---- Original Message -----
From:
Sent: Saturday, July 05, 2014 9:07 AM
Subject: Re : allez apprendre ce que veut
dire cette parole - textes du jour
Ami fidèle,
Ayant détesté la
présidence de NS et ses manières de voyou, je suis pourtant doublement choqué
par le traitement de ses affaires judiciaires.
Le parquet
n'avait pas besoin de l'humilier par une garde à vue destiné à le faire
« craquer sous la lampe », puis de le transferer après minuit en
voiture de police. La chancellerie et les juges ont piétiné la fonction
d'ancien chef de l'Etat, de membre du Conseil Constitutionnel et de
Grand'Croix, faisant bonne mesure avec le traitement pareillement réservé à
deux procureurs de la cour de Cassation.
Mon père, qui a
participé à un comité d'épuration de la préfectorale à la Libération, me
racontait qu'il cuisinait durement le Préfet mais seulement de nuit dans les
caves de la Préfecture ; dans la journée, il lui donnait respectueusement
du « Monsieur le Préfet » devant ses collaborateurs et personnels,
veillant à dissocier le présumé gredin de la fonction.
J'ai aussi été
choqué par les propos de NS mettant en cause les deux juges d'instruction pour
vengeance et partialité. C'est indigne d'un ancien PR, doublement magistrat
lui-même puisqu'avocat et membre du Conseil Constitutionnel.
Enfin, je suis
surpris par la haine et la satisfaction des personnes que j'interroge autour de
moi « c'est bien fait, il n'a ce qu'il mérite »
Ma fille me
demande « dis, c'est vraiment grave ce que NS a fait ? » Réponse
pas simple.
La
judiciarisation de la politique spectacle est affligeante et je me demande si
au train où vont les choses, le prochain ancien Président de la République
victime de traquenards ne finira pas en prison.
Affectueusement,
----- Original Message -----
To:
Sent: Sunday,
July 06, 2014 10:09 AM
Subject: votre appréciation-réaction sur les
"affaires judiciaires" de Nicolas Sarkozy
Je vous ai lu, cher --- , avec intérêt. Je pourrai vous répondre
très en détail et longuement, car pour moi la question n'est pas le
fonctionnement de l'institution judiciaire dont je n'ai qu'une connaissance
théorique assez faible, étant de formation droit public, et une connaissance
pratique que selon de très nombreux procès au judiciaire avec des banques et
des assurances, en contentieux administratif pour ma placardisation, en
correctionnelle du fait de mes chiens, en Cour européenne à plusieurs reprises
mais en ne franchissant pas le seuil de la recevabilité. Comme
tout un chacun, qui y recourt, je veux que mon droit soit reconnu. Il l'a
rarement été, pour des affaires concernant ma chère femme, encore moins. Je ne
mets pas pour autant en cause l'institution, ni sa compétence, ni sa manière de
former les siens, ni même un tribunal quelconque. J'ai tendance à mettre en
cause les tournures d'esprit et évidemment les avocats d'un bord et de l'autre.
Conclusion à laquelle se tenir mais ce n'est pas toujours possible surtout
quand a commencé un évolution nous faisant entrer en dépendance d'autres
: mieux vaut ne pas avoir de procès, ni matière à procès.
La question est pour moi l'institution présidentielle.
" C'est grave, ce qu'il a fait, Nicolas Sarkozy ? ". La
réponse est simple et tient en deux chefs d'accusation.
1° Il a perverti - sans doute irréversiblement, puisque cela
continue après lui - l'exercice de la fonction présidentielle : touche-à-tout,
ignorance des soécificites de chaque institution et de chaque organe des
pouvoirs publics, mépris des personnes, non-conscience de ce qu'est l'état de
droit, comportement apparemment fondé sur une analyse que tout commence avec
lui et que tout peut dépendre de lui seul. - sans doute avant lui, y avait-il
eu deux infléchissements décisfs du legs gaullien : la cohabitation au lieu de
la démission du Président s'il n'a plus de ressources pour obtenir ou conserver
la majorité parlementaire lui permettant d'avoir un gouvernement qui soit le
sien ; l'alignement de la durée du mandat présidentiel sur celle du mandat de
l'Assemblée nationale, surligné par une chronologie désormais obligée faisant
dépendre le second du premier, ce qui fossilise la vie publique pour cinq ans
chaque fois, sans recours ni représentativité.
2° Il y avait eu du sans-gêne chez Chirac à toutes époques de sa
carrière et dans toutes positions, sauf quand il fut à l'Elysée. Il a fait
payer d'autres, notamment Alain Juppé. Emplois fictifs, cassette Méry,
financements de campagne probables par l'étranger (l'Irak). Il y a eu et il y
aura de l'imprudence de la part de Strauss-Kahn étant donnée son addiction.
Chez NS, cela a été à répétition, et jusqu'à présent, il est "passé entre
les gouttes" ce qu'il a fait remarquer mercredi soir. Avec comme tendance,
peu commentée, de faire du "pas pris" la réaité de son innocence. De
celle-ci, il ne proteste qu'en général, sans jamais aller au fond de chacune
des affaires dans laquelle il a joué un rôle : Karachi, Tapie, Bettencourt,
sondages pour l'Elysée, financements de chacune de ses campagnes, fadettes
d'écoute de journalistes, j'en passe certainement et je prévois qu'il échappera
encore pour chacune de ces affaires en cours, mais "tombera" pour un
tout petit imprévu. Il a perverti les siens en donnant l'exemple, Guéant payé
en liquide pour le putsch mauritanien, Bygmalion devenant moeurs courantes dans
son parti.
La procédure. Villepin, étant Premier ministre,
a fait l'équivalent de la garde à vue, une journée entière à propos de
Clearstream. Je ne crois pas qu'il y ait eu vice de procédure à aucun moment,
les juges n'auraient pas pris ce risque. Il y a eu, c'est vrai, application des
textes, au plus strict et sans le moindre égard pour la personne, à raison du
passé. Fallait-il des égards ? Je ne le crois pas. La République de 1871 à 2000
a fonctionné avec une absence totale de statut présidentiel, à traiter selon le
droit commun, sauf le cas de haute trahison ou ce que la politique permettrait
d'y assimiler : la Haute-Cour comme pour tout ministre ou parlementaire en
exercice, avec votation politique pour y être attrait. Noter que Nicolas
Sarkzoy a démissionné - de rage - du Conseil constitutionnel et que son grade
dans la Légion d'honneur ne lui a été donné qu'à titre fonctionnel et donc du
seul fait de son élection.
Nicolas Sarkozy a abusé de sa fonction, spectaculairement,
répétitivement et s'est conduit avec l'assurance de l'impunité. Or, plus que
tout autre, il a revendiqué sa responsabilité : je prends mes responsabilités,
je ne fuis pas mes responsabilités. Ce qui doit se lire dans une psychologie
qui a gagné tous les politiques en France : c'est moi qui décide et nul autre,
alors que cela devrait se lire : j'ai conscience que ce que je fais ou ne fais
pas (et mes dires sont aussi des actes) peut être sanctionné, pas seulement par
ma non-réélection, mais selon des procès dont procédures, enceintes et droit
applicable existent préalablement à ce que je commets. Il a été l'exemple-même du
mépris de la morale et des lois, il faut que tout de la procédure à la sanction
soit exemplaire. Jusqu'à présent, même ses dettes de campagne sont réglées par
d'autres. Il faut donc cet ensemble qui humilie certes mais qui est équitable,
qui humilie la personne mais grandit la fonction en la situant mieux. Les
fonctions passées, quand elles ont été mal exercées selon le droit commun, et
non selon une appréciation politique contingente, sont sans doute
identifiantes, elles n'excusent rien au moment de payer. Pas d'exonération, pas
d'immunité viagère.
J'aimerai que puisse être mis en cause à tout moment le
maintien au pouvoir de celui à qui cela a été donné par élection, qu'il y
ait possibilité réelle de révocation. Qu'il y ait en fin de mandat un
quitus qui s'accorde ou se refuse, en politique. En ce sens, j'approuve
totalement les 41 "frondeurs", et il serait logique qu la
majorité parlementaire se retourne contre Hollande pour trahison de la gauche. L'incompétence
et plus encore le manque de personnalité, de caractère pour faire le poids en
têtre-à-tête vis-à-vis de ses homologues ou des grands patrons français ou
étrangers, n'étant pas de ce registre et renvoyant au contraire au manque de
discernement des électeurs, dont je suis.
Je souhaite un procès de droit commun, affaire par affaire, pour
Nicolas Sarkozy selon le registre où il a manqué aux Français. Malgré ses
dénégations. Il faut la morale publique, on ne peut la prêcher pour autrui,
pour l'adversaire, pour les "jeunes des quartiers et banlieues" tout
en s'estimant, soi-même, au-desus d'elle.
Je souhaite un procès politique pour François Hollande en trahison
de son "étiquette", malgré ses dénégations. Il faut qu'une grande
famille d'esprit en France retruve son authenticité et sa force donnant de
l'espérance au grand nombre et de l'imagination à ceux qui doivent y
répondre. La droite est plus sincère, elle ne revendique plus de lien avec de
Gaulle ni avec aucune de nos traditions, elle avoue n'avoir aucune identité et
ne revendique que le pragmatisme et parfois la compétence (qu'elle n'a en
réalité pas plus que ses adversaires).
Donc pour conclure, carence de nos institutions politiques pour
faire jouer - autrement qu'à son initiative (que seul prit de Gaulle, et à
plusieurs reprises) - la responsabilité du président de la République, mais
adéquation du judiciaire et du droit commun quand les actes de celui-ci en
ressortissent.
Je pense que les comparutions et les condamnations de Nicolas
Sarkozy seront excellentes pour l'esprit public français. Nous sommes
aujourd'hui un pays de corruption et de tolérance de la corruption. Nous
sommes la risée du monde, nous sommes méprisés tant le contraste est grand
entre nos suffisances, nos références et nos
"dysfonctionnements". cela va se rétablir, ces procès vont - je
l'espère - montrer aux autres et à nous-mêmes que nous reprenons conscience.
Ce sera le début du redressement français et une légitimité,
à nouveau fondée, de notre regard sur le monde et de notre apport aux grandes
causes, à commencer par celle de l'Europe.
Bien chaleureusement, à vous, cher --- . Bonne journée, pour vous
et les vôtres. Sourire d'amitié pour votre fille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire