dimanche 3 août 2014

question pas posée parce que pas approfondie en ses deux applications : le nucléaire... d'expérience française




Le nucléaire obsolète ?


Le nucléaire : périmé, politiquement obsolète. L’arme, réputée suprême, imaginée pour imposer la paix mondiale dès avant la Grande Guerre et dominant les relations internationales depuis Hiroshima et Nagasaki jusqu’à… jusqu’à ce que … Pas tant jusqu’à ce que se rende, épuisée financièrement et mentalement, une direction soviétique pourtant sur le point d’imaginer autre chose : la démocratie pour les siens. Jusqu’à ce qu’une nouvelle forme de guerre se découvre, celle des zéro morts ou presque pour la surpuissance américaine bombardant la Serbie, envahissant l’Afghanistan puis l’Irak, pour la surpuissance israëlienne relative au Proche-Orient occupant, bombardant, parquant depuis près de cinquante ans alors qu’elle était et reste en demande de ce simple droit au retour qu’elle impose pour elle et refuse à ceux qu’elle met dehors ou qui la fuient. Drones, assassinats ciblés… déjà la guerre du Vietnam qui ne fut pas de zéro morts pour l’Amérique et ce sont ces morts qui eurent raison de la « théorie des dominos » faisant agir là-bas sans raison de fond. Jusqu’à ce que les guerres se livrent par étouffement, presque végétativement : la mondialisation, la spéculation avec les délocalisations, la tricherie fiscale et sociale, les « vautours » de la finance.

Donc, l’arme nucléaire ne sert à rien. Elle ne s’applique pas aux violations des droits de l’homme et aux génocides. Elle n’est qu’une menace et pour certains selon le temps et le lieu. Israël la détient mais ne la veut chez aucun autre dans son voisinage : l’Iran, et donc une communauté internationale » mentalement à la remorque de Sion qui ferraille pendant des années avec Téhéran, jusqu’à ce que… apparaisse l’ennemi insaisissable, celui qu’on ne peut menacer puisqu’il ne s’incarne pas, ne se localise pas, le djihad.

Emancipation et poids politique. Le chemin français choisi dès Pierre Mendès France et Félix Gaillard, mais parcouru techniquement puis exploité diplomatiquement par de Gaulle. Une autre relation avec les Etats-Unis : la différenciation. Une relation rééquilibrée avec l’Allemagne interdite d’une telle arme. Question dominant en logique l’entreprise européenne mais jamais clairement posée : la dissuasion nucléaire pour l’Europe par les seuls Européens. Forcément oui, mais comment, surtout s’il n’existe pas une personne physique, unique, légitime répondant du Vieux Monde et pouvant donc, au moment suprême, en décider.

Une arme psychologique puisque – si elle sert en réponse à une menace du même ordre – elle a perdu. En ce sens, la crédiblité du général de Gaulle, apparemment incomparable rapportée à celle de chacun de ses successeurs, ne valait que par elle-même, parce que l’homme du 18-Juin en imposait partout, personnellement. Crédibilité personnelle et puissance en tête-à-tête : la « troïka » soviétique buvant, dans l’intime, ses paroles, quand il lui rendit visite en Juin 1966. Maintenant, Mittal et General Electric, reçus, souriants, vainqueurs à l’Elysée. L’évidente perte de main française en Europe et dans la construction ou la refondation de l’Union ou de la Communauté européenne (je préfère : l’ancien nom, qui ne signifie pas un collage mais un patrimoine et une solidarité, le bien commun) s’est jouée dans le tête-à-tête franco-allemand, rite pour la montre, intimidation de l’un par l’autre dès le soir d’une prise de fonctions dont les Français et beaucoup d’Européens attendaient beaucoup. De la compréhension mutuelle et du chantier ensemble aux éléments concrets, précis, nous en sommes venus à la commisération que nous inspirons accessoirment, car nous ne sommes plus au centre du jeu et qu’il n’y a plus de centre.

La partie nucléaire à Cuba – précise, territoriale, géo-stratégique – gagnée par la combinaison du bras de force et de la mise en confiance (1962... l’expression qui fut connue, du désespoir de Khourchtchev quand il apprit l’assassinat de Kennedy). Les fusées quittèrent aussi la Turquie. Flanc sud contre flanc sud. Mais la Crimée contre l’ex-Prusse orientale ? qui l’a jouée. Seul, Poutin eut la manifeste intuition que c’est cela qu’allait jouer l’Europe. Le nucléaire américain ? il était en jeu quand Quemoy et Matsu allaient être envahis (1958) par la Chine populaire. Riposte graduée, garantie par stationnement des euro-missiles en Allemagne fédérale (1983), par disposition du bouclier anti-missiles chez d’anciens satellites européennes de l’Union soviétique. Mais le démantèlement de celle-ci géostratégiquement manqué quand on exigea de ses Républiques nucléaires (Biélorussie, Ukraine, Kazakhstan) leur adhésion au traité de 193 de non-prolifération et la mise au rebut de ce que les Russes avaient installé chez elles : elles furent donc acculés à demander à Moscou la garantie dont les Européens se satisfont à Washington. L’intimidation mutuelle : Pakistan/Inde, Argentine/Brésil ? et la réponse de de Gaulle étonné que Kissinger prenne la parole devant Nixon : l’arme atomique ? pourquoi ? mais l’Allemagne !

Péremption politique et géo-stratégique de l’arme nucléaire, donc ? la contre-épreuve n’est pas faite ni par l’imprévisible Histoire qui contenue ni par ce que produirait sa mise générale et contrôlée à la casse. Rien ou tout ? de l’ordre international s’effondrerait ? Et il n’y aurait plus à redouter que le djihad ? les changements climatiques ? les grandes endémies ?

Le civil… les centrales nucléaires, la bataille française des filières jouée pendant un campagne présidentielle (1969), l’option du nucléaire au maximum pour notre indépendance énergétique (Montjoie et Messmer en 1973-1974) à la suite du « choc pétrolier ». Et puis, héritage mal compris de René Dumont, le fondateur de l’écologie politique par sa campagne de 1974 qui était bien plus pour la solidarité mondiale, pour le Tiers Monde que pour le climat et le « retour à la nature », l’ « atomkraft ? nein, danke » compréhensible chez un peuple qui a connu 1945, l’effondrement et qui continue de subir des interdits, se donne souvent (les opérations sur théâtres extérieurs, la relation avec Israël) des vertiges qu’il comprend d’ailleurs de moins en moins. Donc, la pétition des Verts, le système des coalitions à la marge, puisque nos élections se décident au demi-point près. Mais en face-à-face – Mai 2007 – les deux restant pour le second tour ne savaient pas à dix ou vngt unités près combien la France comptent de centrales nucléaires, et de combien de sous-marins stratégiques nous disposons.

Alors une réduction de notre parc national, quels que soient les coûts alors que nous produisons l’électricité la moins chère du Vieux Monde, et en 2025 n’avoir plus que 50% au lieu de 75% en ce moment de nucléaire pour notre approvisionnement. Cela, tandis que nous sommes en retard pour les éoliennes qui peuvent fort bien se combiner avec l’atome, que nous n’avons pratiquement pas d’industrie pour nous en équiper, que nous avons laissé tomber notre industrie photovoltaïque pour nous approvisionner en Chine, exactement comme nous avons été incapables de mettre sur pied une industrie de drones en France ou en Europe et que nous nous fournissons aux Etats-Unis : notre défense et nos options écologiques rentabilisant ou fortifiant encore plus les capacités américaines et chinoises, celles de nos adaversaires putatifs.

Et puis, question … notre balance commerciale serait équilibrée, « hors pétrole ». Pourquoi un tel besoin de pétrole puisque nous avons l’atome. Et avec précaution, le gaz de schiste dont la non-exploitation et la non-exploration vont être la véritable et impardonnable faute du mandat en cours… Le pétrole pour les voitures ? mais nous laissons tomber une des usines qui en produit, de fondation, des petites… en Poitou-Charentes avec l’appui de la présidente de région qui n’en peut mais… puisqu’elle est devenue ministre, en charge précise de ce « dossier »…

Techniquement, non, mais politquement : le nucléaire périmé ? Sa mise au point militaire et domestique engendra de nombreux à-côtés, dont le plan-calcul, gaspillé ensuite par d’incroyables incompétences de gestion pour Bull (un de mes camarades de collège et d’E.N.A. joua même le titre quand il dirigeait cette entreprise…), dont notre avance spatiale nationale qui a permis une existence européenne majeure dans ces territoires scientifiques et extraplanétaires à l’avnir évident. Les nécssaires surcroîts de contrôle, de sécurité et de « transparence », qui ne sont manifestement pas encore consentis, pour nos centrales, engendreront évidemment de nouvelles avancées et capacités technologiques. Quant à la « force de frappe », devenue après de Gaulle la dissuasion nucléaire, elle avait dans l’esprit de son fondateur et ordonnateur le même objectif psychologique que notre retrait de l’O.T.A.N. : nous pénétrer de notre responsabilité exclusive vis-à-vis de nous-mêmes, au lieu de décennies de défausse et donc de surbordination mentale, nous stérilisant.

Aujourd’hui, exactement comme il y a lieu de repenser notre politique étrangère et de renationaliser notre économie, d’abord en esprit et en organisation ad hoc de notre Etat, il nous faut nous interroger, très à fond, sur le nucléaire et nous.

Ma réponse, au stade de cette interrogation et d’une ambiance de péremption, toute politique, est qu’il nous faut bien plus que conserver : améliorer, augmenter, mettre plus qu’à jour, mettre en position d’avenir. Le civil et le militaire


matin du dimanche 3 août 2014

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