Disant
plus bas ce que je vois et ressens, en permanence et qui se ravive à chaque
moment tels que ceux de ces jours et nuits, je résume tout de suite ce que je
crois l’état souhaitable pour la coexistence de deux peuples :
1° un Etat unitaire dans les frontières de l’ancien mandat
britannique sur la Palestine
2° laïque parce que multi-confessionnel
3° où la protection, la sécurité, la promotion des deux principales
ethnies, juive et arabe, seront affaire des juridictions de cet Etat compétentes
pour les droits de l’homme, et administrant droit civil et droit pénal, au lieu
d’expéditions punitives d’un Etat constitué sur des populations sans
administration ni développement propres
4° garantie non plus politique et non écrite de quelques puissances,
mais recours ultime à une juridiction supranationale, qui pourrait être la Cour
européenne des droits de l’homme, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe
pouvant accueilir par exception et adoption un Etat, géographiquement
extra-européen mais berceau de la civilisation européenne
5° en tiers symbolisant la confluence des civilisations, des
histoires et de toute foi, la résidence à Jérusalem du pape de l’Eglise
catholique romaine, les bureaux de celle-ci pouvant rester à Rome
6° Jérusalem sous administration internationale pour le civil et le
sécuritaire, et gérée par les représentants des trois religions monothéistes
pour les Lieux-Saints, la recherche scripturaire, l’édiication ensemble d’une
autorité morale pouvant valoir mondialement
Bien entendu, Israël qui est en situation de
sur-force depuis quarante-sept ans (monopole nucléaire – soutien politique,
militaire, financier inconditionnel par la première puissance militaire et
financière du monde actuel – adversaire sans consistance territoriale, sans
personnalité juridique internationale, sans unité politique, sans véritable
soutien de ceux qui se prétendent frères de race et de religion) peut
aujourd’hui et pour quelque temps encore, inventer et mettre en place cet Etat
lui succédant par ouverture de soi. Intelligence de l’avenir, et non trahison
de ce que l’on est : c’est le même mouvement que devrait initier la
France, parmi ses partenaires de l’Union européenne, en réclamant pour celle-ci
la démocratie directe et donc l’organisation et les compétences fédérales.
L’homme d’Etat, le pays qui – le premier –
dira cela, sera prophète, et donnera une ligne d’horizon et un critère
d’appréciation, l’avenir et le présent commenceront de dialoguer. Les époques
de guerre sont celles où les prophètes naissent : la France en sait
quelque chose et ceux d’entre les siens qui se sentent en solidarité
d’âme et de corps avec l’Etat d’Israël, pourraient, peuvent, doivent peser sur
les dirigeants de cet Etat. Israël, dans sa forme étatique et dans sa gestion
des relations avec ses co-habitants palestiniens, ne doit plus être prétexte à
l’antisémistisme. L’effet d’une conversion n’en sera qu’à terme. L’actualité paraîtra
rétrospctivement comme seulement du retard, si dramatique qu’elle soit. Ainsi
les deux guerres mondiales au XXème siècle sont-elles aujourd’hui considérées
comme une guerre civile, les frères ne se reconnaisant pour tels qu’ensuite…
scène du cimetière dans A l’ouest, rien
de nouveau…
Palestine : situation .
perspectives . avenir
La situation est habituelle, les réactions le sont
aussi. Un incident, naguère jets de pierre quand le futur Premier ministre
israëlien, Ariel Sharon, un mauvais jour, vient sur l’esplanade des mosquées…
ces semaines-ci, les trois jeunes israëliens faisant du stop en territoires
occupés, leur assassinat, et en représailles, aussi anonymes que le crime
originel (sauf que Caïn et Abel…), un jeune palestinien brûlé vif. Il y aura
d’autres allume-feu, c’est atrocement le cas de l’écrire. Réactions : le
prêche de la « communauté internationale » qui n’a d’existence, à
toutes époques, que dans une communion non écrite et non dite, celle de la peur
que quelque chose dégénère assez pour les atteindre personnellement. On disait
mieux autrefois : la « conscience universelle ». D’où la
remarque et l’argument de propagande du papier que j’ai reçu hier (pour qui se bat Israël ? – un
essayiste dont je n’ai jamais entendu parler et n’ai donc encore rien lu).
Donc, le prêche de la retenue et la langue de bois sur le processus de paix, on
n’ose plus dire les accords d’Oslo, quant à la résolution 242 (opportunément
rappelée par le Mouvement politique d’émancipation popilaire : elle st
d’inspiration directe du général de Gaulle). L’oubli complet de ce qu’Israël
viole le droit international le plus explicite par son occupation de la
Cisjordanie, et tous les engagements qui lui sont périodiquement rappelés (mais
sans sanctions) : l’arrêt de la colonisation juive dans ces territoirs
occupés depuis 1967, et qui sont autant de casus belli : les trois jeunes
malheureux l’ont payé de leur vie. Le « bloc » intellectuel en
France : les tenants naguère de l’Algérie française, nostalgiques de Vichy
(pour ce qu’ils en avaient compris), antisémites de tradition mués en
arabophobes, puis en islamophobes, version actuelle, reconnaissables à des
réflexes immanquables, haine de tout gouvernement étiqueté de gauche même si
foncièrement celui-ci dirige à droite, haine des homosexuels et de toute
retouche au droit ou aux jurisprudences mettant la société et la bio-éthique à
portée de toutes et tous, sans plus de discrimination, etc… Dénonciation
véhémente par les intégristes du patriotisme, de l’identité nationale et du
catholicisme de ce qu’ils considèrent comme l’intégrisme socialo-maçonnique et
l’invasion imminente du djihad prenant, chez nous, revanche de Charles Martel
et de sa victoire à Poitiers, nous islamisant de force comme Charlemagne
baptisait les Saxons. L’histoire et la politique en images mettent les gens
dans la rue quand il n’y a plus ni syndicats ni partis de quelque
chalandise : la manif.pour tous, la réaction faute de fond, faute de
présence, faute de médias ayant mémoire, personnalité, curiosité non convenues.
Résultats, ces jours-ci, énième manifestation en
France du communautarisme à l’initiative de quelques Français juifs et d’une
part de leur hiérarchie religieuse et de leurs organisations représentatives.
Sans enquête et même – semble-t-il – à l’exact contraire de la vérité, il est
décidé que les manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza sont des
appels au saccage des synagogues parisiennes et franciliennes, et seront donc
interdites. Ce qui état naguère de la communication du préfet de police devient
la parole du président de la République. Comme en tout temps quand le vent est
debout et la visibilité faible, il reste cependant de grands serviteurs de
l’Etat pour illustrer le bon sens et maintenir l’honneur, ainsi à Marseille où
l’on a la maîtrise des situations et du maintien de l’ordre, et où – par
conséquent – les manifestations sont autorisées.
Résultats… évidemment pas la paix. Une
explication-propagande donnée en boucle depuis trois jours : des
terroristes d’un côté, une puissance débonnaire défendant la vie des siens,
sinon du « monde libre ». Lequel pour réduire les extrêmistes envahit
l’Afghanistan, sans résultat au bout de treize ans, l’Irak, sans résultat au
bout de onze ans, et s’appuie en Afrique sur des dictatures, retrouve en Syrie
comme son allié celui qui était l’ennemi par excellence des droits de l’homme,
voire l’instrument habilement trouvé de l’homme fort à Moscou, lequel a sur les
bras et la conscience le génocide tchétchène (encore des musulmans). Une
situation binaire qu’avaient éclairé ls conversations d’Oslo il y a vingt-cinq
ans et peut-être il y a un mois la prière des trois religions au Vatican, à
l’initiative spontanée et donc inspirée du pape Français voyageant en Terre
sainte, pour les chrétiens, en Palestine divisée et déchirée pour tout le
monde. Cette situation – autrefois – avait fait imaginer la paix entre deux
Etats, à terme égaux juridiquement, sinon en armements et en potentiel
économique, du moins en soutiens financiers, les Etats-Unis faisant à chaque
époque de guerre de la balance des paiements israëlienne un chef d’œuvre
d’excédent, l’Union europénene payant les fonctionnaires de l’Autorité
palestinienne. Seulement… Israël n’a pu accepter vraiment qu’émerge un jour un
Etat palestinien et même la semi-admission d’une Autorité palestinienne à
l’UNESCO a été considérée comme un désastre, une erreur, une injustice, un
péril immédiat pour « l’Etat hébreu ». Donc pas d’Etat palestinien.
Pas même une autorité qui en soit une puisque les Palestiniens sont divisés en
au moins deux fragments de territoires, sans continuité territoriale que les
chemins de ronde et le mur israëlien. Et puisque l’apparition du Hamas en
entité politique rivale du Fatah a été considérée par Israël avec faveur, sinon
comment aurait-il récusé toute réconciliation entre les deux partis
palestiniens. Prétendre négocier mais tout faire pour n’avoir pas
d’interlocuteur, vient de se répéter à Gaza. Il y avait un semblant d’unité
politique, que ce soit ou non en rapport avec l’inimitié puis la réconciliation
vis-à-vis de Ramallah. Voici le Djihad. Israël a maintenant à faire avec trois,
au lieu de deux représentants des Palestiniens.
La perspective est que depuis quarant-sept ans le
droit au retour, sur lequel se sont fondés les Juifs entre les deux guerres
mondiales et ensuite pour créer l’Etat sioniste, pourtant récusé par de grands
résistants juifs à Hitler, comme le chancelier autrichien Bruno Kresky qui à
son époque fit donner droit de cité à Yasser Arafat, est refusé aux
Palestiniens par cet Etat nouveau. Et continue de l’être. Gaza est toujours
sous blocus. On l’a revécu en 2010 et si les négociations de trêve, proposées
par le nouveau dictateur égyptien, ont échoué, c’est bien à ce propos. Ministre
des Affaires étrangères, Michel Jobert, pour atténuer le cri d’amiration du
Premier ministre français d’alors, Pierre Messmer, quand à force de soutien
aérien direct par les Américains, Israël parvint à repousser l’attaque-surprise
d’Anouar-el-Sadate en Octobre 1973 (ce qui donna à ce dernier assez de prestige
dans le monde arabe pour ensuite atterrir en colombe chez l’adversaire), sut
demander, avec candeur : est-ce être agressif que de vouloir rentrer chez
soi ?
La peur est des deux côtés, c’est elle qui engendre le
pire et l’inconnu. La peur physique à Gaza, pathétique témoignage, certainement
plus fort que les assertions du porte-parole d’Israël, d’une jeune professeur
d’anglais, parfaitement francophone : compte-rendu de dialogues avec sa
petite fille, qui ne peut plus dormir, les bombardements. Pas encore de combats
de rue. Quarante mille réservistes rappelés la semaine dernière, dix-huit mille
hier… Mais deux morts israëliens pour l’opinion qu’on croit mondiale alors que
l’Asie entière, l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine se f… de ce conflit
israëlo-arabe, devenu israëlo-palestinen puis les Etats arabes d’Afrique du nord
et les monarchies pétrolières sont devenues au mieux indifférentes, deux morts
israëliens « pèsent » plus ! que deux cent morts palestiniens,
deux militaires plus que des dizaines d’enfants. La peur était un
« principe de précaution » pour Israël depuis une guerre des
Six-Jours qui changea le regard de ses ressortissants sur eux-mêmes. Elle peut
bouleverser très vite la vie quotidienne des habitants d’Israël. Les missiles
de Gaza tombant sur Tel-Aviv ont commencé de faire fuir quelques touristes
Français (juifs, put-on supposer). Les tunnels que recherche Tsahal peuvent
devenir une des voies d’infiltration en Israël de kamikaze. Ce qui a vaincu les
armes « occidentales » en Afghanistan, ce sont les kamikazes
introduits dans les casernes de l’OTAN. Ce qui manifeste l’échec américain en
Irak est certes la transformation dn djihad de l’inimitié entre chiite et
sunnites du pays, mais ce qui a empêché depuis 2003 l’installation de quelque
pouvoir que ce soit, ce sont bien les attentats quotidiens et les milliers de
morts chaque mois, sans opérations organisées au sens conventionnel. Israël qui
ne serait plus une destination, Israël qui serait quitté pour un nouvel exode…
inimaginable ? je souhaite tout autre chose, un tout autre avenir. Pour
Israël, et pour le monde dont j’accepte qu’il soit responsable du destin
d’Israel, c’est-à-dire d’une vie de tous ensemble en Palestine. Genre de tâche
et de responsabilité apparemment du simple registre politique, en réalité tâche
et responsabilité disant que l’homme est spirituel, si physique et mortel qu’il
soit (et parfois bête… au sens de limité, et non d’animal).
Plus encore que la démographie, le temps travaille
contre Israël. Le précédent n’est pas tant celui des Croisés qui ne se
maintinrent pas deux siècles, mais celui des Seljoucides et d’un terrorisme
d’époque avec lequel il fut impossible de négocier parce qu’il était
mentalement d’un autre ordre que celui des politiques. Si l’on en vient là, ce
ne sera pas un plan des Palestiniens regardés – dès qu’après les Six-Jours, ils
cherchèrent à en appeler de la défaite des Etats environants, qui n’étaient pas
le leur – ce sera l’erreur de dirigeants israëliens constamment confortés par
des alliés à courte vue dans une légitimité que n’a pas l’Etat d’Israël. Rabin
le comprit, Sharon allait le comprendre, Peres (quoiqu’il ait fait bombarder le
second Cana le bref temps où il fut Premier ministre « alternant »)
le comprend, Nettanyahou lui-même n’avait pas il y a quelques jours comme
mouvement propre l’actuel réplique sur Gaza./.
Bertrand Fessard de Foucault
2matin du samedi 19 Juillet 2014
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