mardi 18 novembre 2008

Inquiétude & Certitudes - mardi 18 novembre 2008

Mardi 18 Novembre 2008


Prier… pieux, affectueux au possible, généreux, éprouvé par la vie, chargé dans un diocèse pauvre en prêtres d’être la présence de l’Eglise aux funérailles de ceux qui ne sont pas tenacement attachés à une messe pour les obsèques des leurs, il me dit que la prière des autres ne l’intéresse pas, cela pour caractériser les quelques textes matinaux, comme celui-là que je lui ai adressés par la poste. Il est vrai qu’il a la même attitude vis-à-vis de dissertations politiques ou du moindre essai de fiction. Une carrière réussie mais un veuvage précoce d’une épouse très aimée et un enfant dramatiquement mort avant ses dix ans. Une histoire, des histoires brisées mais un visage d’attentive sérénité. Je l’aime au possible, il m’a quasiment élevé. Et tel qu’il est, il vaut passionnément d’être aimé. Elever : expression juste pour l’éducation de la toute petite enfance. D’autres évoquent l’accompagnement dont cet envoi leur donne la sensation. Voici Jésus entrant dans Jéricho [1], précédé par l’aveugle guéri, je fais partie du cortège et de la foule, avec ceux que j’évoque, pour lesquels je prie – sans que l’on sache très bien ce que cela veut dire, sauf pour les saints à effusion, sauf pour ce que nous ont rapporté les évangélistes inspirés de la prière du Christ, sinon que dans la prière, mise en relation de l’homme à Dieu, « il se passe quelque chose ». De vivant. La foule enferme Jésus, et celui-ci n’a pas l’intention de s’arrêter. L’aveugle y est parvenu par ses cris, mais Zachée, pourtant bien placé socialement, non. Il accepte qu’il n’y ait pas de passe-droit, mais c’est un homme pratique, et en somme de prière. Une prière vivante, il bouge, il cherche, comme Matthieu, un publicain : il était le chef des collecteurs d'impôts, et c'était quelqu'un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n'y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l'interpella : « Zachée, descends vite : aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison. » Dans les deux cas : l’aveugle mendiant et le publicain, Jésus répond à une initiative que la foule ignore ou réprouve. Il change son programme, il va résider à Jéricho. Ses repas, sauf la dernière Cène et les noces de Cana, le premier à être rapporté, sont ou bien en plein air avec les disciples, les poissons, du pain, la glane des épis, ou bien en milieu hostile ou pestiféré, hostile chez les pharisiens, qui l’invitent souvent comme aujourd’hui la partie aisée et bien-pensante de la chrétienté mais assurée de son idée de Dieu, inébranlablement sans relation avec le comportement de cœur et de pensée, ou pestiféré, Matthieu et Zachée. Dans tous les cas, Jésus enseigne par réaction ; en fait, il change tout, le miracle souvent, la conversion totale toujours : le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Ce repas chez Zachée suivi de la soirée, de la nuit, peut-être de quelques jours, ont été indicibles : aujourd'hui il faut que j'aille demeurer dans ta maison…aujourd'hui, le salut est arrivé pour cette maison . Et naturellement, Zachée a été appelé par son nom, comme chacun des élus de l’Apocalypse.
Depuis le départ de l’un de nos chiens, échappé en soin vétérinaires, il y a vingt mois, nous sommes plus familiers et moins stricts avec ceux qui demeurent. Combien cette intimité plus grande, ces dialogues l’auraient réjoui, notre absent. Les paraboles de la brebis et de la drachme sont si justes. Toujours un enseignement partant de la vie et de la situation pour montrer un autre sens à la vie que ce qui mène a priori au désespoir. Un des « dadas » de la décennie, en politique et en commentaire, est de chercher « du sens » ou de saluer celui qui « donne du sens », avant-hier soir, c’était – a-t-il été commenté – le directeur général du Fons monétaire international qui donnait « le sens » de la crise… on insiste sur celui qui donne, divinité contemporaine, aux gémonies il y a un mois, et peut-être dans trois ans aussi. La vie, la nôtre, se préoccupe davantage de celui qui reçoit ce sens – nous – et il n’y a de sens que si nous sommes transformés de le recevoir. Le héros n’est pas Dieu, mais nous. Les convertis, les heureux. Prosterné à genoux en votre présence, je vous prie et vous conjure de graver en moi de vifs sentiments et tous ceux qui m’entourent, dont j’appelle ou accueille l’entourement, je le fais pour eux, ou ils le font eux-mêmes. Monde entier… humbles et pauvres. Demandeurs. Prier en travaillant, en vivant, journée de prière.

Mauritanie – un correspondant. Les ambassadeurs de l'Union européenne accrédités à Nouakchott ont rendu visite, aujourd'hui,au Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi à Lemden. Les maires du Front national pour la défense de la démocratie envisagent également une visite après demain (jeudi) au Président Sidi à Lemden.
Redondance de l’A F P . La veille, les ambassadeurs avaient conféré avec le chef de la junte, le chef de l’Etat auto-proclamé en tant que président du prétendu Haut Conseil d’Etat, et avec Ahmed Ould Daddah et doivent demain voir les présidents des deux chambres, séparément semble-t-il.

[1] - Luc XIX 1 à 10

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