dimanche 7 septembre 2014

courriel à l'Elysée - arbres et forêt - sondages, scenarii, réalité

----- Original Message ----- From: bertrand fessard de foucault To: Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée Sent: Sunday, September 07, 2014 8:17 AM Subject: de la part de Bertrand Fessard de Foucault - sondages, scenarii, réalité - l'arbre et la forêt Cher ami, Monsieur le Secrétaire général, ni plus ni moins que les élections municipales puis européennes, les sondages de ces trois-jours-ci ne doivent étonner. Cet état de l'opinion était en gestation toute l'année 2013, le Président "passé sous la barre" des 50% dans les troios mois de son avènement : Aulnay et Florange ayant révélé sinon une politique, du moins une attitude. Le livre de VT produit une explication de la psychologie présidentielle - négative et par l'intime - que le Président n'a pas su jusqu'à présent donner lui-même de lui par son action. Celui de Cécile Duflot, très sobre et agréable à lire, provoquant une vraie empathie, est descriptif et assembleur de beaucoup de ce qui se donnait depuis dix-huit mois de la manière dont fonctionne le gouvernement. Paradoxalement, alors que là où j'habite, le livre de VT est inaccessible en quarante-huit heures sauf commande (que j'ai faite naturellement), personne de celles et ceux que j'interroge au hasard de tous lieux et circonstances ne l'a lu... encore, ou ne le lira... Ce sont donc les exploitations qui en sont faites par les medias et les interventions le plus souvent en défense qui viennent de la classe politique, qui ont provoqué cette soudaine et totale mise en portrait du Président. Ma proposition d'il y a quelques jours tient donc plus que jamais. La suite... vote de confiance à l'Assemblée nationale et sénatoriales pour un tiers en fin de ce mois, si je ne me trompe. "Sur le papier", la majorité étant de 287 voix, le groupe parlementaire étant de 290, la tribune donnée au Monde, avant la Rochelle et la semi-organisation des "frondeurs", rassemblant entre 200 et 215 signatures, la seule abstention d'une partie des "frondeurs" donne la majorité relative à l'UMP. La censure votée, les démarches individuelles - semblables à celles, honteuses, de l'Elysée pour faire passer la révision constitutionnelle de Juillet 2008 - vont continuer comme avant ce vote : tentative de dissuader, de débaucher et de rameuter : poisons et délices du système fut-il dit de la Quatrième République (André Siegfried ou Jacques Fauvet ?). Le Président ne dissoudra pas, ne démissionnera pas, ni les législatives ni les présidentielles ne seront anticipées. Un Premier ministre, voire plusieurs successivement pour une majorité de bric et de broc, fragile et évidemment pas "de gauche". Cela en hâte tandis que le projet de budget se réécrit pour entériner les erreurs optimistes de projection macro-économique, ce dont il a été fait maladroitemnt état en début de semaine. Donc encore plus de coulisse que depuis trente mois Ce scenario a un énorme avantage. Il montrera que le mimétisme d'un quinquennat à l'autre, sensible dans les questions très apparentes : Roms, immigration, mais aussi dans l'étalage de la vie personnelle du président qui divorce ou recompoe pour la énième fois sa vie conjugale ou familale, vaut plus encore en politique économique. Le pacte budgétaire, signé par l'un, ratifié et appliqué par l'autre à l'identique. L'opposition UMP et les centristes, venant en tant que tels ou se mélangeant à une des composantes socialistes pour constituer un nouveau gouvernement cet automne, ne changera en rien la politique économique. Or, c'est cette politique - et elle seule ou principalement, conduite loin du peuple, loin des réalités, sans la projection, les mises en communs et les consensus qu'organisait de la Libération aux années 1980 la "planification souple à la française" - qui produit le rejet actuel des Français, pas seulement vis-à-vis du Président, mais vis-à-vis de la politique, de celles et ceux qui en "font". Ce rejet - donc la volonté de changement mais aussi au vu de tout ce qui se vit depuis 2008, la désespérance que vienne ce changement - est réaliste, puisque cette politique ne donne aucun résultat, et elle n'en donne aucun parce qu'elle est inadaptée pour l'essentiel aux circonstances et aux questions, dont la somme et le diagnostic n'ont d'ailleurs été posés par personne en France ni en Europe, ni même aux Etats-Unis, inadaptée surtout parce qu'elle laisse de côté notre génie propre, nos expériences nationales, nos divers legs et acquis. Depuis l'automne de 2011, j'ai écrit au candidat puis au Président dans les termes les plus simples ce qui correspond au bon sens et peut constituer un changement de stratégie bénéfique. J'en ai écrit également la fiction. Je vous donnerai par prochain courriel ce fichier-là, inachevé pour sa conclusion, et qui n'a pas encore été édité. Il s'agit autant d'Europe, d'économie que de société, et même de vie privée du Président (quel qu'il soit, car beaucoup de nos notoriétés politiques en sont au point du Président, ce qui explique un silence général sur le vrai point : fait générateur du livre de VT). Dès l'automne de 2011, dans des lettres laissées sans réponse, j'avais insisté pour la solitude monacale et la résidence à l'Elysée, ayant aussi regretté qu'il n'y ait pas eu un arrangement à la Clinton avec Ségolène Royal. J'avais cependant été séduit par les premières paroles de Valérie Trierweiler après l'entrée à l'Elysée et le lui avais écrit. Comme à propos des frappes en Syrie pour lesquelles le Président s'était affiché comme archi-prêt sans que nos ambassadeurs à Londres et à Washington ne lui aient laissé prévoir que l'Amérique et l'Angleterre allaient ne rien faire, j'ai été étonné que le Président ne soit pas informé de ce qui peut peser sur sa vie privée : les paparazzi rue du Cirque et le livre sous presse de VT, peut-être encore d'autres choses. François Mitterrand avait admirablement su d'une part tout maintenir avec Danielle Mitterrand, celle-ci plus que remarquable à tous égards, et d'autre part, quoiqu'en recel de la sécurité présidentielle, préserver un secret, ce à quoi avait consenti l'ensemble des médias quand quelque chose se savait ou allait transpirer, vg. Françoise Giroud, Jean-Edern Hallier. Il est vrai que " l'adversaire le plus fidèle du général de Gaulle " était en prise constante et mutuelle avec l'opinion publique française et jouissait d'un prestige international certain, que sa personnalité était perçue et expliquée, avec justesse, dans les médias et dans l'esprit des Français, qu'il sut même dire lui-même ses diverses autobiographies en termes qui touchèrent et furent admis, qu'enfin le programme commun de la gauche, version 1972, avait été sincèrement appliqué pendant les deux premières années du premier septennat. Depuis le début de 2013, j'ai proposé au Président une rencontre seul à seul ou avec le tiers qu'il jugerait nécessaire, lui et moi, une vingtaine de minutes tous les quinze jours pour son dépaysement mental et pour mon information sur ce qu'il lui tient à coeur. Cette proposition-là - elle aussi - tient toujours. Ces heures et jours-ci évoquent pour moi la fin de Mai 1968. Le total effondrement, en apparence, et le redressement selon des modalités auxquelles les adversaires d'alors prêtèrent beaucoup, des partis d'opposition au Premier ministre qui se crut régnant quoique la négociation de Grenelle avait fait fiasco. Le redressement est possible à la condition d'un changement radical de politique économique. Je le résumerai, si vous le voulez bien et si ce peut être utile, par une prochaine communication. Chaleureusement, avec tous mes voeux. Que le Président tienne bon, mais soit conséquent. 2017 est très loin, mais la nécessité du virage lof pour lof est de tout de suite, sans texte que dans quelques mois : les faits d'abord et uniquement.

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