dimanche 2 novembre 2008

Inquiétude & Certitudes - dimanche 2 novembre 2008


Dimanche 2 Novembre 2008

Les révélations de la crise, non en dogmatique mais en comportement des gouvernants

En France, la diversification, François Fillon, Henri Guaino, Hervé Mariton, Bernard Accoyer

Dans le monde, Abdallah de Riyad, le prospectif, Gordon Brown le converti ... et les occasions manquées pour l'Union



Prier… [1] les saints les plus proches de nous, quotidiennement, l’expérience de la communion, les interrogations sur le poids de la vie et de la mort, ce sont évidemment les nôtres qui nous ont précédé, qui nous précèdent et qui nous enseignent. Au jour du décès de ma mère, qui est aussi la sainte-Cécile dans les vieux calendriers, j’ai pu lire la description-anticipation du lieu qu’est l’éternité où lumière et ténèbre sont ensemble, où tout est source et pourtant plus aucune n’est nécessaire. Paul demande que plagiera Daniel-Rops en sorte que, comme souvent, la racine scupturaire est moins célèbre que le mot contemporain : je demande à la mort où est sa victoire ? Ce corps voué à la corruption doit revêtir l’immortalité. Mais la foi s’arrête tropp vite au seuil de la morale et de la vie quotidienne : Où est-il le dard de la mort ? S’il a disparu dans l’éternité de chacun et de nous tous, il reste bien présent dans notre vie terrestre : le péché, c’est-à-dire notre liberté, notre distraction, nos pesanteurs… Les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés. La foi dans le Christ, Lui-même et d’abord ressuscité, garantit cette issue. Les évangiles, l’Ecriture entière ne sont pas ces textes cherchés par notre époque depuis trois quarts de siècle en Egype ou au Tibet, ou cette analyse des expériences « vêcues » aux frontières de la conscience et de la mort clinique. Rien sur la mort, mais tout sur la vie et sur le sens de la mort : passage (JL…). Paul date l’événement décisif, l’entrée de l’humanité en partage de la divinité, il sera à l’heure du jugement que nous appelons faute de mieux le « dernier ». Qu’est-ce à dire sinon ce dialogue décisif où Dieu nous ramène au cours de notre propre vie, celui où nous Le rencontrons déjà : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu...? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ?' Réponse : autrui dans notre vie. Communion des saints, mais aussi et surtout communion dès maintenant avec tous. La foi nous ramène toujours à l’amour. L’espérance est donnée, amour et foi sont l’exercice de notre liberté.

La crise révèle.

En France, c’est salutaire, une certaine diversification des rôles et surtout un pluralisme d’opinions. Sans doute, existaient-ils dès la formation des équipes et des rapports de force le 16 Mai 2007 – passation des pouvoirs entre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy – mais ils n’étaient pas apparents pour le dehors et l’opinion opublique. Le nouveau président en pâtissait lui-même : l’image de dictature, de hâte et d’omniscience produisant l’hyperprésence n’était bénéfique ni pour la démocratie ni pour une certaine décontraction dans l’exercice du pouvoir qui est resté longtemps costumé.

Quitte à contredire Nicolas Sarkozy – ainsi à Evreux la semaine dernière –, François Fillon rectifie presque quotidiennement les annonces ou les compréhensions d’annonce à propos des banques, des divers sauvetages et capitalisations, et canalise – heureusement – la floraison d’idées et de propositions du Président, des parlementaires, des opposants et des ralliés. Des garanties à exiger des banques assistées – même si les connaisseurs en théorie et les usagers en pratique que nous sommes tous, savent bien qu’une politique des engagements est au cas par cas autant que selon des principes, et qu’il n’est de contrôle qu’interne et en équipe, ce dont le gouvernement n’a pas voulu prendre les moyens. François Fillon, Premier ministre et qui aurait fort bien pu être le patron de toutes ces manœuvres, rectifie aussi à propos de notre premier fonds souverain. D’ailleurs avons-nous les moyens de cette manière de faire (et d’être ?).

Henri Guaino, l’idéologue du régime ? opinait déjà que les circonstances allaient changer les relations entre la politique et les marchés. Il s’impose plus pratiquement, et un dimanche… en assurant que la privatisation de La Poste – on dit seulement : l’entrée en bourse – ne peut plus se faire à présent. Constatation d’impossibilité ou changement de doctrine ? d’ailleurs comment dans une ambiance « ultra-libérale » se mouvait-il, lui qui prétend s’inspirer du général de Gaulle : la politique de la France ne se fait pas à la corbeille (traduit par Edith Cresson : la bourse, je n’en ai rien à cirer, elle qui passait pour proche des milieux d’industrie, ou précisément parce qu’elle l’était et que les industries commençaient d’avoir à pâtir de la bourse…) ?

Même diversité des voix à propos de la « Françafrique ». Le même Henri Guaino, écrivant avec succès d’auditoire qui se manifesta dès le discours fondateur, tel qu’il fut lu par le nouveau président de la République à Dakar, il y aura bientôt un an, mais aussi Claude Guéant et les réseaux qu’on se refile ou auxquels on est initié de présidence en présidence, et enfin probablement la « cellule diplomatique » - pas forcément en phase avec le Quai d’Orsay. Résultat, la France pour le moment est ductile en Afrique et donc à propos de nombreuses crises, de la Côte d’Ivoire au Kivu.

Le Parlement enfin, la majorité… Jean-François Copé, nanti de beaucoup de présidences, candidat – sans humour – pour l’élection de 2017 – après des débuts irritants pour l’Elysée et pour lui aussi, a trouvé son rythme : il sert avec précision les desseins et annonces de Nicolas Sarkozy sur les sujets les plus sensibles : l’audiovisuel public, la suppression du département. Ce n’est plus lui qui rend diverse la majorité. Mais Bernard Accoyer, à plusieurs reprises – la dernière étant l’excellente suggestion d’un emprunt national soutenu par une amnistie fiscale en faveur des souscripteurs significatifs – est un apport aux réflexions gouvernementales : son inamovibilité pendant toute la législature lui permet cette liberté. Un député du rang, comme Hervé Mariton, défenseur du libéralisme, - il en faut, comme avocat du diable – apporte dans cette unanimité tenace qui change de contenu mais jamais d’expression et de comportement docile et moutonnier, le point d’interrogation nécessaire.

Mais des révélations pour notre environnement et pour nos partenaires.

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite va devenir un des très grands de ce monde en participant au G 20 de ces jours-ci. Cantonnés dans les questions stratégiques – Israël, l’Irak, l’Iran – le vieux souverain a la capacité mentale et l’assurance politique pour à lui seul représenter le Tiers Monde, et le pétrole a peu à y faire. Comme l’après-pétrole est la question vitale pour toutes les monarchies pétrolières, il est forcément propsectif, ce que nous ne sommes guère : la « gestion » de l’implosion soviétique et la novation de l’Alliance atlantique en 1991 et en 2001 l’ont bien montré. Gordon Brown joue aussi bien l’Europe – le libellé en euros du renflouement de ses banques, la matrice qu’il donne aux Vingt-Sept de tous les plans de « sauvetage », la proposition jusqu’à présent refusée mais qui forcément sera pratiquée de mettre sur pied des plans et des fonds européens – que le Golfe arabique. Il est vrai que ses positions récentes, plus celles de la Grande-Bretagne ataviquement ne lui facilitent pas les levées de fonds. Lui comme Barack Obama auront certainement gagné à la crise mondiale, pour leur avenir électoral. Enfin, et ce devient préoccupant, l’intégration des pays anciennement communistes ne s’est faite ni mentalement – la Pologne et la Tchéquie notamment pour les gestions internes et pour améliorer le fonctionnement de nos institutions – ni diplomatiquement – pays baltes et Pologne, elle encore, à propos des crises géorgienne et ukrainienne – ni financièrement : c’est le Fons monétaire international qui renfloue la Hongrie. L’Union perd de sa crédibilité, elle a manqué l’occasion historique de proposer à l’Islande et à la Suisse, en difficulté comme chacun, de la rejoindre sans négociations superflues : chacun aurait eu à y gagner.

Priscilla… la demoiselle de Monsoreau. La culture ambiante est telle que le « rapprochement » n’est pas faite. Un de mes amis d’adolescence en souffre particulièrement, sa sœur qui s’est suicidée, jouait le rôle en série télévisée. Jolie … nous avions été présentés – dans la rue, par sa mère, pétulante souvent – à ses seize ans, et moi pas vraiment plus. Puis la mort…


[1] - Paul aux Corinthiens VII 15 puis 51 à 57 ; Dies irae ; évangile selon saint Matthieu XXV 31 à 46

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