lundi 3 novembre 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 3 novembre 2008

Lundi 3 Novembre 2008

Fonctionnement du pouvoir : Nicolas Sarkozy

Guerre contre les juges : Henri Guaino, porte-parole

Ultimatum aux banques ou candidature présidentielle : François Fillon

Entretien avec le président de la République : on en reparlera

Etonnants Etats-Unis ?

Mauritanie en marche vers à nouveau vingt ans de dictature




Prier…halte et non commencement. [1] Paradoxe, Jésus vivant depuis des mois ou déjà deux ou trois ans avec ses disciples leur parle de sa venue. C’est en termes d’attente et de veille que nous devons nous comporter avec lui quelle que soit la forme de sa présence. C’était vrai pour les Apôtres, qui furent surpris par la Passion (et la Résurrection) dont pourtant le Christ leur avait souvent donné la prophétie factuelle et scripturaire. La venue décisive, c’est la sienne, ce ne sont pas ces événements grands ou petits qui nous assaillent – m’assaillent, assaillent ma chère femme – ou qui strangulent en ce moment notre époque. En bonne partie, parce que nous n’avons pas su/voulu prévoir. Préparer… vivre, c’est nous réparer et accompagner tous ceux qui nous sont proches, occasionnellement ou quotidiennement dans leur propre préparation. Et dès maintenant, nous sommes non seulement responsables de nous-mêmes (de notre salut) mais d’autres, le serviteur chargé du soin d’autrui. Préparation du gymnase, évoqué par Paul, qui aime les comparaisons physiques et a la vision pratique (les dimensions de Dieu, de Son amour). Courez de manière à l’emporter. Et d’exemple, son propre rapport à son corps. Les précautions d’aujourd’hui pour quelque ascèse que ce soit, alors qu’en conscience, tranquillement, nous savons bien ce qui nous libère et ce qui nous asservit. – Prier parce que le chemin monte et que je n’en sais pas les incidents, que proche et lointain à la fois le bel horizon où déjà nous sommes tous, d’où le contraste avec notre vie quotidienne, si décalée relativement à notre foi, surtout à notre espérance, notre certitude. De bonheur, de lumière, de chaleur, d’amour que nous saurons donner et recevoir.

Diversification, suite… ou lutte pour le pouvoir selon des règles et des rôles que je ne connais pas et que, je crois, l’on n’a pas moyen de connaître si l’on est à l’extérieur. Si bon investigateur ou journaliste que l’on soit, on n’a guère que des déductions, car ces acteurs ne livrent qu’eux-mêmes, à commencer le président régnant, et pas du tout les relations entre eux, encore moins leur relation au prince, dans le travail ou de personne. Que de témoignages sur les entretiens avec de Gaulle et combien la simplicité du travail à l’Elysée, à son époque, ou plutôt dans son esprit, a été dite. C’est à Matignon que l’on est plus proche du modèle fondateur, les collaborateurs ne parlent pas et ne sont pas exposés.

Henri Guaino lutte-t-il donc en ce moment pour le pouvoir ? naturellement son adresse à la justice sur l’affaire opposant désormais le président de la République aux magistrats, à propos d’une poupée, passe pour ce qu’elle est : intrusion du politique et de l’exécutif dans le fonctionnement du judiciaire, donc inadmissible. Celui des deux syndicats que n’a pas voulu recevoir le président de la République, lundi dernier, n’a pas raté la balle…

Entretien avec le président de la République, donc. Les syndicats de salariés reçus à l’Elysée. Le se crétaire général de la CFDT ne l’envoie pas dire : l’étonnement général des syndicats qu’en pleine crise, le gouvernement – jeu de rôle avec le parlementaire déposant l’amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale – repousse l’âge de la retraite (même facultatif) à 70 ans alors que les plans sociaux se multiplient avec comme principal moyen les mises en pré-retraite à 55 ans. Réponse… on en reparlera. Raymond Barre me disant – schématiquement – comment se vivaient ses entretiens, au moins mensuels, avec de Gaulle, quand il était le vice-président de la Commission du Marché Commun (façon de dire la Communauté, avant que cela s’appelle, moins bellement, l’Union). Le Général écoûtait sans interrompre, longuement, posait des questions de fait, puis – sans conclure – après la vingtaine de miunutes données d’entrée de jeu au visiteur : voici comment je vois les choses. Information, début de la déuction, axes de la décision qui – au niveau du président de la République qu’était l’homme du 18-Juin – n’était jamais que la résolution d’orienter l’action gouvernementale, et jamais de s’y substituer, l’essentiel se passant en tête-à-tête avec le Premier ministre, sauf en politique étrangère. Aujourd’hui, on en reparlera… le secrétaire général de F.O. depuis deux jours œuvre pour une journée qui allie public et privé, l’ensemble des syndicats se rencontre.

Le Premier ministre – ultimatum ? – déclare ce soir que si les banques ne jouent pas le jeu c’est-à-dire le crédit pour la croissance, l’Etat retire ses billes, dans un délai de huit jours, et l’on verra bien. Alors, une entrée dans le capital et une mise en jeu des dirigeants. François Fillon joue peut-être son destin présidentiel. C’est le bon sujet. Nicolas Sarkozy manque manifestement le sien en réclamant que le G 20 prenne des décisions concrètes et précises, d’application immédiate. La réforme du système financier international n’est pas le bâclage du traité de Lisbonne – dont d’ailleurs plus personne n’évoque la mise en vigueur…

Etonnants Etats-Unis ? pas de loi électorale unique, législation remontant à 2000 au plus loin dans quarante Etats, la liberté de propagande, de réunions, de publication et de commentaire des sondages jusqu’à l’instant de l’ouverture des bureaux de vote (200.000). Un tiers des électeurs a déjà voté avant cette ouverture : scanner, correspondance… Cela pour la forme. Pour le fond, la totalité des pronostics et des analyses sont pour Barack Obama, plus qu’une ère nouvelle, l’ouverture du paradis après huit années noires (sans jeu de mots, ils seront sans interdits à partir de mercredi matin), la ritournelle Martin Luther King + John Kennedy en un seul homme = le rêve américain, enfin. Je n’ai pour ma part pas entendu une seule apostrophe à l’adresse de l’étranger, du reste du monde censé être le champ de mission de la nation exemplaire. Quelques hésitations, sous prétexte de peur d’être déçu comme on l’a été en 2000 et en 2004, pour quand même rappeler que l’élection est indirecte, qu’il peut y avoir… personne, du moins en France, n’a noté la performance physique du septuagénaire tenant le rythme du quadra. – Le Monde daté de samedi, photo. en longueur. Obama à gauche marche vers une évocation de foule, mains tendues, visages figurés seulement, grande distance entre eux, fond noir, trois drapeaux américain. Les cérémoniaux à la Maison Blanche – depuis quand ? – pour les arrivées du président et de son hôte en conférence de presse. Le « fascisme », c’est-à-dire l’exaltation d’un décor intimidant, la souveraineté par l’image, la chose. On a fait évidemment mieux, Mussolini aux projecteurs, à cheval sur une éminence en Tripolitaine, et Hitler en bas d’un hémicycle humain dans une brasserie bavaroise, seul entouré par le demi-cercle d’une quinzaine de rangs en profondeur de jeunes garçons au regard passionné du merveilleux qu’il exhale, sérieux, sombre, unique. Nous nous avons le culte du vaudou, tarifé… et en appel.

Mauritanie… évolution. Je reçois des photos. d’une réunion à Zouératte commencée au coucher du soleil, ces cours sans toits, comme de vastes salles au parterre de sable, une table, trois officiants, les visages pensifs de tous, beaucoup d’originaires de la vallée du Fleuve (on dit aujourd’hui négro-africains, Moktar Ould Daddah oublié). Réunion contemporaine de celle des consultations, il y a quinze jours commencées avec l’Union européenne, en fait avec la France représentée par Alain Joyandet, notre secrétaire d’Etat à la Coopération. Pas de décision que de se revoir. S’il doit y avoir une visite française ces temps-ci à Noiuakchott, la meilleure date serait tout simplement kle cinquantenaire de l’option mauritanienne pour le statut d’Etat-membre de la Communauté, qui valut proclamation de la République Islamique de Mauritanie. La visite alors ne serait pas une enquête sur place pour « comprendre » le putsch, elle serait un retour aux sources.

Datée de ce jour-là, une lettre ouverte de trente-huit personnalités mauritaniennes à Nicolas Sarkozy. J’ai passé la soirée d’hier et la matinée de ce matin à l’annoter. Les signatures recueillies, sauf cinq ou six, ne sont pas probantes. Elles montrent au contraire la faiblesse du mouvement des militaires. Il s'agit de peronnalités connues pour avoir, dès la prise du pouvoir par la junte, affiché publiquement leur soutien sans la moindre réserve ou retenue. A l’exception du colonel Viyah Ould Maayouf, tous les anciens ministres cités ne l’ont été que sous un des régimes militaires. Aucun hartani, que quatre originaires de la vallée du Fleuve : trois Poular, un Soninké, aucun Ouolof. Les fonctions actuelles sont occultées au profit d'anciennes. Sur les 38 signataires, 17 sont originaires des deux Hodh, c’est-à-dire de l’Est mauritanien : personnalités connues pour leur soutien au régime en place autrement dit. Absence de membres de professions libérales ou de personnalités connues par leur passé démocratique ou leur engagement pour la défense des droits de l’homme. En réalité, aucun ralliement marquant à l’état de fait. Ce sont pour la plupart des concours au coup qui s’avouent. – Je lis cette lettre paradoxale comme une mise en garde de la France, présidente en exercice de l’Union européenne, contre les conséquences d’une persistance de sa réserve vis-à-vis du « changement » opéré le 6 Août 2008 ; signée le 20 Octobre, c’est-à-dire le jour-même de la première réunion de consultations entre la République Islamique de Mauritanie et l’Union européenne, l’omission des « états-généraux » et la mise en garde, sans indication quelconque d’une issue de crise sont bien une mise en demeure de respecter sans inventaire le libre-arbitre des Mauritaniens, pratiquement délégué aux militaires – selon une théorie particulière de la souveraineté nationale explicitement placée en tête de toutes les chartes constitutionnelles pustchistes.

Les choses ont du mal cependant à se soutenir. La lettre en question donne l’impression que le débat – car il y a débat, ce qui est nouveau pour l’instauration probable de la dictature – est entre civils. Jusques-là, les militaires ne se camouflaient pas, leur réunion était bien un comité ou un conseil militaire. Mohamed Ould Abdel Aziz tient à son grade dans toutes communications écrites et tous compte-rendu, mais il est en civil pour tout déplacement public, limité d’ailleurs à Nouakchott jusqu’à présent. Trois colonels se sont déplacés depuis jeudi dernier sans l’intérieur du pays comme si les autorités administratives dont il semble que peu aient changé depuis le coup, étaient insuffisantes pour entretenir et améliorer le « soutien » à la « rectification ». On est de nouveau à se justifier. Aucun de ces discours pas plus que la lettre ouverte n’évoque ces « états-généraux de la démocratie », hâtivement envisagés, trois jours avant la consultation de Paris. Cynisme et cependant timidité. Sauf pour la propagande par la démagogie, les prix alimentaires, le gaz en bouteilles baissés autoritairement sans que le mécanisme soit expliqué. Le bonheur des populations – sur instruction du président du Haut Conseil d’Etat, chef de l’Etat – mais muet. A suivre…


[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens IX 24 à 27 ; psaume LXXXIII ; Matthieu XXIV 42 à 47

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