A l’approche des présidentielles de 2012,
Pouvoirs se penche sur le processus complexe de la candidature. Comment
devient-on candidat et avec quels droits ? Combien ça coûte ? De
l’histoire des présidentielles en France aux différents modes de
désignation en Europe, en passant par les particularités du système
américain, ce numéro retrace et analyse le long parcours emprunté par le
candidat jusqu’au sommet de l’Etat.
- Histoire
des candidatures à l’élection présidentielle — Par
Bastien François
L’histoire des candidatures à l’élection
présidentielle se confond avec celle de la Ve République
: installation du trophée présidentiel au coeur de la vie politique et
restructuration bipolaire parallèle du système des partis, puis lent
dérèglement des équilibres partisans, affaiblissement de la capacité
structurante de la présidentielle et proportionnalisation du premier tour
de l’élection.
- Devenir
candidat : quels filtres ? — Par Ferdinand
MELIN-SOUCRAMIEN
Depuis 1962, l’élection du président de la
République française a lieu au suffrage universel direct. Pour éviter un
trop grand afflux de candidatures, il a fallu instaurer des filtres.
Ceux-ci consistent en des conditions d’éligibilité et surtout en une
exigence de présentation des candidatures par au moins cinq cents élus.
L’inefficacité de ce système de sélection des candidatures, en dépit de
plusieurs modifications, conduit à s’interroger sur la nécessité d’une
remise en cause plus profonde du procédé de désignation du chef de
l’État.
- Les
droits du candidat à l’élection présidentielle — Par
Wanda MASTOR
Être candidat à la présidence de la
République induit-il des droits particuliers ? Tant la période précédant
la campagne proprement dite que la campagne elle-même révèlent les
nombreux obstacles que doit franchir le candidat virtuel devenu candidat
officiel. Le filtrage des candidatures, l’encadrement des règles relatives
au financement de la campagne et à la propagande constituent plutôt un
faisceau d’obligations qui entravent le plein épanouissement d’une
candidature. Le talent ne suffit pas, et les candidats à la présidence
doivent exercer leurs droits à l’intérieur du cercle dessiné par les
autorités normatives françaises : celui qui exclut tout ce qui pourrait
nuire aux objectifs de transparence, d’équité et de lutte contre la
corruption.
- Primaires
or not primaires ? — Par Alain BERGOUNIOUX
Les élections primaires ouvertes que va
organiser le Parti socialiste seront un fait nouveau dans la vie
politique française. Mais leur nature exacte n’est pas encore déterminée
et elles sont un objet de débat. Cela tient à ce qu’elles sont à la fois
le résultat des problèmes internes du Parti socialiste et l’effet d’une
conjoncture politique particulière, mais aussi le produit d’une évolution
de notre démocratie et du rôle que peuvent y jouer demain les partis
politiques.
- Typologie
des candidats — Par Pascal JAN
L’essai de typologie mené est
nécessairement imparfait, l’équation personnelle des candidats, l’état
des formations politiques en présence et le contexte du moment
constituant autant de variables qui perturbent l’analyse. Mais,
incontestablement, les présidentiables poursuivent des objectifs très
différents, nombreux étant ceux qui tirent profit d’un mouvement de
l’opinion pour espérer créer des dynamiques électives (les espoirs /
minoritaires) là ou d’autres se contentent de témoigner d’intérêts
marginaux (les figurants / marginaux). Seuls quelques candidats (les
têtes d’affiche / ambitieux) sont réellement en situation de gagner
l’élection présidentielle, à tout le moins de se qualifier pour le second
tour.
- Ceux qui
n’y vont pas — Par Jean-Louis BOURLANGES
L’article procède d’une démarche paradoxale
: étudier des non-événements et retracer des non-candidatures. De 1965 à
2007, les élections présidentielles ont été presque toutes marquées par
l’absence finale d’un ou plusieurs candidats attendus. L’auteur dresse
ici une libre typologie de ces défections et distingue cinq profils
majeurs de défaillants : les surnuméraires qui se contentent de déposer
leurs cartes de visite, les contestataires qui refusent le système, les
mandataires qui espèrent indûment que l’élection leur sera servie sur un
plateau, les légataires qui cherchent à hériter mais ne veulent pas
conquérir, et enfin les atrabilaires qui attendent chimériquement du
mandat convoité un pouvoir idéal, total et parfait.
- Les
candidats et l’argent — Par Jean-Pierre CAMBY
La réglementation du financement des
campagnes électorales, adaptée à l’élection présidentielle, en prévoyant
un large remboursement des dépenses des candidats, le plafonnement des
dépenses, le contrôle des recettes et une transparence des comptes de campagne,
a pour objectif d’assurer l’égalité entre les concurrents. Mais le
décalage entre ce cadre légal et la réalité des campagnes électorales
demeure : les stratégies dans la recherche de financements sont un
élément de la compétition électorale, et peuvent même devenir des
arguments politiques.
- La
désignation des "candidats présidentiels" en Europe
occidentale — Par Marie-Claire PONTHOREAU
Cet article s’intéresse à la désignation
des candidats qui veulent devenir le chef réel de l’exécutif. Dès lors,
la comparaison en Europe occidentale est envisageable en examinant
comment les partis politiques sélectionnent les candidats à la charge
suprême dans le cadre d’une démocratie dite désormais exécutive et
majoritaire. Cette dernière appellation est la marque de la place prise
par le leadership au détriment de la fonction collégiale du gouvernement
dans les régimes parlementaires. Il n’est d’ailleurs pas rare que cette
évolution enregistrée par ces régimes soit qualifiée de «
présidentialisation du système politique et institutionnel ».
Aujourd’hui, les partis politiques s’essaient pour un certain nombre
d’entre eux à la démocratie électorale interne. Une échelle des modes de
sélection en fonction du degré de démocratisation prend ainsi forme, dont
les primaires ouvertes constituent la forme de démocratisation la plus
poussée mais aussi la moins pratiquée en Europe.
- La
candidature à la Maison-blanche — Par Elisabeth ZOLLER
À l’inverse de la candidature à l’Élysée
qui est la décision d’un individu agissant de manière parfaitement
indépendante et à titre personnel, une candidature à la Maison-Blanche
est en principe toujours initiée dans une communauté, proposée et portée
par elle. Comme toutes les candidatures dans le système politique
américain, elle doit s’inscrire dans le modèle de la candidature
régulière et la candidature régulière aux États-Unis provient toujours de
la base.
- Earl
Warren, un républicain modéré — Par Jacques PORTES
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