Jeudi
26 Mars 2015
Hier
soir, aux Cardinaux, film exceptionnel. Eran RIKLIS, Mon
fils (les deux autres du même esprit : La fiancée syrienne, Les
citronniers). Lyad qui se fait corriger physiquement en classe parce
qu’il répète que la profession de son père est terroriste et non cueilleur de
fruits, est d’une exceptionnelle intelligence et d’une sensibilité aussi. Admis
et seul Arabe dans l’un des internats les plus prestigieux d’Israël, une
histoire d’amour pudique, brève avec une jeune étudiante juive, plus que
magnifique, une disponibilité donnée à un tétraplégique juif, un dénouement
d’un symbolisme inouï. L’handicapé décédé est enseveli en cimetière musulman dans
les draps rituels qu’avait achetés pour elle la grand-mère adorée de Lyad,
lequel par une ressemblance plausible prend l’identité de Jonathan, à la prière
muette de la mère (splendidement jouée, elle aussi) du pauvre adolescent.
Quelques vues de la ville, les visages, du texte pour aller ensemble du
racisme le plus dég. (anti-arabe dans la majorité juive) à la geste et à
l’efficacité de l’amour : amour passion (le profil illuminé de la jeune
fille dans la joie de l’ultime instant avant de se donner) et amour fraternel.
Le chemin de cet Etat unitaire que je crois la seule solution à terme de la
question de Palestine, est donné. J’aimerai que la France en soit le prophète.
– J’ai couriellé à JPJ [1]
Prier… [2] vous dites : « Il est notre Dieu », alors
que vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais et, si je dis que je ne le
connais, pas je serai comme vous, un menteur. J’ai dans le cœur et la tête quand je lis nos textes d’évangile des
transpositions devenues permanentes. Des questionnements simples : le
disciple que Jésus aimait, le
« jeune homme » riche sur qui le Christ pose son regard et se mit à
l’aimer… ce n’est jamais dit pour une femme dont en général c’est la foi qui
est admirée, ou l’amour dont elle témoigne…
homosexualité ou plutôt « dédiabolisation »e de
l’homosexualité ou plus encore, légitimité de l’entrainement à aimer, quelle
que soit l’identité sexuelle… ou bien la relation exceptionnelle avec une
femme, au spirituel mais aussi en proximité physique : Marie-Madeleine qui
veut cette proximité et cette relation, acceptée par Jésus avant son propre
martyre, mais éludée après la Résurrection. Interrogations d’appropriation des
textes, mais aucune objection de foi. En revanche, certitude sur le conflit
entre Jésus et les autorités, la hiérarchie religieuse de son temps, ce qui
revient à questionner l’Eglise d’aujourd’hui et le prêche du clergé, quoique je
sois ému et souvent admiratif devant la fidélité des prêtres que je cotoie,
notamment dans ma Bretagne d’habitat. Ressemblance aussi : les rationalistes,
qui sont certains d’avoir « fait le tour » de la question de Dieu, me
paraissent représentés par ces Juifs endurcis dans leur dénégation. Es-tu
donc plus grand que notre père Abraham ? il est mort, et les prophètes
aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ? Jésus prêchant la relation avec Lui : si quelqu’un garde ma
parole, jamais il ne verra la mort, est amené à dire sa relation avec Abraham, ou
plutôt, prenant le contre-pied de ses adversaires, à dire cette relation du
« père des croyants » avec Lui, Jésus : l’aboutissement
poroclamé et le passage de toute foi, de toute révélation. Abraham, votre
père, a exulté, sachant qu’il verrait mon jour. Il l’a vu, et il s’est réjoui. Dialogue, un instant de très grande portée
philosophique et cosmologique : toi qui n’a pas encore cinquante ans,
tu as vu Abraham ! Dieu englobe le
temps, ses saints en ont la prescience et pour certains l’anticipation-même. Avant
qu’Abraham fût, moi, Je suis . Tout est contemporain en Dieu. Et qui est
Abraham ? sinon le premier de nous tous, à qui explicitement est indiqué
le salut du genre humain. Pas encore selon la dialectique messianique de la
rédemption, laquelle donne le premier « rôle » à Dieu, Jésus Dieu
fait homme, mais déjà selon la fécondité, fécondité qui est celle de
l’alliance, de l’amour mutuel entre le Créateur et ses créatures. Je fais
de toi le père d’une multitude de nations. Je te ferai porter des fruits à
l’infin. De toi, je ferai des nations, et des rois sortiront de toi. Comment ? ce semble précurseur de l’Annonciation :
j’établirai mon alliance entre moi et toi,et après toi avec ta descendance.
Hier soir, tandis que notre ange de fille
dort déjà et que je dis quelques grains de son chapelet, je réalise avec
stupéfaction la portée d’un des versets apparemment le plus banal de notre
prière machinale : le Seigneur est avec vous. L’essentiel de la salutation, l’essentiel du privilège et de
l’exceptionnalité de Marie sont là : l’alliance de Dieu avec elle. Comblée
de grâces parce que le
Seigneur est avec vous.
Dramatique. Appel de S., prisonnier en
service addiction à Saint-Ave où M. l’a placé samedi : sans ses
médicaments, anti-douleur ni rien, évidemment sans la visite de leurs filles.
Couple idéal tel que nous le faisait découvrir M. après que j’ai repéré
celle-ci en animation d’une petite classe, conteuse et enseignante de danse.
Mari artiste, congé maladie de longue durée. Grande conversation avec celui-ci,
après trois-quatre ans déjà de visites mutuelles et moi à épauler M. en
recherche de situation pérenne et non plus au cachet, tentative du circuit
culturel français à l’étranger et ici les TAP dans la réforme du primaire. Lui,
paysage de mer, banc devant les roches, éloge magnifique des dons de sa femme
qu’il aime à l’évidence et admire, chronique de l’accident de moto. à ses
dix-sept ans, le dos brisé ou à peu près : cinq ans de paralysie,
progressive reprise, mariage-coup de foudre, mise au point d’un appareil
électrique anti-douleur et avec morphine. Mise au point qui ne se fait pas
bien, fabricant de l’appareil unique en France et expert pour le poser, jamais
disponible, dix ans de martyre, les dix ans de la petite enfance de ses deux
filles dont il ne peut profiter pleinement : il ne peut les prendre dans
ses bras. Et puis, il y a quelques mois, les aveux, M. veut la séparation, veut
vendre la maison à peine achevée et équipée d’une piscine, seule ressource ou à
peu près la pension d’invalidité arrangée au plus par son premier
employeur : une banque. Tout ramasser et laisser l’handicapé à un sort
minimal, le pousser en fait … En voulant accueillir les filles séparément, nous
pensions comprendre l’atmosphère et avoir une vue impartiale tant les deux
présentations de nos amis sont antagonistes. Séjours successifs chaque fois
remis depuis plus de six mois. Avec en sus, évidemment, le problème propre à
L., ses handicaps de dyspraxie et l’idée cependant d’une carrière de
comédienne… tandis que la cadette, fille adoptive, semble la plus lucide et
libre mentalement, mais à 13-14 ans, cela ferait beaucoup pour n’importe quelle
pré-adolescente. M. elle-même, enfant adultérine, adoptée ou reconnue par autre
que son père, si j’ai bien compris, et sa mère adoptive, ne pouvant avoir d’enfants,
l’ayant traquée de sa haine pendant la gestation de l’aînée. Si je n’ai plus
aucune envie d’écrire des romans d’invention, c’est bien parce que j’apprends
d’autrui des vies autrement accidentées, belles ou très difficiles que ce qui
peut s’imaginer, dit qu’il faut d’abord secourir. A tort ou à raison, nous nous
croyons le seul recours du pauvre homme que nous sentons poussé au suicide par
abandon tant à son sort médical qu’affectif. Démarches dont je sens la
séquence : aller au fait avec M., organiser la protection juridique de S.,
rencontrer la femme médecin en qui il dit avoir confiance, et bien entendu
l’extraire du service où il a été placé de force.
milieu
de journée
Longue
conférence de presse du procureur de la République : le
« crash » du Barcelone-Düsselforf serait volontaire et le fait du
co-pilote, ayant profité d’un moment d’absence du commandant de bord. C’est ce
qu’il ressort de l’enregistrement des dialogues et bruits. Quelque chose donc
d’affreux. Mode opératoire des kamikazes du 11-Septembre. Mais… aucune
revendication en ce sens. Le co-pilote, plutôt jeune : 28 ans, nationalité
et résidence allemandes, nom à consonnance allemande. Un fou ? une
vengeance envers l’un des passagers, ou djihadiste retournée on ne sait
comment. – Manifestement, l’Europe dans un étau : l’Ukraine et le régime
Poutine, le djhad, deux formes de totalitarismes agressifs.
soir
Deux
éclairages forts sur notre moment politique.
Réunion
de la droite. Le binôme voulu par Hollande et Valls au motif de la parité avec
un système de rempplçant alors que l’expérience depuis 2008 montre que celui du
suppléant pour les parlementaires n’a plus de sens. Donc quatre candidats, tous
quatre se prétendant élus de terrain, maires ou adjoint au maire, ayant déjà
des mandats ou des responsabilités particulières au titre d’assemblées d’agglomérations
ou de communautés de communes, voire – ici – le parc naturel régional. Des quatre,
l’un se détache qui incarne parfaitement l’U.M.P. de ces dix ans : une
jeunesse banale, un physique ni beau ni laid, une transparence en tout sauf en
ambition évidente, une banalité totale
de discours : conseiller général sortant, il vante la gestion de la « majorité
départementale » qui sera reconduite en mieux, le Morbihan est le
département le mieux géré de France et la Corrèze, le plus mal selon un
classement d’expert, récemment publié par une revue dont je ne retiens pas le
nom. C’est de la politique aseptisée, ramenée à de la gestion, aucune esquisse
de la personnalité d’une collectivité ou d’un territoire. Le président sortant
de l’assemblée n’est nommé qu’une fois, le sigle UMP est absent et bien entendu
des noms des rivaux pour la primaire dans le parti, aucun n’est mentionné. Le
scrutin est donc très local. – Distribuant le tract des réunions-programmes, le
binôme de la gauche, ne se présentant pas non plus sous une étiquette
nationale, est sur le seuil de la réunion de droite. J’irai naturellement les
soutenir demain. Ce soir, la réunion est dans mon village et la maire élue il y
a un an m’a fait remarquer… qu’elle avait remarqué mon absence à ses réunions
du premier tour. Cette femme austère que j’eusse voulu dans mon équipe 2001 a la gentillesse de m’évoquer
dans son propos public. Je me suis gardé d’applaudir, et le débat n’a pas eu
lieu, sauf une question sur un droit ou pas à une pension d’handicapé. J’aurais
pu questionner le champion sur le sens du département ou sur ces valeurs et
convictions dont il se réclame et provoquer ainsi, de fil en aiguille des
interrogations et des réponses. Mais je n’avais aucune raison ni aucun intérêt
à paraître. En revanche, demain, je parlerai d’avenir : déjà en 2012, à la
réunion-bilan du Front de gauche, j’avais opiné pour une organisation en réseau
et une visibilité dans tous les événements sociaux de nos lieux. Les partis n’existent
plus en dehors des institutions, ils ne les nourrissent pas mais prospèrent sur
elles. La gestion est le thème général. – Evidence, l’avenir à horizon de
deux-trois ans est à l’union nationale et à des réflexions sans clivage su l’Eurpope, ;
l’économie, la défense. Nous véhiculons de la langue de bois depuis vingt ou
trente ans. Plus les candidats sont jeunes, plus les thèmes et les
présentations sont surannés.
Le Canard enchaîné est le second éclairage. Crû. Sarkozy
organise en douce la primaire à l’UMP : il faudra soixante-dix parrainages
de parlementaires pour y accéder. Compte tenu des effectifs actuels, cela va restreindre
énormément les possibilités de concourir. Kosciuszko-Morizet en est avertie.
Les haines à la tête de l’U.M.P. dépassent sans doute l’imagination et les
mots. J’ai pourtant la conviction que cette droite ne gagnera pas en 2017. Juppé,
soi-disant « le recours », est battu chez lui, tant en ville que dans
l’ensemble du département et de la région. Un recours et une réputation
oubliant d’une part le désastre psychologique pour son moment à Matignon et d’autre
part, donc, ce qui est analysé maintenant : la précarité de son ancrage
local. Deux victimes, ce qui change une partie du paysage politique : le
Modem et François Bayrou ont perdu toute importance nationale, les Verts n’existent
pas davantage.
[1] - Le 26/03/2015 07:25, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :
Cher ami,
Monsieur le Secrétaire général,
1° très bien mais minimum que le Président soit à Tunis dimanche, mais combien j'eusse aimé qu'il y soit allé dans les premiè-res heures, "sous le coup" de l'émotion. Le général de Gaulle plongeant dans un sous-marin jumeau de l'Euridyce, qui venait de sombrer : Février 1968, et à l'endroit-même du naufrage, sans communiqué préalable ni images publiques. Ou François Mitterrand saisissant la main du chancelier Kohl à Verdun. Le spontané, la force d'être pris. Si souvent dans l'évangile, Jésus "saisi de compassion";
2° s'il ne l'a déjà vu, si vous ne 'lavez vu, pouvez-vous faire en sorte que le Président voit le le film d'Eran Riklis : Mon fils, la clé du drame et de l'avenir palestinien, l'Etat unitaire judéo-arabe. Dialectique et jeu magnifiques. Participation française au financement, ainsi qu'un fonds officiel de l'Etat d'Israël.
Voeux sincères. Souhaits, vous les connaissez tous.
1° très bien mais minimum que le Président soit à Tunis dimanche, mais combien j'eusse aimé qu'il y soit allé dans les premiè-res heures, "sous le coup" de l'émotion. Le général de Gaulle plongeant dans un sous-marin jumeau de l'Euridyce, qui venait de sombrer : Février 1968, et à l'endroit-même du naufrage, sans communiqué préalable ni images publiques. Ou François Mitterrand saisissant la main du chancelier Kohl à Verdun. Le spontané, la force d'être pris. Si souvent dans l'évangile, Jésus "saisi de compassion";
2° s'il ne l'a déjà vu, si vous ne 'lavez vu, pouvez-vous faire en sorte que le Président voit le le film d'Eran Riklis : Mon fils, la clé du drame et de l'avenir palestinien, l'Etat unitaire judéo-arabe. Dialectique et jeu magnifiques. Participation française au financement, ainsi qu'un fonds officiel de l'Etat d'Israël.
Voeux sincères. Souhaits, vous les connaissez tous.
[2] - Genèse XVII 3 à 9 ; psaume CV ; évangile selon saint Jean VIII
51 à 59
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