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Sent: Tuesday, July 22, 2014 2:10 PM
Subject: exécutif européen ? ou peuple européen ?
Cher ami, Monsieur le Secrétaire
général,
je lis seulement
maintenant Le Monde daté du vendredi 18 Juillet, pages 1 et 2 sur
l'échec " à désigner un trio exécutif ".
Prenant à nouveau le risque de
vous encombrer, je résume ce qui confirme des suggestions et constats exposés
depuis 2006... aux divers candidats, chez nous, à l'Elysée, répétés en 2012, et
très souvent portés à l'attention personnelle du Président.
1° évidence.
L'Europe n'est pas seulement impopulaire, elle n'a plus de prestige dans ce qui
serait censé l'incarner. Les trois postes à pourvoir n'existent pas, faute de
prérogatives propres. Et selon le syndrome de Sigmaringen (valable chez nous
aussi bien du côté gouvernemental qu'à l'U.M.P.), moins il y a de pouvoir réel,
plus il y a d'appétit et de lutte pour le prendre. Dans toutes les crises depuis
l'institution d'un haut représentant, vice-président de la Commission, l'Union
européenne en tant que telle a été absente, faute de charisme de l'impétrante,
mais faute réellement d'accord et de définition entre les gouvernements sur ce
qu'il y a lieu de faire et d'être. Pierre Vimont, en qui j'espérais pour la
pratique, n'a sans doute rien pu faire. Le président du conseil tant qu'il est
désigné comme il l'est ne peut en imposer ni à l'intérieur, ni à l'extérieur. Je
ne connais pas le fonctionnement de l'Eurogroupe mais les statuts actuels de la
BCE ne doivent pas lui laisser grand chose que la surveillance de la classe en
l'absence du professeur
2° donc jeudi dernier, la
IVème République avec chaque participant "au sommet" ayant ses fins
propres en sus de celles qu'il croit bénéfiques ou nécessaires à son pays. Ces
modes d'existence, plus profondément encore que ces modes de fonctionnement,
nous tuent au moment où nous vivons de graves crises géo-stratégiques et ne
sommes nullement sortis de la crise de 2008 économique, bancaire, budgétaire et
à terme monétaire. Et où nous avons à faire face à la possible sécession
britannique alors que le traité de Lisbonne n'a pas repris les dispositions de
la Constitution VGE sur les modalités de sécession et de retour. Bien entendu,
la mendicité auprès de Juncker qui était intéressant et d'avenir jusqu'à ce
qu'il ait cru arriver plus sûrement en étant nommé par l'Allemagne, n'est pas
belle de notre part et ne sera pas productive. Quand nous aligniions Raymond
Barre, Jean-François Deniau, Jacques Delors et même Michel Barnier, il n'y avait
pas à négocier. On a fait croire aux opinions, en tout cas chez nous, que
l'élection du Parlement européen comportait une intense nouveauté : l'élection
directe du président de la Commission par les électeurs au Parlement !
3° les Etats-membres,
pays frontaliers de la Russie, même censément couverts par l'Alliance
atlantique, directement et aussi par l'implicite du traité de Lisbonne (en cela
critiquable puisqu'il nous annexe aux stratégies américaines), ont tout à
craindre, surtout s'ils ont des minorités russes. La Crimée séparée sans que le
reste du monde dise un mot... la voie directe entre l'oblast de Korolev
(ex-demi-Prusse orientale) et Petersbourg manque à Moscou (c'était pour l'Union
le pion idéal à avancer : si vous prenez la Crimée, nous bloquons les accès
terrestres de l'ex-Kaliningrad ; rien que l'évoquer aurait montré à Poutine que
nous pouvons combiner et tâter "le terrain", nous aussi). Le scenario de Munich
reste présent : Américains et Européens de l'Ouest faisant pression sur les
Baltes et la Pologne pour qu'ils "négocient" avec Moscou et que ne joue donc pas
l'alliance... C'est une question vitale pour eux. Et nous ne sommes pas
fiables.
4° c'est en rehaussant
les institutions, que l'on s'accordera non sur des dosages mais sur la
perspective : le bien commun européen. Non les personnes mais le dessein à
réaliser, donc à servir par ces personnes
L'exercice devient alors très
simple. Il ressort même de l'évidence :
- le président du Conseil
européen est élu au suffrage universel direct de tous les citoyens européens. Il
peut soumettre au referendum de tous les Européens tout objet dans les matières
prévues par le traité comme étant de compétence européenne. Il imposera ainsi
des consensus, l'Europe aura visage et voix à l'instar de toutes les autres
"puissances" y compris celle des "lobbies" et des grands groupes industriels,
financiers, technologiques d'aujourd'hui. Il répondra de nos
solidarités
- les enjeux monétaires et
budgétaires, fonctionnement souvent difficile des finances publiques, et prolixe
autant qu'imprudent des banques, ne peuvent plus être traités au coup par coup
et selon une dogmatique d'indépendance de la BCE : il faut un gouvernement
politique pour répondre de ces enjeux commandant notre avenir, donc redéfinir et
la Banque et l'eurogroupe et le président de celle-ci
- le Parlement devient
constituant d'autant plus que la sécession britannique y obligerait et que cette
sécession peut être évitée si le texte fondamental est autre(j'aimerais qu'on
dise Loi fondamentale européenne, ce qui plaira aux Allemands, plutôt que traité
qui ne se révise ensuite que selon les seuls gouvernements, ou que constitution,
puisque cela continue de faire peur)
- les listes de nuance et de
famille d'esprit diverses, pour former le Parlement européen, auraient à devenir
transnationales (les textes le permettent déjà, Duverger fut sinon élu du moins
candidat sur une liste italienne) et ainsi commenceraient des carrières
uniquement européennes et des pratiques polyglottes
- l'établissement dans chacun des
Etats-membres, à commencer par chez nous, d'un service national universel filles
et garçons fera le "mixage" social dont au moins en France nous avons besoin et
à quoi contribuait notre ancien "service militaire", pourra devenir pour une
partie du temps de service lui aussi transnational et préparera les générations
à venir à la "défense opérationnelle du territoire" (si perdue de vue), fera
donc l'esprit de défense national et européen, irriguera et re-démocratisera les
armées de métier, constituera enfin en un troisième temps du service la
ressource humaine pour des coopérations à l'extérieur de l'Europe,
principalement en Afrique subsaharienne, coopérations au développement et... à
la démocratie locale.
Je vous redonne un papier que
Commentaire a publié il y a deux ans, qui prend les choses par leur
fin.
Bien entendu, l'ensemble de cette
re-fondation est dans l'intérêt profond et permanent de la France. Quand la
France est en difficulté d'elle-même, l'Europe se rabougrit. Je pense que si
elle propose du grand aux opinions européennes, plus encore qu'aux gouvernants,
la France retrouve aussitôt son élan et l'imagination d'elle-même pour se
"récupérer" entièrement, y compris dans ses pertes en patrimoine (industriel,
technologique) et en attractivité.
Bien entendu, si le Président
fait cet appel, il égale Robert Schuman (le plan fut refusé au nom de Georges
Bidault par Falaize la semaine précédant l'arrivée d'Acheson à Paris pour y
exiger le réarmement allemand - Bourbon-Busset pour Schuman alors "seulement" au
Quai le donna presque sur le quai de la gare au président rentrant chez lui pour
le week-end. Celui-ci se décida en quelques heures et seul. Adenauer un mois
auparavant avait suggéré un peu cela dans un entretien publié par Le
Monde, mais venant de l'Allemagne... Monnet mit de la forme et la France
commença l'Europe). Je l'aimerais.
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