Lundi 2 Juin 2008
Jean-Claude Juncker rejette les "idées" de Nicolas Sarkozy pour pallier la hausse du pétrole
Le clivage droite/gauche s'inverse en contenu
Psychologie du règne
L'irremplaçable représentant du peuple : dans l'Histoire et in situ
La Concorde en direct de la buvette de l'Assemblée
Prier ce soir… au lieu de ce matin avant de prendre la route. Le recueillement est autre, une fatigue offerte, une écoûte plus passive, un engrangement pour le sommeil, une communion plus tendre, plus courte peut-être, sagesse de condition humaine. [1] Des deux messes possibles, je choisis celle de sainte Blandine, l’image de nos enfances, la Gaule chrétienne, une bonne part de nos origines est là, fête aussi d’une de nos nièces par alliance. Les Blandine ont du caractère. Le martyr n’est pas décrit par l’Apôtre, mais ce qui est donné et vêcu ensuite : ils viennent de la grande épreuve, ils ont lavé leurs vêtements dans le sang de l’Agneau. L’épreuve de nos vies, l’épreuve du témoignage, la résistance au sang (selon saint Paul) au péché, à la tentation, à la facilité comme au désespoir ; ce qui est lavé n’est pas nous, mais nos vêtements, le superflu, le codé, le rituel. Le lavage est individuel, chacun des martyrs s’y emploie mais ce qui lave c’est Dieu, son corps, son sang, son sacrifice, la rédemption, la passion, la résurrection par lesquelles nous passons à la suite du Christ. Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. Autant, nous avons à vivre l’épreuve qui nous sera donnée, s’il nous en est donnée une, et d’expérience combien nous en avons. A l’instant, sur France-Infos. Michèle Morgan exposant ses tableaux et une toile de Jean Marais, la voix méconnaissable – masculine – comme souvent cela vient aux femmes qui ne sont plus jeunes, 88 ans la jeune adolescente de la Symphonie pastorale ou la quasi-icône des années 30 dans Quai des brûmes, et elle dit, à mi-voix, combien elle a souffert dans sa vie « privée »… Vivre cela en dialogue avec Dieu, signe du passage que nous commençons d’opérer, mais de défense dans l’adversité, de réponse aux événements ou à nos semblables qu’ils nous aiment ou nous manquent, inutile : vous n’avez pas à préparer votre défense… pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. Nous entrerons intacts dans la vie, aussi pleinement que nous souffrons quand nous souffrons. Si ce pouvait être non en conséquence de nos erreurs ! pour la plupart de nos malheurs, vrais ou bénins, mais bien pour une querelle d’identité d’homme, de femme, de chrétien, de croyant, d’enracinés dans ce que nous sommes et dans ce que nous devenons. Tout nous est proposé : un pasteur, un ange (qui) campe alentour. Avec quel détail et quelle force Jésus insiste. Je ne puis être de ceux qui demandent comme en certains siècles ou spiritualités, la « grâce du martyre » , je demande celle du témoignage, celle d’une vie conséquente.
Une nouvelle fois, le président de la République se substitue au Premier ministre et plus encore à un ministre : il « dévoile son plan » pour l’éducation nationale, cycle du secondaire. Il accumule les contradictions : un tronc commun pour davantage de spécialités, moins de cours magistraux (pour nécessiter, croit-il, moins d’enseignants) et plus de travail en pteots groupes pour faire apprendre l’autonomie aux élèves. L’expérience la plus évidente est que c’est le cours magistral qui apprend à être individuel, face à une matière qu’on organise seul, tandis que les travaux pratiques ou cellules d’étude demandent des accompagnements et des corrections ou évaluations documentaires bien plus coûteuses en temps et en personnels.
En revanche, sur une actualité réclamant un traitement immédiat, rien n’est possible. Mouvement des pêcheurs encore, blocus de raffirneries et diverses opérations escargots ou autres manifestations : les transporteurs routiers, les taxis, les agriculteurs. Réclamation unanime du « gazole professionnel ». Michel Barnier a déjà donné les limites de l’exercice. Juncker, président inamovible de l’euro-groupe, et candidat – à mon avis, le plus valeureux, quoique je n’ai pas souvenir de l’avoir vu ou entendu en politique extérieure commune – pour inaugurer la présidence du Conseil européen de trente mois renouvelables, commente négativement les « idées et pistes » de Nicolas Sarkozy pour conclure par l’absence de soutien consensuel des autres Etats-membres. Notamment pour ce qui eût été des baisses analogues et concertées de T.V.A..
Nicolas Sarkozy a fait s’inverser le clivage droite/gauche ou est le produit de cette inversion ? Naguère, les conservateurs étaient la droite, aujourd’hui, c’est la gauche (les acquis sociaux). La gauche était la révolution, le changement, le dérangement général, aujourd’hui c’est la droite. Longtemps, surtout quand elle n’était pas au pouvoir ou sur le point de l’être, la gauche était le repoussoir et faisait l’union des droites contre elle, sans qu’il y ait à se définir autrement. Auhjourd’hui, la droite au pouvoir est idéologique explicitement. Naguère, la démocratie, c’était la droite ; notamment dans les pétitions des « gaullistes » contre les communistes dénoncés chroniquement comme totalitaires. ? Aujourd’hui, à l’évidence, les fonctionnements respectifs de l’U.M.P. et du Parti socialiste montre que c’est à gauche qu’est la démocratie dans la pratique interne du mouvement dominant.
En salle d’attente d’un cabinet médical, Elle n° 3249 d’Avril 2008, annonce en couverture et développement : « Le style Carla » : « elle a tout d’une reine » et de mettre vis-à-vios ses poses avec celle de Marie-Antoinette, Sissi interprétée par Romy Schneider, la reine Elisabeth. « La nouvelle Carla décryptée », elle est entourée (en vignettes) de Grace Kelly, Audrey Hepburn, Ségolène Royal ( !), Cameron Diaz, Kristi Davis, et Jessica Alba. Quant au président, son « cas » est expliqué par les femmes : Rachida Dati, Angela Merkl, Simone Veil et d’autres. Qui persévère ? les médias ou les impétrants. Papiers, livres et portraits n’élucident pas, pour moi, la question de l’identité de cet homme encore jeune, mais – au contraire de V.G.E. naguère – ne revendiquant pas son âge. Revendication au contraire du rang, donné par l’activité (l’activisme) et sa production : jamais autant que depuis… 1958. mais quel est son motif profond ? S’il pensait à sa réélection comme tout politique dans un système électif – et Jacques Chirac n’était hanté que par son élection (toujours médiocre au premier tour où l’électeur a le choix) – il aurait une autre démagogie que la sienne, une démagogie lui attirant ou lui faisant revenir des suffrages par conciliation. Ce n’est pas le cas. Je prends au pied de la lettre son affirmation – à Périgueux ? – que le président de la République ne peut s’accomoder que cent mille jeunes, par an, sortent du primaire sans savoir lire ni écrire, et ses apostrophes sur ce qui le scandalise – tant de sujets laissés sans identification, débat ou traitement depuis des décennies – je les crois sincères, non feintes. Alors, l’homme est pénétré de son devoir, de son exceptionnalité puisqu’il a su se donner les moyens d’accomplir son devoir et il vit au jour le jour. Mais quotidiennement, il ne conçoit pas de limite ni de contrôle à son pouvoir. La doctrine du règne, que chacun des ministres, tôt ou tard, doit décliner, est qu’il n’y aura de consultation des Français – de « rendez-vous » – qu’à l’issue du mandat courant.
C’est la première ligne de mon début d’explication. Il y en a deux autres : il aime l’argent, l’argent pour lui et les autres quand ils ont de l’argent. Enfin, il a une revanche obscure – car quelles sont ses origines et qu’en sait-on encore aujourd’hui ? Catherine Nay a commis, pour cela, le livre de référence : que connaissait-on de Sarkozy, comment l’expliquait-on quand il n’était que candidat : c’est le point de repère, l’état des lieux « avant ». Je l’avais acheté à son époque, mais je ne l’ai pas lu. Pas plus que Le Rouge et le Noir, mais les avoir dans sa bibliothèque, l’expérience montrant que bien des titres sont éphémères et vite introuvabales, Avec Nay, évidemment… Nicolas Sarkozy est un parvenu socialement et un nouveau venu mentalement. Il prend une revanche absolue sur sa naissance propre et celle des siens, si c’est de lui que nous devons recevoir les recettes de la réussite, le modèle de l’ambition comblée, de lui que nous devons entendre la réécriture et la mémorisation de notre histoire nationale (française).
L’après-midi dans une salle de réunion au Palais-Bourbon avec un ancien député du rang (1958 à 1973), près de quarante ans élu local, maire et conseiller général. Familiarité pour lui des lieux et des personnels, trente ans cinq après… Plus qu’il n’y paraît à une écoute du fur et à mesure, l’acuité des portraits et des situations politiques : parce qu’il n’a pas pris de notes, qu’il n’est plus sûr de toute sa mémoire, qu’il ne prétend pas à l’écriture, il donne le trait saillant, dit avec assurance que tel (Jacques Chirac) peut mentir, ce qui n’empêche ni généoristé ni fidélité, n’est pas courageux et se terre dans l’inaction s’il y a risque (Jacques Chirac encore), que tel autre n’est en rien un organisateur ou l’inspirteur d’un mouvement, qu’il ne va pas au bout des choses et des parcours (Antoine Pinay) et fait sortir du lot ancien des personnalités d’exception par l’intelligence comme Jacques Duhamel, crayonne en deux pointes Edgar Faure (acrobate), Tomasini un truand sur lequel on peut compter quand il a donné sa parole. Pierre Messmer, un homme rare parce qu’il sait décider même s’il n’est ni cultivé ni brillant. Georges Pompidou, Raymond Barre des hommes d’Etat, le courage. De Gaulle, repoussoir – pour une majorité de Français en 1969… mais pour une forte minorité de députés enclins à approuver les projets de son gouvernement, mais ne le manifestant pas par leur vote… repoussoir parce que d’un prestige inégalable. Les situations plus encore. Des faits qui ne sont secondaires que parce qu’ils n’affectèrent apparemment les premiers rôles, mais qui les font voir. J’en retiens surtout combien l’élu, quelle que soit sa longévité se sent perpétuellement en sursis, en difficulté et doit peiner, dès son siège acquis ou conservé, en fonction du scrutin à venir. Quant à améliorer la relation Parlement-Gouvernement, je suis renforcé dans ma conviction que négliger l’opinion – à défaut du vote forcé – des parlementaires, c’est se couper pas seulement du sentiment populaire mais surtout d’une très forte expérience que le bon sens résume en partie mais pas totalement. La clé est qu’au-delà ou en deçà des convictions ou assertions politiques, il y a les personnalités de comportement correct, franc, voire d’une noblesse minimale et les autres, se conduisant mal… Evidence que la question du cumul est complexe si l’on admet que la motivation n’est ni la rémunération ni d’empêcher les concurrents de mordre petit à petit sur le pré privé. Qu’enfin l’absentéisme en séance plénière peut tenir à l’inocuité du débat et que sans doute, bien des matières pourraient n’être pas de la compétence du législateur. En conclure que si une Constitution – pour être d’une volée consistante – doit être écrite par quelques-uns ayant en vue la condition de gouvernant, pour ses révisions, notamment s’il s’agit du Parlement, elle doit l’être avec maturation et dans la discussion de professionnels pratiquant la chose. On est lancé dans l’exercice contraire.
A la buvette, je vois pour la première fois depuis des années, du tennis : Roland-Garros selon la télévision… les deux qui disputent la partie en question ne sont plus en blanc, mais en couleur, l’un noir, l’autre bleu, et plus – non plus – aussi court vêtus que « de mon temps ». J’y apprends que la qualité de la cave du président de l’Assemblée nationale a dû – tout – à Jacques Chaban-Delmas plus de quinze ans après qu’il ait cessé de l’être. De là, la vue presque directe sur le pont de la Concorde puis la Madeleine. De là, même si l’affectation n’était sans doute pas la même, on voyait venir foule ou émeute. Autant l’Elysée est malaisé, autant ces lieux, comme l’hôtel de Lassay, conviennent. Le niveau de la bibliothèque et de la poste a comme personnage de référence la statue en pied d’Henri IV, cuirassé pour la guerre avec épitaphe sur la tolérance.
[1] - Apocalypse de Jean VII 13 à 17 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Luc XXI 12 à 19
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