Vendredi 11 Avril 2008
Prier…[1] le chemin de Damas. Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? – Qui es-tu, Seigneur – Je suis Jésus, celui que tu persécutes – Saul, mon frère, celui qui m’a envoyé, c’est le Seigneur, c’est Jésus, celui qui s’est montré à toi… Application par Jésus lui-même de son propre enseignement, ce que vous faites… c’est à moi que vous le faites. Paul aveuglé. L’Abbé Pierre dans son autobiographie qu’il me parle il y a douze ans à Zermatt : un éblouissement supportable. Paul, lui, en perd la vue. Habituelle présentation de l’Ecriture, les trois jours pour Paul du triduum pascal, l’apparition en vision pour Ananie. Les Actes sont aussi bien une histoire que le cachet apposé par Celui qui inspire l’écrivain sacré : récit authentifié au plan spirituel par cette sorte de signature courant à travers toute la Bible. Les visions, les faits… Rempli de l’Esprit Saint, comme Marie à l’Annonciation, comme les Apôtres à la Pentecôte, comme Samson et Jésus lui-même dans leur enfance respective. Et sans plus attendre, il proclamait Jésus dans les synagogues, affirmant qu’il est le Fils de Dieu. Jésus tenait, de son temps, un langage aussi difficile à réaliser par ses contemporains : ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. Affirmation directe qui n’a de précédent ni d’analogie dans aucune prédication ni religion. Pris pour du cannibalisme par certains, le prêche n’a son originalité que dans le fait – majeur et décisif – que c’est celui qui parle qui s’offre ainsi. Et ce qui semble horrible et impossible, est – de surcroît – présenté par le Christ comme la clé de tout : celui qui mange ce pain vivra éternellement. L’enseiegnement des Apôtres, et de Paul en particulier, sera plus aisé, puisqu’il est de présentation du Christ et de renvoi à Lui. Mais devant Celui-ci, voilà ce qu’il fallait entendre et accepter, dès son vivant…
Franchise ?
Affrontement direct des Etats-Unis avec l’Iran ? Les avis sont certainement partagés à Washington. La perpétuation probable de la présence américaine en Irak rend à terme la confrontation inévitable, la guerre civile à Bagdad et dans le sud est de l’intérêt iranien. L’Amérique a trois raisons – permanentes – de détester l’Iran (en sus du souvenir de l’humiliation des prises d’otages) : Téhéran rend précaire la présence américaine en Irak, le nucléaire iranien soutenu sans doute au moins par la Russie a sa logique sinon sa légitimité (pourquoi les uns dans le monde aurait l’arme qui a passé pour suprême mais ne l’est sans doute plus au regard d’une guerre bactériologique ou du terrorisme aujourd’hui banalisé même s’il est pratiqué par suicide), Israël n‘a plus peur dans la région que de l’Iran pas tant à cause du nucléaire (Tel Aviv restera longtemps en situation de supériorité technologique et balistique) mais du fait du Hezbolla installé à sa frontière nord, celle avec le Liban. Ces trois raisons sont pérennes, si rien ne se produit, il y aura la guerre et ce sera autre chose que la marche à Bagdad en neuf jours. Pour que quelque chose se produise, il faut qu’il y ait l’Europe. On ne voit pas, depuis que celle-ci a consenti – les yeux fermés avant l’été – au bouclier antimissile, qu’elle construise avec l’Iran quoi que ce soit d’alternatif au conflit.
Mahmoud Abbas peut déjeuner avec Ehoud Olmert, la question de Palestine (au sens géographique et non ethnique) qui aurait pu se résoudre dans les années 1990 par l’émergence consensuelle d’un Etat palestinien dans les territoires occupés, ne peut plus l’être. Ce qui est appelé Autorité palestinienne n’a plus d’emprise que sur la Cisjordanie. Il y a désormais une entité, irréductible pour longtemps comme le fut l’O.L.P. pendant trente ans : le Hamas. Les quelques signaux donnés au moment de sa victoire électorale et il y a quelques semaines encore par le mouvement déclaré extrêmiste, ont été ignorés par Israël – ce qui est historiquement grave – par Washington et surtout par les Européens, jusques là proches de comprendre tous les protagonistes. L’occasion est passée Le dénouement ne peut être qu’un seul Etat, sans doute pluri-ethnique, peut-être avec divers statuts et systèmes de garanties internationales, mais où Israël en tant que tel n’existera plus comme souverain unique. Submersion à terme par la démographie, l’Europe l’a su par ses croisés, de Gaulle l’a prophétisé, le recours à la force et surtout le maintien de tout par la force, appelle la submersion : aveugle. Continuer de parler de processus de paix et d’Etat palestinien en plusieurs morceaux, se livrant entre eux une guerre civile, est de l’ordre du fantasme. L’Etat palestinien aurait dû être proclamé et suscité par le monde entier depuis une dizaine d’années. Faute de quoi, Israël devra être de plus en plus sourd, de plus en plus répressif, donc de plus en plus vulnérable.
La flamme olympique montrée seulement dans les capitales. Le ridicule n’est pas la force policière empêchant la foule d’exister, c’est cette parodie de chaîne sportive autour du monde. Ce qui aurait sens et panache serait le tour de la planète pendant les quatre ans – un lustre – séparant chaque olympiade de la précédente et de la suivante, une véritable randonnée pédestre et continue, un véritable passage de relais, les itinéraires variant d’une fois à l’autre pour partir d’Olympie et y revenir : en quatre ans. Symbole que – comme beaucoup d’autres (ainsi l’élection du président de l’Union européenne au suffrage direct de tous les Européens) – personne qui soit en vue ou au pouvoir, au moins médiatique, ne propose : ce serait trop criant, trop simple.
L’affaire du Ponant, avec sa véritable querelle qui commence : y a-t-il eu trois morts chez les pirates ? la parole de l’Elysée et de ses conseillers qui n’étaient pas sur place contre celle d’un gouverneur régional en Somalie, j’ai tendance à croire celui-ci. Avec aussi sa bande dessinée : implication personnelle du président de la République, tréteaux et familles dans son palais, prise de parole du chef d’état-major particulier et du chef d’état-major général. Un peu l’ambiance de la première guerre du Golfe quand certains de nos officiers, devenus consultants pour la télévision, comparèrent les opérations à la première bataille de la Marne…
L’affaire de la carte de réduction « famille nombreuse ». Ma mère, décorée en sus, neuf enfants, l’avait : fièrement, je l’ai conservée. Sens de l’opinion, de la décence, tout le monde en a fait la preuve pendant deux jours, beau début pour Guillaume Pépy. Victime visée, le Premier ministre – montrant aux Japonais où il a vraiment la tête quand il est à l’étranger – qui assure que l’Etat ne paiera plus. C’est le contraire qui est décidé, en son absence, cet après-midi.
Mais plusieurs aspects de l’actualité de notre pensée publique et de nos évolutions institutionnelles sont mis en lumière. Il est dit que la S.N.C.F. est une entreprise comme une autre, donc le service public ? prétention libérale en contradiction avec l’opposition affichée avec tant des disciplines bruxelloises, car si nos chemins de fer sont une entreprise banale avec distrubution de dividendes, allons plus vite aux autres compagnies nationales évoluant désormais sur nos voies. Si Air France manque l’absorption d’Alitalia, ce ne sera pas la faute à Silvio Berliusconi, si celui-ci revient au pouvoir, mais à Gérard Mestrallet. Nous avons refusé l’Europe du gaz avec le partenaire italien qui se proposait, comment s’étonner que le transporteur aérien, en sus du jeu social tout naturel à Milan et à Rome, se dérobe à l’annexion française ?
Il y a aussi – ce qui n’a guère de précédent sous la Cinquième République que dans la période – courte – où de Gaulle avait tenté de s’émanciper de Georges Pompidou (Juillet 1968 -Avril1969), ce fait décisif : la majorité parlementaire s’inquiète de savoir où l’emmène un Président de la République qu’elle ne peut plus prévoir ni contrôler. Il y avait eu le lapsus de Borloo sur la T.V.A. sociale entre les deux tours des législatives, l’an dernier ; il y a eu la vie privée du nouveau Président, l’affaire de la laïcité, celle de la mémoire du martyre juif ; il y a la carte judiciaire, la carte militaire, la carte de l’enseignement secondaire, et il s’en est fallu de peu que la symbolique carte « famille nombreuse » s’y ajoute… une majorité qui regimbe. Elle acceptera la réintégration atlantique, la révision constitutionnelle, sans y réfléchir, cela ne mobilise pas les électeurs, mais les cartes, le service public, oui, avec des points d’accrochage très visibles – sur fond des statistiques de l’inflation. On peut démontrer que la hausse des prix est exagérément ressentie par le consommateur français, mais – manque de chance – la priorité affichée et ressassée de la Banque centrale européenne est la lutte contre l’inflation, c’est donc bien qu’elle existe.
Nicolas Sarkozy est donc sous contrôle de Bruxelles en macro-économie, et sous contrôle de son groupe parlementaire pour ses réformes les plus visibles, enfin il est sous contrôle de quelques ministres et secrétaires d’Etat dont la démission le montrerait relaps. Ou oublieux de ses promesses quand celles-ci paraissaient généreuses, pour ne se concentrer que sur celles qu’on supporte mal.
Enfin, il y a le ridicule, le pitoyable de ce trop grand nombre de secrétaires d’Etat – qu’un parlementaire en mission pour six mois ou quelque personnalité travaillant un rapport sur commande, comme par ailleurs l’affectionne le président de la République y trouvant là chaque fois deux occasions de discourir, la lettre d’envoi et la cérémonie de remise du papier… ces secrétaires d’Etat concourent à qui aura le micro, à qui saluera l’arbitrage du chef de l’Etat, même pour la carte « famille nombreuse ». Quant au Tibet… accessoirement, la réforme voyante de s’en tenir à quinze ministres et pas un de plus est détournée. De mùeme que les grandes nominations qui, selon les projets p^résidentiels de révision constitutionnelle, devaient passer devant le Parlement, continuent de se faire dans l’arbitraire ou la précipitation ou selon des systèmes de chaises musiciennes ou de prêté-pour-un-rendu qui n’honorent personne, ni celui qui nomme, ni celui qui est nommé : S.N.C.F. hier, E.D.F. demain, Air France dans pas longtemps…
Xavier Darcos paraît compétent, il a été professeur de lycée – dans le temps. La question est d’inspirer confiance. Question d’attitude et question de fond. Tout le chiffrage des suppressions de postes (on dit : emplois) porte sur ce qui sera dévolu aux heures supplémentaires, lesquelles sont volontaires. Le ministre admet donc que son système de remplacement par unité de temps et non par personne physique, dépend du bon-vouloir de ses administrés. Or, il ne leur inspire pas confiance. Il admet, dans une trop grande facilité de parole, que personne ne sait à l’avance les effectifs précis de la prochaine rentrée, classe par classe, et donc que le rapport statistique enseignants/élèves est incertain. Sans doute, se quereller pour 3.500 ou 11.500 emplois sur près d’un million paraît dérisoire, mais il s’agit de vie quotidienne pour des adolescents, des enseignants et des parents. La psychologie est tout. Le sujet ne se règlera pas comme en négociations avec des syndicats, représentatifs ou non.
Notre démocratie ne sait pas débattre et ceux qui sont censés l’animer n’inspirent confiance ni aux administrés ou usagers, ni même aux élus censés les soutenir dans les assemblés législatives. Et peu, sinon personne ne vise le consensus et n’accorde crédit à l’expérience d’autrui. Ce ne sont pas les fonctionnaires qui imposent au pays la technocratie, mais les gouvernants censés venir du rang par élection, toujours révocable. Plusieurs membres du gouvernement viennent de l’expérimenter, et certain, parce qu’il a été élu, préfère rester en situation de l’être à nouveau, plutôt que de garder un portefeuille.
L’organigramme de la présidence de la République révèle – par la pléthore des conseillers, plusieurs pour chaque ministère ou secrétariat d’Etat, révèle la lacune majeure du mandat en cours. Le président de la République veut tout suivre, sinon tout faire remonter à son arbitrage, à sa décision. Mais cet encombrement, cette foule empêchent la synthèse, et en fait le mouvement. Gestion, réforme (c’est-à-dire des soustractions ponctuelles, politiquement coûteuses, économiquement dérisoires, socialement souvent légitimes), mais perspective ? et il n’y a pas de verbe pour racheter ce manque.
Prier…[1] le chemin de Damas. Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? – Qui es-tu, Seigneur – Je suis Jésus, celui que tu persécutes – Saul, mon frère, celui qui m’a envoyé, c’est le Seigneur, c’est Jésus, celui qui s’est montré à toi… Application par Jésus lui-même de son propre enseignement, ce que vous faites… c’est à moi que vous le faites. Paul aveuglé. L’Abbé Pierre dans son autobiographie qu’il me parle il y a douze ans à Zermatt : un éblouissement supportable. Paul, lui, en perd la vue. Habituelle présentation de l’Ecriture, les trois jours pour Paul du triduum pascal, l’apparition en vision pour Ananie. Les Actes sont aussi bien une histoire que le cachet apposé par Celui qui inspire l’écrivain sacré : récit authentifié au plan spirituel par cette sorte de signature courant à travers toute la Bible. Les visions, les faits… Rempli de l’Esprit Saint, comme Marie à l’Annonciation, comme les Apôtres à la Pentecôte, comme Samson et Jésus lui-même dans leur enfance respective. Et sans plus attendre, il proclamait Jésus dans les synagogues, affirmant qu’il est le Fils de Dieu. Jésus tenait, de son temps, un langage aussi difficile à réaliser par ses contemporains : ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. Affirmation directe qui n’a de précédent ni d’analogie dans aucune prédication ni religion. Pris pour du cannibalisme par certains, le prêche n’a son originalité que dans le fait – majeur et décisif – que c’est celui qui parle qui s’offre ainsi. Et ce qui semble horrible et impossible, est – de surcroît – présenté par le Christ comme la clé de tout : celui qui mange ce pain vivra éternellement. L’enseiegnement des Apôtres, et de Paul en particulier, sera plus aisé, puisqu’il est de présentation du Christ et de renvoi à Lui. Mais devant Celui-ci, voilà ce qu’il fallait entendre et accepter, dès son vivant…
Franchise ?
Affrontement direct des Etats-Unis avec l’Iran ? Les avis sont certainement partagés à Washington. La perpétuation probable de la présence américaine en Irak rend à terme la confrontation inévitable, la guerre civile à Bagdad et dans le sud est de l’intérêt iranien. L’Amérique a trois raisons – permanentes – de détester l’Iran (en sus du souvenir de l’humiliation des prises d’otages) : Téhéran rend précaire la présence américaine en Irak, le nucléaire iranien soutenu sans doute au moins par la Russie a sa logique sinon sa légitimité (pourquoi les uns dans le monde aurait l’arme qui a passé pour suprême mais ne l’est sans doute plus au regard d’une guerre bactériologique ou du terrorisme aujourd’hui banalisé même s’il est pratiqué par suicide), Israël n‘a plus peur dans la région que de l’Iran pas tant à cause du nucléaire (Tel Aviv restera longtemps en situation de supériorité technologique et balistique) mais du fait du Hezbolla installé à sa frontière nord, celle avec le Liban. Ces trois raisons sont pérennes, si rien ne se produit, il y aura la guerre et ce sera autre chose que la marche à Bagdad en neuf jours. Pour que quelque chose se produise, il faut qu’il y ait l’Europe. On ne voit pas, depuis que celle-ci a consenti – les yeux fermés avant l’été – au bouclier antimissile, qu’elle construise avec l’Iran quoi que ce soit d’alternatif au conflit.
Mahmoud Abbas peut déjeuner avec Ehoud Olmert, la question de Palestine (au sens géographique et non ethnique) qui aurait pu se résoudre dans les années 1990 par l’émergence consensuelle d’un Etat palestinien dans les territoires occupés, ne peut plus l’être. Ce qui est appelé Autorité palestinienne n’a plus d’emprise que sur la Cisjordanie. Il y a désormais une entité, irréductible pour longtemps comme le fut l’O.L.P. pendant trente ans : le Hamas. Les quelques signaux donnés au moment de sa victoire électorale et il y a quelques semaines encore par le mouvement déclaré extrêmiste, ont été ignorés par Israël – ce qui est historiquement grave – par Washington et surtout par les Européens, jusques là proches de comprendre tous les protagonistes. L’occasion est passée Le dénouement ne peut être qu’un seul Etat, sans doute pluri-ethnique, peut-être avec divers statuts et systèmes de garanties internationales, mais où Israël en tant que tel n’existera plus comme souverain unique. Submersion à terme par la démographie, l’Europe l’a su par ses croisés, de Gaulle l’a prophétisé, le recours à la force et surtout le maintien de tout par la force, appelle la submersion : aveugle. Continuer de parler de processus de paix et d’Etat palestinien en plusieurs morceaux, se livrant entre eux une guerre civile, est de l’ordre du fantasme. L’Etat palestinien aurait dû être proclamé et suscité par le monde entier depuis une dizaine d’années. Faute de quoi, Israël devra être de plus en plus sourd, de plus en plus répressif, donc de plus en plus vulnérable.
La flamme olympique montrée seulement dans les capitales. Le ridicule n’est pas la force policière empêchant la foule d’exister, c’est cette parodie de chaîne sportive autour du monde. Ce qui aurait sens et panache serait le tour de la planète pendant les quatre ans – un lustre – séparant chaque olympiade de la précédente et de la suivante, une véritable randonnée pédestre et continue, un véritable passage de relais, les itinéraires variant d’une fois à l’autre pour partir d’Olympie et y revenir : en quatre ans. Symbole que – comme beaucoup d’autres (ainsi l’élection du président de l’Union européenne au suffrage direct de tous les Européens) – personne qui soit en vue ou au pouvoir, au moins médiatique, ne propose : ce serait trop criant, trop simple.
L’affaire du Ponant, avec sa véritable querelle qui commence : y a-t-il eu trois morts chez les pirates ? la parole de l’Elysée et de ses conseillers qui n’étaient pas sur place contre celle d’un gouverneur régional en Somalie, j’ai tendance à croire celui-ci. Avec aussi sa bande dessinée : implication personnelle du président de la République, tréteaux et familles dans son palais, prise de parole du chef d’état-major particulier et du chef d’état-major général. Un peu l’ambiance de la première guerre du Golfe quand certains de nos officiers, devenus consultants pour la télévision, comparèrent les opérations à la première bataille de la Marne…
L’affaire de la carte de réduction « famille nombreuse ». Ma mère, décorée en sus, neuf enfants, l’avait : fièrement, je l’ai conservée. Sens de l’opinion, de la décence, tout le monde en a fait la preuve pendant deux jours, beau début pour Guillaume Pépy. Victime visée, le Premier ministre – montrant aux Japonais où il a vraiment la tête quand il est à l’étranger – qui assure que l’Etat ne paiera plus. C’est le contraire qui est décidé, en son absence, cet après-midi.
Mais plusieurs aspects de l’actualité de notre pensée publique et de nos évolutions institutionnelles sont mis en lumière. Il est dit que la S.N.C.F. est une entreprise comme une autre, donc le service public ? prétention libérale en contradiction avec l’opposition affichée avec tant des disciplines bruxelloises, car si nos chemins de fer sont une entreprise banale avec distrubution de dividendes, allons plus vite aux autres compagnies nationales évoluant désormais sur nos voies. Si Air France manque l’absorption d’Alitalia, ce ne sera pas la faute à Silvio Berliusconi, si celui-ci revient au pouvoir, mais à Gérard Mestrallet. Nous avons refusé l’Europe du gaz avec le partenaire italien qui se proposait, comment s’étonner que le transporteur aérien, en sus du jeu social tout naturel à Milan et à Rome, se dérobe à l’annexion française ?
Il y a aussi – ce qui n’a guère de précédent sous la Cinquième République que dans la période – courte – où de Gaulle avait tenté de s’émanciper de Georges Pompidou (Juillet 1968 -Avril1969), ce fait décisif : la majorité parlementaire s’inquiète de savoir où l’emmène un Président de la République qu’elle ne peut plus prévoir ni contrôler. Il y avait eu le lapsus de Borloo sur la T.V.A. sociale entre les deux tours des législatives, l’an dernier ; il y a eu la vie privée du nouveau Président, l’affaire de la laïcité, celle de la mémoire du martyre juif ; il y a la carte judiciaire, la carte militaire, la carte de l’enseignement secondaire, et il s’en est fallu de peu que la symbolique carte « famille nombreuse » s’y ajoute… une majorité qui regimbe. Elle acceptera la réintégration atlantique, la révision constitutionnelle, sans y réfléchir, cela ne mobilise pas les électeurs, mais les cartes, le service public, oui, avec des points d’accrochage très visibles – sur fond des statistiques de l’inflation. On peut démontrer que la hausse des prix est exagérément ressentie par le consommateur français, mais – manque de chance – la priorité affichée et ressassée de la Banque centrale européenne est la lutte contre l’inflation, c’est donc bien qu’elle existe.
Nicolas Sarkozy est donc sous contrôle de Bruxelles en macro-économie, et sous contrôle de son groupe parlementaire pour ses réformes les plus visibles, enfin il est sous contrôle de quelques ministres et secrétaires d’Etat dont la démission le montrerait relaps. Ou oublieux de ses promesses quand celles-ci paraissaient généreuses, pour ne se concentrer que sur celles qu’on supporte mal.
Enfin, il y a le ridicule, le pitoyable de ce trop grand nombre de secrétaires d’Etat – qu’un parlementaire en mission pour six mois ou quelque personnalité travaillant un rapport sur commande, comme par ailleurs l’affectionne le président de la République y trouvant là chaque fois deux occasions de discourir, la lettre d’envoi et la cérémonie de remise du papier… ces secrétaires d’Etat concourent à qui aura le micro, à qui saluera l’arbitrage du chef de l’Etat, même pour la carte « famille nombreuse ». Quant au Tibet… accessoirement, la réforme voyante de s’en tenir à quinze ministres et pas un de plus est détournée. De mùeme que les grandes nominations qui, selon les projets p^résidentiels de révision constitutionnelle, devaient passer devant le Parlement, continuent de se faire dans l’arbitraire ou la précipitation ou selon des systèmes de chaises musiciennes ou de prêté-pour-un-rendu qui n’honorent personne, ni celui qui nomme, ni celui qui est nommé : S.N.C.F. hier, E.D.F. demain, Air France dans pas longtemps…
Xavier Darcos paraît compétent, il a été professeur de lycée – dans le temps. La question est d’inspirer confiance. Question d’attitude et question de fond. Tout le chiffrage des suppressions de postes (on dit : emplois) porte sur ce qui sera dévolu aux heures supplémentaires, lesquelles sont volontaires. Le ministre admet donc que son système de remplacement par unité de temps et non par personne physique, dépend du bon-vouloir de ses administrés. Or, il ne leur inspire pas confiance. Il admet, dans une trop grande facilité de parole, que personne ne sait à l’avance les effectifs précis de la prochaine rentrée, classe par classe, et donc que le rapport statistique enseignants/élèves est incertain. Sans doute, se quereller pour 3.500 ou 11.500 emplois sur près d’un million paraît dérisoire, mais il s’agit de vie quotidienne pour des adolescents, des enseignants et des parents. La psychologie est tout. Le sujet ne se règlera pas comme en négociations avec des syndicats, représentatifs ou non.
Notre démocratie ne sait pas débattre et ceux qui sont censés l’animer n’inspirent confiance ni aux administrés ou usagers, ni même aux élus censés les soutenir dans les assemblés législatives. Et peu, sinon personne ne vise le consensus et n’accorde crédit à l’expérience d’autrui. Ce ne sont pas les fonctionnaires qui imposent au pays la technocratie, mais les gouvernants censés venir du rang par élection, toujours révocable. Plusieurs membres du gouvernement viennent de l’expérimenter, et certain, parce qu’il a été élu, préfère rester en situation de l’être à nouveau, plutôt que de garder un portefeuille.
L’organigramme de la présidence de la République révèle – par la pléthore des conseillers, plusieurs pour chaque ministère ou secrétariat d’Etat, révèle la lacune majeure du mandat en cours. Le président de la République veut tout suivre, sinon tout faire remonter à son arbitrage, à sa décision. Mais cet encombrement, cette foule empêchent la synthèse, et en fait le mouvement. Gestion, réforme (c’est-à-dire des soustractions ponctuelles, politiquement coûteuses, économiquement dérisoires, socialement souvent légitimes), mais perspective ? et il n’y a pas de verbe pour racheter ce manque.
[1] - Actes IX 1 à 20 ; psaume CXVII ; évangile selon saint Jean VI 52 à 59
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