mercredi 23 avril 2008

Inquiétude & Certitudes - mardi 22 avril 2008

Mardi 22 Avril 2008
social et libertés sans dictée préalable du pouvoir
second porte-avions français et capacité indépendante de l'Europe
relation France-Chine
relation Français du Canada et Français d'Europe
à défaut des contrôles de chez nous, ceux des autres : la Société générale

Prier …[1] ils leur racontaient tout ce que Dieu avait fait avec eux… je vous ai dit toutes ces choses maintenant… Ce qui s’entend, ce qui se communique, ce qui nous met en mouvement, ce qui nous assure : c’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne. Jésus qui va souffrir mort et passion – l’expression est venue dans le français courant – fait trois dons : la paix, son corps et son sang, sa vie donc, et enfin l’Esprit Saint. Je fais tout ce que mon Père m’a commandé. Pourtant, en agonie morale au jardin des Oliviers, il supplie le contraire, humainement. Les allers-retours : Paul et Barnabé à leur base d’Antioche de Syrie, le Christ allant au Père et en revenant. Ils affermissaient le courage des disciples… ne soyez donc pas bouleversés et effrayés… Les Apôtres, pendant cette dernière Cène, ce qu’ils commencent de pressentir avec angoisse, les nouveaux baptisés et convertis d’Asie mineure, sont interdits devant ces annonces, ce dynamisme, cette incroyable dialectique du royaume. Et pourtant ils sentent et vivent qu’il y a une lutte immense, mystérieuse aussi car elle n’est sans doute pas de l’ordre d’un corps-à-corps selon nos sens et normes. Car le prince du monde va venir… ils parleront de tes exploits, annonçant aux hommes tes exploits, la gloire et l’éclat de ton règne. Contemplation inquiète du dénouement, nos vies sont ainsi, la mienne avec ses aléas, son interrogation d’avenir immédiat. Ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui… c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu… Cette remise est la logique de la paix divine, elle ne s’opère pas par nous-mêmes, par moi-même dans ma prière qui ne peu dire-offrir que ma disponibilité et je dispose encore moins des autres, si vrai que je les aime et qu’ils m’aiment : ma paix que je vous donne, ce n’est pas à ma manière que je vous la donne. La manière d’un autre, de l’Autre, de l’intime tout-puissant, de l’inconnaissable et tout proche.

Beaucoup bouge, et – je crois – en bien ! au moins en France.

Michèle Alliot-Marie se rend à la pression des syndicats de police : le logiciel Ardoise est retiré de l’épure. Il allait archiver des données d’opinions et d’inclinations sexuelles.
La coalition des salariés sans papiers, de leurs employeurs dans les services en Ile-de-France, des politiques concernés localement est en voie de l’emporter sur la chasse aux statistiques chez brice Hortefeux. Cent mille régularisations à la clé.
Les réaménagements sociaux… et les réformes des rapports entre entrepreneurs, syndicats et salariés. Décrets, lois et commissions nommées n’opèrent pas, mais à laisser les partenaires rompus les uns aux autres s’arranger, négocier et compromettre, on avance. Sur la représentativité syndicale, ces jours-ci. Ce peut être un modèle. Le rapport Attali, parce qu’il a été signé, parce qu’il faisait partie d’un jeu de pouvoir, n’aura pas de débouché et il était lui-même catalogue plutôt que dialectique et cohérence. En revanche, des travaux selon des habitudes et dans des instances habituelles ont leur fécondité ; le pouvoir doit s’en inspirer, ne plus intervenir que pour pousser ou sanctionner, au sens royal du terme. François Fillon qui doit sa popularité – relative – à sa victimisation d’un semestre et à son attention aux élus, reçoit recteurs d’université et ministre de l’Education, leur recommande de bien faire comprendre la portée de la réforme ou des réformes. On ne peut plus élégamment désavouer Xavier Darcos (disciple au demeurant d’Alain Juppé, concurrent évident de l’actuel Premier ministre). Les lycéens de province – selon le calendrier des vacances « de Pâques » si adéquat – relayent les parisiens et les bordelais. La pression ne diminue pas, de grandes dates sont promises pour Mai justement, l’union tripartite : jeunes élèves, leurs parents, les enseignants. Xavier Darcos refaisait le mois dernier les additions (soustractions) d’emplois non pourvus à la prochaine rentrée, il comptabilise pour leur minimum les manifestants dans la rue. Bref, il est réaliste.

Le second porte-avions (à propulsion nucléaire ? après le raté du Charles-de-Gaulle) avait fait dauber Ségolène Royal en campagne : les enseignants plutôt que le super-armement. Nicolas Sarkozy, sans connaissance de cause, avait renchéri, et ferait – lui – le porte-avion. Voici des années que nous sommes censés en parler avec les Britanniques. L’évidence est que les « retombées » en emplois et en avancées technologiques et recherche appliquée, valent que nous fassions cet effort national. Mais nous pouvons tout autant proposer cet effort à l’ensemble de l’Union. D’ailleurs, ce n’est pas deux ou trois porte-avions – je ne connais pas le nombre des Britanniques – qu’il faut à l’Europe, mais la dizaine compte tenu des océans et mers à desservir et des rotations d’entretien et de réserve. Nous n’avons déjà aucune expression de politique extérieure européenne, depuis quinze ans que des procédures byzantines (abstention constructive, clause de passerelle, coopérations renforcées) nous ont fait entrer dans la théorie mais en rien dans la pratique, cf. la dispersion de positions à propos de la guerre d’Irak ou de la reconnaissance du Kosovo. Et nous n’avons aucune logistique militaire indépendante des Etats-Unis. Le comble étant l’accord dit de Berlin selon lequel les forces de l’Union européenne – composée d’Européens – lui sont concédées par l’O.T.A.N. Une politique extérieure française – en matière de défense – prendrait le sujet jusqu’à l’accouchement. Pour l’heure, nous parlons des manières d’éradiquer la piraterie au large de la Somalie, et nous n’avons – apparemment – donné aucun coup de main aux Espagnols, nous succédant tout juste après l’imbroglio du Ponant.

Relations avec la Chine.
Le nouvel ambassadeur de la République populaire a présenté ses lettres de créance au président de la République, il était l’invité de France-Infos., une langue impeccable, un texte dont le verbatim pourrait cependant lui être opposé. Là pour améliorer et approfondir les relations entre les deux peuples, favoriser leur langage. Soit, si pour la Chine, qu’elle soit maoiste, ou comme aujourd’hui capitalistico-communiste, c’est-à-dire indéfinissable sauf par le nationalisme et le réalisme (ou le cynisme), les relations d’Etat à Etat sont phrasées et mimées en relations de peuple à peuple, nous ne sommes pas près de nous entendre. La tradition des relations internationales jusqu’il y a vingt ou trente ans faisait de la politique intérieure des Etats, on se reconnaissait entre soi. Valéry Giscard d’Estaing, dans son premier discours de président élu puis en prenant ses fonctions parla de relations avec tous les peuples, « je dis bien : tous les peuples » ce qui sous-entendait (lourdement) quantité d’entités inconnues du droit international. Le changement est le poids de l’opinion dans la vie quotidienne de chaque gouvernement et dans les relations internationales. Il est intéressant de voir si l’opinion « mondiale » hostile à la Chine l’emportera sur les gouvernements qui pour la plupart – soit relations économiques, comme en France, soit voisinage immédiat : l’Asie du sud-est et le Pakistan – sont prudents. Le peuple français ne connaît pas le peuple chinois, mais il désapprouve – en connaissance de cause ? ou pas – le gouvernement chinois. En revanche, le gouvernement chinois (et peut-être une bonne partie de l’opinion chinoise, s’il en existe une au sens européen ou américain) feint d’assimiler les réactions populaires françaises à une attitude officielle et surtout de croire que le président de la République peut maîtriser ou convertir l’opinion. Il ne le peut pas pour lui-même… cf. le voyage calamiteux, mais peu cité aujourd’hui dans les analyses de nos relations extérieures (je n’écris pas : politique extérieure, puisque nous n’avons plus depuis la première guerre du Golfe, au moins – des relations, mais pas de politique : il en va de même pour l’Union européenne. S’agissant des Etats-Unis, c’est l’exact contraire : une politique claire, mais des relations exécrables avec presque tout le monde, parce que contraires et peu prisées des opinions publiquess). Bref l’impasse. – Je reviens sur la qualité certaine du nouvel ambassadeur. Un camarade de promotion, sinisant par goût ou par vie personnelle, je ne sais pas, ou je ne le sais plus, deux fois ambassadeur en Chine, passionné de celle-ci, vaguement classable à gauche : Claude Martin, que l’on ne semble pas « utiliser » dans ce conflit… gaspillage ou âge de la retraite ? il était à Berlin pour la réinauguration de notre ambassade, Pariserplatz, naturellement.

Le « mécanisme » de l’information et donc des prises de conscience, actuellement. L’AFP qui donne susbtance et table des matières aux médias écrits et audio-visuels. Souvent d’une enviable clarté, et parfoius subrepticement assassine. Pas encore l’enjeu d’une mise au pas ou d’une privatisation : jusques à quand ? Mais les sujets qui ne sont pas – par elle – mis l’ordre du jour et qui sont de fond permanent ?

Ainsi la relation franco-québécoise ?
ou la question, pour prendre le point de vue du général de Gaulle (et de Ségolène Royal) des Français du Canada, au Canada. Je suis amené sur le site de l’Institut des hautes études internationales, de l’Université Laval à Montréal. Il y a eu vingt ans l’an dernier, j’avais assisté à la cérémonie faisant de François Mitterrand docteur honoris causa de cette université. J’avais tenu à le voir faire et dire, vingt ans juste après de Gaulle, et il y avait consenti. René Lévêque vivait encore, il y avait Navarre, Jérôme Clément, Philippe de Saint Robert, d’autres, nous étions en Concorde. Les programmes et les « cercles » de chercheurs. Deux personnes seulement pour l’Europe en général, rien de spécial sur la France, pas d’enseignement de fond ni de recherche sur les relations franco-québecoises, ou franco-canadiennes, pas non plus sur la relation Canada-Union européenne. Deux petites options sur l’Afrique. Le tout dans la centaine de propositions de cours ou séminaires et la dizaine de groupes de recherches. De la théorie, des thèmes généraux du genre environnement et eau, et bien entendu la relation inter-américaine partout.
On m’avait vite présenté, dans les années 1970, René Lévêque comme un Américain francophone, et passant une partie de la nuit avec lui au Quartier Latin, j’avais ressenti qu’il n’aimait pas de Gaulle, on n’était qu’en 1971 ou en 1972 : jaloux ? Alors que le Kosovo arrache son indépendance et que ses habitants en sont fiers, le Québec a été inf… en quarante ans, de se déterminer là-dessus alors qu’il ne court aucun risque et n’aurait que des avantages à paraître sur la scène internationale, et se démarquant de l’Amérique du nord, à en être passionnément recherché. Quant à la France, elle n’a pas fait du « suivi » et de l’encouragement de cette marche à l’indépendance – c’est-à-dire à un certain retour vers elle par des liens de primordiale intimité économique et démographique – sa priorité. Il est vrai que nous navons plus su ajouter à l’alliance franco-allemande cnclue entre de Gaulle et Aden auer, et que multipliant les « sommites » concurrentes, nous l’avons banalisée. Ce que nous payons dans la réorganisation d’EADS. Pourtant, une Québecoise sans doute à la tête de la chaîne de télévision francophone internationale.

Tant par ma femme que par la presse, multiples signes que l’affaire Société générale aura des incidences internationales, que la faillite – ou la complicité – des contrôles domestiques français (Autorité des marchés financiers, Commission bancaire de la Banque de France) est relevée par leurs analogues à l’étranger et que les procédures au-dehors vont relayer les nôtres. La flambée et la râclée seront d’autant plus vigoureuses. – La novation dans la crise financière, c’est qu’elle donne – enfin – lieu à une analyse de ses causes, et que les banques en portent clairement la responsabilité selon le Fonds monétaire international et les ministres des Finances du G 7. En demandant aux banques d’affcher sincèrement leurs pertes, ceux-ci violent manifdestement mais heureusement le vrai secret bancaire qui n’a jamais été celui des comptes de clients, mais bien leurs propres comptes en moyens de se rétribuer et en mesure de leurs performances réelles.


[1] - Actes XIV 19 à 28 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Jean XIV 27 à 31

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