dimanche 29 juin 2008

Inquiétude & Certitudes - dimanche 29 juin 2008

Dimanche 29 Juin 2008

L'Union européenne, ses dirigeants, ses commentateurs ont des leçons à recevoir du foot
Reims, ville du sacre. Royal
Aux électeurs, la synthèse dans l'urne de Olivier Vensacenot et Ségolène Royal
Jean-Pierre Raffarin, à lui seul la diversité dans l'U.M.P.
Paris stress
Un accident de passage à niveau par semaine
Le recteur (curé) du Palais, sa soutane, son chapelet, les quidam
Connaissance du monde, sauf en France, ce n'est pas une revue
Prier… ceux que nous accompagnons et qui nous donnent en retour, à ma femme et à moi, un surcroît d’union et de communion en couple. Ceux dont nous craignons qu’ils ne recouvrent pas la santé. Ceux qui nous manquent et ceux que nous décevons, à qui nous n’avons pas donné justement le très peu qu’ils avaient attendu, il y en a sûrement. Belle solennité de Pierre et Paul, l’Eglise a compté beaucoup de géants. Pourquoi sommes-nous en Europe occidentale (est-ce autant aux Etats-Unis ? en Russie ? dans les pays arabes ?) aussi portés à comprendre la vie autour de grandes personnalités, vie spirituelle, vie politique, vie littéraire, et si peu selon des œuvres collectives, des sommets de civilisation, des consensus sur un certain type de société ou sur une conception de la beauté ? sur une morale ? [1] ; je te donnera

A l’instant, Jean M. que je comptais appeler dans la journée, le remercier de la brassée de livres que nous a rapportée Edith hier, m’appelle, interrompant « ma » « prière » (j’insiste sur les guillemets à chacun des deux mots, rien ne m’appartient en ce domaine comme en tout, et la prière est si pauvre quand elle est de moi, seule celle des psaumes, humaine, est parfaite et seule celle du Christ, est efficace et surtout informée sur Qui elle s’adresse – car que demander à la perfection et à l’absolu, puisque si Dieu est, nous sommes en Lui parfaits et absolus).
. . . je te donnerai les clefs du Royaume des cieux (ce livre de Cronin, bouleversant nos adolescences avides de don de nous-mêmes, d’héroïsme et d’épique, la sainteté « était » tout cela, et l’interprétation du prêtre en Chine par Grégory Peck, je crois, bien aussi convaincant qu’en Vacances romaines… quand pour une belle histoire, nous avons besoin de Dieu et nous servons de ce qu’il nous permet… Les clefs du Royaume que je relirai dans la bbliothèque brochée d’époque de ma mère) curieuse et très instructive dialectique de l’évangile de ce jour. Jésus provoque ses disciples, il veut mesurer, peut-être, le point où ils en sont (a-t-on cherché à faire du cycle et des étapes de la formation de ses disciples par le Christ, un cheminement personnel et actualisé, aujourd’hui, vers la connaissance et l’amour fou de Dieu, connaissance totale et envoûtante, connaissance de désir et désir de connaissance, menant à l’adhésion, au don de nous-mêmes et à ce qui fait notre bonheur et notre fécondité la confiance de l’amour et de la foi ?). la réponse des apôtres est parfaite, ou plus exactement nous ne pouvons la trouver que parfaite, puisqu’elle nous a fondés, et elle est parfaite également aux yeux du Seigneur puisqu’elle confirme la fondation qu’Il veut faire, qu’Il opère. Elle est donnée, comme il sied par Pierre. Pour vous, qui suis-je ? la question suppose une mutuelle présence, intense, une interrogation impliquant que tout n’est pas évident, donné, et enfin c’est une nouvelle étape dans la vocation des apôtres, ce sont eux qui ont à répondre et manifestement Jésus, leur maître et ami, qu’ils aiment et révèrent, mais dont ils se sentent cependant encore si éloignés de Le comprendre et Le cerner, attend d’eux une réponse très différente de celles qu’ils lui ont donné, déjà, celles de la rumeur ou des établissements. Le résultat est une nouvelle Création. La Genèse donne pouvoir à l’homme sur tout le vivant (ce dont il use de plus en plus mal, et avec de plus en plus de mots censés le déculpabiliser), le Christ donne à Pierre le pouvoir de tout fonder, lier et dénouer. La vraie société humaine, celle de l’amour de Dieu, a là ses moyens et ses structures. Fruit exact, la vie de saint Paul qui n’avait de destin possible que par raapport au Christ, soit Le persécuter, soit Le propager. Co-fondateur historique de l’Eglise sans doute, il doit tout à celle-ci, sans l’Eglise, rien à persécuter, rien à annoncer. Quant à Pierre dont les épîtres m’attirent tant elles sont simples et directes, empreintes d’une sobriété qui en rend plus perceptible la bonté d’âme et d’inspiration, le surnaturel lui est devenu natuel, sa délivrance miraculeuse mais du vivant terrestre du Christ, tant d’événements et de dialogue l’ayant mis devant lui-même, pour le meilleur et pour le pire, autant qu’en « vedette » devant ses pairs, les disciples. – Joindre les mains en communion de supplication avec les malades, tous les malades du monde. – Fondation de l'Eglise ? sur quoi ? sur le dialogue initié par le Christ à ses disciples ? quand ? aujourd'hui où nous sommes appelés à devenir disciples et à vivre en disciples.

Le foot-ball. L’art dans le commentaire plus encore que dans le jeu. Le jeu lui-même qui a son esthétique, sensible même à qui ne connaît rien des règles mais sait qu’il en existe. La technicité, Zeidane en demi-finale, avant le match du « coup de boule », évaluant tout et tirant en toute certitude. Donc, la coupe d’Europe, débaptisée comme tout aujourd’hui, notamment pour les grands groupes d’entreprises ou de services… il me semble qu’elle est une leçon de politique européenne. Les commentaires sur le fonctionnement, les lacunes et les prestiges de l’Union européenne, sur les déceptions et les enthousiasmes qu’ils suscitent, ne sont pas à la hauteur : ni le ton, ni l’enthousiasme ou la critique qui se communiquent, ni la technicité, pas du tout l’imagination des commentateurs du ballon rond. Quant aux acteurs, gouvernants ou commissaires-Commission, ni le sens du jeu collectif, ni le souci de faire « plaisir » aux spectacteurs (le peuple, les peuples, l’opinion européenne, l’opinion des tiers), ni une véritable pratique des règles. L’art européen, l’art de la construction européenne avait été le pari sur l’avenir constamment et l’appel à l’opinion, à al cobscience supposée des Européens, sans encore qu’aucune institution les ait manifestées. Cet art est perdu. Les dirigeants sont épouvantés d’un referendum ou qu’il soit et quel qu’il soit. Les opinions sont plus que déçues. Pas un tiers de favorables en France.

Les « contributions » au Parti socialiste en vue du congrès de Reims, ville du sacre. Royal… je vais me procurer auprès des prééminents leur texte. Que n’a-t-on jamais eu cela dans les partis gaullistes, après de Gaulle, car au temps du Général, il y avait la Nation, mais il y avait aussi Candide et surtout Notre République. Il y eut – à tort, mais ce fut un fait – l’abstention des « gaullistes de gauche » aux assises de Lille à l’automne de 1996 : des différences marquées, écrites. Aujourd’hui, sans Jean-Pierre Raffarin, l’U.M.P. ne serait que grogne ou adhésion, l’une et l’autre indistinctes.

L’évidence : il faut pour l’opposition et, quand elle sera parvenue à renverser Nicolas Sarkozy, pour un programme français en France et en Europe, concilier les approches de Ségolène Royal et d’Olivier Besancenot. Ils ont eu, chacun, l’habileté de dialoguer l’un avec l’autre dans les colonnes de Libération. Il est sans doute exclu qu’ils s’accordent, surtout dans la perspective du congrès de Reims et alors que le Nouveau parti anticapitaliste : N.P.A. n’aura que six mois… la conciliation est à faire dans l’électorat pour le second tout de la prpochaine élection présidentielle, une conciliation qui fasse vouloir par la France l’un et l’autre programme en même temps. La question d’une ouverture au centre ou de la prise en compte des extrêmes, est une affaitre d’état-majors de partis. L’enjeu est de rallier une majorité des électeurs sur un programme de gauche, c’est-à-dire un programme qui imagine les solidarités à instituer ou à rénover dans tous les domaines économiques, écologiques, culturels et sociaux. Il n’est pas de définir par le haut une présentation de machine à élire, torturant les libellés et les programmes pour se concilier du centre et de l’extrême, sans perdre son gros de troupe. C’est aux Français en conscience d’opérer par leur bulletin de vote la synthèse et la reconquete du pouvoir, puis vraiment son exercice – ce que ne fut faire Lionel Jospin, vainqueur par hasard, ne gouvernant pas à gauche, et perdant en toute logique son électorat.

Elle rentre de Paris, on respire mal là-bas, chacun rentre du bureau en mal d’air, défaisant en hâte ses vêtements, pour al douche, la frâicheur, le repos, et n’y parvenant pas. La boître rachetée pour la énième fois en trois ans, le client-mystère envoyé dans les magasins de consommation pour tester les vendeurs selon des grilles et des recrutements de cabinets spécialisés, ses dux hôtes lui racontent chacun leur vie. D’issue que carrément ailleurs !

En trois semaines, trois catastrophes à des passages à niveau, toujours pas de plan pour une suppression radicale.

Le dramatique accident à la caserne de Carcassonne – un des pays de ma famille. On se trompe de munitions et l’on enfile dans l’arme des réelles, mortelles. On aurait – on aurait avec guillemets, donc – voulu discréditer l’armée pour mieux faire passer la « réforme » qui consiste simplement à ramener l’outil aux proportions des nations secondaires (la classification des Etats dans l’Allemagne de Goethe avant Sadowa-Koenigrätz et celle de Bismarck), qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

Le recteur (curé) du Palais – chef-lieu de Belle-Ile – porte soutane sans être intégriste et récite son chapelet sur le quai du débarcadère, s’il se fait aborder par un quidam intrigué, il le prie de l’accompagner le temps d’un Je vous salue, marie… ensemble. Partis et syndicats s’y prennent plus mal.

Robert Mugabe progresse, la télévision d’Etat – y en a-t-il une autre ? – admet que plus de la moitié des électeurs au Zimbabwe se sont abstenus. C’était en Avril 1989 , je dirigeais les services d’expansion économique près notre ambassade en Autriche – sans savoir la chance insigne que j’avais de disposer du meilleur observatoire possible de la désintégration du système soviétique en Europe centrale de l’Est – quand inopinément le chef du personnel au Quai d’Orsay, dont je ne dépendais pas, me téléphona : acceptez-vous l’ambassade d’Harare. Je réfléchis quelques heures, c’était une mise en selle pour le type de fonctions que j’avais ambitionnées depuis mon adolescence, faire valoir et mettre un programme pour la France quelque part ailleurs… l’Afrique du sud était encore celle de l’apartheid, le dictateur d’aujourd’hui paraissait sympathique alors et la lutte armée et diplomatique contre Ian Smith l’avait intronisé partout, d’Harare, je ferai la base arrière d’écoles de cadres noirs sud-africains en français… Michel Rocard me fit l’honneur de démontrer à François Mitterrand, la main sur le seuil de la salle du Conseil des ministres, que j’étais nul et que tout le monde le savait sauf le président de la République. J’avais – entre autres – la chance qu’un camarade de promotion qui m’avait, effectivement, semblé « de gauche » à l’E.N.A. ou à Sciences Po. fut conseiller diplomatique du Premier ministre. Je n’ai donc jamais rencontré Robert Mugabe, mais j’ai trouvé, chez un bouquiniste, qui a depuis fermé, rue de Maubeuge, près de la place Kossuth, une carte d’Afrique entière d’époque Louis XV, en deux panneaux : elle continue de me donner une idée de la colonisation, de l’éphémère et du durable, les zones connues il y a trois siècles et ce qui n’était que supposé. Nous continuons de supposer l’Afrique et, comme les dépêches de nos ambassades ne sont évaluées que par des comités de lecture chargés de mesurer les excès de poids et de fréquence – j’en ai su quelque chose étant en terre inconnue à Almaty – Kazakhstan – Asie centrale sans le moindre fond de dossier à Paris, les dirigeants français, bien plus que la moyenne mondiale, ne savent à peu près de l’étranger. Ils s’y rendent pour y donner des conférences de presse conjointes plus longues que les conversations qu’ils y ont eues avec leur homologue local. Quant au peuple « local », a-t-on vu, après de Gaulle, un président de la République française s’adresser à lui, directement et en plein air ?


[1] - Actes XII 1 à 11 ; 2ème lettre de Paul à Timothée IV 6 à 18 ; évangile selon saint Matthieu XVI 13 à 19

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