Dimanche 30 Mars 2008
Densité des rencontres et des flux-constructions de réflexion sur ce qu’il m’est donné d’accompagner ou de méditer. Que cela ne produise qu’affection et bien, utilité vraie. Et que la force me soit donnée des consentements aux décisions à prendre. Mouvement aussi de l’action de grâces sans orgueil, uniquement par un retour à la posture totale d’être présent à la demande de Dieu dans ma vie, dans nos vies, quelles qu’elles soient, quel que soit l’explicite ou le vide en notre conscience de toute foi. Que de rencontres de personnes et d’idées, et pourtant une seule vie, une seule action, une seule présence, peu dicibles, mais dont notre foi nous donne quelque commencement d’identification et d’usage. Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble et ils mettaient tout en commun. A-t-on assez médité l’organisation pratique de l’ordre social dans l’Eglise primitive ? cela, mais aussi que malgré les querelles et différences de personnes, il y avait un gouvernement collégial qui fonctionnait, avec une prééminence qui n’était pas pesante, et surtout une attention aux signes, et une discussion de tous les points. Ensemble. Pauvreté et caricature de nos organisations humaines, ecclésiales, politiques, de nos fratries de sang ou d’intelligence. Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tout simplement, parce qu’ils étaient exemplaires, ils étaient contagieux. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs. Fête ou solennité – dimanche de la divine miséricorde. Autant, je « comprends » cette divine miséricorde étant donné ce que nous sommes, autant l’apparition de cette fête, le personnage d’une religieuse canonisée, je crois, Faustine en Pologne, et la dévotion qu’avait pour elle Jean Paul II me sont extérieurs, et surtout la propagande qui en est faite. Ceux qui prêchent la charité en ont souvent le comportement, et peut-être le cœur, le plus contraire. Renaître… pour une divine espérance. Vous en tressaillez de joie, même s’il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves. Je ne peux lire ce texte de Paul sans en être saisi : quel discours direct, quelle homélie ! si les premiers chrétiens étaient subjuguants à soulever le monde et à changer l’empire romain, c’est que les apôtres avaient une parole étonnante de pénétration. Les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres… Jésus-Christ, lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore, et vous tressaillez d’une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut qui est l’aboutissement de votre foi. L’évangile de Thomas tant médité et si exemplaire. Le Christ ressuscité, ses modes de présence, les fondations : recevez l’Esprit saint… tout homme à qui vous remettrez ses péchés… la vie sacramentelle, le passage du relais dans le pardon des péchés qu’opérait Jésus à l‘occasion de chacun de ses miracles, pendant son ministère public, tout cela n’a lieu qu’après la résurrection. Thomas invité à toucher, ne touche sans doute pas, à l’invite, il répond aussitôt : Mon Seigneur et mon Dieu ! et le texte sonne comme un cri d’amour et de reconnaissance, comme une intense validation dirait-on aujourd’hui, plus encore que comme un « acte » de foi. [1] L’épître apostolique – justement – n’est pas aujourd’hui de Paul, le géant intellectuel et missionnaire, mais de Pierre, l’humilité et la pofondeur pastorale. Pierre, souvent présenté comme de pauvre texture culturelle, un peu fruste, un peu trop spontané… mais celui qui fut choisi, si explicitement, pour être la base de l’Eglise, sa pierre de fondement, a des qualités d’équilibre, de vérité telles qu’il voit la grâce et son Dieu-notre Dieu dans l’âme de ceux à qui il s’adresse. Et il a les mots pour l’écrire, le donner jusqu’à nous. Modèle de société, modèle de chrétienté, modèle aussi de pasteur et de prêche…
Les dépêches de l’A.F.P. avec retard.
La tendance de Sarkozy, à la baisse, que je croyais enrayée et avoir atteint aux municipales son plancher, ne se dément pas : le 23, selon le Journal du dimanche, il perd encore un point tombant à 37% de satisfaits, tandis que le Premier ministre en gagne un. Le 25, selon l’IFOP pour Paris-Match, six de perdus… Je gage cependant que d’ici l’été notre président devrait gagner beaucoup de points : la présidence semestrielle de l’Union qu’on fait passer depuis avant Noël pour éternelle et décisive – donc la « stature internationale » à défaut de la prise sur les Français – et la probable naissance à l’Elysée, encore un coup sans précédent (le troisième plus statique étant la stabilité du couple présidentiel garantie par la certitude qu’une nouvelle rupture ferait perdre au mari une dizaine de points dans les sondages…).
Je rapproche l’affaire du sous-préfet de Saintes de celle du baptême, en mise en scène pontificale et à l’occasion la plus solennelle de l’année liturgique, d’un musulman. L’article anti-Israëlien, dilemme dans lequel se trouvent beaucoup, y compris bien des Français juifs : avoir été collectivement et en tant que Juifs victimes d’un dessein prédéterminé et écrit noir sur blanc dès 1923-1926 explique peut-être mais n’excuse ni moralement ni politiquement la manière dont quotidiennement l’Etat d’Israël, en situation de force, tente de forcer le présent mais y perdra, à force aussi, l’avenir. Evidemment, un fonctionnaire d’autorité ne publie pas sans en avoir donné le texte à sa hiérarchie et recueilli son autorisation. Baptiser quelqu’un qui le sollicite, évidemment. Qu’un nouveau baptisé éructe de haine pour son ancien berceau, c’est assez ambivalent mais un journaliste peut aimer le pavois et le dire, la caisse de résonnance du Corriere delle Serra n’était-elle pas assez, il y a Saiont-Pierre-de-Rome et un pape qu’on piège, comme Roger garaudy piègea l’abbé Pierre, ce qui est oublié aujourd’hui. Tandis qu’on ne va pas oublier ce baptême. L’officialité était de trop, l’humilité de la discrétion aurait préparé un saint, le tapage et le triomphalisme prépare quelqu’un qui très probablement va avoir un itinéraire encore plus compliqué que son passé, il y aura de nouvelles apostasies ou de nouvelles conversions dans cette vie dont le texte est trop rigide, pas assez chaleureux. Dans ces affaires d’antisémitisme et d’anti-Islam, ce qui me frappe, c’est que tout y est primaire et en fait haineux, simpliste, donc faux. La contagion n’est jamais pérenne quand elle est haineuse. Le contraire du racisme n’est ni le respect ni la tolérance, il est l’empathie, un réflexe de bonté et la découverte que l’autre et soi-même sont de même fond.
Les réactions françaises à la répression chinoises au Tibet ont tourné aux réactions des seconds rôles en politique nationale face au silence contourné du président et de son porte-parole au Quai d’Orsay : j’en retiens surtout une critique frontale de Nicolas Sarkozy par Alain Juppé (le président recommande à la Chine de ne tuer qu’avec retenue…), c’est son retour à l’autonomie politique, donc à la véritable ambition, maintenant qu’il a repris pied. Il avait eu le don d’une formule aussi agressive envers François Mitterrand lors du simili-putsch des intrégristes du soviétisme à Moscou en Août 1991 : la voix de la France a chevroté, ce qui ne l’a pas empêché d’être très apprécié à l’Elysée quand il devint ministre des Affaires étrangères. Le pluralisme dans notre vie politique nationale tient à deux individualités en ce moment : le maire de Bordeaux et le vaincu aux municipales de Pau. C’est rassurant, il n’y a pas que les machines de partis.
Les rencontres entre plus hauts dirigeants aujourd’hui, du moins selon le prisme français. Ces photographies où les mains sont jointes, mais dont rien de mental ne semblent ressortir de cette gestuelle, parce qu’elle est démentie par les regards rivés de chacun sur les objectifs des photographes. De moins en moins de tête-à-tête, mais de plus en plus des conférences de presse communes, on s’y donne en spectacle, il faut un public. On ne se donne donc à l’autre qu’en acteur et sur scène, à apprécier et connaître que pour le métier non sur le fond.
Lundi 31 Mars 2008
Le tableau si connu, de pureté et de silence, Fra Angelico, une perfection d’attitude, l’ange Gabriel nous donne la partie révérentielle de l’une des deux prières les plus populaires des chrétiens (au moins les catholiques et les orthodoxes – qu’en reçoivente et qu’en disent les protestants ?) et – selon l’Islam – donnera plus tard le Coran à Mahomet et aux musulmans. L‘Eglise oppose le roi Acaz à la Vierge Marie : Demande pour toi un signe. – Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve, ce qui est pris par Dieu très mal : il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes, il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! tandis que la Vierge reçoit en conclusion du dialogue avec l’ange : Car rien n’est impossible à Dieu – Que tout se passe selon ta parole. Ces mots de la Vierge sont ceux-mêmes que son divin Fils dit généralement à l’homme, à la femme de foi qui sont venus à Lui et en faveur de qui se produit un miracle. Les deux dialogues donc. L’attente de Dieu vis-à-vis du roi d’Israël, la déception, le signe donné comme de force. La Vierge au contraire du roi distingué par les hommes, n’est distinguée, à l’Annonciation, que de Dieu, mais ô combien : Je te salue, Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Un être humain regardé ainsi de Dieu ! et une jeune fille, ce qui rejoint tous les fantasmes humains, toutes nos symboliques, bienveillance et simplicité de Dieu, ou notre construction ? l’Ecriture est là. La coincidence littérale des deux prédictions, le prophète et l’ange : la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils et on l’appellera Emmanuel, Dieu avec nous. … Tu vas concevoir et enfanter un fils, tu lui donneras le nom de Jésus. A la question de bon sens de Marie, qui n’est pas conditionnelle, mais qui témoigne qu’elle est déjà entrée dans le dessein qui lui est annoncé : comment cela va-t-il se faire ? la réponse est étonnante, puisqu’elle apporte un surcroît d’extraordinaire. Confirmation aussi : il sera appelé Fils de Dieu. Le souffle de Dieu : l’Esprit saint lors de la création de l’homme, selon la Genèse, deuxième version, et sur les apôtres à l’apparition aux Onze avant la redite pour thomas (Denis M. notre recteur rappelait hier que ce souffle divin n’est mentionné dans notre Ecriture que deux fois seulement… recevez… ). L’Annonciation, commencement de tout (à nouveau), fait écho à cette image, l’Esprit de Dieu planant sur les eaux primordiales. Dans ce que je contemple à présent, les eaux placentaires de l’univers et de notre développement, de notre salut. Ce n’est pas l’Esprit qui « couvre » la Vierge, c’est la puissance du Très-haut. L’Esprit saint est puissance. Gabriel ne donne un « commencement de preuve » que quand tout est acquis. Ce qui est décisif chez la Vierge, son apport propre, c’est son consentement, or dans la dialectique de la scène rapportée par Luc, il n’était pas a priori requis. Le roi Acaz était prié de faire quelque chose, une demande, donc de consentir au moins à un certain comportement. A la Vierge, il n’est rien demandé, tout est constaté, tout est de l’ordre de l’annonce. Or, la voici qui ajoute le décisif, le magnifique, l’inattendu, notre part humaine. Elle pose des questions humaines, relatives à son état du moment ou à son état de vie résolu (virginité qu’ellea résolu de garder même mariée ? ce qu’elle fera, ou état valant seulement et factuellement au moment de l’annonce divine ?) et son consentement lui donne le dernier mot. Le mot qui sera celui de son Fils, pendant tout le ministère public de celui-ci. Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Ecriture. L’Eglise, souvent malheureuse dans ses inventions de gestes, ces décennies-ci, a une belle proposition quand elle demande aux enfants processionnant pour accompagner leurs parents à la communion, de croiser les mains et les avant-bras sur leur poitrine : Fra Angelico peint ainsi la jolie jeune fille qui représente Marie. Et c’est par cette volonté de Dieu, que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. Le sens des vies humaines transformé ou trouvé du fait de l’Incarnation : Dieu a vêcu, Lui-même, notre vie telle que nous la vivons, avons à la vivre (forte formulation de Xavier P. quand il me recevait en confession). Quel don de son corps humain Dieu pouvait faire mieux que de se déposer en Marie, comme « fruit de ses entrailles » ? Ta loi me tient aux entrailles. Dieu, neuf mois, aux entrailles d’une femme, mère de l’Eglise, fils, voici ta mère, et le disciple la prit chez elle. … Voici, je viens. Elle n’avait en principe qu’à écouter, recevoir, elle a fait infiniment plus : Voici la servante du Seigneur. [2]
Depuis longtemps était vêcu ce qui a fini par être appelé le traitement social du chômage. Dominique de Villepin tenta une novation : le traitement juridique du chômage, c’est-à-dire en fait la requalification des contrats de travail, dans la ligne commencée par le patronat qui en même temps qu’il changeait de sigle avait entrepris – en pleine cohabitation, troisième version – la « refondation » du social, c’est-à-dire la déréglementation totale. Théorème, s’il n’y a plus de contrainte juridique pour le licenciement, le patronat adaptera totalement sa demande de main-d’œuvre aux carnets de commandes et cette adaptation fera une offre d’emploi plus abondante et mieux structurée, parce qu’enfin libre de toute contrainte. On oublie qu’il n’y a pas de main d’œuvre efficace sans bien-être au travail (les enquêtes maintenant sur le stress au travail et les suicides pour excès de pression des uns sur les autres). Le Premier ministre en rajoute : traitement du chômage par l’aphorisme. Le plein emploi est la solution à tout, aux déficits budgétaires comme aux pannes de popularité dans les sondages. A quand le traitement économique du chômage ? et à quand une politique économique ? Il est vrai que hors le ministre des Comptes publics qui a le sens du chiffre et quelque ingéniosité de présentation : la gestion individualisée des parcours salariaux dans la fonction publique pour éviter toute augmentation générale qui serait substantielle, il n’y a pas au gouvernement, donc au pouvoir, de personnalités ayant le sens des questions économiques et financières. Nicolas Sarkozy a montré son incompétence devant le MEDEF en université d’été et ses pentes interventionnistes à propos de Gandrenge en Lorraine – une parole en sus qui ne sera pas tenue, François Fillon aujourd’hui la montre aussi par son truisme. – Du coup, on s’étonne peu que la S.N.C.F. et La Poste maintenant versent des dividendes à l’Etat. Les usagers de moins en moins satisfaits, le service public au déshonneur de dater et de ne pas correspondre aux prédateurs de marchés tout conquis et de clientèle captive, mais la singerie de l’entreprise dont la première vocation est de servir l’actionnaire et non le bien commun…
Neuilly… un militant de trente années de dévouement, ayant peut-être démarré au temps de Peretti, démonté en deux temps-trois mouvements par la candidature de complaisance de David Martinon (lui-même en place par la faveur de l’épouse des premiers mois du quinquennat) qu’il contribue à défaire pour ensuite être victime de la manœuvre… un opposant adoubé par le parti présidentiel… et le fils du prince, élu conseiller général à vingt-et-un ans qu’on propulse à la place du militant pour diriger les autres militants… Neuilly est exemplaire.
A l’époque de l’internet triomphant dans le monde entier, où l’on recense cinq millions de « blogueurs » en France, c’est la technique de la banderole qui est le dernier cri pour la communication, vraiment efficace. En déployer une dans le champ des télévisions : à Olympie et au stade de France, rien qui sature.
Mardi 1er Avril 2008
Prier aux premiers chants des oiseaux, le bonheur vêcu malgré tout qui n’est ni découverte ni circonstances mais prise de conscience d’où nous sommes par grâce, la vie conjugale qui nous fait entendre tout et son contraire exactement comme l’Ecriture, tout y étant vérité parce que réalité. Toujours les débuts de l’Eglise, alors que liturgiquement nous vivons le temps d’après Pâques, entre la Résurrection et l’Ascension. L’Eglise nous faisant conclure par la cause de tout, la Pentecôte et l’effusion de l’Esprit saint, l’anti-Babel : la fécondité et la communion, fécondité de tout travail, communion en toute rencontre. Nous en sommes souvent si loin. La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme… c’est avec une grande force que les Apôtres… aucun d’entre eux n’était dans la misère… j’ai quasiment converti le ministre kazakh de la Justice, un des plus éminents juristes de l’époque et des systèmes soviétiques (l’ordre juridique soviétique a-t-il été examiné en dehors de sa sphère d’application géographique, évidemment pollué par le goulag et les mépris des droits de l’homme ?), tant il était sensible à la société que fut l’Eglise primitive (on devrait dire : originelle, car ce ne doit pas être considéré comme un archaïsme, mais comme un modèle) et aussi à l’abrogation de l’esclavage… les effets de Dieu, parfois si concrets et dont aujourd’hui nous nous employons tant à ce qu’ils soient pervertis et empêchés. Jésus, de son côté, prêche le plus insaisissable si l’on n’entre pas dans sa perspective, son monde en fait, pour une fois, il ne se met nullement à la portée de son interlocuteur… je t’ai dit qu’il vous faut renaître… il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit … la Genèse, le don que fait de l’Esprit Jésus ressuscité à sa première apparition aux Onze mais Thomas n’est pas là. En ce chemin spirituel que Nicodème a tant de mal à accomplir, la révélation aussi de la dialectique de la Résurrection est donnéee, les disciples dits d’Emmaüs ont un avantage, quoique l’itinéraire soit le même : ils ont à reconnaître Jésus dans ce qui leur est familier, l’Ecriture-même, puis le plus vêcu, la fraction du pain par celui qui, trois-quatre jours auparavant l’avait encore fait pour eux. Nicodème au contraire, mais c’est l’élite intellectuelle et religieuse du temps, est convié directement à l’énoncé de la réalité : renaissance, Esprit saint, Fils de l’homme, passion, mort et résurrection, ce qui mentalement est pour lui sans socle ni précédent. [3]
Inflation à 3,5% dans la zone euro. de Mars 2007 à Mars 2008. La hantise de Jean-Claude Trichet – qui avait cependant failli « mollir » le mois dernier et donné des signes de dubitation sur la tenue de la monnaie unique par rapport au dollar – est donc tout à fait justifiée, d’autant que d’une part l’opinion publique est partout convaincu que l’euro. a fait « monter les prix » et d’autre part que cette montée encore plus sensible ces derniers mois est très surévaluée dans l’esprit des gens. En sorte que toute politique du pouvoir d’achat – nationale – est vaine, parce qu’elle va se heurter à la sychologie ambiante. Question du même ordre pour le chômage, même si les statistiques enregistrent une amélioration, il est vrai pelliculaire (10 à 12.000 demandeurs d’emploi en moins chaque mois ou presque), la sensation vêcue est le peu d’emploi. Plus guère de travail en France, la formule a été de Marine Le Pen, et d’expérience de proche ou de parents, on cherche du travail, on n’en trouve que difficilement et au rabais de soi.
Gribouille solennellement et triomphalement durable au pouvoir… les compagnons de l’arche de Zoé, grâciés hier soir par le président Déby, sans qu’on évoque la rançon de six millions d’euros qui était demandé pour que soient indemnisés les parents d’enfants « enlevés ». Si ceux-ci existaient réellement, lesdits enfants n’auraient pas passé plusieurs mois en orphelinat et n’y seraient plus, alors que je pense bien qu’il y en a encore : on n’a pas filmé de retrouvailles émouvantes… mais ils restent pour les humanitaires « déchus » des poursuites judiciaires en France. Comme si les autorités françaises, au départ de chez nous ainsi que sur place au Tchad, n’avaient pas pu les empêcher de se déployer. Les vrais coupables jugeant les coupables prétendus. Il y eut quelques jours, quand les seconds étaient à attendre leur procès à N’Djamena, où les premiers ont voulu leur faire rembourser les frais de bouche exposés par la cantine militaire puis le restaurateur expatrié.
Sommet atlantique de Bucarest. Il est heureusement dominé par la division entre les pays participants que suscite – de toutes pièces – le soutien de Etats-Unis à l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine. Sans doute, la Russie en serait-elle quitte pour des protestations comme à propos de l’indépendance du Kosovo (laquelle a embarrarssé dès sa proclamation unilatérale chacun de ceux qui l’avaient encouragée), mais ni l’Allemagne ni la France ne sont d’avis de multiplier les points de friction avec Moscou : le bouclier anti-missile est assez. Pour ma part, je le trouve de trop.
La motion de censure – heureusement – déposée par les socialistes n’a aucune chance d’aboutir, les commenteurs d’aujourd’hui qui n’ont pas vêcu l’automne de 1962 rappelle la seule qui ait été adoptée : ces semaines d’alors firent mon ancrage passionné et admiratif pour de Gaulle, le contemporain qui joua à fond les circonstances (l’attentat du Petit-Clamart, la confrontation américano-soviétique à Cuba) gagna et fonda. Il n’y eut guère que Georges Vedel, mon cher maître, pour aussitôt systématiser et modéliser cette novation du régime français, en fait l’installation de la Cinquième République : la brochure de l’époque…. Vie pour une partie encore des Français, vignette d’histoire pour une majorité d’entre eux aujourd’hui ce qui empêche une évaluation vraie des déviances de plusieurs décennies maintenant. La question de confiance dont le gouvernement s’est garée de la poser, parce que sur le fond il a pour thèse que les initiatives diplomatiques atlantiques de Sarkozy ne changent rien et éclaircissent seulement une évolution déjà engagée depuis longtemps, en tout cas par Jacques Chirac, et parce que pour la forme certains députés de la majorité actuelle aurait pu s’abstenir de la voter. La censure au contraire va montrer qui est minoritaire. Actuellement. François Bayrou, représentant bien plus que lui-même, la votera-t-il ? Elle porte sur les renforts en Afghanistan et sur la situation économique et sociale, pas sur notre retour dans l’O.T.A.N., elle a l’avantage que le gouvernement va s’exposer à des lapsi et que ses non-dits seront définis : il y aura sûrement des formules imprudentes, peut-être provocatrives. Hervé Morin et Christine Lagarde ne brilleront certainement pas. Mais les orateurs de la gauche sauront-ils surprendre ?
Je caresse deux de nos chiennes, puis l’aînée de toutes, en prenant du temps, en massant, en m’arrêtant, voulant faire du bien. Kynésie-thérapie, des gestes et des attentions qui leur technique, leur art mais que je reçois et dont je bénéficie parce qu’il y a manifestement une bonté, une sympathie pour le patient. Sarkozy inspire-t-il aux Français la certitude qu’il veut leur faire du bien ? Une enquêteuse de l’INSEE chez nous ce matin, quelques quartiers ruraux sélectionnés qu’elle suivra plusieurs trimestres relativement à l’emploi soutenu ou pas par leur niveau de culture et de diplômes. Elle dit les gens à bout : leur situation propre dans un pays pauvre, où le travail est subalterne, loin des centres de décision et, en regard, la désinvolture installée des dirigeants nationaux, trop visible cette fois-ci. A bout.
Densité des rencontres et des flux-constructions de réflexion sur ce qu’il m’est donné d’accompagner ou de méditer. Que cela ne produise qu’affection et bien, utilité vraie. Et que la force me soit donnée des consentements aux décisions à prendre. Mouvement aussi de l’action de grâces sans orgueil, uniquement par un retour à la posture totale d’être présent à la demande de Dieu dans ma vie, dans nos vies, quelles qu’elles soient, quel que soit l’explicite ou le vide en notre conscience de toute foi. Que de rencontres de personnes et d’idées, et pourtant une seule vie, une seule action, une seule présence, peu dicibles, mais dont notre foi nous donne quelque commencement d’identification et d’usage. Tous ceux qui étaient devenus croyants vivaient ensemble et ils mettaient tout en commun. A-t-on assez médité l’organisation pratique de l’ordre social dans l’Eglise primitive ? cela, mais aussi que malgré les querelles et différences de personnes, il y avait un gouvernement collégial qui fonctionnait, avec une prééminence qui n’était pas pesante, et surtout une attention aux signes, et une discussion de tous les points. Ensemble. Pauvreté et caricature de nos organisations humaines, ecclésiales, politiques, de nos fratries de sang ou d’intelligence. Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple. Tout simplement, parce qu’ils étaient exemplaires, ils étaient contagieux. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs. Fête ou solennité – dimanche de la divine miséricorde. Autant, je « comprends » cette divine miséricorde étant donné ce que nous sommes, autant l’apparition de cette fête, le personnage d’une religieuse canonisée, je crois, Faustine en Pologne, et la dévotion qu’avait pour elle Jean Paul II me sont extérieurs, et surtout la propagande qui en est faite. Ceux qui prêchent la charité en ont souvent le comportement, et peut-être le cœur, le plus contraire. Renaître… pour une divine espérance. Vous en tressaillez de joie, même s’il faut que vous soyez attristés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves. Je ne peux lire ce texte de Paul sans en être saisi : quel discours direct, quelle homélie ! si les premiers chrétiens étaient subjuguants à soulever le monde et à changer l’empire romain, c’est que les apôtres avaient une parole étonnante de pénétration. Les frères étaient fidèles à écouter l’enseignement des Apôtres… Jésus-Christ, lui que vous aimez sans l’avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore, et vous tressaillez d’une joie inexprimable qui vous transfigure, car vous allez obtenir votre salut qui est l’aboutissement de votre foi. L’évangile de Thomas tant médité et si exemplaire. Le Christ ressuscité, ses modes de présence, les fondations : recevez l’Esprit saint… tout homme à qui vous remettrez ses péchés… la vie sacramentelle, le passage du relais dans le pardon des péchés qu’opérait Jésus à l‘occasion de chacun de ses miracles, pendant son ministère public, tout cela n’a lieu qu’après la résurrection. Thomas invité à toucher, ne touche sans doute pas, à l’invite, il répond aussitôt : Mon Seigneur et mon Dieu ! et le texte sonne comme un cri d’amour et de reconnaissance, comme une intense validation dirait-on aujourd’hui, plus encore que comme un « acte » de foi. [1] L’épître apostolique – justement – n’est pas aujourd’hui de Paul, le géant intellectuel et missionnaire, mais de Pierre, l’humilité et la pofondeur pastorale. Pierre, souvent présenté comme de pauvre texture culturelle, un peu fruste, un peu trop spontané… mais celui qui fut choisi, si explicitement, pour être la base de l’Eglise, sa pierre de fondement, a des qualités d’équilibre, de vérité telles qu’il voit la grâce et son Dieu-notre Dieu dans l’âme de ceux à qui il s’adresse. Et il a les mots pour l’écrire, le donner jusqu’à nous. Modèle de société, modèle de chrétienté, modèle aussi de pasteur et de prêche…
Les dépêches de l’A.F.P. avec retard.
La tendance de Sarkozy, à la baisse, que je croyais enrayée et avoir atteint aux municipales son plancher, ne se dément pas : le 23, selon le Journal du dimanche, il perd encore un point tombant à 37% de satisfaits, tandis que le Premier ministre en gagne un. Le 25, selon l’IFOP pour Paris-Match, six de perdus… Je gage cependant que d’ici l’été notre président devrait gagner beaucoup de points : la présidence semestrielle de l’Union qu’on fait passer depuis avant Noël pour éternelle et décisive – donc la « stature internationale » à défaut de la prise sur les Français – et la probable naissance à l’Elysée, encore un coup sans précédent (le troisième plus statique étant la stabilité du couple présidentiel garantie par la certitude qu’une nouvelle rupture ferait perdre au mari une dizaine de points dans les sondages…).
Je rapproche l’affaire du sous-préfet de Saintes de celle du baptême, en mise en scène pontificale et à l’occasion la plus solennelle de l’année liturgique, d’un musulman. L’article anti-Israëlien, dilemme dans lequel se trouvent beaucoup, y compris bien des Français juifs : avoir été collectivement et en tant que Juifs victimes d’un dessein prédéterminé et écrit noir sur blanc dès 1923-1926 explique peut-être mais n’excuse ni moralement ni politiquement la manière dont quotidiennement l’Etat d’Israël, en situation de force, tente de forcer le présent mais y perdra, à force aussi, l’avenir. Evidemment, un fonctionnaire d’autorité ne publie pas sans en avoir donné le texte à sa hiérarchie et recueilli son autorisation. Baptiser quelqu’un qui le sollicite, évidemment. Qu’un nouveau baptisé éructe de haine pour son ancien berceau, c’est assez ambivalent mais un journaliste peut aimer le pavois et le dire, la caisse de résonnance du Corriere delle Serra n’était-elle pas assez, il y a Saiont-Pierre-de-Rome et un pape qu’on piège, comme Roger garaudy piègea l’abbé Pierre, ce qui est oublié aujourd’hui. Tandis qu’on ne va pas oublier ce baptême. L’officialité était de trop, l’humilité de la discrétion aurait préparé un saint, le tapage et le triomphalisme prépare quelqu’un qui très probablement va avoir un itinéraire encore plus compliqué que son passé, il y aura de nouvelles apostasies ou de nouvelles conversions dans cette vie dont le texte est trop rigide, pas assez chaleureux. Dans ces affaires d’antisémitisme et d’anti-Islam, ce qui me frappe, c’est que tout y est primaire et en fait haineux, simpliste, donc faux. La contagion n’est jamais pérenne quand elle est haineuse. Le contraire du racisme n’est ni le respect ni la tolérance, il est l’empathie, un réflexe de bonté et la découverte que l’autre et soi-même sont de même fond.
Les réactions françaises à la répression chinoises au Tibet ont tourné aux réactions des seconds rôles en politique nationale face au silence contourné du président et de son porte-parole au Quai d’Orsay : j’en retiens surtout une critique frontale de Nicolas Sarkozy par Alain Juppé (le président recommande à la Chine de ne tuer qu’avec retenue…), c’est son retour à l’autonomie politique, donc à la véritable ambition, maintenant qu’il a repris pied. Il avait eu le don d’une formule aussi agressive envers François Mitterrand lors du simili-putsch des intrégristes du soviétisme à Moscou en Août 1991 : la voix de la France a chevroté, ce qui ne l’a pas empêché d’être très apprécié à l’Elysée quand il devint ministre des Affaires étrangères. Le pluralisme dans notre vie politique nationale tient à deux individualités en ce moment : le maire de Bordeaux et le vaincu aux municipales de Pau. C’est rassurant, il n’y a pas que les machines de partis.
Les rencontres entre plus hauts dirigeants aujourd’hui, du moins selon le prisme français. Ces photographies où les mains sont jointes, mais dont rien de mental ne semblent ressortir de cette gestuelle, parce qu’elle est démentie par les regards rivés de chacun sur les objectifs des photographes. De moins en moins de tête-à-tête, mais de plus en plus des conférences de presse communes, on s’y donne en spectacle, il faut un public. On ne se donne donc à l’autre qu’en acteur et sur scène, à apprécier et connaître que pour le métier non sur le fond.
Lundi 31 Mars 2008
Le tableau si connu, de pureté et de silence, Fra Angelico, une perfection d’attitude, l’ange Gabriel nous donne la partie révérentielle de l’une des deux prières les plus populaires des chrétiens (au moins les catholiques et les orthodoxes – qu’en reçoivente et qu’en disent les protestants ?) et – selon l’Islam – donnera plus tard le Coran à Mahomet et aux musulmans. L‘Eglise oppose le roi Acaz à la Vierge Marie : Demande pour toi un signe. – Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve, ce qui est pris par Dieu très mal : il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes, il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! tandis que la Vierge reçoit en conclusion du dialogue avec l’ange : Car rien n’est impossible à Dieu – Que tout se passe selon ta parole. Ces mots de la Vierge sont ceux-mêmes que son divin Fils dit généralement à l’homme, à la femme de foi qui sont venus à Lui et en faveur de qui se produit un miracle. Les deux dialogues donc. L’attente de Dieu vis-à-vis du roi d’Israël, la déception, le signe donné comme de force. La Vierge au contraire du roi distingué par les hommes, n’est distinguée, à l’Annonciation, que de Dieu, mais ô combien : Je te salue, Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Un être humain regardé ainsi de Dieu ! et une jeune fille, ce qui rejoint tous les fantasmes humains, toutes nos symboliques, bienveillance et simplicité de Dieu, ou notre construction ? l’Ecriture est là. La coincidence littérale des deux prédictions, le prophète et l’ange : la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils et on l’appellera Emmanuel, Dieu avec nous. … Tu vas concevoir et enfanter un fils, tu lui donneras le nom de Jésus. A la question de bon sens de Marie, qui n’est pas conditionnelle, mais qui témoigne qu’elle est déjà entrée dans le dessein qui lui est annoncé : comment cela va-t-il se faire ? la réponse est étonnante, puisqu’elle apporte un surcroît d’extraordinaire. Confirmation aussi : il sera appelé Fils de Dieu. Le souffle de Dieu : l’Esprit saint lors de la création de l’homme, selon la Genèse, deuxième version, et sur les apôtres à l’apparition aux Onze avant la redite pour thomas (Denis M. notre recteur rappelait hier que ce souffle divin n’est mentionné dans notre Ecriture que deux fois seulement… recevez… ). L’Annonciation, commencement de tout (à nouveau), fait écho à cette image, l’Esprit de Dieu planant sur les eaux primordiales. Dans ce que je contemple à présent, les eaux placentaires de l’univers et de notre développement, de notre salut. Ce n’est pas l’Esprit qui « couvre » la Vierge, c’est la puissance du Très-haut. L’Esprit saint est puissance. Gabriel ne donne un « commencement de preuve » que quand tout est acquis. Ce qui est décisif chez la Vierge, son apport propre, c’est son consentement, or dans la dialectique de la scène rapportée par Luc, il n’était pas a priori requis. Le roi Acaz était prié de faire quelque chose, une demande, donc de consentir au moins à un certain comportement. A la Vierge, il n’est rien demandé, tout est constaté, tout est de l’ordre de l’annonce. Or, la voici qui ajoute le décisif, le magnifique, l’inattendu, notre part humaine. Elle pose des questions humaines, relatives à son état du moment ou à son état de vie résolu (virginité qu’ellea résolu de garder même mariée ? ce qu’elle fera, ou état valant seulement et factuellement au moment de l’annonce divine ?) et son consentement lui donne le dernier mot. Le mot qui sera celui de son Fils, pendant tout le ministère public de celui-ci. Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Ecriture. L’Eglise, souvent malheureuse dans ses inventions de gestes, ces décennies-ci, a une belle proposition quand elle demande aux enfants processionnant pour accompagner leurs parents à la communion, de croiser les mains et les avant-bras sur leur poitrine : Fra Angelico peint ainsi la jolie jeune fille qui représente Marie. Et c’est par cette volonté de Dieu, que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. Le sens des vies humaines transformé ou trouvé du fait de l’Incarnation : Dieu a vêcu, Lui-même, notre vie telle que nous la vivons, avons à la vivre (forte formulation de Xavier P. quand il me recevait en confession). Quel don de son corps humain Dieu pouvait faire mieux que de se déposer en Marie, comme « fruit de ses entrailles » ? Ta loi me tient aux entrailles. Dieu, neuf mois, aux entrailles d’une femme, mère de l’Eglise, fils, voici ta mère, et le disciple la prit chez elle. … Voici, je viens. Elle n’avait en principe qu’à écouter, recevoir, elle a fait infiniment plus : Voici la servante du Seigneur. [2]
Depuis longtemps était vêcu ce qui a fini par être appelé le traitement social du chômage. Dominique de Villepin tenta une novation : le traitement juridique du chômage, c’est-à-dire en fait la requalification des contrats de travail, dans la ligne commencée par le patronat qui en même temps qu’il changeait de sigle avait entrepris – en pleine cohabitation, troisième version – la « refondation » du social, c’est-à-dire la déréglementation totale. Théorème, s’il n’y a plus de contrainte juridique pour le licenciement, le patronat adaptera totalement sa demande de main-d’œuvre aux carnets de commandes et cette adaptation fera une offre d’emploi plus abondante et mieux structurée, parce qu’enfin libre de toute contrainte. On oublie qu’il n’y a pas de main d’œuvre efficace sans bien-être au travail (les enquêtes maintenant sur le stress au travail et les suicides pour excès de pression des uns sur les autres). Le Premier ministre en rajoute : traitement du chômage par l’aphorisme. Le plein emploi est la solution à tout, aux déficits budgétaires comme aux pannes de popularité dans les sondages. A quand le traitement économique du chômage ? et à quand une politique économique ? Il est vrai que hors le ministre des Comptes publics qui a le sens du chiffre et quelque ingéniosité de présentation : la gestion individualisée des parcours salariaux dans la fonction publique pour éviter toute augmentation générale qui serait substantielle, il n’y a pas au gouvernement, donc au pouvoir, de personnalités ayant le sens des questions économiques et financières. Nicolas Sarkozy a montré son incompétence devant le MEDEF en université d’été et ses pentes interventionnistes à propos de Gandrenge en Lorraine – une parole en sus qui ne sera pas tenue, François Fillon aujourd’hui la montre aussi par son truisme. – Du coup, on s’étonne peu que la S.N.C.F. et La Poste maintenant versent des dividendes à l’Etat. Les usagers de moins en moins satisfaits, le service public au déshonneur de dater et de ne pas correspondre aux prédateurs de marchés tout conquis et de clientèle captive, mais la singerie de l’entreprise dont la première vocation est de servir l’actionnaire et non le bien commun…
Neuilly… un militant de trente années de dévouement, ayant peut-être démarré au temps de Peretti, démonté en deux temps-trois mouvements par la candidature de complaisance de David Martinon (lui-même en place par la faveur de l’épouse des premiers mois du quinquennat) qu’il contribue à défaire pour ensuite être victime de la manœuvre… un opposant adoubé par le parti présidentiel… et le fils du prince, élu conseiller général à vingt-et-un ans qu’on propulse à la place du militant pour diriger les autres militants… Neuilly est exemplaire.
A l’époque de l’internet triomphant dans le monde entier, où l’on recense cinq millions de « blogueurs » en France, c’est la technique de la banderole qui est le dernier cri pour la communication, vraiment efficace. En déployer une dans le champ des télévisions : à Olympie et au stade de France, rien qui sature.
Mardi 1er Avril 2008
Prier aux premiers chants des oiseaux, le bonheur vêcu malgré tout qui n’est ni découverte ni circonstances mais prise de conscience d’où nous sommes par grâce, la vie conjugale qui nous fait entendre tout et son contraire exactement comme l’Ecriture, tout y étant vérité parce que réalité. Toujours les débuts de l’Eglise, alors que liturgiquement nous vivons le temps d’après Pâques, entre la Résurrection et l’Ascension. L’Eglise nous faisant conclure par la cause de tout, la Pentecôte et l’effusion de l’Esprit saint, l’anti-Babel : la fécondité et la communion, fécondité de tout travail, communion en toute rencontre. Nous en sommes souvent si loin. La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme… c’est avec une grande force que les Apôtres… aucun d’entre eux n’était dans la misère… j’ai quasiment converti le ministre kazakh de la Justice, un des plus éminents juristes de l’époque et des systèmes soviétiques (l’ordre juridique soviétique a-t-il été examiné en dehors de sa sphère d’application géographique, évidemment pollué par le goulag et les mépris des droits de l’homme ?), tant il était sensible à la société que fut l’Eglise primitive (on devrait dire : originelle, car ce ne doit pas être considéré comme un archaïsme, mais comme un modèle) et aussi à l’abrogation de l’esclavage… les effets de Dieu, parfois si concrets et dont aujourd’hui nous nous employons tant à ce qu’ils soient pervertis et empêchés. Jésus, de son côté, prêche le plus insaisissable si l’on n’entre pas dans sa perspective, son monde en fait, pour une fois, il ne se met nullement à la portée de son interlocuteur… je t’ai dit qu’il vous faut renaître… il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit … la Genèse, le don que fait de l’Esprit Jésus ressuscité à sa première apparition aux Onze mais Thomas n’est pas là. En ce chemin spirituel que Nicodème a tant de mal à accomplir, la révélation aussi de la dialectique de la Résurrection est donnéee, les disciples dits d’Emmaüs ont un avantage, quoique l’itinéraire soit le même : ils ont à reconnaître Jésus dans ce qui leur est familier, l’Ecriture-même, puis le plus vêcu, la fraction du pain par celui qui, trois-quatre jours auparavant l’avait encore fait pour eux. Nicodème au contraire, mais c’est l’élite intellectuelle et religieuse du temps, est convié directement à l’énoncé de la réalité : renaissance, Esprit saint, Fils de l’homme, passion, mort et résurrection, ce qui mentalement est pour lui sans socle ni précédent. [3]
Inflation à 3,5% dans la zone euro. de Mars 2007 à Mars 2008. La hantise de Jean-Claude Trichet – qui avait cependant failli « mollir » le mois dernier et donné des signes de dubitation sur la tenue de la monnaie unique par rapport au dollar – est donc tout à fait justifiée, d’autant que d’une part l’opinion publique est partout convaincu que l’euro. a fait « monter les prix » et d’autre part que cette montée encore plus sensible ces derniers mois est très surévaluée dans l’esprit des gens. En sorte que toute politique du pouvoir d’achat – nationale – est vaine, parce qu’elle va se heurter à la sychologie ambiante. Question du même ordre pour le chômage, même si les statistiques enregistrent une amélioration, il est vrai pelliculaire (10 à 12.000 demandeurs d’emploi en moins chaque mois ou presque), la sensation vêcue est le peu d’emploi. Plus guère de travail en France, la formule a été de Marine Le Pen, et d’expérience de proche ou de parents, on cherche du travail, on n’en trouve que difficilement et au rabais de soi.
Gribouille solennellement et triomphalement durable au pouvoir… les compagnons de l’arche de Zoé, grâciés hier soir par le président Déby, sans qu’on évoque la rançon de six millions d’euros qui était demandé pour que soient indemnisés les parents d’enfants « enlevés ». Si ceux-ci existaient réellement, lesdits enfants n’auraient pas passé plusieurs mois en orphelinat et n’y seraient plus, alors que je pense bien qu’il y en a encore : on n’a pas filmé de retrouvailles émouvantes… mais ils restent pour les humanitaires « déchus » des poursuites judiciaires en France. Comme si les autorités françaises, au départ de chez nous ainsi que sur place au Tchad, n’avaient pas pu les empêcher de se déployer. Les vrais coupables jugeant les coupables prétendus. Il y eut quelques jours, quand les seconds étaient à attendre leur procès à N’Djamena, où les premiers ont voulu leur faire rembourser les frais de bouche exposés par la cantine militaire puis le restaurateur expatrié.
Sommet atlantique de Bucarest. Il est heureusement dominé par la division entre les pays participants que suscite – de toutes pièces – le soutien de Etats-Unis à l’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine. Sans doute, la Russie en serait-elle quitte pour des protestations comme à propos de l’indépendance du Kosovo (laquelle a embarrarssé dès sa proclamation unilatérale chacun de ceux qui l’avaient encouragée), mais ni l’Allemagne ni la France ne sont d’avis de multiplier les points de friction avec Moscou : le bouclier anti-missile est assez. Pour ma part, je le trouve de trop.
La motion de censure – heureusement – déposée par les socialistes n’a aucune chance d’aboutir, les commenteurs d’aujourd’hui qui n’ont pas vêcu l’automne de 1962 rappelle la seule qui ait été adoptée : ces semaines d’alors firent mon ancrage passionné et admiratif pour de Gaulle, le contemporain qui joua à fond les circonstances (l’attentat du Petit-Clamart, la confrontation américano-soviétique à Cuba) gagna et fonda. Il n’y eut guère que Georges Vedel, mon cher maître, pour aussitôt systématiser et modéliser cette novation du régime français, en fait l’installation de la Cinquième République : la brochure de l’époque…. Vie pour une partie encore des Français, vignette d’histoire pour une majorité d’entre eux aujourd’hui ce qui empêche une évaluation vraie des déviances de plusieurs décennies maintenant. La question de confiance dont le gouvernement s’est garée de la poser, parce que sur le fond il a pour thèse que les initiatives diplomatiques atlantiques de Sarkozy ne changent rien et éclaircissent seulement une évolution déjà engagée depuis longtemps, en tout cas par Jacques Chirac, et parce que pour la forme certains députés de la majorité actuelle aurait pu s’abstenir de la voter. La censure au contraire va montrer qui est minoritaire. Actuellement. François Bayrou, représentant bien plus que lui-même, la votera-t-il ? Elle porte sur les renforts en Afghanistan et sur la situation économique et sociale, pas sur notre retour dans l’O.T.A.N., elle a l’avantage que le gouvernement va s’exposer à des lapsi et que ses non-dits seront définis : il y aura sûrement des formules imprudentes, peut-être provocatrives. Hervé Morin et Christine Lagarde ne brilleront certainement pas. Mais les orateurs de la gauche sauront-ils surprendre ?
Je caresse deux de nos chiennes, puis l’aînée de toutes, en prenant du temps, en massant, en m’arrêtant, voulant faire du bien. Kynésie-thérapie, des gestes et des attentions qui leur technique, leur art mais que je reçois et dont je bénéficie parce qu’il y a manifestement une bonté, une sympathie pour le patient. Sarkozy inspire-t-il aux Français la certitude qu’il veut leur faire du bien ? Une enquêteuse de l’INSEE chez nous ce matin, quelques quartiers ruraux sélectionnés qu’elle suivra plusieurs trimestres relativement à l’emploi soutenu ou pas par leur niveau de culture et de diplômes. Elle dit les gens à bout : leur situation propre dans un pays pauvre, où le travail est subalterne, loin des centres de décision et, en regard, la désinvolture installée des dirigeants nationaux, trop visible cette fois-ci. A bout.
[1] - Actes II 42 à 47 ; psaume CXVIII ; 1ère lettre de Pierre I 3 à 9 ; évangile de saint Jean XX 19 à 31
[2] - Isaïe VII 10 à 14 & VIII 10 ; psaume XL ; lettre aux Hébreux X 4 à 10 ; évangile selon saint Luc I 26 à 38
[3] - Actes IV 32 à 37 ; psaume XCIII ; évangile selon saint Jean III 7 à 15
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