Serajevo – la même
question d’Europe
réflexions et méditation
du 28 Juin au 2 Août 1914
& d’un siècle à l’autre
J’étais à Serajevo en Juillet 1982, c’est la
seule capitale de la Yougoslavie en cours de dissociation que je n’ai pas
visitée en Décembre 1991. Le point commun de la capitale bosniaque avec
Belgrade est – autant que je me souvienne – cette insularité de la ville
faisant pointe vers une autre culture ou une autre civilisation :
l’escarpement au-dessus de la Save pour la seconde, une juxtaposition de deux
ensembles différents totalement pour la première. L’Islam européen commence à Banja Luka,
on est assis sur les talons, on porte une coiffure faisant un peu minotier, je
le remarquais aux arrêts d’autobus. En 1982, il y avait un élément fédérateur
omni-présent et fraternel, l’armée. Les soldats, sans doute pas en service, semblaient des
promeneurs et les camions qui les emportaient ou les amenaient semblaient des
transports pour vacanciers dans un pays peu pourvu. En 1991, je vécus dans le
bureau du gouverneur de la Banque de Croatie, l’angoisse nationale que très peu
savaient. Les camions de billets, fabriqués je crois en Angleterre allaient
arriver par la route.
Jusqu’à la frontière autrichienne, pas de problème, mais à
traverser la Slovénie et à avancer vers Zagreb, tout pouvait survenir. Cinq ou
six appareils téléphoniques à cadrans des années 1950 et de couleurs
différentes, sonnaient l’un après l’autre. Presque manuellement, l’approche des
camions était ainsi suivi. J’ai pris dans la poubelle du seuil de l’immeuble,
un portrait noir et blanc de Tito. Pourtant croate.
Dans chacune de mes affectations
diplomatiques, j’ai respiré l’histoire autant que la géographie et la façon
d’aimer, de se raconter du pays et de la nation qui m’accueillaient. L’évidence
en 1988-1992 était la survivance de l’empire des Habsbourg. Le jeu de mots le
dirait mieux : de l’emprise des Habsbourg. Dans chacune des capitales,
sauf à Vienne – significativement la géologie l’a refusé – le palais principal,
symbolisant l’Etat, la dynastie, le lien fédéral est en hauteur, et il y a un
fleuve. Il y a une ville haute, avec la cathédrale comme enserrée par les
bâtiments politiques : Prague, Budapest, Agram (Zagreb), Cracovie.
Evidemment la catholicité, mais aussi, secret des Habsbourg, la diversité, le
pluralisme, le don des langues quoique le ciment entre les différents peuples
et nationalités de la Monarchie (le mot n’était pas germanisé) n’était pas la langue. François-Joseph,
se vivant prince allemand, avait été élevé sur le pavois pour couvrir une
dictature militaire, réprimant partout la révolution de l’Adriatique à la
Vistule et loin sur le Danube. Vienne était avant 1914 la métropole la plus
peuplée d’Europe continentale et l’Autriche-Hongrie en était territorialement le
second Etat après la Russie. Guillaume
II ne pouvait qu’insupporter son aîné de quarante ans de
règne quand il succèda précocement au premier empereur allemand, son grand-père
Guillaume Ier, après le règne de quelques mois de Frédéric III mourant d’un cancer
de la gorge.
Tempérament et titre lui déplaisait. François-Ferdinand, le
« thronfolger » était contemporain du Kaiser, mais au contraire de
celui-ci passionné du paraître que prétexte toute politique extérieure, avait
compris les conditions de survie de la Double Monarchie.
C’est patent dans le portrait que m’en faisaient deux amis
chers et intimes que la Providence me fit cultiver pendant mon séjour à Vienne
et mes prégrinations à travers toute l’Europe centrale de l’Est. L’un,
d’origine nobiliaire autrichienne mais avec bercau familial en Pologne, l’autre
cambiste de la Banque centrale m’initièrent à ce qu’était l’ensemble. J’ai dit
le plan des villes, il faut y ajouter une architecture baroque assemblant sans
peine l’extraordinaire et harmonieuse combinaison de toutes les cultures et
toutes les histoires. L’Autriche de Marie-Thérèse et du mariage français, que
Napoléon avait tenté de redoubler, avançait vers le sud-est et avait perdu ses
terres de Bâle et d’Alsace, les germanités helvétique et française n’ont jamais
été allemandes à la prussienne [1]mais
Habsbourg, peu militaires, très commerçantes et culturelles, civilisations du
vin et non de la
bière. François-Ferdinand avait le projet d’une fédération
bien plus multi-forme que ce dont il allait incessamment hériter et d’une
organisation politique bien plus proche des quelques vingt-et-une nationalités
de la Double Monarchie.
Le futur empereur Charles qui faillit retrouver son trône au
moins royal par la Hongrie alors que l’Autriche se faisait interdire l’union
avec l’Allemagne de Weimar, avait été éduqué en tchèque et à Prague.
La France des diplomates et de la
plupart des politiques en 1914 et en 1991 ne considérait que l’Allemagne, parce
qu’elle craignait celle-ci. En 2014, c’est peu différent. Elle oubliait d’une
part les affinités de Frédéric II avec nos philosophes, sa parfaite
francophonie et ce qui, de génération en génération, a ensuite perduré : Siegfried et le Limousin, Le silence de la mer, et d’autre part
les ententes politiques tentées en 1911 (Caillaux) et en 1928
(Briand-Stresemann), enfin réussies à partir de 1958. La guerre de Yougoslavie,
atroce, qui combina les guerres génocidaires d’autres siècles avec celles d’à
présent : télécommandées, aériennes avec dommages collatéraux (concept apparu
pour la guerre du Kosovo) et zéro mort du côté de la coalition, a – selon moi
et suivant les reconnaissances qu’à titre personnel, mais dont je rendais
compte à l’Elysée et à Roland Dumas, je fis dans presque tout le pays, à partir
de Vienne – eu pour cause principale la crainte française que l’Allemagne prit
le pas sur tout en Yougoslavie, au lendemain de l’absorption de la République
démocratique par la République fédérale. C’est également la crainte qu’une
tolérance de l’annexion du Koweit par l’Irak (qui n’avait envahi cette province
sans tradition nationale véritable que par un malentendu causé par la
représentante trop évasive des Etats-Unis alors à Bagdad) ne fasse
jurisprudence dans une Europe rendue peu prévisible par le subit retrait
soviétique.
pensé le soir du samedi 28 juin,
commencé d’être écrit le soir du lundi 14 juillet 2014
Le modèle historique de Serajevo – et du
processus qu’engendra l’assassinat de l’archiduc héritier – m’intéresse à deux
titres. Il est l’anti-modèle d’un autre processus aboutissant à la
guerre : celui de Munich. Il est très positivement l’origine du projet
européen qu’a vécu ma génération et qui aujourd’hui périclite. Les raisons de
l’échec sont fondamentalement notre retour, tous ensemble, les Européens, à des
modes de pensée qui triomphèrent le 2 Août 1914. Et ces raisons nous poussent
aujourd’hui à la double impuissance que nous éprouvons collectivement à propos
de l’Ukraine : nous ne la libérons pas, nous n’entamons pas le régime de
Poutine en Russie et nous risquons sous une pression de ceux-ci à laquelle nous
ne savons et ne pouvons plus rien opposer, une dramatique déstabilisation
psychologique de tout l’est de l’Union.
Sérajevo est le modèle d’un système de
défense conduisant à la guerre, les alliances entre nations craignant chacune
pour leur sécurité, la France sentant que l’Allemagne craint sa renaissance et
prendra des précautions, dès le début des années 1880, l’Allemagne au moins
celle de Bismarck s’entourant la première d’alliances pour que celles-ci
n’aillent pas à la France et la victoire diplomatique française : conquête
de l’amitié russe, engendrant les solidarités qui firent passer l’Europe de la
coexistence de nations, chacune puissante, à ce qui, avec le recul, est vite
parue comme une guerre civile et le commencement d’un déclin relatif toujours
pas enrayé, encore aujourd’hui. Jaurès, de moins en moins compris en cette
fondation que le socialisme de tous les pays lui doit : un humanisme
d’abord, une compassion menant à la solidarité, une analyse faisant de la
démocratie et de la République l’outil au contraire de la lutte des classes et
de la dictature du prolétariat. Le verbeux selon ses cyniques détracteurs
d’aujourd’hui était pacifiste par déduction. L’oublié des commémorations
actuelles et à venir – pour la
Grande Guerre – c’est Caillaux. Le procès et l’acquittement
de sa femme ont lieu après l’attentat de Serajevo. C’est lui –le seul – qui
tenta, à la manière de Laval, cherchant à Moscou et avec Rome (les capitales de
Staline et de Mussolini) le contre-feu à Hitler, le tout pour le tout afin de
bouger l’échiquier et d’en faire sortir la paix : l’arrangement de 1911
nous permettant le Maroc. Celui qui avait su organiser la nation pour le temps
de guerre en prévoyant le commandement au cas d’hostilités et en le confiant à
Joffre… au regard, la loi d 1938 et son efficacité ?, Caillaux et le
discernement pour le pays à défaut de lui-même, la Haute Cour en 1917, la
condamnation et la prison, l’homme des Allemands selon Clemenceau et Poincaré,
c’est lui qui nomma au Mouvement des fonds (future direction du Trésor à nos
Finances) et à la Banque de France, l’équipe réalisant la
« stabilisation » qui porte, en grande partie indûment, le nom de
Poincaré. Il est vrai que celui-ci apportait à l’opération l’outil
décisif : la confiance nationale.
Serajevo paraît le modèle d’une
rigidité, alors qu’il est la faillite de personnalités pacifistes.
Certainement, celle de François Joseph, retenant la France dès la fin des
années 1870. Nos actualités – bosniaque il y a vingt ans pour ce qui fit
craindre un soutien vraiment co-belligérant de la Russie à la Serbie, comme en
1914, et maintenant ukrainienne, pays baltes et Pologne, bordés par une
semi-mobilisation russe depuis le printemps, sont censément couverts par l’Alliance atlantique
– nos actualités, tellement médiatisées, ne sont pas plus informées que celles
d’il y a un siècle. Au contraire. L’Illustration
manifeste le débat européen tout le mois de Juillet, et quoique la
quasi-totalité des régimes soient monarchiques, on n’y est pas people… ce n’est pas le cas de nos
magazines aujourd’hui, vg. Match pas
une couverture sur l’Ukraine ou Gaza, mais Nicolas Sarkozy en vacances
d’amoureux. Différence aussi, des voix en 1914, même discordantes : Barrès
et Jaurès, et le traitement du sujet essentiel : les relations
internationales. En 2014, quelles voix ? et quel sujet
traitons-nous ? les nominations aux postes dits de l’exécutif occupent
l’Union européenne, la réforme territoriale ou l’affichage d’une pseudo-transition
énergétique occupent le gouvernement qui n’a plus aucune prise sur l’esprit
public. Celui-ci, au contraire, est à l’unisson du gouvernement de l’époque
plutôt pâle – de Gaulle en fit le thème de son allocution pour l cinquantenaire
de la déclaration de guerre. Rigidité à la suite de l’attentat, parce qu’aucun
pays européens n’a alors failli à sa parole, sinon à son intérêt. Tandis qu’à
Munich ou aujourd’hui, questionnement des Etats membres de l’Union situés à la
frontière russe, la parole ne fut ou ne serait peut-être pas respectée.
Serajevo engendre la Seconde guerre
mondiale parce que la
Grande Guerre se termine à la fois par un inachèvement de la
victoire – contrairement aux chansons de guerre, nouss n’allâmes pas à Berlin
alors que pendant quatre ans les Allemands furent aux portes de Paris – et
surtout par une paix mal rédigée. Tout est prêt pour Hitler mais je ne sais pas
si a été étudiée la relation entre la crise « systémique » de 1929
avec les réparations exigées de l’Allemagne principalement par nous (alors que
de 1871 à 1914, nous étions au contraire le principal financier de l’Allemagne…
et de la Russie) et si cette relation fut de cause à effet, si enfin le chômage
a été la conséquence de la crise bancaire. Là aussi, modèle de 1929 et événements
de 2008. Le dénouement de 1945 qui a ses éphémérides et conclusions jusqu’en
1990-1991, est l’un des plus heureux de l’Histoire, si l’on met de côté –
est-ce permis ? – l’effrayant tribut humain que furent quarante ans de
dictature communiste pour la moitié de ce qui est aujourd’hui l’Union
européenne. En effet, au lieu d’une paix écrite dès la capitulation de 1945 –
défaite entière et occupation totale qui n’eurent pas lieu en 1918 – il y eu
une situation de fait peu à peu arrangée entre alliés et une nouvelle
Allemagne. Au lieu que son amputation de la Prusse lui soit imposée en 1945,
l’Allmagne l’a librement consentie en 1990, au lieu que le système de sécurité
collective se soit fait en bonne partie contre elle ainsi que la Société des
Nations à partir du traité de Versailles, il est aujourd’hui l’Union-même des
Etats européens aux seules exceptions de la Suisse, de la Norvège et de
l’Islande, ce qui n’est évidemment pas belligène.
Le modèle de Munich semblerait davantage
expliquer les comportements européens dans le drame et l’imbroglio ukrainiens,
quoiqu’ apparemment les psychologies seraient différentes. Face à un adversaire
personnifié et de grand sang-froid – Hitler, Poutine – les Européens craignent
la guerre en 1938 et se
comportent en 2014 comme s’ils la voulaient. Ils en
avaient peut-être les moyens en 1938, ils ne les ont manifestement pas en 2014
car un conflit seulement économique met à nu des économies libérales pour des
pays sans ressources énergétiques propres face à un pays, riche de matières
premières et ayant l’atavisme séculaire de l’autarcie. Point commun cependant –
décisif – entre les deux époques : la méconnaissance des Européens des
situations et des rapports de force locaux, la difficile identification du
régime d’ « en face ». Et surtout, l’incapacité de tirer les
leçons de la défaite diplomatique consécutive à la première
confrontation : l’Angleterre et la France ne surent pas se préparer pour
un avenir auquel elles croyaient avoir échappé, elles laissèrent la Tchécoslovaquie
à son sort, intervinrent pour une alliance avec Moscou et le soutien à la
Pologne tardivement et à contre-temps. La crise née du démantèlement de
l’Ukraine du fait de sa double appartenance mentale et ethnique – sinon
politique puisque des analyses en France appuient la thèse russe d’un fascisme
ou d’un néo-nazisme gouvernant à Kiev depuis le printemps – n’a pas encore
provoqué de sursaut dans l’Union européenne. Celle-ci n’a toujours pas une
direction politique identifiable, et ne se débat qu’à propos d’une direction
économique qui serait allemande de fait au lieu d’un encadrement de la Banque
centrale européenne.
Serajevo et ses suites ont cependant une
postérité décisive, active pour aujourd’hui. La durée de la Grande guerre, son
statisme, l’analogie totale de la condition concrète des vies personnelles,
familiales dans l’ensemble des pays en étreinte mutueelle a fait un esprit
commun. Cela s’est un peu dit en littérature dans
« l’entre-deux-guerres », cela s’est avoué de plus en plus dans les
années 1950 et 1960 avant que le sceau politique ne soit apposé entre la France
et l’Allemagne par deux hommes décisifs pour leurs pays respectifs et pour
l’entreprise européenne : de Gaulle et Adenauer. Briand et Stresemann n’y
étaient pas parvenus. Bien plus que le « grand marché unique » qui ne
réalise depuis quinze ans que la prédiction de Jean-Jacques Servan-Schreiber,
mal titrée pourtant le défi américain
parce qu’elle était optimiste et croyait que les Européens le relèveraient…
l’Europe d’aujourd’hui a une fondation dont elle a peu conscience. Les
extrêmes-droites et extrême-gauches le lui cachent. Il y a dans l’esprit commun
des opinions européennes, y compris outre-Manche, la conscience d’une
solidarité. Une solidarité plus positive : nous sommes ce que nous sommes,
nous avons à faire, que négative : les pays émergents, la stratégie russe,
le déclin d’une Amérique qui a ses comportements hégémoniques vis-à-vis de nous
(l’affaire Snowden montre que nous continuons, au niveau de nos dirigeants,
ceux-ci de moins en moins représentatifs, à y consentir) mais qui s’humilie
constamment devant la Chine.
Sérajevo montre l’inanité d’un système
européen uniquement inter-gouvernemental. Les intérêts nationaux priment et ne
peuvent pas toujours se concilier. De façon apparemment non belligène, nous en
sommes revenus là. Le débat, fédéralisme ou non, a été clos sans même qu’il ait
été épuisé. L’Europe en passe d’être dirigée par la Commission depuis les
années 1980,du fait des continuelles négociations pour l’élargissement de
l’Union et la mondialisation des économies et des commerces qui sont de sa
compétence exclusive, est aujourd’hui la somme de rapports de force, très
apparents où l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont la vedette et l’initiative,
et de commencements de réaction à l’hostilité grandissante des opinions
n’acceptant plus les gestions actuelles. Mais ni les fonctionnements
d’aujourd’hui ni la synthèse des défis et des menaces à surmonter par
l’ensemble des Européens ne sont au sommaire des rencontres politiques et des
commentaires ou prophéties d’avenir.
L’analogie avec 1914, d’un siècle à
l’autre, me semble là. Le système du moment n’est pas mis en question. L’avenir
n’est plus discerné. Au point de se demander si l’on veut autre chose qu’un
présent si précaire et lacunaire. En géo-stratégie, même ressemblance.
L’extra-européen est oublié : en 1914, les montées en puissance du Japon
et des Etats-Unis ne pèsent pas en Europe comme en 2014 nous négligeons la
confrontation des voisins asiatiques de la Chine avec celle-ci (les îles en mer
de Chine). En 1914, la crise confirme le caractère européen des Balkans, et, en
2014, celui de l’Ukraine et peut-être même de la Russie, plus seulement au sens
déjà reçu de la géographie mais bien des intercactions entre régimes politiques
intérieurs « de l’Atlantique à l’Oural ». La question de Palestine
est forcément européenne puisque le peuplement juif est d’origine européenne,
Russie comprise depuis 1991, et puisque décolonisation du Maghreb et
immigration nord-africaine en France notamment font participer à la
revendication des déportés ou des occupés une partie des composantes
démographiques de l’Europe. Différence cependant de 2014 avec 1914, ces
solidarités ou ces craintes n’ont plus la même susbtance. Elles étaient nationales,
elles portaient sur la pérennité des Etats et ler souveraineté sur des
territoires précis. Aujourd’hui, l’Ukraine et la Crimée, Gaza, Jérusalem ont un
écho si fort en Europe parce qu’il est spirituel, mental, de l’ordre des droits
de l’homme ou de la légitime défense quel que soit le parti pris. Différence
enfin, l’absence de moyens que se croit ou que se constate l’Europe. Les
« printemps arabes », Egypte et Syrie où cela a le plus mal tourné,
lui échappent, alors que les armes il y a un siècle semblait la disposition
pour tout. Les morts par millions il y a un siècle, par milliers et par
centaines de milliers, selon les « théâtres » à quelques centaines de
kilomètres les uns des autres, aujourd’hui. La différence entre les
morts : statistique ? Et le discours public : propagande en
1914, parfaitement contradictoires… « langue de bois » en 2014,
apparemment universelle… ?
La mûe ne peut être qu’européenne et
démocratique : une voix, une force réapparaîtront. Relativement de même
emprise et de même puissance que celle des nations européennes quand elles
dominaient le monde, il y a cent ans, mais cette emprise et cette puissance à
venir seront d’un autre ordre et ne seront telles d’ailleurs que d’abord
morales et pacificatrices, libérantes et non plus « impérialistes »
ou « colonisatrices ». J’y crois. L’union nous change. Pas du tout en
faisant table rase du passé, de nos passés antagonistes apparemment et
violemment souvent. L’union nous change parce qu’elle cherche et trouve que
nous sommes – les Européens. Je souhaite le voir et le vivre.
conclu le matin du samedi 2 Août 2014
[1] -
erreur aux plus grandes et durables conséquences que commit Talleyrand au
congrès de Vienne – il me faut vérifier dans la correspondance, qu’il entretint
avec Louis XVIII pour compte-rendus et instructions, et que j’ai, si le roi le
comprit, laissa faire par compromis sur d’autres points où il avait
satisfaction ou si la France fut carrément contrainte à accepter
l’établissement de la Prusse sur le Rhin
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