vendredi 21 novembre 2008

Inquiétude & Certitudes - vendredi 21 novembre 2008


Vendredi 21 Novembre 2008
La bataille d'identité socialiste ou le barrage à la suite du mandat de Nicolas Sarkozy ?
Deux choix américains, le secrétaire au Trésor, la secrétaire d'Etat : nous ne sommes pas à la hauteur

Déprime… stérilité de ces jours au sens du faire et de leur utilisation. Le cumul des honneurs dans notre société, encensement de la situation des victimes au passé, l’interruption volontaire de grossesse évidente détresse individuelle, parceque dramatiquement vêcue individuellement – j’en sais quelque chose – mais détresse tout autant de la société, ce qui a été peu dit au moment de « la loi » –, ricanements et gausserie autour des socialistes et de leur congrès et de leur procédure de désignation de chef au choix parmi trois candidats et en regard admiration de ceux qui élisent le leur sans opposant et à 85%, mais qui se gausse des G 5, 8 ou 20 qui n’accouchent de strictement rien pour seulement convenir que chacun fera dans son coin ce qu’il peut, aisance des condamnations et mises au pilori rétrospectives. Nous ne sommes pas une génération de discernement, je ne rencontre à admirer que des personnalités très âgées maintenant au sens biologique mais dont le rayonnement demeure si l’on y prend garde et je les visite depuis quarante ans, mais sur la scène que le « grand monde » est petit, le pire étant la tolérance des spectateurs. En regard, souveraine fraîcheur d’une piété sans doute très ancienne [1] : la présentation de la future Vierge Marie, mère de Dieu, au Temple, que fêtaient les Orientaux dès le VIème siècle. Ces Eglises de rigueur, de hiératisme mais d’une infinie science de la tendresse (et aussi dans a liturge : de la lumière) : fugitive communion et approche au mont-Athos, il y a vingt-cinq ans. Voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi… Jésus interpellé sur les siens de sang, répond au quidam : celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, et une mère. Le retour de ma chère femme, sa joie à l’évocation de nos retrouvailles. Le roi sera séduit par ta beauté. Le meilleur des relations humaines est bien le reflet des attentions de Dieu. Et qu’est-ce que la volonté de Dieu, qu’est-ce que faire Son œuvre ? Jésus dit ailleurs : croire, c’est croire en Lui, le Fils. Celle dont il est écrit : les plus riches du peuple, chargés de présents, quêtent ton sourire, et elle, elle fait le pied de grue, pressée par la foule, empêchée d’entrer écoûter, entrevoir celui qu’elle a mis au monde et qu’elle accompagnera à la croix. L’incroyant, s’il peut aller jusques là, peu importe qu’il n’aille pas plus loin : tout y est.


Ce matin, les pronostics pour le second tour des élections au Parti socialiste : Ségolène Royal avec 43% mène Martine Aubry d’une dizaine de points mais celle-ci bénéficie de l’appel de Benoît Hamon en sa faveur. Elle est donc mathématiquement battue, je le crois assez : elle ne peut passer qu’au suffrage universel. Je lui ai couriellé en fin d’après-midi. L'essentiel est d'abréger le "règne" de NS. Ce ne sont pas les détails de programme ou les débats sur la pureté ou pas de la gauche qui feront ce renversement mais le mouvement social, le mouvement populaire suscités autant par la politique rétrograde de ce gouvernement que par les circonstances dont les différents Gs montrent que les "dirigeants" n'ont pas pris la dimension. Laurent Fabius - si c'est de lui - a raison : la primaire dans l'opposition et singulièrement à gauche n'est pas à définir entre militants (j'ai vu les ambiances de section à Pontarlier et à Vannes, 1980 et 1997) mais devant l'ensemble des Français sympathisants, à l'américaine. Là, vous êtes gagnante, et le serez.

En début d’après-midi, appel d’un ancien garde des Sceaux, puis président du Conseil constitutionnel, sous François Miterrand. Je lui avais écrit, à la suite de son débat avec Edouard Balladur sur le projet de réforme constitutionnelle de cet été, puis de nouveau, à propos de l’extradition de Marina Petrella. Il semble dans l’ambiance encore du congrès de Reims, et maintenant des deux tours d’élections pour la tête du Parti, en des mots divers que je ne retiens pas, il caractérise l’ambiance délètère comme celle d’un fin, sans dire de quoi, la gauche, le pays, l’époque. Pas d’autorité morale ai-je fait ni en France ni chez les socialistes. Le précédent de Rennes ? la réponse que j’attendais, le parallèle n’est pas exact, Lionel Jospin et Laurent Fabius chacun qualifié pour prendre la tête du parti, et puis il y avait la statue du commandeur. Là, on change vraiment de taille et d’envergure. J’ai essayé de prendre la parole, je l’aurais fait s’il s’était agi de la présidentielle (je n’évoque pas sa défense et illustration à Nantes, en vedette américaine avant le dscours de Ségolène Royal), mais pour le poste de premier secrétaire, c’était inutile. Martine Aubry, heureusement, n’a pas l’absence de caractère de son père, mais en aura-t-elle les talents ? Pour Marina Petrella, la question est close et l’Italie, pour ses hôpitaux, n’est pas l’Ouzbékistan, mais mieux vaut avoir le président de la République pour soi, dans notre régime, que le droit. Mon recours en Conseil d’Etat, on ne pouvait statuer sur l’extension de l’intérêt pour agir, inconcevable, on est allé au plus vite. Ce qu’il faudrait maintenant étudier, c’est impact des médias internet, il me semble que ce n’est pas le dialogue, que cela reste solitaire. J’abonde dans son sens, et l’éveille à mon existence quand j’évoque Paul Ricoeur et l’incapacité, selon lui, des Français à débattre.

Ce soir, dialogue par journaliste interposé, qui doit remonter à près de deux ans. Michel Rocard, je quitterai un parti après cinquante ans de militance s’il n’y a pas de leadership intellectuel (en fait, il n’est passé du PSU au PS qu’en 1974, et laspus, il parle donc de quitter la gauche, bien plus que le PS, candidat d’ouverture que reluque Nicolas Sarkozy depuis son avènement). Réplique de Ségolène Royal : je ne suis pas un accident de l’Histoire. Mot disant tout de Reims et de ces décennies à gauche, mais aussi à droite, une militante de Haute-Garonne (référence Lionel Jospin, naguère) : je ne veux pas entendre encore un ‘aimez-vous les uns les autres’, ces adhésions à dix ou vingt euros sans expérience politique, non !

En fait, il me semble – au moins dans le commentaire de ces jours-ci – qu’on est à côté de la plaque. Le vrai sujet est l’absence de plan d’ensemble immédiat pour changer les cadres des opérations financières internationales, et l’absence, tout autant, d’un accord sur les perspectives. Au mieux, on manifeste, entre dirigeants politiques et gouvernementaux une prise de conscience commune du danger et comme les solutions sont peu nombreuses et que les situations, pour n’être pas les mêmes partout, ne sont cependant pas de centaines de modèles différents, il y aura des convergences : une semaine, c’est la Chine dont on se félicite qu’elle ait adopté un plan de relance, la semaine suivante, c’est l’Allemagne qu’on presse. Il n’y a pas non plus de plan d’ensemble européen, et les deux sujets que sont les opérations à terme sur autre chose que les marchandises, et les paradis fiscaux, sont résolument et communément éludés. En France, nous avions de l’avance, un excellent rapport parlementaire identifiant ceux-ci et proposant un cadre pour les éradiquer. Il y a quinze jours, avant que Nicolas Sarkozy dise leur déclarer la guerre, Eric Woerth parlait d’inciter les banques à la transparence en la matière, on ne peut être moins régulateur.

Et la vie politique en France me paraît tourner autour de deux questions. Y aura-t-il un mouvement social d’ensemble, de lenvergure de Mai 36 ou de Mai 68 ? et l’un ou l’autre parti saura-t-il en prendre la tête et le transformer en fond et forme de gouvernement ? Et, seconde question, l’exercice du pouvoir par Nicolas Sarkozy et les conditions psycho-sociologiques qui ont conduit à son élection sont-elles normales ? sommes-nous gouvernés par un psychopathe auquel cas plus rien ne correspond à un régime constitutionnel légiférant et gouvernant selon des axes à débattre, mais ne même nature que les cinq prédécesseurs de l’actuel président, et en ce cas, il est vital que prenne fin aussitôt que possible, fusse par des voies exceptionnelles, une expérience aberrante ; ou bien, nous sommes en présence d’un touche-à-tout qui en dépit de sa faconde et de son verbiage soit ne change pas grand-chose soit nous donne quelques épisodes bénéfiques ? La réponse est objective en politique : nous vivons un blocage institutionnel depuis 2002 faisant que les choses ne peuvent, éventuellement changer que tous les cinq ans. Entretemps, c’est le pouvoir absolu sauf guerre des chefs. Il n’y a donc pas de « soupape de sûreté ». Les Français supporteront-ils ? ce que promet la récession. S’en prendront-ils au pouvoir en place ? malgré la démonstration inévitable que tout le mal n’est pas la faute du gouvernement même si tout le bien est évidemment à mettre à l’actif du président régnant.
Barack Obama, deux choix importants, et probablement judicieux : Timothy Geithner, venant de la Fed. où il aurait été décisif cet automne et ayant fait carrière au Trésor après avoir débuté au cabinet d’Henry Kissinger, serait secrétaire au Trésor. Notre président aura-t-il su l’écouter et nouer quelque chose d’opérationnel, ou bien fut-il en marge du G 20 obnubilé par son échec, n’avoir pas été reçu par le président américain élu ? Il me manque – et c’est sans doute décisif – dans mon jugement sur Nicolas Sarkozy, non seulement une ou deux conversations personnelles, mais un moment de travail ensemble. De ses habitudes de travailler, rien ne filtre de ses collaborateurs, on a les colères, les marques de mépris, on a l’agenda dément, mais on n’a pas de témoignages sur l’essentiel : le travail, l’écoute, la maturation, l’information. Donc, Timothy Geithner, quarante-sept ans. Et puis probable secrétaire d’Etat, le poste visible, Hillary Clinton ce qui est, au moins pour moi, un coup de théâtre, mais lui interdit la candidature contre Barack ou en remplacement dans quatre ans. Le mystère de cette femme est son ambition, la rumeur au moment de l’affaire de mœurs de Bill était que depuis leur adolescence, il y a un pacte, se succéder au pouvoir. Encore plus arriviste donc, arriviste ? si elle est d’origine modeste, ce qui ne paraît pas. Que va-t-elle donner ? Bill Clinton, assez habile pour le Proche-Orient, est cependant celui qui a présidé à la mise sous le boisseau d’une indépendance européenne qu’auraient pu enfin susciter la chute du mur de Berlin et le traité de Maastricht. Deux ombres et deux modèles, complémentaires, donnent ainsi une panoplie exceptionnelle à l’équipe qui se constitue… John Kennedy et Henry Kissinger. L’évidence est que nous ne sommes pas – en France – à la hauteur, et qu’il n’y a pas non plus, en Europe, de personnalités au bon gabarit, aux exceptions de Jean-Claude Juncker (président de l’Euro-groupe, et numéro un luxembourgeois depuis dix ans) et de Louis Michel à la Commission.

[1] - Zacharie II 14 à 17 ; psaume XLV ; évangile selon saint Matthieu XII 46 à 50

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