mardi 8 avril 2008

Inquiétude & Certitudes - mardi 8 avril 2008



Mardi 8 Avril 2008

Prier dans la confiance la plus absolue un Dieu crucifié et martyrisé. Figure de l’impuissance et de l’abandon. Clé de nos vies, notre vieillissement et nos échecs, nos erreurs. A notre prière, Dieu ne répond que par le nécessaire, il définit le besoin et le remède. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Venir et croire. En tes mains, je remets mon esprit ; tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité. Etienne, lapidé, récite le psaume. Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Puis les paroles du Christ-même en croix : Seigneur, ne leur compte pas ce péché. Douceur angélique du premier martyr, ambiance de suavité alors que le procès a été d’une vivacité et d’une brutalité extrêmes : Hommes à la tête dure, votre cœur et vos oreilles ne veulent pas connaître l’Alliance… vous ne l’avez pas observée En écoutant cela, ils s’exaspéraient contre luii et grinçaient des dents. Mais Etienne, rempli de l’Esprit Sant, regardait vers le ciel. Tous à la fois se précipitèrent sur lui. Etienne, lynché, Jésus avait été mis à mort selon les règles et dans l’ordre, son disciple et témoin, est submergé par la haine et les pierres. Cette foule qui n’est jamais rassasiée de signes, de preuves, et éventuellement dfe bienfaits : quel signe vas-tu accomplir pour que nous uissions le voir, et le croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Ma prière de demande est un dialogue que je commence, les mains vides et le cœur embarrassé, épuisé, puis je me tais.Et après cette parole, il s’endormit dans la mort. Martyrisé pour avoir vu, lui. Et avoir dit ce qu’il voyait.[1]

Journée simplissime.

A Cahors, le président de la République est chahuté comme il le sera désormais partout : ses prédécesseurs pouvaient se faire réclamer « des sous », mais aucun du service public. Il y avait un certain respect du bien commun matériel, des acquis d’une organisation multiséculaire. A Grenoble, plius de 4.000 lycéens, à Paris, la réciproque des manifestations contre la loi Pécresse : les étudiants, l’UNEF, rejoignent les lycéens. Parents, enfants, professeurs, cela fait du monde. De Gaulle affrontait le slogan, « dix ans çà suffit ». Sarkozy en dix mois, aura exaspéré. Enormément de Français se sentent en danger immédiat. Martin Hirsch va-t-il démissionner. Le président le retient, mais pas le Premier ministre : les crédits nécessaires à ses plans et procédures tournent autour de trois milliards d’euros, que nous n’avons pas, selon Eric Woerth, soutenu par François Fillon.

L’U.M.P. a le cynisme – au vu de la motion de censure de la gauche sur la dérive atlantiste du nouveau pouvoir – de demander à l’opposition de clarifier sa position. Comme si celle du président de la République n’était pas celle qu’il convient d’examiner à fond pour l’approuver ou la critiquer, puisqu’elle est la seule effective. En 1966, certes, le Premier ministre, Georges Pompidou était intervenu mais l’essentiel de l’argumentatiuon gouvernementale avait été soutenu – à l’admiration générale – par Maurice Couve de Murville, le ministre des Affaires étrangères. Aujourd’hui, François Fillon soutient seul le choc, et n’a que deux arguments, dont aucun n’est au fond. Le premier : peut-on se défier du président régnant ? c’est habile mais ne peut s’adresser qu’aux partisans. Le second rallie – pour sa perte, désormais – François Bayrou : peut-on laisser tomber les Afghans. J’observe que sur les sujets sensibles : l’immigration, l’atlantisme – sur ordre ? ou par conviction ? François Fillon est un ulta par rapport au président de la République.

De la plaidoirie de François Hollande, je retiens des arguments qui me conviennent tout à fait, qui sont les miens : Or, la France est bien plus qu’un pays occidental. C’est un pays européen et un pays original. (…) Que vaut l’argument sur la contrepartie offerte en termes de reconnaissance de l’Europe de la Défense au sein de l’OTAN. C’est un jeu de dupes. Les Etats-Unis ne peuvent donner aucune garantie tout simplement parce que cette construction ne leur appartient pas. (…) Quel contexte international oblige à une telle précipitation, oblige à rompre un consensus intérieur et une spécificité internationale ? Quels motifs justifient une telle confiance dans le Président Bush, dans son successeur, dans la politique américaine, alors que nous sommes aujourd’hui face à un Président en fin de mandat et que nul ne sait quelle sera la ligne de conduite de son successeur ? Pourquoi tant de précipitation un an avant la fin du mandat de G. Bush ?

La presse, unanime, titre sur le « fiasco de la flamme » olympique. Sarkozy est obligé de donner du mou. Il a y trois jours, Rama Yade démentait la conditionnalité de sa participation aux Jeux Olympiques (ouverture officielle, seulement…), aujourd’hui lui-même la conditionne. La probailité est que le tour du monde de l’emblème va être supprimé. Comme les opinions sont maintenant dressées, chauffées, tout devient imprévisible, y compris la tenue-même des Jeux.

Le Fonds monétaire international, accusé de complaisance envers les Etats-Unis depuis que cet été a éclaté la crise du « subprime ». Une crise que les pays en voie de développement ou émergents estiment de responsabilité américaine. Strauss-Kahn répond par les thèses de Keynes et vend près de cinq cent tonnes d’or, rendant encore plus illisibles les repères monétaires. Il ne semble pas qu’il y ait eu débat au sein de l’institution. L’euro. a presque doublé de valeur par rapport au dollar en sept ans et cela semble sans effet ni sur le cours des matières premières, à libeller plus que jamais en dollars, ni sur le commentaire courant de la crise mondiale. Je crois celle-ci économique – et de l’ordre de la stratégie et des comportements d’entreprise – alors qu’elle est généralement présentée comme une crise spéculative et boursière. Elle me paraît dominé par les échanges commerciaux et la solvabilité des consommations nationales. L’Europe, de plus en plus consommatrice et de moins en moins productrice, est en baisse de « pouvoir d’achat ».

On ne sait rien des entretiens de Bush avec Poutine, ni de l’impression qu’a faite sur les médias américaine Medvedev, supposé successeur de paille.

L’affaire des enfants exfiltrés du Darfour, censément, n’a pas fini e passionner. Le responsable de l’arche de Zoé assure – ce qui est plus que vraisemblable – que le gouvernement était au courant et même applaudissait et que Rama Yade sur place a ignoré la présomption d’innocence et la protection de ses compatriotes. Il porte plainte contre celle-ci et la garde des Sceaux porte plaintre contre lui.

L’affaire Clearstream, désormais instruite depuis plus d’un mois, va maintenant revenir sur le devant de la scène. Le duel Sarkozy-Villepin a été arbitré depuis l’automne de 2006, quel est alors l’intérêt de l’affaire ? sinon qu’on est proche d’E.A.D.S. et aussi que le président régnant pourrait, plus que le Premier ministre de l’époque, son rival d’alors, avoir tiré profit de la chose. Beaucoup avaient donc intérêt à ce bricolage, si ce fut un bricolage.

La Mauritanie – qui m’est chère depuis plus de quarante ans que j’y ai été investi par un destin insistant – est de nouveau attaquée comme maillon faible en Afrique du nord-ouest et de la même manière qu’au temps de cette guerre imposée au président-fondateur Moktar Ould Daddah. Alors comme aujourd’hui pour la troisième fois en cinq mois, des éléments incontrôlés ou inspirés arrivent d’Algérie. Al Qaïda, organisés ou spontanés. Il n’y a aucune raison propre au pays, en ce moment, de choisir la révolte ou la dénégation par un symbole ou un acte fort. Cela vient de l’extérieur, ce n’est pas idéologique, c’est stratégique. Le risque pour Nouakchott est d’être encore plus dépendant des services de renseignement étrangers, donc américains davantage que français. Je suis inquiet.

[1] - Actes VII 51 à VIII 1 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Jean VI 30 à 35

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