Jeudi 24 Avril 2008
Crédibilité des Etats
Impopularité
Communication
Prier… Le Seigneur réalise ainsi ses projets, qui sont connus depuis toujours. Sans doute l’ensemble de notre salut nous est-il connu selon la promesse qui nous est faite, connu aussi dans l’espérance dont nous ne nous défaisons pas à peine de mort… mais l’événement, le fait, la transfiguration ? Mode de délibération exemplaire de l’Eglise primitive, une série d’interventions, chacune calme et inspirée, se situant elle-même, la référence est cependant le point commun à toutes : l’Ecriture et son accomplissement par Jésus-Christ. Pierre revendique ce que la postérité a trop exclusivement donné à Paul : l’annonce aux païens. Tous ont la conviction d’un salut offert à tous, universellement, et – leçon pour aujourd’hui – selon leurs mœurs initiaux, qu’il y a à peine lieu de retoucher. Ce n’est pas une voie qui est imposée du dehors et serait celle des prêcheurs. L’évangélisation est une mise en présence de Dieu et de son projet, elle n’est pas une annexion. Allez dire aux nations : ‘Le Seigneur est roi’. Aux premiers évangélisés, ses apôtres, Jésus dit ce qui a été trop souvent pris pour une fin, et qui n’est qu’une conséquence parmi tant d’autres de notre union à Lui : la joie. Que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie. Le discernement par la joie, critère – comme le doigt mouillé est sensible au vent – de ce qu’il convient de faire, simulation de ce qui me rend joyeux ou triste. En regard, l’expérience de la nuit – est-elle joyeuse ? – trois ans pour Thérèse de Lisieux, cinquante pour Teresa de Calcutta. Joie du Christ, est-elle mentionnée ailleurs dans le récit johannique de la Cène. Joie ? alors qu’il sait sa Passion imminente. La joie est un constat intime, elle n’est pas une fin ou un des objets de la vie spirituelle, de la vie. La vie est par elle-même sa fin. La vie est Dieu-même. La Voie, la Vérité, la Vie…[1]
Trois Etats sont aujourd’hui crédibles, pas un de plus. L’Union soviétique est morte de ne plus l’être pour les siens, vis-à-vis de l’étranger. Les Etats-Unis parce qu’ils sont gouvernés censément selon leur opinion publique, mais l’oppinion publique y est manipulée comme jamais : le 11-septembre n’a pas dit sa véritable histoire encore et tout est maintenant public sur les mensonges ayant justifié et continuant de justifier l’agression contre l’Irak puis l’occupation de ce pays (et de ses ressources pétrolières). La Chine parce qu’elle n’a pas d’opinion publique et que ses gouvernants peuvent ameuter des foules chaque fois qu’ils le souhaitent et sur le sujet qu’ils souhaitent. Israël, dont la prise en flagrant délit d’espionnage, aux Etats-Unis même, de l’un des siens, montre s’il est encore besoin que c’est un Etat quasi-consensuel en matière de sécurité, celle-ci entendue comme une posture d’anticipation constante d’une tentative d’extermination finale par un environnement quarante fois supérieur en nombre, mais largement inférieur en organisation et en technologie. – L’Europe rampe devant ces trois Etats. La France du général de Gaulle et assez bien celle de ses successeurs jusqu’il y a un an, ne rampait pas. Nous donnent un certain exemple encore, les pays réputés « petits », l’autrichienne Benita Waldner-Ferrero ou le belge Louis Michel, chacun a été un grand ministre des Affaires étrangères pour son pays, et ils sauvent, à l’extérieur, l’honneur de l’Union européenne. C’est connu et admis, commenté, sauf chez nous.
Les lycéens continuent. Le projet de loi sur la « modernisation » de l’économie dresse contre elle – favorisant la grande distribution – l’ensemble de la chaîne de production agro-alimentaire. De la belle communication. Démagogie devant les transporteurs routiers, alors que depuis quinze ou vingt ans, on nous parle du ferro-routage comme solution universelle aux questions de pollution et à celles des transits alpins.
L’oubli des communicants quand il s’agit des gouvernants : la situation respective des vis-à-vis. Les Français ne regardent pas la politique comme un jeu d’idées, de programme ou un concours pour la plus belle ou la plus durable ou la plus haute carrière. Ce ne sont pas des professionnels. Ils ont leurs heurs et leurs malheurs, leur cercle intime d’amour et de responsabilité. S’ils jugent, ils ont raison. Les gouvernants, directement ou indirectement, sont des élus, leurs élus, donc leurs égaux, de simples mandataires, révocables, pas d’essence supérieure. Les génies parmi les gouvernants sont rares. Deux, à la tête de l’Etat, en ont été : Bonaparte et de Gaulle. Quelques très grands ministres ont illustré la fonction dans un domaine précis, et avec la confiance du chef de l’Etat. Actuellement, comme ces dernières décennies, il ne devrait y avoir que des serviteurs du bien commun, désintéressés et – en particulier – s’appliquant à eux-mêmes les sacrifices ou les conversions qu’ils prêchent à leurs concitoyens que nous sommes. Nous en sommes de plus en plus loin. Les Français de plus en plus culpabilisés comme sous Vichy ne sont pas même gratifiés d’une perspective siotuant les efforts, évaluant les médications.
L’impopularité n’est pas forcément le signe que les gouvernants voient et martchent juste. Elle est en tout cas un frein à la fécondité de toute réforme, puisque celle-ci n’est ni comprise ni acceptée, qu’elle n’est donc accompagnée, enrichie en rien. La popularité est signe soit d’un malentendu – le retour de Daladier au Bourget, arrivant de chez Hitler, le dire de Neville Chamberlain rentrant, lui aussi, chez lui : it’s peace for our generation – soit d’une entente : la confiance massive, quasi-inconditionnelle et au-dessus de tous les clans et partis, accordée par les Français pour résoudre la « question algérienne ». L’exemple d’impopularité, de nos jours, est celle d’Alain Juppé : elle l’empêcha d’aborder la question des retraites mais il put, parce qu’il gardait le sens de l’Etat et qu’il avait une réelle connaissance des finances publiques, mettre en place ce à quoi avait déjà pensé Pierre Bébérgovoy, le financement de la sécurité sociale par le budget et moyennant le contrôle du Parlement. Le grand précédent est évidemment la haine dont furent entourés Richelieu et Mazarin, mais ceux-ci – tout simplelement – faisaient l’Etat.
La question, ce soir, pour le président régnant est de démontrer qu’il ne défait pas l’Etat ou qu’il a un autre instrument – équivalant, mais lequel ? – pour servir le bien commun.
Communication ? ce ne peut être que celle du gouvernement, certainement celle de spécialistes ou de porte-parole. Ce doit être la communication des concepteurs et des responsables. Ce soir, puisqu’il s’agit des « réformes » une à une et des divergences d’expression des ministres divers, la parole devrait être celle du Premier ministre, d’autant qu’a commencé la rumeur, inspirée semble-t-il de l’Elysée, qu’il aura à partir au début de 2009 : le cycle des réforemes serait-il alors achevé ? et pourquoi ne pas dès maintenant en donner la synthèse, c’est-à-dire la finalité d’ensemble ? et si Nicolas Sarkozy veut montrer qu’il n’est plus « que » président de la République, pourquoi ne pas s’adresser aux Français en compagnie de François Fillon ? et en alternance de réponses aux journalistes : là, il y aurait une véritable première en communication.
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