réforme de la carte judiciaire, la prochaine dépénalisation desdélits financiers, la loi sur la rétention de sûreté : « révolution du droit français, destinée à permettre d’enfermer, à vie, des criminels considérés comme encore dangereux à l’issue de leur peine de prison ». Et enfin – ce contre quoi s’élève, seul, mon cher ami Pierre Arpaillange (dont je faillis devenir l’été de 1988 le directeur de cabinet, jusqu’à être barré par Michel Rocard en propos de table à Matignon : un fou ou un original, place Vendôme, soit ! mais deux ? non – cela devant le garde des Sceaux, pétrifié) la distinction renforcée entre magistrats du siège et magistrats du parquet, qu’entérinera une division en deux entités le Conseil supérieur de la magistrature. Lui-même est partisan au contraire de la fusion des deux carrières, je réalise maintenant pourquoi. Si le parquet est une filière indépendante alors qu’il est tout à fait admissible sinon souhaitable que le « représentant de la société », lors d’une instance pénale, soit dirigé ou orienté par la chancellerie, alors on aura un corps « à la botte » face à un corps résidu de l’indépendance de la magistrature. Et l’on voit le cynisme de Sarkozy – et de celle dont il fait l’éloge, puisque selon lui, et selon Le Monde, elle a accompli toutes les « réformes » qu’il voulait – en effet, se retirer de la présidence du Conseil supérieur de la magistrature, c’est s’en désolidariser et donc pouvoir l’attaquer !

Immédiatement - depuis ce matin, l'affaire Marina Petrella. Une seconde extradition, après celle sous Jacques Chirac, de l’universitaire Persichetti. François Mitterrand avait donné la parole de la France que sauf évidence établie du crime de sang, aucun demandeur d’asile des extrêmistes italiens des années 1980, ne seraient renvoyés dans leur pays. Affaire que je prends à coeur - comme il y a un an une campagne de lettres pour adoucir le sort de Nathalie Ménigon : des compassions humaines et des haines inattendues de la part de certains illustrissimes. La souffrance de cette femme, son sort à défendre. Certes et d'abord. Mais l'honneur aussi.

Mon projet est donc un recours - je vais regarder si c'est en excès de pouvoir ou autrement, cf. le polycopié de Raymond Odent - devant le Conseil d'Etat, directement (sauf si les avocats en Conseil d' Etat que je connais et ai interrogé, attendant maintenant leur réponse, me disent que je dois passer par le tribunal administratif, mais - là - on y sera certainement moins libre de "pensée" pour une percée audacieuse). Recours dont l'essentiel serait la recevabilité de l'intérêt pour agir : l'honneur de notre pays (la signature et la promesse du président de la République qui qu'il soit), donc mon honneur de citoyen contemporain de l'atteinte à notre honneur national, l'honneur d'une génération. Les précédents des politiques anti-nazis d'Autriche et d'Allemagne qui ont été livrés à l'occupant. La facilité avec laquelle on juge les générations précédentes pour leur passivité soi-disant en connaissance de cause face à Hitler ou face à la torture en Indochine (interventions parlementaires - précisément - de l’Abbé Pierre : ses avocats pour toutes les questions de sans-papiers ou de droit au logement, sont les conseils aujourd’hui de Marina Petrella : Jean-Jacques de Félice et Irène Terrel, remarquables de talent et d’abnégation) ou en Algérie. Mais le précédent des Autrichiens et des Allemands en 1940 est décisif. Les avocats me font savoir que l’affaire est verrouillée par le gouvernement. Je crois – pourtant et fermement – que nous allons l'emporter.

Donc, « frémissement » depuis huit jours dans les sondages : Sarkozy remonte un peu de l’abîme, assez nettement (cinq points pour Le Figaro-Magazine) pour que l’on y voit une tendance. A l’Elysée, ce serait la confirmation de la bonne stratégie, celle du retour à l’ « hyper-président ». Avec une touche « people », qui devrait mieux réussir que la première couche, si laborieusement co-signée avec Cécilia : Carla sort après-demain un livre sur son coup de foudre de Novembre dernier et donnant tout ce qu’elle vit et pense avec son mari. Celui-ci ne manque pas de méthode : Laurence Ferrari, tombeuse de P.P.D.A. à TF1, aurait été imposée par lui : l’entretenant (pour la télévision) quand il n’était que ministre de l’Intérieur, elle aurait eu le lapsus permettant de la pub. pour la candidature présidentielle, il n’en a pas fallu moins… bouleversement complet à TF1 dont toutes les têtes et tous les dirigeants sautent… tandis que la Cinq assure que le défaut de publicité creusera un trou dans son fonctionnement de sept millions.
Préludes au mouvement social de la mi-Juin, une grève partielle à la S.N.C.F. Observation que c’est peu suivi sans être cependant négligeable. Barouds d’honneur ? cet automne et ce début d’été. Le gouvernement regardant, sans appréhension, ce qui tourne au rite, convaincu qu’il est que les salariés exsangues (le pouvoir d’achat…) n’ont pas les moyens de journées non payées. Il est vrai que depuis le début du nouveau quinquennat, aucun mouvement n’a été d’énergie et d’ampleur à faire revenir le gouvernement sur l’un quelconque de ses projets annoncés, ni ne l’a dissuadé d’en concocter d’autres.


[1] - 1er Rois XVII 7 à 16 ; psaume IV ; évangile selon saint Matthieu V 13 à 16

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