Jeudi 3 Avril 2008
L’énergie des recommencements, c’est-à-dire du commencement. Les fatigues à préférer la mort. Celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colèrede Dieu demeure sur lui. Le Coran ne dirait pas plus dure objurgation. Ce qui nous montre bien que ces exigences littérales ne sont pas à appliquer, de force, aux autres, politiquement, militairement, socialement, dialectiquement, mais bien à nous-mêmes, en démonstrations intérieures. Refaire nos pentes dans le bon sens, vers le haut. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans compter. L’évangile de saint Jean n’est pas que factuel, mais déjà contemplation, mise en place du mystère que Jésus, en son ministère public, en sa passion et après sa réusrrection exposait. Les Apôtres à sa suite, maintenant qu’ils propagent le même message – dérangeant socialement et politiquement s’il est pris à la lettre puisqu’il change toutes les hiérarchies (le terrorisme aussi change l’ordre du monde et de ses valeurs – ou plutôt rappelle de la manière la plus insensée que notre monde n’a ni ordre ni valeurs que l’argent de quelques-uns dans quelques pays) – les Apôtres sont promis au même sort que leur maître : en entendant les Apôtres parler ainsi, les membres du grand conseil, exaspérés, projetaient de les faire mourir. Assurance des Apôtres, affrontement de deux logiques, les débuts de l’Eglise sont brutaux. Personne n’accepte son témoignage. Mais celui qui accepte son témoignage certifie par là que Dieu dit la vérité. Fondamentalement, notre religion n’est pas une morale ou un comportement, mais une foi. Le Dieu trinitaire qui a tous les attributs et résonne en nos consciences et en nos coeurs, exactement comme Abraham, les Juifs, les Musulmans en ont reçu la révélation. Le Seigneur affronte les méchants pour effacer de la terre leur mémoire. Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. Les souffrances et les malheurs les plus vifs, dans l’Ancien Testament, sont de l’esprit et du psychisme, l’épouvante, la folie, l’angoisse, la terreur. Proposition divine : celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Proposition qui correspond à nos hantises les plus folles, qui répond à nos pentes les plus mortifères ou les plus aériennes. Légèreté et solidité, émancipation possible. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. Un Christ ressuscité et un Paraclet en chacun des croyants. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans compter. Emboîtement et résonnance à chaque verset des deux Testaments et des Actes des Apôtres avec les Evangiles, quoiqu’humainement, ces divers écrits ne soient pas de main unique, et soient même datés très différemment, ou composés selon chaque personnalité. Mais l’Esprit plane sur les eaux primordiales comme Il inspire chacun, jusqu’aujourd’hui. L’Esprit parle dans l’histoire, la plus contemporaine, comme à travers tous nos livres saints, et nos vies en sont chacune un.. Si nous les prions. Regarder Dieu et nous, l’apercevoir en l’autre quotidiennement.[1]
Le sommet de Bucarest est confus quant à l’élargissement territorial de l’Alliance, il est en revanche parfaitement clair sur deux points qui ne sont pas nouveaux.
D’abord, l’Alliance n’a plus de définition territoriale ce qui rend seulement symbolique de son extension les adhésions futures, c’est un pacte anti-terroriste mondial justifiant les demandes américaines d’identité pour les vols transatlantiques ou les guerres d’invasion quand un Etat offre une cible plus aisée à détruire qu’un réseau transfrontaliers d’anonymes convaincus, donc les renforts en Afghanistan et l’alignement sur les dires de Wahsington face à ceux de Téhéran. En cela, la France est parfaitement intégrée, et fière de l’être selon ses dirigeants. Ensuite, à entendre d’une part l’Américain et d’autre part le Français, il est évident que l’Europe, plus de quinze ans après avoir inscrit la politique extérieure et de sécurité commune ou de défense, dans le traité de Maastricht, ce qui était unanimement présenté (avec les critères de convergence pour l’union monétaire) comme une décisive avancée, est toujours à attendre un consentement américain à sa propre existence. Et Sarkozy qui conditionne notre réintégration dans l’organisation intégrée à des progrès dans l’union européenne de défense, s’enthousiasme d’avoir entendu Bush junior souhaiter celle-ci, comme complément – bien entendu – du système atlantique. Pourquoi alors attendre encore un an : certainement pour obtenir quelque chose qui parle aux Français, un commandement voyant. Jacques Chirac, faute de Naples, avait obtenu… Lyon, du moins la rumeur en a couru en 1997. Tout cela se passe en conférences de presse pendant que les « premières dames » ont un programme aseptisé : les mouroirs roumains pour enfants n’y sont pas inscrits.
Pourquoi la timidité de Sarkozy, pourquoi les variantes fortement soulignées entre texte écrit et texte lu ? un recul ? ce n’est certainement pas un débat parlementaire ou une motion de censure, voire les pétitions pour un referendum qui l’interrogent. Je ne sais pas, mais je suppose qu’il est tellement demandeur de cette réintégration – pour se poser une fois de plus en homme de décision face aux tabous – que ses partenaires ne lui facilitent en rien le mouvement, et surtout ne veulent pas que cela soit un événement historique.
Depuis 1969 – date à laquelle, selon le traité fondateur de l’Alliance, un retrait éventuel était devenu loisible, moyennant un préavis d’un an – je considérais une réintégration comme la preuve absolue que Georges Pompidou ou Valéry Giscard d’Estaing auraient trahi de Gaulle. C’était déjà vrai en politique générale et en relations personnelles : la déclaration prématuée de candidature à la succession du Général, faite par le premier, et le non du second au referendum réglant le départ. Cette réintégration n’eut pas lieu, François Mitterrand ne l’envisagea pas non plus, la « guerre des étoiles » ne lui plaisait pas et Roland Dumas s’accorda là-dessus publiquement avec Maurice Couve de Murville. Pour moi, l’intéressant et le significatif aurait été de poursuivre notre émancipation en quittant l’Alliance elle-même, tandis que l’imperium américain se renforçait d’année en année sans que l’Europe progresse autrement qu’en intégration économique. Etre ou pas dans l’organisation intégrée devenait indifférent quand les concepts-mêmes de cible, d’ennemi, d’opérations changeaient au point que la guerre est censée ne plus exister, que tout est opération de maintien de l’ordre ou d’établissement de la démocratie. Alors, les commandements et les état-majors … nous sommes déjà tellement intégrés, nos messageries – au contraire des pays arabes ou de langue de communication russe – ont leurs « boîtes de dialogue » en américain et la langue de l’état-major européen embryonnaire, sis à Strasbourg, est l’anglais. Nous sommes intégrés de pensée stratégique.
Les bons textes quand ils existent sont lettres mortes. Je découvre les structures – selon le Conseil de l’Europe – d’un dialogue interculturel et intrerreligieux qui aura son forum le 8 Avril prochain à Strasbourg. Déjà, un colloque avait eu lieu sur le même thème du 22 au 24 Juin 2007 à Lisbonne : en chantier, un « livre blanc » sur ce dialogue. Processus ouvert les 16 et 17 Mai 2005 à Varsovie – troisième « sommet » sur ce thème. Baratin habituel depuis qu’à la chute du mur de Berlin, les « grands » de ce monde si éphémères et si complices en période d’activité, signent à la première personne du pluriel qui n’engage aucun d’eux : « Nous sommes résolus à faire en sorte que notre diversité devienne une source d’enrichissement mutuel, notamment en favorisant le dialogue politique, interculturel et inter-religieux ». Les grands sujets contemporains donnent lieu à d’autant plus de papier imprimé qu’ils ne sont pas traités efficacement : écologie, racisme, spéculation, corruption. Les textes sans efficacité sur les Etats, ou quand ceux-ci en adoptent de bons pour ce qui concerne leurs citoyens, ils sont sans prise sur ceux-ci. Je crois de plus en plus aux individualités acquérant une autorité morale personnelle.
Ainsi, ai-je récemment découvert que Simone Veil – dont le nom a été attaché avec estime pour les uns et haine pour d’autres, à l’interruption volontaire de grossesse – a fondé bien davantage en traitant à fond de l’environnement et de l’accueil du tout-petit et de ses parents, parfaitement en phase avec la révolution qu’inspira à ce propos Françoise Dolto. La voici avec Kofi Annan à recevoir un prix pour le dialogue nord-sud. Ou bien Simone de Beauvoir – avec Françoise Sagan dont le talent et le témoignage étaient pourtant tout autres – a-t-elle révolutionné la « condition féminine » au point que tout est changé partout, surtout dans l’exercice du pouvoir politique ou économique. Ce soir, le texte donné par l’archevêque de Lyon sur son expérience en diocèse de la relation avec l’Islam. Lyon inspire d’ailleurs son titulaire quel qu’il soit, le cardinal Billé me faisait part de la sienne – positive et aisée – peu avant sa mort prématurée.
A l’inverse, ceux qui usent de leur fonction pour faire valoir des convictions personnelles que fonde seulement le goût de la contradiction avec tout ce qui se faisait ou avait encore cours le 15 Mai dernier…
L’humanitaire, les droits de l’homme : tout ou rien. Ce n’est pas un thème de conversation pour faire dire que cela a été dit, à huis-clos et sans provoquer de réponse d’un chef d’Etat à un autre. Ou bien, les régimes intérieurs des Etats sont indifférents dans les relations internationales, ou bien l’opinion publique dans certains Etats est telle que leurs dirigeants doivent adopter une attitude biaisée par ce que l’on appelle depuis des millénaires le réalisme. L’embargo d’un seul pays envers un autre d’une telle consistance et d’une telle envergure peut paraître naïveté, elle peut aussi devenir le repère d’opinions publiques tel que le tortionnaire, cherchant sa sortie, finit par demander l’asile dans ce pays-là. La France, les Etats-Unis et les pourparlers ayant mis fin à la guerre américaine au Vietnam. Le maire régnant de Paris est dans la position des Etats : son réalisme envers les grands pays et les gros intérêts peut lui coûter tout ce qu’il ambitionne et qui ferait collection à la Juppé ou à la Sarkozy : la direction du parti, la mairie de la capitale, la candidature pour la gauche à l’Elysée. Son acquiescement aux crédits de guerre en Irak continue de « plomber » Hillary Clinton, surtout quand elle a l’argument de son expérience des affaires internationales. La Suède, Olof Palme face à la guerre américaine au Vietnam.
L’énergie des recommencements, c’est-à-dire du commencement. Les fatigues à préférer la mort. Celui qui refuse de croire en lui ne verra pas la vie, mais la colèrede Dieu demeure sur lui. Le Coran ne dirait pas plus dure objurgation. Ce qui nous montre bien que ces exigences littérales ne sont pas à appliquer, de force, aux autres, politiquement, militairement, socialement, dialectiquement, mais bien à nous-mêmes, en démonstrations intérieures. Refaire nos pentes dans le bon sens, vers le haut. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans compter. L’évangile de saint Jean n’est pas que factuel, mais déjà contemplation, mise en place du mystère que Jésus, en son ministère public, en sa passion et après sa réusrrection exposait. Les Apôtres à sa suite, maintenant qu’ils propagent le même message – dérangeant socialement et politiquement s’il est pris à la lettre puisqu’il change toutes les hiérarchies (le terrorisme aussi change l’ordre du monde et de ses valeurs – ou plutôt rappelle de la manière la plus insensée que notre monde n’a ni ordre ni valeurs que l’argent de quelques-uns dans quelques pays) – les Apôtres sont promis au même sort que leur maître : en entendant les Apôtres parler ainsi, les membres du grand conseil, exaspérés, projetaient de les faire mourir. Assurance des Apôtres, affrontement de deux logiques, les débuts de l’Eglise sont brutaux. Personne n’accepte son témoignage. Mais celui qui accepte son témoignage certifie par là que Dieu dit la vérité. Fondamentalement, notre religion n’est pas une morale ou un comportement, mais une foi. Le Dieu trinitaire qui a tous les attributs et résonne en nos consciences et en nos coeurs, exactement comme Abraham, les Juifs, les Musulmans en ont reçu la révélation. Le Seigneur affronte les méchants pour effacer de la terre leur mémoire. Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre. Il est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu. Les souffrances et les malheurs les plus vifs, dans l’Ancien Testament, sont de l’esprit et du psychisme, l’épouvante, la folie, l’angoisse, la terreur. Proposition divine : celui qui croit au Fils a la vie éternelle. Proposition qui correspond à nos hantises les plus folles, qui répond à nos pentes les plus mortifères ou les plus aériennes. Légèreté et solidité, émancipation possible. Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. Un Christ ressuscité et un Paraclet en chacun des croyants. Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans compter. Emboîtement et résonnance à chaque verset des deux Testaments et des Actes des Apôtres avec les Evangiles, quoiqu’humainement, ces divers écrits ne soient pas de main unique, et soient même datés très différemment, ou composés selon chaque personnalité. Mais l’Esprit plane sur les eaux primordiales comme Il inspire chacun, jusqu’aujourd’hui. L’Esprit parle dans l’histoire, la plus contemporaine, comme à travers tous nos livres saints, et nos vies en sont chacune un.. Si nous les prions. Regarder Dieu et nous, l’apercevoir en l’autre quotidiennement.[1]
Le sommet de Bucarest est confus quant à l’élargissement territorial de l’Alliance, il est en revanche parfaitement clair sur deux points qui ne sont pas nouveaux.
D’abord, l’Alliance n’a plus de définition territoriale ce qui rend seulement symbolique de son extension les adhésions futures, c’est un pacte anti-terroriste mondial justifiant les demandes américaines d’identité pour les vols transatlantiques ou les guerres d’invasion quand un Etat offre une cible plus aisée à détruire qu’un réseau transfrontaliers d’anonymes convaincus, donc les renforts en Afghanistan et l’alignement sur les dires de Wahsington face à ceux de Téhéran. En cela, la France est parfaitement intégrée, et fière de l’être selon ses dirigeants. Ensuite, à entendre d’une part l’Américain et d’autre part le Français, il est évident que l’Europe, plus de quinze ans après avoir inscrit la politique extérieure et de sécurité commune ou de défense, dans le traité de Maastricht, ce qui était unanimement présenté (avec les critères de convergence pour l’union monétaire) comme une décisive avancée, est toujours à attendre un consentement américain à sa propre existence. Et Sarkozy qui conditionne notre réintégration dans l’organisation intégrée à des progrès dans l’union européenne de défense, s’enthousiasme d’avoir entendu Bush junior souhaiter celle-ci, comme complément – bien entendu – du système atlantique. Pourquoi alors attendre encore un an : certainement pour obtenir quelque chose qui parle aux Français, un commandement voyant. Jacques Chirac, faute de Naples, avait obtenu… Lyon, du moins la rumeur en a couru en 1997. Tout cela se passe en conférences de presse pendant que les « premières dames » ont un programme aseptisé : les mouroirs roumains pour enfants n’y sont pas inscrits.
Pourquoi la timidité de Sarkozy, pourquoi les variantes fortement soulignées entre texte écrit et texte lu ? un recul ? ce n’est certainement pas un débat parlementaire ou une motion de censure, voire les pétitions pour un referendum qui l’interrogent. Je ne sais pas, mais je suppose qu’il est tellement demandeur de cette réintégration – pour se poser une fois de plus en homme de décision face aux tabous – que ses partenaires ne lui facilitent en rien le mouvement, et surtout ne veulent pas que cela soit un événement historique.
Depuis 1969 – date à laquelle, selon le traité fondateur de l’Alliance, un retrait éventuel était devenu loisible, moyennant un préavis d’un an – je considérais une réintégration comme la preuve absolue que Georges Pompidou ou Valéry Giscard d’Estaing auraient trahi de Gaulle. C’était déjà vrai en politique générale et en relations personnelles : la déclaration prématuée de candidature à la succession du Général, faite par le premier, et le non du second au referendum réglant le départ. Cette réintégration n’eut pas lieu, François Mitterrand ne l’envisagea pas non plus, la « guerre des étoiles » ne lui plaisait pas et Roland Dumas s’accorda là-dessus publiquement avec Maurice Couve de Murville. Pour moi, l’intéressant et le significatif aurait été de poursuivre notre émancipation en quittant l’Alliance elle-même, tandis que l’imperium américain se renforçait d’année en année sans que l’Europe progresse autrement qu’en intégration économique. Etre ou pas dans l’organisation intégrée devenait indifférent quand les concepts-mêmes de cible, d’ennemi, d’opérations changeaient au point que la guerre est censée ne plus exister, que tout est opération de maintien de l’ordre ou d’établissement de la démocratie. Alors, les commandements et les état-majors … nous sommes déjà tellement intégrés, nos messageries – au contraire des pays arabes ou de langue de communication russe – ont leurs « boîtes de dialogue » en américain et la langue de l’état-major européen embryonnaire, sis à Strasbourg, est l’anglais. Nous sommes intégrés de pensée stratégique.
Les bons textes quand ils existent sont lettres mortes. Je découvre les structures – selon le Conseil de l’Europe – d’un dialogue interculturel et intrerreligieux qui aura son forum le 8 Avril prochain à Strasbourg. Déjà, un colloque avait eu lieu sur le même thème du 22 au 24 Juin 2007 à Lisbonne : en chantier, un « livre blanc » sur ce dialogue. Processus ouvert les 16 et 17 Mai 2005 à Varsovie – troisième « sommet » sur ce thème. Baratin habituel depuis qu’à la chute du mur de Berlin, les « grands » de ce monde si éphémères et si complices en période d’activité, signent à la première personne du pluriel qui n’engage aucun d’eux : « Nous sommes résolus à faire en sorte que notre diversité devienne une source d’enrichissement mutuel, notamment en favorisant le dialogue politique, interculturel et inter-religieux ». Les grands sujets contemporains donnent lieu à d’autant plus de papier imprimé qu’ils ne sont pas traités efficacement : écologie, racisme, spéculation, corruption. Les textes sans efficacité sur les Etats, ou quand ceux-ci en adoptent de bons pour ce qui concerne leurs citoyens, ils sont sans prise sur ceux-ci. Je crois de plus en plus aux individualités acquérant une autorité morale personnelle.
Ainsi, ai-je récemment découvert que Simone Veil – dont le nom a été attaché avec estime pour les uns et haine pour d’autres, à l’interruption volontaire de grossesse – a fondé bien davantage en traitant à fond de l’environnement et de l’accueil du tout-petit et de ses parents, parfaitement en phase avec la révolution qu’inspira à ce propos Françoise Dolto. La voici avec Kofi Annan à recevoir un prix pour le dialogue nord-sud. Ou bien Simone de Beauvoir – avec Françoise Sagan dont le talent et le témoignage étaient pourtant tout autres – a-t-elle révolutionné la « condition féminine » au point que tout est changé partout, surtout dans l’exercice du pouvoir politique ou économique. Ce soir, le texte donné par l’archevêque de Lyon sur son expérience en diocèse de la relation avec l’Islam. Lyon inspire d’ailleurs son titulaire quel qu’il soit, le cardinal Billé me faisait part de la sienne – positive et aisée – peu avant sa mort prématurée.
A l’inverse, ceux qui usent de leur fonction pour faire valoir des convictions personnelles que fonde seulement le goût de la contradiction avec tout ce qui se faisait ou avait encore cours le 15 Mai dernier…
L’humanitaire, les droits de l’homme : tout ou rien. Ce n’est pas un thème de conversation pour faire dire que cela a été dit, à huis-clos et sans provoquer de réponse d’un chef d’Etat à un autre. Ou bien, les régimes intérieurs des Etats sont indifférents dans les relations internationales, ou bien l’opinion publique dans certains Etats est telle que leurs dirigeants doivent adopter une attitude biaisée par ce que l’on appelle depuis des millénaires le réalisme. L’embargo d’un seul pays envers un autre d’une telle consistance et d’une telle envergure peut paraître naïveté, elle peut aussi devenir le repère d’opinions publiques tel que le tortionnaire, cherchant sa sortie, finit par demander l’asile dans ce pays-là. La France, les Etats-Unis et les pourparlers ayant mis fin à la guerre américaine au Vietnam. Le maire régnant de Paris est dans la position des Etats : son réalisme envers les grands pays et les gros intérêts peut lui coûter tout ce qu’il ambitionne et qui ferait collection à la Juppé ou à la Sarkozy : la direction du parti, la mairie de la capitale, la candidature pour la gauche à l’Elysée. Son acquiescement aux crédits de guerre en Irak continue de « plomber » Hillary Clinton, surtout quand elle a l’argument de son expérience des affaires internationales. La Suède, Olof Palme face à la guerre américaine au Vietnam.
La Pologne ratifie le traité de Lisbonne : ravaudages au plan européen, ravaudages dans chacun des Etats-membres, l’opinion et son élan n’existent plus nulle part. En cinq mois, sept raifications sur vingt-sept attendues : Hongrie, Slovénie, Malte, Roumanie, France et Bulgarie. Même éloignement des opinions publiques et lassitude réticente du Parlement, à Prague, pour l’accord signé aujourd’hui à Bucarest à propos du bouclier anti-missile. Les Etats-Unis autant que leurs partenaires et vassaux sont de plus en plus grégaires, la crainte des dirigeants d’être en posture solitaire face à leurs concitoyens. Alors, on se tasse et on se congratule entre homologues, avec les « premières dames » à leurs côtés : cela me rappelle les congrès de dirigeants des chemins de fer entre les deux guerres pour lesquels mes grands-parents allaient aux autres bouts de l’Europe avec agrément et photos. de groupe, ou ceux des compagnies d’assurance pour lesquels mes parents avaient pris le tour, même scenarii dispendieux mais souriants. Peut-être utiles à l’ambiance professionnelle, mais entre soi.
L’inquiétant, car les relations de presse ne sont pas abondantes comme s’il y avait quelque mot d’ordre d’étouffement ou de black-out, ce sont les mouvements lycéens. En réalité, l’opposition déterminée des enfants, des parents et des enseignants aux suppressions de poste. Alors que d’un ton indigné, le président régnant assure ne plus pouvoir supporter l’illettrisme – son prédécesseur avait entrepris la même croisade – ou les difficultés et détresses à l’école, on supprime les seuls moyens qui vaillent dans l’enseignement : les enseignants et leurs assistants. Les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus les étudiants, en recherche d’emplois salariés pour payer subsistance immédiate et études – bien différents des « nantis » et fils de famille d’il y a quarante ans, ce sont les lycéens qui, il y a dix ans bientôt, avaient eu la démission de Claude Allègre. Nicolas Sarkozy assurait, avant les municipales, avoir du goût à travailler avec lui.
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