Le nucléaire obsolète ?
Le nucléaire : périmé, politiquement obsolète.
L’arme, réputée suprême, imaginée pour imposer la paix mondiale dès avant la Grande Guerre et
dominant les relations internationales depuis Hiroshima et Nagasaki jusqu’à…
jusqu’à ce que … Pas tant jusqu’à ce que se rende, épuisée financièrement et
mentalement, une direction soviétique pourtant sur le point d’imaginer autre
chose : la démocratie pour les siens. Jusqu’à ce qu’une nouvelle forme de
guerre se découvre, celle des zéro morts ou presque pour la surpuissance
américaine bombardant la Serbie, envahissant l’Afghanistan puis l’Irak, pour la
surpuissance israëlienne relative au Proche-Orient occupant, bombardant,
parquant depuis près de cinquante ans alors qu’elle était et reste en demande
de ce simple droit au retour qu’elle impose pour elle et refuse à ceux qu’elle
met dehors ou qui la
fuient. Drones, assassinats ciblés… déjà la guerre du Vietnam
qui ne fut pas de zéro morts pour l’Amérique et ce sont ces morts qui eurent
raison de la « théorie des dominos » faisant agir là-bas sans raison
de fond. Jusqu’à ce que les guerres se livrent par étouffement, presque
végétativement : la mondialisation, la spéculation avec les
délocalisations, la tricherie fiscale et sociale, les « vautours » de
la finance.
Donc, l’arme nucléaire ne sert à rien. Elle ne
s’applique pas aux violations des droits de l’homme et aux génocides. Elle
n’est qu’une menace et pour certains selon le temps et le lieu. Israël la
détient mais ne la veut chez aucun autre dans son voisinage : l’Iran, et
donc une communauté internationale » mentalement à la remorque de Sion qui
ferraille pendant des années avec Téhéran, jusqu’à ce que… apparaisse l’ennemi
insaisissable, celui qu’on ne peut menacer puisqu’il ne s’incarne pas, ne se
localise pas, le djihad.
Emancipation et poids politique. Le chemin français
choisi dès Pierre Mendès France et Félix Gaillard, mais parcouru techniquement
puis exploité diplomatiquement par de Gaulle. Une autre relation avec les
Etats-Unis : la
différenciation. Une relation rééquilibrée avec l’Allemagne
interdite d’une telle arme. Question dominant en logique l’entreprise
européenne mais jamais clairement posée : la dissuasion nucléaire pour
l’Europe par les seuls Européens. Forcément oui, mais comment, surtout s’il
n’existe pas une personne physique, unique, légitime répondant du Vieux Monde
et pouvant donc, au moment suprême, en décider.
Une arme psychologique puisque – si elle sert en
réponse à une menace du même ordre – elle a perdu. En ce sens, la crédiblité du
général de Gaulle, apparemment incomparable rapportée à celle de chacun de ses
successeurs, ne valait que par elle-même, parce que l’homme du 18-Juin en
imposait partout, personnellement. Crédibilité personnelle et puissance en
tête-à-tête : la « troïka » soviétique buvant, dans l’intime,
ses paroles, quand il lui rendit visite en Juin 1966. Maintenant, Mittal et
General Electric, reçus, souriants, vainqueurs à l’Elysée. L’évidente perte de
main française en
Europe et dans la construction ou la refondation de l’Union ou de la Communauté
européenne (je préfère : l’ancien nom, qui ne signifie pas un collage mais
un patrimoine et une solidarité, le bien commun) s’est jouée dans le
tête-à-tête franco-allemand, rite pour la montre, intimidation de l’un par
l’autre dès le soir d’une prise de fonctions dont les Français et beaucoup
d’Européens attendaient beaucoup. De la compréhension mutuelle et du chantier
ensemble aux éléments concrets, précis, nous en sommes venus à la commisération
que nous inspirons accessoirment, car nous ne sommes plus au centre du jeu et
qu’il n’y a plus de centre.
La partie nucléaire à Cuba – précise, territoriale,
géo-stratégique – gagnée par la combinaison du bras de force et de la mise en
confiance (1962... l’expression qui fut connue, du désespoir de Khourchtchev
quand il apprit l’assassinat de Kennedy). Les fusées quittèrent aussi la
Turquie. Flanc sud contre flanc sud. Mais la Crimée contre l’ex-Prusse
orientale ? qui l’a jouée. Seul, Poutin eut la manifeste intuition que
c’est cela qu’allait jouer l’Europe. Le nucléaire américain ? il était en
jeu quand Quemoy et Matsu allaient être envahis (1958) par la Chine populaire.
Riposte graduée, garantie par stationnement des euro-missiles en Allemagne
fédérale (1983), par disposition du bouclier anti-missiles chez d’anciens
satellites européennes de l’Union soviétique. Mais le démantèlement de celle-ci
géostratégiquement manqué quand on exigea de ses Républiques nucléaires
(Biélorussie, Ukraine, Kazakhstan) leur adhésion au traité de 193 de
non-prolifération et la mise au rebut de ce que les Russes avaient installé
chez elles : elles furent donc acculés à demander à Moscou la garantie
dont les Européens se satisfont à Washington. L’intimidation mutuelle :
Pakistan/Inde, Argentine/Brésil ? et la réponse de de Gaulle étonné que
Kissinger prenne la parole devant Nixon : l’arme atomique ?
pourquoi ? mais l’Allemagne !
Péremption politique et géo-stratégique de l’arme
nucléaire, donc ? la contre-épreuve n’est pas faite ni par l’imprévisible
Histoire qui contenue ni par ce que produirait sa mise générale et contrôlée à la casse. Rien ou
tout ? de l’ordre international s’effondrerait ? Et il n’y aurait
plus à redouter que le djihad ? les changements climatiques ? les
grandes endémies ?
Le civil… les centrales nucléaires, la bataille
française des filières jouée pendant un campagne présidentielle (1969), l’option
du nucléaire au maximum pour notre indépendance énergétique (Montjoie et
Messmer en 1973-1974) à la suite du « choc pétrolier ». Et puis,
héritage mal compris de René Dumont, le fondateur de l’écologie politique par
sa campagne de 1974 qui était bien plus pour la solidarité mondiale, pour le
Tiers Monde que pour le climat et le « retour à la nature », l’
« atomkraft ? nein, danke » compréhensible chez un peuple qui a
connu 1945, l’effondrement et qui continue de subir des interdits, se donne
souvent (les opérations sur théâtres extérieurs, la relation avec Israël) des
vertiges qu’il comprend d’ailleurs de moins en moins. Donc, la pétition des
Verts, le système des coalitions à la marge, puisque nos élections se décident
au demi-point près. Mais en face-à-face – Mai 2007 – les deux restant pour le
second tour ne savaient pas à dix ou vngt unités près combien la France comptent
de centrales nucléaires, et de combien de sous-marins stratégiques nous
disposons.
Alors une réduction de notre parc national, quels que
soient les coûts alors que nous produisons l’électricité la moins chère du
Vieux Monde, et en 2025 n’avoir plus que 50% au lieu de 75% en ce moment de
nucléaire pour notre approvisionnement. Cela, tandis que nous sommes en retard
pour les éoliennes qui peuvent fort bien se combiner avec l’atome, que nous
n’avons pratiquement pas d’industrie pour nous en équiper, que nous avons
laissé tomber notre industrie photovoltaïque pour nous approvisionner en Chine,
exactement comme nous avons été incapables de mettre sur pied une industrie de
drones en France ou en Europe et que nous nous fournissons aux
Etats-Unis : notre défense et nos options écologiques rentabilisant ou
fortifiant encore plus les capacités américaines et chinoises, celles de nos
adaversaires putatifs.
Et puis, question … notre balance commerciale serait
équilibrée, « hors pétrole ». Pourquoi un tel besoin de pétrole
puisque nous avons l’atome. Et avec précaution, le gaz de schiste dont la
non-exploitation et la non-exploration vont être la véritable et impardonnable
faute du mandat en cours… Le pétrole pour les voitures ? mais nous
laissons tomber une des usines qui en produit, de fondation, des petites… en
Poitou-Charentes avec l’appui de la présidente de région qui n’en peut mais…
puisqu’elle est devenue ministre, en charge précise de ce
« dossier »…
Techniquement, non, mais politquement : le
nucléaire périmé ? Sa mise au point militaire et domestique engendra de
nombreux à-côtés, dont le plan-calcul, gaspillé ensuite par d’incroyables
incompétences de gestion pour Bull (un de mes camarades de collège et d’E.N.A.
joua même le titre quand il dirigeait cette entreprise…), dont notre avance
spatiale nationale qui a permis une existence européenne majeure dans ces
territoires scientifiques et extraplanétaires à l’avnir évident. Les nécssaires
surcroîts de contrôle, de sécurité et de « transparence », qui ne
sont manifestement pas encore consentis, pour nos centrales, engendreront
évidemment de nouvelles avancées et capacités technologiques. Quant à la
« force de frappe », devenue après de Gaulle la dissuasion nucléaire,
elle avait dans l’esprit de son fondateur et ordonnateur le même objectif
psychologique que notre retrait de l’O.T.A.N. : nous pénétrer de notre
responsabilité exclusive vis-à-vis de nous-mêmes, au lieu de décennies de
défausse et donc de surbordination mentale, nous stérilisant.
Aujourd’hui, exactement comme il y a lieu de repenser
notre politique étrangère et de renationaliser notre économie, d’abord en
esprit et en organisation ad hoc de notre Etat, il nous faut nous interroger,
très à fond, sur le nucléaire et nous.
Ma réponse, au stade de cette interrogation et d’une
ambiance de péremption, toute politique, est qu’il nous faut bien plus que
conserver : améliorer, augmenter, mettre plus qu’à jour, mettre en
position d’avenir. Le civil et le militaire
matin du
dimanche 3 août 2014
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