samedi 19 juillet 2014

Israël - Gaza - ce que je propose et ce que je pense





           


 Disant plus bas ce que je vois et ressens, en permanence et qui se ravive à chaque moment tels que ceux de ces jours et nuits, je résume tout de suite ce que je crois l’état souhaitable pour la coexistence de deux peuples :

1° un Etat unitaire dans les frontières de l’ancien mandat britannique sur la Palestine
2° laïque parce que multi-confessionnel
3° où la protection, la sécurité, la promotion des deux principales ethnies, juive et arabe, seront affaire des juridictions de cet Etat compétentes pour les droits de l’homme, et administrant droit civil et droit pénal, au lieu d’expéditions punitives d’un Etat constitué sur des populations sans administration ni développement propres
4° garantie non plus politique et non écrite de quelques puissances, mais recours ultime à une juridiction supranationale, qui pourrait être la Cour européenne des droits de l’homme, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe pouvant accueilir par exception et adoption un Etat, géographiquement extra-européen mais berceau de la civilisation européenne
5° en tiers symbolisant la confluence des civilisations, des histoires et de toute foi, la résidence à Jérusalem du pape de l’Eglise catholique romaine, les bureaux de celle-ci pouvant rester à Rome
6° Jérusalem sous administration internationale pour le civil et le sécuritaire, et gérée par les représentants des trois religions monothéistes pour les Lieux-Saints, la recherche scripturaire, l’édiication ensemble d’une autorité morale pouvant valoir mondialement

Bien entendu, Israël qui est en situation de sur-force depuis quarante-sept ans (monopole nucléaire – soutien politique, militaire, financier inconditionnel par la première puissance militaire et financière du monde actuel – adversaire sans consistance territoriale, sans personnalité juridique internationale, sans unité politique, sans véritable soutien de ceux qui se prétendent frères de race et de religion) peut aujourd’hui et pour quelque temps encore, inventer et mettre en place cet Etat lui succédant par ouverture de soi. Intelligence de l’avenir, et non trahison de ce que l’on est : c’est le même mouvement que devrait initier la France, parmi ses partenaires de l’Union européenne, en réclamant pour celle-ci la démocratie directe et donc l’organisation et les compétences fédérales.

L’homme d’Etat, le pays qui – le premier – dira cela, sera prophète, et donnera une ligne d’horizon et un critère d’appréciation, l’avenir et le présent commenceront de dialoguer. Les époques de guerre sont celles où les prophètes naissent : la France en sait quelque chose et ceux d’entre les siens qui se sentent en solidarité d’âme et de corps avec l’Etat d’Israël, pourraient, peuvent, doivent peser sur les dirigeants de cet Etat. Israël, dans sa forme étatique et dans sa gestion des relations avec ses co-habitants palestiniens, ne doit plus être prétexte à l’antisémistisme. L’effet d’une conversion n’en sera qu’à terme. L’actualité paraîtra rétrospctivement comme seulement du retard, si dramatique qu’elle soit. Ainsi les deux guerres mondiales au XXème siècle sont-elles aujourd’hui considérées comme une guerre civile, les frères ne se reconnaisant pour tels qu’ensuite… scène du cimetière dans A l’ouest, rien de nouveau…



Palestine : situation . perspectives . avenir



La situation est habituelle, les réactions le sont aussi. Un incident, naguère jets de pierre quand le futur Premier ministre israëlien, Ariel Sharon, un mauvais jour, vient sur l’esplanade des mosquées… ces semaines-ci, les trois jeunes israëliens faisant du stop en territoires occupés, leur assassinat, et en représailles, aussi anonymes que le crime originel (sauf que Caïn et Abel…), un jeune palestinien brûlé vif. Il y aura d’autres allume-feu, c’est atrocement le cas de l’écrire. Réactions : le prêche de la « communauté internationale » qui n’a d’existence, à toutes époques, que dans une communion non écrite et non dite, celle de la peur que quelque chose dégénère assez pour les atteindre personnellement. On disait mieux autrefois : la « conscience universelle ». D’où la remarque et l’argument de propagande du papier que j’ai reçu hier (pour qui se bat Israël ? – un essayiste dont je n’ai jamais entendu parler et n’ai donc encore rien lu). Donc, le prêche de la retenue et la langue de bois sur le processus de paix, on n’ose plus dire les accords d’Oslo, quant à la résolution 242 (opportunément rappelée par le Mouvement politique d’émancipation popilaire : elle st d’inspiration directe du général de Gaulle). L’oubli complet de ce qu’Israël viole le droit international le plus explicite par son occupation de la Cisjordanie, et tous les engagements qui lui sont périodiquement rappelés (mais sans sanctions) : l’arrêt de la colonisation juive dans ces territoirs occupés depuis 1967, et qui sont autant de casus belli : les trois jeunes malheureux l’ont payé de leur vie. Le « bloc » intellectuel en France : les tenants naguère de l’Algérie française, nostalgiques de Vichy (pour ce qu’ils en avaient compris), antisémites de tradition mués en arabophobes, puis en islamophobes, version actuelle, reconnaissables à des réflexes immanquables, haine de tout gouvernement étiqueté de gauche même si foncièrement celui-ci dirige à droite, haine des homosexuels et de toute retouche au droit ou aux jurisprudences mettant la société et la bio-éthique à portée de toutes et tous, sans plus de discrimination, etc… Dénonciation véhémente par les intégristes du patriotisme, de l’identité nationale et du catholicisme de ce qu’ils considèrent comme l’intégrisme socialo-maçonnique et l’invasion imminente du djihad prenant, chez nous, revanche de Charles Martel et de sa victoire à Poitiers, nous islamisant de force comme Charlemagne baptisait les Saxons. L’histoire et la politique en images mettent les gens dans la rue quand il n’y a plus ni syndicats ni partis de quelque chalandise : la manif.pour tous, la réaction faute de fond, faute de présence, faute de médias ayant mémoire, personnalité, curiosité non convenues.

Résultats, ces jours-ci, énième manifestation en France du communautarisme à l’initiative de quelques Français juifs et d’une part de leur hiérarchie religieuse et de leurs organisations représentatives. Sans enquête et même – semble-t-il – à l’exact contraire de la vérité, il est décidé que les manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza sont des appels au saccage des synagogues parisiennes et franciliennes, et seront donc interdites. Ce qui état naguère de la communication du préfet de police devient la parole du président de la République. Comme en tout temps quand le vent est debout et la visibilité faible, il reste cependant de grands serviteurs de l’Etat pour illustrer le bon sens et maintenir l’honneur, ainsi à Marseille où l’on a la maîtrise des situations et du maintien de l’ordre, et où – par conséquent – les manifestations sont autorisées.

Résultats… évidemment pas la paix. Une explication-propagande donnée en boucle depuis trois jours : des terroristes d’un côté, une puissance débonnaire défendant la vie des siens, sinon du « monde libre ». Lequel pour réduire les extrêmistes envahit l’Afghanistan, sans résultat au bout de treize ans, l’Irak, sans résultat au bout de onze ans, et s’appuie en Afrique sur des dictatures, retrouve en Syrie comme son allié celui qui était l’ennemi par excellence des droits de l’homme, voire l’instrument habilement trouvé de l’homme fort à Moscou, lequel a sur les bras et la conscience le génocide tchétchène (encore des musulmans). Une situation binaire qu’avaient éclairé ls conversations d’Oslo il y a vingt-cinq ans et peut-être il y a un mois la prière des trois religions au Vatican, à l’initiative spontanée et donc inspirée du pape Français voyageant en Terre sainte, pour les chrétiens, en Palestine divisée et déchirée pour tout le monde. Cette situation – autrefois – avait fait imaginer la paix entre deux Etats, à terme égaux juridiquement, sinon en armements et en potentiel économique, du moins en soutiens financiers, les Etats-Unis faisant à chaque époque de guerre de la balance des paiements israëlienne un chef d’œuvre d’excédent, l’Union europénene payant les fonctionnaires de l’Autorité palestinienne. Seulement… Israël n’a pu accepter vraiment qu’émerge un jour un Etat palestinien et même la semi-admission d’une Autorité palestinienne à l’UNESCO a été considérée comme un désastre, une erreur, une injustice, un péril immédiat pour « l’Etat hébreu ». Donc pas d’Etat palestinien. Pas même une autorité qui en soit une puisque les Palestiniens sont divisés en au moins deux fragments de territoires, sans continuité territoriale que les chemins de ronde et le mur israëlien. Et puisque l’apparition du Hamas en entité politique rivale du Fatah a été considérée par Israël avec faveur, sinon comment aurait-il récusé toute réconciliation entre les deux partis palestiniens. Prétendre négocier mais tout faire pour n’avoir pas d’interlocuteur, vient de se répéter à Gaza. Il y avait un semblant d’unité politique, que ce soit ou non en rapport avec l’inimitié puis la réconciliation vis-à-vis de Ramallah. Voici le Djihad. Israël a maintenant à faire avec trois, au lieu de deux représentants des Palestiniens.

La perspective est que depuis quarant-sept ans le droit au retour, sur lequel se sont fondés les Juifs entre les deux guerres mondiales et ensuite pour créer l’Etat sioniste, pourtant récusé par de grands résistants juifs à Hitler, comme le chancelier autrichien Bruno Kresky qui à son époque fit donner droit de cité à Yasser Arafat, est refusé aux Palestiniens par cet Etat nouveau. Et continue de l’être. Gaza est toujours sous blocus. On l’a revécu en 2010 et si les négociations de trêve, proposées par le nouveau dictateur égyptien, ont échoué, c’est bien à ce propos. Ministre des Affaires étrangères, Michel Jobert, pour atténuer le cri d’amiration du Premier ministre français d’alors, Pierre Messmer, quand à force de soutien aérien direct par les Américains, Israël parvint à repousser l’attaque-surprise d’Anouar-el-Sadate en Octobre 1973 (ce qui donna à ce dernier assez de prestige dans le monde arabe pour ensuite atterrir en colombe chez l’adversaire), sut demander, avec candeur : est-ce être agressif que de vouloir rentrer chez soi ?  

La peur est des deux côtés, c’est elle qui engendre le pire et l’inconnu. La peur physique à Gaza, pathétique témoignage, certainement plus fort que les assertions du porte-parole d’Israël, d’une jeune professeur d’anglais, parfaitement francophone : compte-rendu de dialogues avec sa petite fille, qui ne peut plus dormir, les bombardements. Pas encore de combats de rue. Quarante mille réservistes rappelés la semaine dernière, dix-huit mille hier… Mais deux morts israëliens pour l’opinion qu’on croit mondiale alors que l’Asie entière, l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine se f… de ce conflit israëlo-arabe, devenu israëlo-palestinen puis les Etats arabes d’Afrique du nord et les monarchies pétrolières sont devenues au mieux indifférentes, deux morts israëliens « pèsent » plus ! que deux cent morts palestiniens, deux militaires plus que des dizaines d’enfants. La peur était un « principe de précaution » pour Israël depuis une guerre des Six-Jours qui changea le regard de ses ressortissants sur eux-mêmes. Elle peut bouleverser très vite la vie quotidienne des habitants d’Israël. Les missiles de Gaza tombant sur Tel-Aviv ont commencé de faire fuir quelques touristes Français (juifs, put-on supposer). Les tunnels que recherche Tsahal peuvent devenir une des voies d’infiltration en Israël de kamikaze. Ce qui a vaincu les armes « occidentales » en Afghanistan, ce sont les kamikazes introduits dans les casernes de l’OTAN. Ce qui manifeste l’échec américain en Irak est certes la transformation dn djihad de l’inimitié entre chiite et sunnites du pays, mais ce qui a empêché depuis 2003 l’installation de quelque pouvoir que ce soit, ce sont bien les attentats quotidiens et les milliers de morts chaque mois, sans opérations organisées au sens conventionnel. Israël qui ne serait plus une destination, Israël qui serait quitté pour un nouvel exode… inimaginable ? je souhaite tout autre chose, un tout autre avenir. Pour Israël, et pour le monde dont j’accepte qu’il soit responsable du destin d’Israel, c’est-à-dire d’une vie de tous ensemble en Palestine. Genre de tâche et de responsabilité apparemment du simple registre politique, en réalité tâche et responsabilité disant que l’homme est spirituel, si physique et mortel qu’il soit (et parfois bête… au sens de limité, et non d’animal).

Plus encore que la démographie, le temps travaille contre Israël. Le précédent n’est pas tant celui des Croisés qui ne se maintinrent pas deux siècles, mais celui des Seljoucides et d’un terrorisme d’époque avec lequel il fut impossible de négocier parce qu’il était mentalement d’un autre ordre que celui des politiques. Si l’on en vient là, ce ne sera pas un plan des Palestiniens regardés – dès qu’après les Six-Jours, ils cherchèrent à en appeler de la défaite des Etats environants, qui n’étaient pas le leur – ce sera l’erreur de dirigeants israëliens constamment confortés par des alliés à courte vue dans une légitimité que n’a pas l’Etat d’Israël. Rabin le comprit, Sharon allait le comprendre, Peres (quoiqu’il ait fait bombarder le second Cana le bref temps où il fut Premier ministre « alternant ») le comprend, Nettanyahou lui-même n’avait pas il y a quelques jours comme mouvement propre l’actuel réplique sur Gaza./.


Bertrand Fessard de Foucault
2matin du samedi 19 Juillet 2014

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