lundi 10 novembre 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 10 novembre 2008

Lundi 10 Novembre 2008
La comédie des hommes, les signes présumés du pouvoir
Les "first ladies"
Cruauté et cynisme des réformes en France : que du texte et de la punition
Mauritanie : Messaoud Ould Boulkheir incarne la résistance
La crise "fait" bande dessinée, un gigantisme qui "fait" faux
Bravo pour ceux de Drouant

La route de pleine nuit, donc, pénible et angoissante jusqu’après Le Mans : doubler les camions avec une demi-seconde sans aucune visibilité, tenir seulement le volant droit tandis qu’on se trouve sous les trombes. M’est revenu le souvenir – du même genre – de mes retours de Blois vers Paris en Simca 1000, voiture peu sûre, en 1966. Le coup de vent annoncé, je l’ai donc eu sur la route, roulant autour de 120 kms/heure, puis une fois endormi ici cette nuit : assez impressionnant. – Prier… l’évangile seul, faute de mon fascicule, les textes à retrouver dans le missel mais sans calendrier… [1] Pour une fois, les Apôtres réagissent bien : le pardon mutuel est aussi affaire de foi, Seigneur augmente en nous la foi ! mais tombent sur un bec, Jésus diagnostique qu’ils en sont encore bien loin. A ne pas confondre avec la méthode Coué et le volontarisme, les deux apparences que se donnent les entêtés ou certains politiques. Pardon mutuel, amour mutuel et foi. Non, que ce soit en référence directe à Dieu, l’autre ne « comptant » en fait pas : où serait alors l’amour. Le relationnement à Dieu est autre, dans ce registre d’amour et de pardon, de tolérance et de compréhension mutuelles ; il est la sensation, la compréhension que nous tenons tout amour (et a fortiori son épanouissement) de la providence et de Dieu. Le plus grand don de Dieu, le premier valant tout ce qu’il peut, en sus, nous prodiguer (sysmétrie avec l’interrogation sur le plus grand commandement), c’est de nous donner l’amour, et – dans une vie qui manque de discernement, la mienne entre autres, mais je sais que nous en sommes souvent, chacun, un peu là – l’application de nos facultés amoureuses. Education aimante du tout-petit, Dieu nous donne une faculté, une pulsion, un goût, une inclination, c’est déjà beaucoup, Il y ajoute en nous poussant à aimer quelqu’un en particulier et de cette personne aimée, à aller au monde entier. Ne désespérons pas en amour, en charité, en foi : Dieu nous les prodigue. Sa protection et Sa sollicitude principales sont en cela.

La comédie des hommes tandis que la nature souffre et se venge. Quelle est notre réalité ? L’heure et quelque du président américain nouvellement élu reçu par le président sortant, et vérifiant en fait – ce que le reste du monde comprendra dans quelques mois – que les points communs sont bien plus forts et nombreux que les divergences : points communs, le messianisme et l’intérêt national, voilà pour la politique « extérieure » (qui n’est, pour les Etats-Unis) que la projection d’une foi sans les garde-fous d’une Eglise hiérarchique et surtout sans le bon sens de notre laïcité, et divergences : la réforme fiscale, ce dont sont effectivement incapables les pays européens par une unification bien travaillée de leurs vieux systèmes dominés par des atavismes anachroniques et peu stimulants pour l’initiative et le bonheur individuels. Ségolène Royal qui va – ce que j’ai toujours souhaité depui sa défaite – cumuler la direction du parti socialiste et la candidature à l’Elysée. S’appesantir sur les programmes est stupide : comment convenir maintenant de ce qu’il y aura à faire en 2012, au train où va le monde. Ce qui compte ce sont les réactions au jour le jour, à condition qu’elles soient trsè pensées et fruit d’une maturation et d’une expérience collective, collégiale, militante (le militantisme pour les sentiments et la contagions, certainement pas pour les recettes et programmes). Pourquoi ? parce que l’art de gouverner est plus encore de réagir que de prévoir : la prévision n’étant elle-même qu’une réaction anticipée. Toute conduite politique est face au vent. Leçon du Vendée-globe. Desjoyaux a la sagesse de perdre vingt-quatre heures en revenant réparer à l’expérience. Et parce que la question pour le parti socialiste, pour Ségolène Royal et pour la gauche n’est pas d’être idéologiquement sensée, mais bien de contstituer une opposition poussant le pouvoir actuel à bas… et prête à le remplacer à tout moment.

Les « premières dames » et « first ladies », les accueils en couple, les danses enlacées des vieux amants attendrissants sur la scène des campagnes électorales, la visite de la Maison-Blanche, ici le placdr à balais, là la cave à porto, quant aux c… ils sont au bout du couloir… donner matière à l’identification qui rend bouche bée et empêche la distance critique. Invention américaine, récente, Mammie Eisenhower. La mère du premier Roosevelt, la fille du second, la fille d’Adenauer, la fille de Mussolini. Chez les autres, c’est plutôt utilitaire ou attendrissant. Nos reines avaient un rôle constitutionnel, la régence et surtout la maternité du futur roi : elles étaient à la source de la légitimité politique de tout le système national et étatique. Chez nous, en République, censément, c’est donner un rôle, initié par Bernadette, pour soutenir l’époux en mal de popularité ou de communication… Carla Bruni-Sarkozy, dans Le Parisien, donnant des leçons à Berlusconi – la différence d’âge de celui-ci avec Obama expliquant sinon excusant sa dernière saillie, qui ne m’a pas choqué : une bonne part de l’ « Obamania » en Europe au moins tient au « look » du candidat et aussi à notre culpabilité de racistes et de colonialistes, bien peu à son programme. En revanche, Sarkozy passe, selon certains, La Croix entre autres, pour un pré-Obama, bousculant les clivages et éclatant de jeunesse. Croire aux masques – se fait ramasser par toute la presse italienne. Ne dit-elle pas qu’elle est contente de n’être plus italienne, ou tout comme. L’ancien président Cossiga, avec la finesse italienne que nous ne savons pas assez, à Paris, prédit qu’un jour viendra (son divorce assuré…) où elle sera heureuse de le redevenir.

L’odieux de ces « réformes » à répétition. André Santini, comme un pion de collège – avec la justice à ses basques ce qui ne le dérange pas, heureux, dit-il, que l’on creuse un peu – cherche à coincer, le vieux jeu des débats parlementaires des années 1950 et 1960, les « cégétistes » si lointains héritiers des communistes, en exhumant une lettre de Maurice Thorez préparant le statut général de la fonction publique et prônant la rémunération au mérite, et au passage imposant le concept de statut au lieu du système contractuel que souhaitaient les militants et qu’aujourd’hui le gouvernement rêve d’imposer. Chiche pour les hauts fonctionnaires et les indemnités de licenciement, le jugement des prudhommes pour les placardisés, au lieu d’un Conseil d’Etat qui est d’abord le conseil des gouvernants… Et cette préparation de l’opinion pour supprimer le département en arguant que les citoyens – selon André Santini – trouve l’architecture des administrations locales trop compliquée, lui qui en fait l’unité, avec d’autres, par les cumuls.

Un rapport Kaspie (« spécialiste » des Etats-Unis) sur les commémorations nationales, une douzaine au lieu de se concentrer sur trois : 14-Juillet, 8-Mai et 11-Novembre. Mais c’est dit dans la multitude des débats, cette floraison de commémorations est récente : 1999, avec les shoa, abolition de l’esclavage, et pourquoi pas l’invention – si décisive – de la péniciline… c’est d’enseignement historique et civique qu’il s’agit bien plus que de drapeaux aux monuments aux morts.

Donc, ces cruautés cyniques de ceux qui nous gouvernent pour réformer ce qui n’est qu’apparence et paraître ce qu’ils ne sont pas, bienfaisants et utiles. En regard, la psychologie collective qui s’affole. Ce garnement de onze ans qui se sent défiée par une enseignante qui n’est pas même la sienne, et qui, interpellée par son nom, a l’audace de lui demander le sien et de faire mine de confisquer un vélo, à défaut de réponse. Cette mère de famille et ses deux cadettes, torturant l’aînée parce qu’elle découche et refuse d’aller se marier à un inconnu sur l’autre rive de la Méditerranée. Et ces déraillements – à tous égards – les actes de sabotage sur le « réseau ferré de France ». Si ambigus, le soupçon que ce soit des agents de la S N C F qui se vengent, l’ambiance de privatisation, l’évident arrêt des investissements depuis le nouveau système, en fait depuis Alain Juppé, les voies, les caténaires. Un employé dit que les conducteurs de train connaissent les points du réseau où d’un jour à l’autre tout peut tomber d’usure et d’obsolescence, alors on roule, moteur coupé… un syndicaliste rapproche ces actes de ceux découverts le 21 Novembre 2007, le matin où s’ouvre la phase la plus délicate des négociations sur les régimes spéciaux de retraite. En ce moment, se concocte une confrontation du même genre : une grève générale d’une journée. L’enquête sur 2007 n’a pas avancé d’un millimètre. Collusion ? défiance ? amalgame ? ce qui se détraque, c’est la collectivité, le sens du bien commun.

Mauritanie… le président de l’Assemblée nationale m’assure que la convocation en session ordinaire s’est faite sans sa signature. Le voici sans doute au pied du mur, tous les moyens vont se trouver pour le faire déchoir de son « perchoir ». La dictature s’est tranquillement installée. Ne disons pas que ce sont les « ultimata » de l’Union africaine – expiré le 6 Octobre – ou celui de l’Union européenne – expirant le 20 Novembre – qui ont provoqué cette installation ; ils ont été le prétexe à la construction d’une soi-disant unanimité nationaliste contre l’ingérence. Il y en aurait eu d’autres.

Côte d’Ivoire… énième report de l’élection présidentielle, ainsi Gbagbo est-il « prolongé » de fait depuis trois ans, c’est encore « mieux » qu’une dictature, puisque ce semble avalisé par tout le monde sur le terrain et aux Nations Unies.

Cent cinquante milliards pour assurer le premier réassureur des créances immobilières aux Etats-Unis qui affiche avant mise sous tutelle de l’Etat fédéral, vingt-cinq milliards de perte. General Motors, Ford et Chrysler, en faillite si le contribuable ne met pas la main à la poche. Alors que l’évidence serait de lui faire acheter des voitures à bon marché pour que reparte la boîte. C’est tellement gros que cela semble bande dessinée. Comment croire que des empires centenaires et des dogmes inculqués de force depuis une bonne génération, et gobés par les pays anciennement communistes, qui plus est, soient soudain engloutis, périmés, du fait même de ces dogmes. Ceux dont je suis qui souhaitaient leur écroulement n’en croient pas leurs yeux, quand à ceux qui y croyaient ou les subissaient – tous résignés – ils mettront des années à s’y faire. Ce qui veut dire que la reconstruction va se faire sans plan ni contrôle et que le résultat sera encore plus précaire que ce qui disparaît sous nos yeux. Les « barres d’immeuble » en banlieue, un bouton pressé et comme dans Tintin, l’une des dernières inventions de Tournesol, cela s’effondre aussi lentement et inexorablement que s’élève à Baïkonour ou ailleurs une fusée spatiale.

Les cyclones sur les Caraïbes, et ces « coups » de vent cette nuit… Phénix ne recharge plus ses batteries, nous avons perdu le contact avec la planète Mars, mission qui était si prometteuse, la collecte des échantillons pour un retour sur la Terre.

Fierté cependant : le prix Goncourt, le prix Renaudot. Atiq Rahimi, agréable à entendre, certainement corrosif selon son éditeur P.O.L. et surtout selon ce qu’il affirme et démontre, inventer sa propre langue au sein d’une langue qui n’est pas nativement la nôtre. Quel hommage ! le thème, je suis moins, tant d’autres drames que le sort de la femme et foi surtout que la femme plus forte que l’homme, est capable d’insurrection, indépendamment même de l’amour, ou en tout cas assez indirectement. Et Tierno Monémembo, cette Guinée martyre, de dictature en dictature : son idée de raconter quasiment le contraire, un pionnier de la colonisation à ce que je comprends. Discernement de ce jury, et bien évidemment reconnaissance à ceux qui aiment et pratiquent notre langue.Fierté cependant : le prix Goncourt, le prix Renaudot. Atiq Rahimi, agréable à entendre, certainement corrosif selon son éditeur P.O.L. et surtout selon ce qu’il affirme et démontre, inventer sa propre langue au sein d’une langue qui n’est pas nativement la nôtre. Quel hommage ! le thème, je suis moins, tant d’autres drames que le sort de la femme et foi surtout que la femme plus forte que l’homme, est capable d’insurrection, indépendamment même de l’amour, ou en tout cas assez indirectement. Et Tierno Monémembo, cette Guinée martyre, de dictature en dictature : son idée de raconter quasiment le contraire, un pionnier de la colonisation à ce que je comprends. Discernement de ce jury, et bien évidemment reconnaissance à ceux qui aiment et pratiquent notre langue. – Peut-être est-ce pour cela que mon cher Michel Jobert rêvait de faire partie de cette « académie »-là, plutôt que l’autre où je fis cependant, à son insu, campagne pour lui : c’était encourageant.

[1] - Luc XVII 1 à 6

Aucun commentaire: